Skip to main content

Full text of "La Chambre des Représentants en 1894-1895"

See other formats


This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project 
to make the world's books discoverable online. 

It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject 
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books 
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that 's often difficult to discover. 

Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the 
publisher to a library and finally to y ou. 

Usage guidelines 

Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the 
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to 
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying. 

We also ask that y ou: 

+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for 
Personal, non-commercial purposes. 

+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine 
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the 
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help. 

+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find 
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. 

+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just 
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other 
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of 
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner 
any where in the world. Copyright infringement liability can be quite severe. 

About Google Book Search 

Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers 
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web 



at |http : //books . google . corn/ 




A propos de ce livre 

Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec 
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en 
ligne. 

Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression 
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à 
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont 
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont 
trop souvent difficilement accessibles au public. 

Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir 
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains. 

Consignes d'utilisation 

Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre 
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. 
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les 
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des 
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées. 

Nous vous demandons également de: 

+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers. 
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un 
quelconque but commercial. 

+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez 
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer 
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des 
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile. 

+ Ne pas supprimer r attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet 
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en 
aucun cas. 

+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de 
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans 
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier 
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google 
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous 
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère. 

À propos du service Google Recherche de Livres 

En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite 
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet 
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer 



des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse ] ht tp : //books .google . corn 



j^À Chambre 



Représentants 




EN 1894-1895 



N\A 



rt.n 



àM 



"^-H* 



BRUXELLES 

SOCIÉTÉ BELGE DE LIBRAIRIE 

Oscar SCHEPENS. Dipeete^r 



m MEMOMAM 
Fritz Kumraor 
?fî75-1957 




/^ 



/ 



/ 




Galerie Nationale 



a/^^' 



/ ; ' 



La Chambre 



DES 



Représentants 




BRUXELLES 
SOCIÉTÉ BELGE DE LIBRAIRIE 

(Société Anonyme) 

Oscar SCHEPENS, Directeur 
16, Bue Treurenberg, 16 

Janvier 1896 



Girr 



i 



1N(,2 11 



LA 



Cl)an)bre de^ Représeptant^ 



EN 1894-1895 



m7770î?3 



Des Presses de â. Lesigne, Rue de la Charité, 23. 





M. DE BUKLET, 

CHEF I>U CABINiST 

Miuistre dea Afikires UtranKère». 



M. SCHOLLAEET, 

Miniftre 
de rintérieur et de rinstraction publiqae 



M. BE6EREM, 

Uinùtre de U Juatice. 





M. YâNDENPEEBEBOOM, 

Ministre des Chemins 
de Fer, Postes et Télégraphes. 



M. DE BEXJYN, 

Ministre 
do l'Agricaltaro et des Travaux publics 




M. mrssENS, 

Ministre de l'Industrie et du Travail. 



M. DE SMET DE NAEYEK. 

Ministre des Finances. 



M. le Lieutenant-Général 
BBâSSINE, 

Ministre de la Guerre. 

COMPOSITION DU MINISTÈRE 
après IH ramanlements du 25 mai I89B. 



INDEX 



Préface des Auteurs, pages 9-10. 

Introduction : 

Étude sur le Mouvement de la Vie parlementaire en Belgique 

depuis i83o a nos Jours, p. 11-214. 

résultats des élections législatives de 1894, p. 21 5-227. 

Plan de la Chambre des Représentants d*après sa Composition actuelle, 

P. 228-230. 

Biographies et Portraits de nos i52 Députés, 
disposés par Ordre alphabétique, p. 231-440. 

Notice sur le Palais de la Nation 
accompagnée de diverses vues du parlement, p. 44 1 -454. 

RÈGLEMENT DE LA ChaMBRE DES REPRÉSENTANTS 

(29 Novembre 1892), p. 455-468. 



PREFACE 



La revision de la Constitution a inauguré une 
pe'riode nouvelle dans le développement politique 
de la Belgique indépendante. Le système électoral 
qui en est issu a considérablement élargi les J3ases 
de ses institutions publiques : en effet, tandis que 
sous le régime censitaire on ne comptait que 
1 37,772 électeurs pour les Chambres législatives, le 
suffrage universel tempéré appelle à l'exercice du 
droit de vote un nombre de citoyens dix fois plus 
élevé, exactement 1,370,087, soit une augmentation 
de 1,232,913. 

Cette extension du droit électoral a eu comme 
conséquence naturelle de faire s'intéresser davan- 
tage les citoyens aux affaires du pays : les associa- 
tions politiques se sont multipliées, la presse s'est 
développée, les débats des corps délibérants sont 
attentivement suivis. 

Devant celte intense propagande des idées, il 
nous a paru qu'il ne serait pas inutile de faciliter 



lo La Chambke des Représentants en 1894-1895 

au public la connaissance des hommes qui 
incarnent les diverses théories et en sont les porte- 
voix autorise's. Nous avons cru que le moyen le 
plus efficace de Favoriser la communication entre 
la Nation et ses mandataires serait d'exposer en 
des biographies forcément succinctes, mais aussi 
complètes que possible, les faits essentiels de la vie 
et les œuvres des élus du corps électoral. 

Dès lors, une seule préoccupation devint noire : 
nous dépouiller de toute idée politique, voir les 
hommes et les faits avec la sereine impartialité de 
l'histoire. 

Les éléments nécessaires à notre œuvre, nous les 
avons recueillis dans cent publications diverses, 
avec le soin le plus minutieux et la plus scrupu- 
leuse attention. 

Nous en avons la confiance : la loyauté que nous 
avons apportée à la rédaction de ces pages les feréi 
bien accueillir partout.. 

ALBERT HENRY, François LIVRAUW. 



INTRODUCTION 



Les Chambres législatives, élues pour la première 
lois par le suffrage universel, se sont réunies le 
13 novembre 189t. Le régime censitaire a disparu 
après avoir régné pendant soixante-deux ans en 
Belgique. Il nous paraît opportun de donner 
comme introduction à ce volume consacré à la 
nouvelle Chambre des représentants une brève 
histoire de ses devancières. 

Le Congrès national ouvrit ses séances le 
10 novembre 1830. Ce fut au mois de janvier qu'il 
s'occupa de fixer la manière dont seraient élus les 
membres de la Chambre des représentants. Le 
projet de la section centrale se bornait à consacrer 
le principe de l'élection directe, laissant à la loi le 
soin de régler les autres points; mais, votant un 
amendement de M. Defacqz, le Congrès décida que 
la Chambre des représentants se composerait de 
députés élus directement par les citojens payant le 
cens déterminé par la loi électorale, cens qui ne 
pourrait excéder 100 florins d'impôt direct, ni être 
au-dessous de StO florins. Cette disposition devint 
l'article 47 de notre loi fondamentale. Le Congrès 
statua, en outre, qu'il appartiendrait au législateur 
de déterminer les circonscriptions d'après lesquelles 



12 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

se feraient les élections, ainsi que de fixer le nombre 
des députés d'après la population, en spécifiant 
toutefois que ce nombre ne pourrait excéder la 
proportion d'un député sur 40,000 habitants (1). 

La Constitution fut votée le 7 février 1831 et le 
Congrès s'occupa immédiatement d'élaborer la loi 
électorale. Il fut décidé, après une discussion très 
animée, que le cens exigé dans les campagnes pour 
être électeur serait de 20 à 30 florins et dans les 
villes de 50, 60, 70 ou 80 florins. L'assemblée 



(1) Voici le texte cîes articles de la Constitution qui concernent la 
Chambre des représentants (pour les articles 47, 48 et 52, ce texte est 
aujourd'hui modifié; nous en parlons plus loin) : 

« Art. 47. — La Chambre des représentants se compose des députés 
élus directement par les citoyens payant le cens déterminé par la loi élec- 
torale, lequel ne peut excéder 400 florins d'impôt direct, ni être au-dessous 
de 20 florins. 

. » Art. 48. — Les élections se font par telles divisions de provinces et 
dans tels lieux que la loi détermine. 

» Art. 49. — La loi électorale fixe le nombre des députés d'après la 
population; ce nombre ne peut excéder la proportion d'un député sur 
40,000 habitants. Elle détermine également les conditions requises pour 
être électeur et Ja marche des opérations électorales. 

» Art. 50. — Pour être éligible, il faut : 

» |o Être Belge de naissance ou avoir reçu la grande naturalisation ; 

» 2^ Jouir des droits civils et politiques; 

» Ho Etre âgé de vingt-cinq ans accomplis; 

» 4** Être domicilié en Belgique. 

» Aucune autre condition d'éligibilité ne peut être requise. 

» Art. 51 . — Les membres de la Chambre des représentants sont élus 
pour quatre ans. Ils sont renouvelés par moitié tous les deux ans,, d'après 
l'ordre des séries déterminé par la loi électorale. 

» En cas de dissolution, la Chambre est renouvelée intégralement. 

» Art. 52. — Chaque membre de la Chambre des représentants jouit 
d'une indemnité mensuelle de 200 florins pendant toute la durée de la 
session. Ceux qui habitent la ville où se tient la session ne jouissent 
d'aucune indemnité. » 



Introduction — i83o-i83i l'i 



décréta également que les électeurs seraient répartis 
par district administratif et fixa le nombre des 
représentants. 

La Chambre, élue le 29 août 1831, commença 
sa première session le 8 septembre suivant. Elle 
comptait cent deux membres (1). 

Les queslions qui attirèrent avant tout et sur- 
tout son attention furent d'ordre international : de 
graves difficultés se trouvaient en effet à résoudre 
en cette matière. Les armées hollandaises, con- 
traintes par les troupes françaises du maréchal 
Gérard, venaient à peine d'évacuer le pays après 
y avoir fait une marche victorieuse, et ces événe- 
ments, influant sur les dispositions des plénipoten- 
tiaires réunis à Londres, amenaient les puissances 
européennes à nous imposer le traité des vingt- 
quatre articles, qui enlevait à la Belgique plusieurs 
des avantages concédés précédemment (t). Repous- 
ser les conditions dictées par la Conférence de 
Londres eût été s'exposer à de graves dangers 
dans lesquels aurait pu sombrer l'indépendance 
récemment conquise. La Chambre le comprit et, 
après de longues discussions en comité secret, elle 
adopta, le 22 novembre 1831, par cinquante-neuf 



(1) Dans ce chiffre sont compris les députés du Limbourg et du 
Luxembourg cédés. 

(2) Le traité des dix-huit articles avait décidé que la possession du 
Luxembourg ferait l'objet d'une transaction pa liculière et que la dette 
serait partagée eu égard à son origine. Le trai i des vingt-quatre articles 
enlevait à la Belgique une partie du Luxembourg et du Limbourg et 
nous attribuait dans le partage de la dette le payement d'une rente de 
8,t00,000 florins. 



14 I-A Chambre des Représentants en 1894-1895 



voix contre trente et une, le traité des vingt-quatre 
articles. 

Mais cette adhésion ne suffisait pas à lever toutes 
les difficultés : la Hollande refusait de s'incliner 
devant la volonté de l'Europe, et son attitude, en 
retardant la solution définitive, devait rendre 
pénible la mission du gouvernement J3elge. Déjà 
la ratification du traité des vingt-quatre articles — 
ratification conditionnelle de la part de l'Autriche, 
de la Prusse et de la Russie — avait soulevé à 
Bruxelles un violent orage parlementaire, et cet 
incident était à peine terminé que le ministère se 
heurta à de nouveaux obstacles. Il avait dû s'enga- 
ger devant le Parlement à n'ouvrir avec la Hollande 
aucune négociation pour régler l'exécution du traité 
des vingt-quatre articles avant que les Pays-Bas 
n'eussent préalablement évacué les places qu'ils 
occupaient encore en Belgique. L'intérêt du pajs 
ne lui permit pas de tenir sa promesse : il lut 
contraint de céder sur ce point devant le désir 
exprimé par les puissances. Il ne crut toutefois pas 
qu'il lui fût permis dans ces circonstances de con- 
server le pouvoir et il offrit sa démission au Roi (I ). 



Le général Goblet, envoyé de la Belgique à 



(<) Le ministère était composé à ce moment de la manière suivante : 
à l'intérieur se trouvait M. de Theux; aux affaires étrangères, M. de 
Meulenaere; à la justice, M. Raikem ; aux finances, M. Coghen; à la 
guerre, le général Evain. 



Introduction — iSSi 



Londres, auquel était dû ce changement de poli- 
tique, reçut le 18 septembre la mission de former 
un cabinet. Il n'y réussit que le 20 octobre. Le 
ministère des affaires étrangères lui fut attribué, 
tandis que les départements de l'intérieur, des 
finances, de la justice et de la guerre étaient confiés 
à MM. Rogier, Duvivier, LeJ^eau et au général 
Evain. Le comte Félix de Merode fut nommé 
membre du conseil sans portefeuille. 

La concession faite par la Belgique ne servit qu'à 
démasquer le mauvais vouloir des Pays-Bas sans 
rien en obtenir, mais elle nous concilia en même 
lemps les sympathies des divers gouvernements, 
surtout de l'Angleterre et de la France, qui se prépa- 
rèrent à nous venir en aide par la force. Un accord 
fut conclu entre le gouvernement de Bruxelles et 
celui de Paris, et les troupes de Louis-Philippe 
vinrent mettre le siège devant la ciladellc d'Anvers. 
Ce traité provoqua au sein de la Chambre des 
débats passionnés : il portait que l'armée belge 
resterait neutre pendant la lui le. Celle stipulation 
fut reprochée au ministère comme une atteinte à 
l'honneur national. Une discussion des plus 
violentes troubla pendant trois jours le Palais de la 
Nation, et les ministres, ne parvenant pas à obtenir 
que leur attitude ne fût réprouvée, se virent con- 
traints, le 26 novembre, d'abandonner la direction 
des affaires. 

Pendant que se poursuivaient les opérations du 
siège d'Anvers, le Roi cherchait en vain à constituer 
un nouveau cabinet. Il dut y renoncer et prier les 



i6 La Chambre i>es Représentants en 1894-1895 

anciens ministres de reprendre leurs portefeuilles. 
Les dispositions de la Chambre avaient d'ailleurs 
changé et, lorsque les troupes françaises évacuèrent 
notre territoire, c'est à une imposante majorité 
qu'une adresse de remerciements fut volée à ces 
dernières. 

L'existence du cabinet n'en fut point prolongée 
pour longtemps. La prise de la citadelle d'Anvers 
n'amena pas le roi Guillaume à adhérer aux vingt- 
quatre articles et l'armée belge dut être maintenue 
sur le pied de guerre, ce qui imposait au pajs de 
lourdes charges. La France et l'Angleterre travail- 
lèrent à obtenir des Pajs-Bas une attitude plus 
pacifique, mais la diplomatie marche à pas 
comptés : la Chambre, impatiente de ces lenteurs 
qu'elle ne pouvait comprendre, ne voulut voter le 
budget de ]a guerre que pour six mois, espérant que 
cette décision imprimerait aux négociations plus 
de célérité. Le ministère considéra cette attitude 
comme un bhime qui lui était adressé et se déclara 
démissionnaire* Le Roi ne put parvenir à former 
une administration nouvelle et, après avoir prorogé 
la Chambre le 19 avril, il en prononça la disso- 
lution neuf jours après. On convoqua la nouvelle 
Chambre pour le 9 juin. 

Les difficultés internationales n'avaient pas fait 
le seul objet des travaux des députés pendant cette 
première session : des questions d'ordre intérieur 
avaient aussi attiré leur attention et provoqué 
d'importants débats. Parmi les lois qui furent 
soumises à discussion, il faut citer celle qui créait 



Introduction — i832 



l'Ordre de Léopold et qui, rejelëe d'abord, fut 
adoplée seulement à deux voix de majorité le 
6 juillet 1832 (I); la loi monétaire du o mai 1832 et 
la loi réglant l'organisation du pouvoir judiciaire 
du 4 août suivant. 

Les querelles de parti furent à peu près nulles 
pendant celte session. « Toutes les sommités de 
l'opinion libérale, a écrit M. Thonissen, restaient 
fidèles au drapeau de l'Union en même temps que 
toutes les sommités de l'opinion catholique. Ce 
n'est pas à dire que les unionistes, soumis à une 
discipline sévère, votassent aveuglément en faveur 
de toutes les mesures proposées par leurs chefs 
politiques. Le Palais de la Nation n'offrait pas le 
triste spectacle d'une assemblée de muets votant 
selon le commandement du niaîlre. L'indépen- 
dance de caractère, le droit d'examen et la liberté 
d'appréciation régnaient sur tous les bancs des 
deux Chambres. Souvent même, les actes des 
ministres étaient discutés avec une animosité 
ardente qui dénotait le lendemain d'une révolution. 
Mais ces dissidences n'empêchaient pas les uns et 
les autres de repousser cet étroit esprit de parti qui 
cherche dans les passions politiques, bien plus que 
dans les intérêts réels du peuple, tous ses motifs 
d'éloge ou de blâme. Liberté pour tous, égalité pour 
tous devant la loi, tolérance pour toutes les con- 
victions, respect pour toutes les opinions sincères : 
telles étaient les devises de la majorité. » 

(i) Loi du i\ juillet 4832. 



i8 La Chambre des Représentants en 1894-1895 



Nous devons ajouter, pour compléter le jugement 
porté par l'historien de Léopold I" sur la première 
Chambre des représentants, que la majorité de ses 
membres montra dans les questions internationales 
une grande inexpérience et (jue maintes fois leurs 
votes ainsi que leurs discours faillirent compro- 
mettre la cause qu'ils croj^aient défendre. 

Les élections eurent lieu les 23 et 30 mai et 
composèrent une Chambre identique, à peu de 
choses près, à celle que l'on avait cru devoir 
dissoudre. Mais la situation était meilleure pour les 
ministres, la Hollande avait consenti à signer une 
convention provisoire; aussi les députés se mon- 
trèrent-ils, dès leurs débuts, favorables au cabinet. 

La discussion de l'adresseauRoi, pendant laquelle 
on scruta longuement tous les actes que le ministère 
avait posés au cours de la période de dissolution, 
et la proposition faite par M. Gendebien de mettre 
en accusation le ministre de la justice, M. Lel)eau, 
parce qu'il avait accordé par erreur l'extradition 
d'un banqueroutier français, proposition repoussée 
d'ailleurs, absorbèrent presque entièrement la 
session extraordinaire, qui, commencée en mai, se 
termina en octobre 1833. La seule mesure prise par 
la Chambre qu'il y ait à signaler consiste dans 
l'institution de la Croix de Fer. 

La session de 1834 fut plus fertile en travaux 
utiles et, avant toute autre, il faut signaler la loi qui 
décida la création des chemins de fer. 

Le projet en fut déposé sur le bureau de la 
Chambre par M. Rogier, le 19 juin 1833, et la dis- 



Introduction — i833-i834 19 

cussion s'ouvrit le H mars 1834. Elle dura pendant 
dix-sept séances et devait rester célèbre par la 
violence de langage qu'adoptèrent certains oppo- 
sants, ainsi que par leurs arguments qu'on hésite- 
rait à reproduire aujourd'hui. Le vote eut lieu le 
28 mars : cinquante-six voix se prononcèrent pour 
le projet, vingt-huit contre, il y eut une abstention. 
L'article 1**' de la loi décrétait l'établissement d'un 
réseau ayant pour point central Malines et se diri- 
geant, à l'est, vers la frontièx'e de Prusse, par 
Louvain, Liège et Verviers; au nord, vers Anvers; 
à l'ouest, vers Ostende, par Termonde, Gand et 
Bruges; au sud, vers Bruxelles et la frontière de 
France. L'article 2 décidait en principe la con- 
struction et l'exploitation aux frais de l'Etat. Les 
articles 3 et 4 disaient qu'on subviendrait aux 
dépenses par le moyen d'un emprunt ; mais, en 
attendant que celui-ci fût négocié, le gouvernement 
était autorisé à émettre pour 10 millions de bons 
du Irésor (1). 

Des provocations orangistes avaient amené des 
scènes de pillage à Bruxelles les 3 et 6 avril, et les 
autorités communales avaient montré un manque 
complet d'énergie dans la répression des désordres. 
On s'en prit aux ministres, dont la conduite en ces 
circonstances se trouva amèrement critiquée. Pen- 
dant six jours, des discours hostiles au gouverne- 
ment furent prononcés au Palais de la Nation ; mais 
le cabinet n'eut pas de peine à se justifier, et la 



(i) Loi du ier mai 1834. 



20 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

Chambre approuva son attitude à une majorité con- 
sidérable. Quelques jours après, le 9 mai 1834, elle 
adopta, par un vote quasi unanime, un projet de loi 
dirigé contre les menées de ceux qui travaillaient 
au retour de la Maison d'Orange-Nassau (i). 

Les dispositions montrées par la Chambre sem- 
blaient promettre longue vie au ministère (2), 
lorsque, dans la séance du i^^ août, MM. Lebeau 
et Rogier annoncèrent tout à coup leur retraite, 
sans vouloir en exposer les motifs : — ceux-ci rési- 
daient en réalité dans le refus fait par le Roi de se 
séparer du ministre de la guerre qui se trouvait en 
désaccord avec ses collègues. Ces démissions entraî- 
nèrent celle des autres membres du cabinet. Un 
seul d'entre eux, le général Evain, resta en fonc- 
tions. Le comte F. de Merode devint membre du 
conseil avec voix délibérative, M. de Theux prit le 
portefeuille de l'intérieur, M. de Meulenaere celui 
des affaires étrangères, M. Ernst celui de la justice, 
M. le baron d'Huart celui des finances. MM. Ernst 
et d'Huart appartenaient au parti libéral, MM. de 
Theux et de Meulenaere au parti catholique. Les 
arrêtés qui réorganisaient le ministère parurent au 
Moniteur le 5 août 1834. 



Les débuts du nouveau cabinet furent heureux : 
la discussion de l'adresse au Roi et des budgets lui 



(1) Loi du 25 juillet 4834. 

(2) Le comte F. de Merode avait remplacé au département des affaires 
étrangères, le 27 décembre 1833, le général Goblet. 



Introduction — i835 



donna au commencement de la session ordinaire 
de 1834-1835 l'occasion de remporter de faciles 
victoires. Les esprits d'ailleurs , à la Chambre 
comme dans tout le pays, éprouvaient le besoin de 
faire succéder le calme aux débats irritants : partout 
les passions, surexcitées par la révolution, se cal- 
maient. Le renouvellement partiel des Chambres, 
effectué en juin 1835, maintint la majorité qui sou- 
tenait le ministère et lui permit de s'occuper active- 
ment de l'élaboration de plusieurs lois importantes 
que réclamait le pays. 

L'enseignement supérieur sollicita à juste titre 
l'attention du Parlement. 

Des universités de l'Etat avaient été établies à 
Louvain, à Liège et à Gand par le gouvernement 
des Pays-Bas. Les décrets du Gouvernement provi- 
soire du 16 décembre 1830 et du 3 janvier 1831 
supprimèrent la faculté de philosophie à Liège, 
celle des sciences à Louvain et les facultés de philo- 
sophie et des sciences à Gand et introduisirent des 
modifications dans les règlements intérieurs des 
universités. Les facultés supprimées furent rapide- 
ment remplacées par des facultés libres qui se for- 
mèrent au sein même des établissements officiels et, 
par un nouvel arrêté du 24 octobre 1831, un jury 
d'examen fut institué pour les élèves de ces facultés. 

Ces mesures n'avaient qu'un caractère provisoire 
et une commission fut instituée dans le but de 
préparer un projet de loi sur l'enseignement supé- 
rieur. Pendant qu'elle était à l'œuvre, un élément 
nouveau vint s'imposer à son attention par la fon- 



22 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

dation d'une université catholique à Malines et 
d'une université libre à Bruxelles. 

La commission termina ses travaux au commen- 
cement de l'année 1834, et M. Rogicr déposa, le 
31 juillet de cette année, quelques jours avant de 
quitter le ministère, le projet de loi qu'elle avait 
préparé et qui portait création d'une université à 
Liège, d'une autre à Gand, ainsi que de jurjs 
d'examen, composés pour la moindre partie de pro- 
fesseurs d'université. Ce projet n'entra en discussion 
que le 11 août 1835. La Chambre l'adopta quant 
au nombre des universités, rejetant un amendement 
de M. Rogier qui proposait l'établissement d'une 
université unique à Louvain. Elle décida pour le 
second point que les jurjs seraient composés de sept 
membres, dont deux nommés chaque année par^ 
elle, deux par le Çénat et trois par le gouvernement. 
Elle ne vota toutefois ce système qu'à titre d'essai 
et pour une durée de trois ans. La loi fut promul- 
guée le 27 septembre 1 835. 

La Chambre porla çnsuite son attention sur l'or- 
ganisation provinciale et communale. 

La liberté communale n'existait pas sous le régime 
hollandais; elle fut rétablie par le Gouvernement 
provisoire, qui donna au corps électoral le droit 
d'élire les bourgmestres, échevins et conseillers, et 
qui édicta un certain nombre de mesures destinées 
à régler la composition et les attributions des con- 
seils communaux. Mais rien de cela n'était définitif 
et il appartenait au Parlement de statuer en dernier 
ressort sur ces questions. Un projet de loi fut déposé 



Introduction — i<S3<)' 



à la Chambre par M. Rogier dans la séance du 
2 avril 1833. Les discussions lurent longues : com- 
mencées le 8 juillet 1834, suspendues par la clôture 
de la session, reprises le 17 novembre suivant, elles 
ne furent terminées que le 10 mars 1836, après avoir 
absorbé quatre-vingt-seize séances. M. Thonîssen 
résume ainsi les dispositions qui sortirent de ces 
longs débats : « On y découvre, dit-il, le désir de 
concilier, d'une part, les exigences de la liberté avec 
le maintien de l'ordre; de l'autre, les prérogatives 
du pouvoir central avec les droits inhérents à l'au- 
tonomie légale de la commune belge. La loi de 1836, 
produit de cette pensée de conciliation, accorde au 
Roi la nomination du bourgmesti^e et des échevins; 
mais elle restreint son choix aux membres du con- 
seil, élus directement par leurs concitoyens. Elle 
exige un cens d'éligibilité pour prévenir l'abus des 
influences locales; mais elle refuse au gouvernement 
le droit de dissolution qu'il réclamait avec instance. 
Elle attribue à la commune la nomination des 
agents purement communaux; mais elle requiert 
l'intervention de l'autorité supérieure dans les choix 
qui intéressent à la fois l'intérêt local et l'intérêt 
général. Elle ne veut pas que le gouvernement 
puisse placer à la tête de la commune un homme 
qui n'a pas reçu le baptême de l'élection populaire; 
mais elle lui reconnaît le droit de suspendre et de 
révoquer, sur l'avis conforme de la députation pro- 
vinciale, le bourgmestre ou l'échevin qui se rend 
coupable d'inconduile notoire ou de négligence 
grave. Elle place dans les attributions du conseil 



24 Ï^-A Chambre des Représentants en 1894-1895 

le règlement de tous les objets d'intérêt purement 
local; mais, dans les matières d'une importance 
majeure, elle exige l'intervention de la députation 
permanente, du conseil provincial et même parfois 
l'approbation du chef de l'Etat. Elle consacre la 
liberté, mais non pas l'omnipotence des communes; 
elle met des bornes à l'action des mandataires du 
corps électoral, là oii cette action pourrait devenir 
funeste aux intérêts généraux ou attentatoire aux 
droits collectifs de la nation. » Cette loi porte la date 
du 30 mars 183G. 

La loi d'organisation provinciale fut plus rapi- 
dement achevée* Le gouvernenient l'avait pré- 
sentée la première et la Chambre l'avait votée le 
16 juin 1834; mais le Sénat décida dç ne point la 
mettre en discussion avant que la loi communale 
n'eût été soumise à son examen. Elle ne fut promul- 
guée que le 30 avril 1836. Elle aussi se caractérise 
par le désir manifeste de concilier l'indépendance 
des autorités provinciales avec les droits du pouvoir 
central. Les dispositions qu'elle contient sont 
restées, à peu de choses près, les mêmes que celles 
régissant encore aujourd'hui la matière, et nous 
croyons par conséquent inutile de les résumer ici. 

D'autres lois, de moindre importance, furent 
aussi votées par la Chambre ; nous citerons 
notamment les lois sur la naturalisation du 27 sep- 
tembre 1835, sur l'organisation du service postal du 
29 décembre suivant et la loi établissant un impôt 
sur les débits de boissons du 18 mars 1838. 

Des modifications ministérielles se produisirent 



Introduction — 1887 '2b 



pendant que la Chambre discutait ces divers 
projets : M. de Meulenaere, s'e'lant trouvé en 
désaccord avec ses collègues au sujet d'une question 
qui intéressait la Banque de Belgique, se retira du 
cabinet en janvier 1837, et le département des 
affaires étrangères fut réuni à celui de l'intérieur; 
quelques mois auparavant, le baron Evain avait 
quitté le ministère de la guerre et avait été rem- 
placé par le général Willmar; un arrêté du 
13 janvier 1837 créa le département des travaux 
publics, qui fut confié à M. J.-B. Nothomb. Ces 
changements ne produisirent guère d'émotion à la 
Chambre. 

Les membres du Parlement n'étaient pas unani- 
mement fidèles au programme de l'Union qui avait 
amené le succès de la révolution. Les plus avancés 
du parti libéral travaillaient à obtenir la domina- 
tion exclusive de leurs idées et attaquaient violem- 
ment les ministres chaque fois qu'ils posaient un 
acte non pas favorable aux catholiques, mais 
dépourvu d'hostilité contre eux. Ceux qui compo- 
saient cette fraction encore minime de la Chambre 
voyaient ou prétendaient voir partout l'influence 
occulte du clergé. M. de Theux, ayant voulu 
confier aux conseils communaux le droit d'inter- 
dire les représentations théâtrales contraires aux 
bonnes mœurs, fut accusé de s'être fait l'instrument 
de cette influence occulte, et sa proposition, bien 
qu'admise en principe deux fois, fut rejetée au vote 
définitif par pai'ité de voix. Le ministre de la guerre 
ayant rappelé aux chefs de corps les règlements qui 



2b La Chambre des ReprésExNtants en 1894-1895 

interdisaient les dimanches et jours de fêtes légales 
les inspections, exercices, etc., afin de laisser aux 
soldats la liberté de remplir leurs devoirs religieux, 
fut, lui aussi, poursuivi à la Chambre par la même 
accusation. Suffisamment violent déjà au Palais de 
la Nation, le langage des adhérents de ce parti était 
plus outré encore dans les journaux et vis-à-vis du 
peuple, qu'il travaillait à soustraire de plus en. plus 
à l'influence catholique. 



La convention provisoire signée par le gouver- 
nement néerlandais le 21 mai 1 833 avait permis à la 
Chambre de se consacrer entièrement aux affaires 
intérieures. L'adhésion que le i^oi Guillaume 
donna le 14 mars 1838 au traité des vingt-quatre 
articles la ramena sur le terrain périlleux des ques- 
tions internationales. 

Le refus de la Hollande de s'incliner devant la 
volonté de l'Eui'ope avait plutôt profité que nui à 
la Belgique : celle-ci était restée en possession des 
parties du Limbourg et du Luxembourg que le 
traité des vingt-quatre articles lui enlevait et n'avait 
pas eu à payer sa part dans les intérêts de la dette. 
L'attitude nouvelle du roi des Pays-Bas allait 
imposer à notre pays l'exécution de durs sacrifices 
que déjà l'on espérait écartés pour jamais. On 
s'était habitué à considérer la situation provisoire 
comme devenue définitive; aussi, lorsqu'on se vit à 
la veille de devoir remplir les engagements pris 
jadis, s'éleva-t-il de partout un immense mouve- 



Introduction — 1838 2'j 



ment de protestation. La Chambre s'y associa et, 
dans une adresse qu'elle vota au Roi, elle inséra les 
paroles suivantes : « Sire, en 1831 des circonstances 
malheureuses menaçaient la Belgique du doulou- 
reux sacrifice de nos frères du Luxembourg et du 
Limbourg. Peut-il se consommer encore aujour- 
d'hui que sept années d'existence commune les ont 
attachés à la Belgique? La Chambre ose espérer 
que, daas les négociations à ouvrir pour le traité 
avec la Hollande, l'intégrité du territoire belge 
sera maintenue. » 

La session parlementaire avait été close le 
H juin 1838 : on attendait av^ec impatience le 
discours du Trône que le Roi devait prononcer à 
la réouverture des Chambres le second mardi de 
novembre. « Nos différends avec la Hollande, 
dit-il, ne sont pas encore arrangés; les droits et les 
intérêts du pays sont les seules règles de ma poli- 
tique; ils ont été traités avec le soin que réclame leur 
importance; ils seront défendus avec persévérance 
et courage... » Ces paroles, considérées comme l'ex- 
pression d'une politique décidée à recourir à tous 
les moyens pour obtenir la satisfaction réclamée 
par le pays, furent couvertes d'acclamations. 

On procéda activement à des armements et bien- 
tôt 116,000 hommes se trouvèrent prêts à entrer 
en campagne. Mais de sages conseils parvinrent 
à refréner ces ardeurs belliqueuses, qui eussent 
infailliblement attiré en Belgique les troupes de 
l'Autriche ainsi que de la Prusse, et le cabinet 
essaya de changer, par d'habiles négociations, les 



28 La Chambre des Représentants en 1894-1895 



dispositions prises à la Gonfërence de Londres. On 
ne put rien obtenir au point de vue territorial, mais 
la part de la Belgique dans le payement des inté- 
rêts de la dette que les Pays-Bas avaient à leur 
charge, part qui avait primitivement été fixée à 
8,400,000 florins, fut réduite à 5 millions. 

Ces négociations furent tenues secrètes; mais, 
vers la fin de janvier 1839, certains détails en 
avaient néanmoins transpiré, et la Chambre de- 
manda des explications au gouvernement. Satis- 
faction fut donnée à ce désir le 1" février par un 
rapport que lut le ministre des affaires étrangères. 
Cette communication ne disait pas l'attitude que le 
cabinet comptait prendre devant les exigences de 
la Conférence de Londres, mais il promit de le faire 
dans la séance du 6 février. Tout à coup parut au 
Moniteur, le 5 février, un arrêté royal qui ajour- 
nait les Chambres jusqu'au 14 mars; le journal 
officiel annonçait en même temps la retraite des 
ministres des finances et de la justice, le comte 
Félix de Merode offi-ait également sa démission au 
Roi quelques jours après. Des dissentiments s'é- 
taient produits au sein du conseil au sujet de l'ac- 
cueil que le gouvernement et le pouvoir législatif 
devaient faire aux propositions de l'Europe et 
avaient amené cette dislocation du cabinet en même 
temps que l'ajournement du Parlement. 

Les ministres, réduits au nombre de trois, n'at- 
tendirent pas jusqu'au 14 mars pour réunir la 
Chambre : ils la convoquèrent pour le 19 février 
et, dans la séance de ce jour, M. de Theux déposa 



Introduction — iSSg 



un projet de loi autorisant le Roi à conclure un 
traité définitif avec la Hollande et un autre renfer- 
mant des stipulations en faveur des habitants du 
Limbourg et du Luxembourg qui voudraient fixer 
leur domicile en Belgique. Le gouvernement était 
poussé, en agissant ainsi, par la conviction que 
toute résistance aux décisions de la Conférence de 
Londres ne pourrait que nuii'e gravement aux 
intérêts du pays, et quand on étudie aujourd'hui la 
situation on ne peut que lui donner raison. Mais 
les passions du moment étaient trop violentes pour 
que la vérité des choses fût comprise de tous. Dans 
la discussion qui s'éleva après la lecture de ces 
projets de loi, des orateui's se livrèrent à de regret- 
tables écarts de langage. « L'ài-je entendu? » disait 
M. Dumortier. « Nos moyens, on les nie ; lios em- 
barras, on les exagère; nos affronts, on les supporte 
avec un dédain flegmatique, et l'on vient nous 
proposer de sanctionner l'opprobre de la Belgique! 
Hommes d'Etat misérables ! ne voyez-vous pas 
que ces terreurs sont l'effet de votre faiblesse?... 
Ministres pervers, qui donc a pu vous pousser à 
accepter un rôle aussi honteux?... Je rougis d'être 
Belge, quand je vois la honte, l'opprobre et l'infa- 
mie qu'on déverse sur mon pays... » « La trahison 
de Judas, s'écriait M. Pirson, la trahison de Judas 
a été précédée de la Cène à laquelle présidait le 
Seigneur... Hier il y a eu grand dîner en haut Heu, 
et aujourd'hui trahison du ministère envers la 
patrie et envers le Roi, vente à l'encan de nos frères 
du Limbourg et du Luxembourg!... Oui, pour 



3o La Chambre des Représentants fn 1894-1895 

moi, la trahison est flagrante. Il y a conspiration 
contre l'honneur national, il y a conspiration contre 
l'intégrité du territoire, il y a conspiration contre 
notre union qui faisait toute notre force. Quoi ! celte 
unanimité de tout le pays, de tous les citoyens, de 
tous les fonctionnaires, de tous les grands pouvoirs, 
cetle unanimité que l'ennemi extérieur n'aurait pas 
osé venir attaquer, cette unanimité, ce seraient 
trois hommes lâches, restes honteux d'un minis- 
tère auquel nous avions tout accordé pour nous 
défendre!... » 

La paix avait néanmoins de nombreux partisans 
que ces paroles outrées ne purent ébranler. Six voix 
contre une adoptèrent à la section centrale le projet 
du gouvernement. La discussion publique s'ouvrit 
le 4 mars et se prolongea pendant quinze séances. 
Cinquante-huit voix contre quarante-deux autori- 
sèrent finalement le Roi à conclure et à signer les 
traités qui réglaient la sépax'ation entre la Belgique 
et la Hollande. 

M. Desmaisières, membre de la Chambre des 
représentants, fut nommé ministre des finances le 
5 avril. On attendit jusqu'au 8 juin pour donner 
un titulaire au département de la justice; ce fut 
M. Raikem, président de la Chambre, qui prit ce 
portefeuille. M. Desmaisières appartenait au parti 
libéral, M. Raikem au parti catholique. 



Les élections partielles de 1839 maintinrent la 
majorité unioniste, tout en augmentant l'opposition 



Introduction — 1840 



de trois ou quatre voix. Mais l'union ne devait 
plus durer longtemps. La fondation de la Revue 
nationale par M. Devaux, membre distingué du 
parti libéral, revue dans laquelle il réclamait un 
ministère composé exclusivement d'hommes parta- 
geant ses opinions politiques, fut un des premiers 
symptômes de la désagrégation qui se préparait. 
La discussion du budget du ministère de l'inté- 
rieur, pendant laquelle la création du département 
des affaires étrangères fut proposée, discussion 
longue et pénible, accentua la fragilité de la situa- 
on, et la discussion du budget du ministère de la 
guerre amena la chute du cabinet, qui offrit sa 
démission au Roi le 1 4 mars 1 840. Un amendement 
de M. Dumortier — amendement repoussé par les 
ministres, qui posèrent la question de cabinet, et 
adopté par quarante-deux voix contre trente-huit 
et cinq abstentions — provoqua cette retraite (1). 



(I) M. Thonissen, dans son ouvrage : La Belgique mus le règne de 
Léopold I^'y tome IV, p. 15, raconte ainsi les incidents qui amenèrent 
M. de Thcux et ses collègues à déposer leurs portefeuilles : 

« Au milieu des inquiétudes, des souffrances et de l'anarchie qui précé- 
dèrent, en ^SSi, l'élection du prince Léopold, le général Van der Smissen, 
alors gouverneur militaire d'Anvers, avait cru, comme beaucoup d'autres, 
que le seul moyen de rétablir Tordre, de ramener la sécurité publique, de 
fermer les plaies de l'industrie, consistait dans une séparation adminis- 
trative entre la Belgique et la Hollande, avec la vice-royauté du prince 
d'Orange et l'anéantissement de toutes les barrières commerciales. Il fit, 
dans ce sens, des propositions plus ou moins formelles aux officiers de la 
garnison d'Anvers; mais ceux-ci, dévoués à une révolution dont ils 
acceptaient toutes les conséquences, repoussèrent ces tentatives comme une 
atteinte à la souveraineté nationale. Dénoncé comme coupable d'un 
complot destiné à placer le prince d'Orange sur le trône des Belges, le 
général prit la fuite, et la haute cour militaire, par un arrêt du 29 octo- 



32 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

Le nouveau cabinet fut composé le 1 8 avril 1 840 ; 
il comprenait : M. Lebeau, ministre des affaires 

bre 4831, le condamna au bannissement et à la déchéance du rang 
militaire. 

» Rentré en Belgique à la suite du traité du 49 avril, Van der Smisscn 
se mit à la disposition de l'autorité militaire et demanda des juges pour 
purger sa contumace. La condamnation de 1831 disparaissait de la sorte, 
et un nouveau débat, cette fois contradictoire, était requis par le Code de 
procédure militaire. 

» Mais ici le traité du 49 avril devenait un obstacle insurmontable. Aux 
fermes de l'article 20, « personne ne pouvait être recherché ni inquiété en 
;} aucune manière pour cause quelconque de participation directe ou indi- 
» rectc aux événements politiques » . La question ayant été soumise au 
conseil des ministres, celui-ci ne crut pas pouvoir se dispenser d'étendre le 
bénéfice de l'amnistie aux conspirateurs de 4831, et un arrêté royal du 
43 juillet rétablit le général sur les contrôles de l'armée dans la position et 
avec la solde de non-activité. D'un côté, le cabinet se croyait lié par le texte 
exprès d'un contrat international ; de l'autre, il voulait, par une application 
large et généreuse de l'amnistie, venir en aide aux habitants du Limbourg 
et du Luxembourg qui se trouvaient en butte aux tracasseries de la police 
hollandaise. 

» Malheureusement, une réprobation à peu près unanime accueillit 
cette mesure... Ces sentiments se firent jour dans la Chambre des repré- 
sentants et, contrairement à l'attente générale, elles amenèrent la disso- 
lution du ministère. 

» Comme toutes les assemblées délibérantes, le Parlement belge avait 
eu ses entraînements passionnés et même ses heures d'injustice ; mais on y 
avait toujours trouvé un patriotisme ardent, un dévouement sincère à la 
nationalité, un sentiment profond et vif de la dignité du pays. La resti- 
tution de l'uniforme et de la cocarde au condamné de 4831 blessa les 
susceptibilités patriotiques de la Chambre populaire. Par l'organe de son 
rapporteur, M. Brabant, la section centrale chargée de l'examen du budget 
de la guerre déclara « qu'elle avait vu avec regret la conduite du gouver- 
» nement dans la réintégration du général Van der Smisscn ». Ce fut en vain 
que, dans la discussion politique ouverte le 42 mars, le cabinet s'efforça 
de repousser ce blâme, en restituant à l'acte incriminé le seul caractère qui 
lui fût propre: celui d'une application large et généreuse du traité de paix. 
Les efforts des ministres furent loin d'aboutir au résultat désiré. Renchéris- 
sant sur les paroles du rapporteur de la section centrale, M. Dumortier 
proposa de retrancher des allocations du budget le traitement de non-activité 
destiné h Van der Smissen. » 



Introduction — 1840 33 



étrangères; M. Liedts, minisire de Tintérieur; 
M. Leclerccf, ministre de la justice ; M. Rogier, 
ministre des travaux publics; M. Mercier, ministre 
des finances; le général Buzen, ministre de la 
guerre, qui appartenaient tous à l'opinion libérale, 
bien que les membres du parti catholique compo- 
sassent la majorité des deux Chambres. 

Les ministres prirent une attitude conciliante 
dans leurs déclarations : ils s'élevèrent contre ceux 
qui voulaient séparer les Belges en catholiques et 
libéraux et firent appel à l'union. Maïs tous leurs 
amis ne parlaient pas comme eux : M. Devaux, 
dans la Revue nationale^ ainsi que d'autres organes 
du libéralisme réclamèrent énergiquement la pré- 
potence pour leur parti. 

Les premiers actes du gouvernement ne répon- 
dirent pas à ses paroles : il opéra dans le personnel 
administratif un mouvement dans un sens hostile 
aux catholiques et modifia ainsi à son égard l'atti- 
tude de ces derniers, qui s'étaient montrés d'abord 
bienveillants et qui témoignèrent à la Chambre leur 
mécontentement par de nombreuses critiques de 
détail. Le parti lilDéral s'appliqua à rendre de plus 
en plus grande la division qui commençait à 
s'opérer. MM. Verhaegen et Delfosse, par leurs 
déclarations passionnées au Parlement contre ce 
qu'ils appelaient les empiétements des catholiques, 
et M. Devaux, par la continuation de sa campagne 
dans la Revue nationale^ se firent ses porte-voix. 

Le cabinet passait pour être inspiré par M. De- 
vaux, auquel il devait son existence. Les catholiques 



34 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

souhaitaient que le gouvernement déclarât fran- 
chement s'il faisait siennes ou bien s'il répudiait 
les doctrines propagées par le directeur de la Revue 
nationale. Ils déliJDérèrent à la veille de la discus- 
sion du budget des travaux publics (1 8 février \ 841 ) 
si le ministère ne devait pas être mis en demeure 
de se prononcer catégoriquement sur ce point. 
Mais le moment ne leur parut pas favorable pour 
soulever un important débat politique; ils déci- 
dèrent de se livrer seulement à quelques attaques 
secondaires afin de donner un avertissement aux 
ministres. 

La résolution prise ne fut pas observée. Les 
ministres ne montrèrent pas une grande unanimité 
de langage dans leurs réponses aux discours des 
catholiques. Tandis que M. Lebeau proclamait la 
nécessité de l'homogénéité politique des cabinets, 
M. Leclercq désavouait nettement les théories de la 
Revue nationale. La question de confiance fut 
posée et le cabinet déclara que, si le budget était 
rejeté, il déposerait le pouvoir, soit immédiatement, 
soit après avoir fait appel au pays. Les débats 
furent longs, ils passionnèrent le pays entier. 
Quarante- neuf voix contre trente- neuf et trois 
abstentions adoptèrent finalement le budget des 
travaux publics. La majorité, qui s'était pro- 
noncée en sa faveur, comprenait un grand nombre 
de fonctionnaires, et plusieurs votes affirmatifs 
n'avaient pas été émis sans restriction. 

L'existence du cabinet paraissait néanmoins 
sauvée pour le moment, lorsqu'il se trouva tout à 



Introduction — 1841 33 



coup mis en échec au Sënat, où le nombre des 
catholiques était plus considérable encore qu'à la 
Chambre. Là aussi, le principe des cabinets homo- 
gènes avait de nombreux adversaires, qui protes- 
tèrent contre les écrits de M. Devaux, dont 
M. Rogier se déclara solidaire. Le Sénat manifesta 
son opposition à ces doctrines non en rejetant le 
budget, mais en'votant, le 17 mars, une adresse au 
Roi, dans laquelle il appelait son attention sur la 
nécessité de maintenir l'union qui, jusque-là, avait 
présidé au gouvernement de la Relgique. 

Cette démarche mit Léopold P"* dans l'alter- 
native ou d'accepter la démission que lui offraient 
M. Lebeau et ses collègues, ou de dissoudre soit les 
deux Chambres, soit le Sénat seulement. Il s'arrêta 
au premier parti, suivant en cela l'avis de 
M. Nothomb, qui consentit à assumer la tâche de 
former un cabinet. 

Pendant que M. Lebeau détenait le pouvoir, il 
avait fait voter plusieurs lois importantes, parmi 
lesquelles nous citerons celles du 8 janvier 1841 sur 
!e duel, du 25 mars 1841 sur la compétence en 
matière civile, du 10 avril 1841 sur les chemins 
vicinaux, du 26 juin 1840 autorisant un emprunt 
de 82 millions, du 29 juin 1840 ouvrant un crédit 
pour l'établissement d'une ligne à vapeur entre la 
Belgique et les États-Unis. 



M. Nothomb, revenant à la politique unioniste 
abandonnée par le précédent ministère, forma un 



36 La Chambre des Représentants en 1894-1895 



cabinet dans lequel prirent place des hommes 
appartenant aux deux partis. Lui-même était libé- 
ral; il plaça à la tête des départements de la jus- 
tice, des travaux publics et de la guerre, MM. Van 
Volxem, Desmaisières et Buzen, qui partageaient 
ses opinions, tandis que deux catholiques, MM. de 
Meulenaere et deBriey, enti'aient l'un au ministère 
des affaires étrangères et l'autre au ministère des 
finances. M. Noihomb se réserva le département 
de l'intérieur. 

Ce cabinet fut formé le 13 avril 1841. Il subit 
rapidement des modifications. M. de Meulenaere 
se retira le 5 août et fut remplacé par le comte 
de Briey, auquel succéda aux finances M. Smits, 
directeur de la Banque de Belgique. M. de Meule- 
naere conserva place au conseil. Le général de 
Liem devint, le 5 février 1842, ministre de la 
guerre après la mort du général Buzen. 

Le programme ministériel déclarait que le gou- 
vernement voulait puiser ses forces dans un système 
de transaction loyale, en replaçant le pouvoir 
dans une sphère où pouvaient se rencontrer les 
hommes modérés de toute nuance. Il fut favora- 
blement accueilli par les catholiques, tandis que la 
presse libérale n'eut pas de critiques assez amères 
à lui prodiguer. 

La majorité unioniste, sur laquelle s'appuyait 
M. Nothomb, sortit intacte des élections du 
12 juin 1841 ; elle s'augmenta même de quelques 
recrues nouvelles. 

Les débuts du nouveau ministère furent marqués 



Introduction — 1842 



par des évéïiemenls d'une certaine importance. Il 
faut noter le complot orangistc ourdi par les géné- 
raux van der Meere et Van der Smissen, puis la 
proposition du Bus et Brabant demandant la per- 
sonnification civile pour l'Université de Louvain. 
Cette proposition fut retirée avant qu'elle ne vînt 
en discussion à la Chambre, bien que les sections 
l'eussent adoptée par trente-six voix contre cinq et 
trois abstentions. 

Les modifications que le cabinet voulait intro- 
duire dans la loi communale fournirent l'occasion 
d'une grande bataille parlementaire. 

Un certain nombre de bourgmestres, s'étant 
montrés trop serviles envers leurs électeurs, 
n'avaient pas rempli, comme ils le devaient, les 
devoirs de leur charge et le ministère désirait, afin 
d'éviter le l'etour de ces abus, donner au Roi le droit 
de nommer le bourgmestre hors du conseil parmi 
les électeurs, mais seulement pour des motifs graves 
et après avoir consulté la députation permanente. 
L'opposition imputa au gouvernement l'intention 
d'anéantir les libertés communales. Celte accusa- 
tion donna lieu à des débats orageux et passionnés 
qui occupèrent huit séances. M. Nolhomb indiqua 
parfaitement la nature et la portée de la loi (1) en 
disant : « Le but de la loi tient à une idée morale : 
c'est qu'il faut que le bourgmestre nommé dans le 
conseil sache qu'il peut rester bourgmestre, quoi- 
qu'il ne soit pas réélu membre du conseil... Pour 

(I) Le projet en avait été déposé le 24 janvier 1 8t2. 



:8 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

que ce but soit atteint, pour que cette pensée 
morale soit réalisée, il n*est pas nécessaire que le 
gouvernement fasse à chaque instant usage de la 
faculté qui lui est donnée ; il faut seulement que la 
faculté existe, que la possibilité de l'exercice de 
cette faculté soit connue... Il est de l'intérêt du 
gouvernement de faire l'usage le plus sobre, le plus 
circonspect de la faculté qu'il vous demande. » La 
Chambre vota la loi par cinquante et une voix 
contre trente et une, en écartant l'obligation de 
prendre l'avis de la dépulation permanente et en 
supprimant les mots motifs graves, qui, disait la 
section centrale, ne donnaient par eux-mêmes 
aucune garantie et parce que le choix, ainsi motivé, 
serait nécessairement blessant pour le conseil com- 
munal. On attribua en outre au bourgmestre seul 
l'exécution des lois et règlements de police, à moins 
que, sous sa responsabilité, il n'eût délégué ce pou- 
voir à l'un de ses éc^evins (I). 

Pendant que la Chambre était occupée à cette 
discussion, M. de Theux proposa d'accorder à 
chaque section des villes le droit d'élire un 
nombre de conseillers proportionnel au chiffre de 
sa population. Il voulait ainsi permettre aux divers 
quartiers, dont les intérêts étaient souvent diffé- 
rents, le droit d'être représentés au conseil com- 
munal. L'opposition prétendit que le seul but de ce 
projet était d'introduire une minorité catholique 
dans les conseils des villes. Malgré la résistance 

{K) La loi fut promulguée le 30 juin 48*2. 



Introduction — 1842 39 



qu'elle rencontra dans une partie de la Chambre, 
cette proposition fut adopte'e le 15 juin 1842 aune 
majorité de dix voix, majorité qui, proportionnel- 
lement, fut plus forte encore au Sénat. 

Après avoir voté la loi sur les conseils de 
prud'hommes (loi du 9 avril 1842), le traité de 
commerce avec la France (loi du 6 août 1842), 
la loi sur le renouvellement des inscriptions hypo- 
thécaires (loi du 1 2 août 1 842), la Chambre s'occupa 
de la réorganisation de l'enseignement primaire. 

L'article 17 de la Constitution disait que l'in- 
struction publique donnée aux frais de l'Etat devait 
être réglée par la loi. Les membres de la Chambre 
étaient unanimes à vouloir que cet enseignement 
fût avant tout religieux et moral; mais, pour arri- 
ver à ce résultat, il fallait obtenir l'intervention des 
ministres du culte et régler en même temps cette 
intervention de telle manière qu'elle n'amenât pas 
de conflits avec l'autorité civile. « A cet effet, on 
eut recours à l'application des règles suivantes. On 
plaça en tête des matières obligatoires l'enseigne- 
ment de la religion et de la morale. La direction de 
cet enseignement fut confiée aux ministres du culte 
professé par la majorité des élèves de l'école ; mais 
on reconnut aux familles dissidentes le droit d'exi- 
ger que leurs enfants fussent dispensés d'assister à 
l'instruction religieuse. On accorda au chef du 
culte professé dans l'école le droit d'inspection 
pour l'enseignement religieux et moral, et l'on sti- 
pula que les subsides des communes ne pourraient 
être accordés qu'à l'école dans laquelle cet ensei- 



40 La Chambre des Représentants en 1894- 1893 



gnemeiit serait véritablement donné. On décida que 
les livres exclusivement destinés à l'enseignement 
religieux et moral seraient approuvés par le clergé 
de chaque confession, les autres livres par le gou- 
vernement, et les ouvrages mixtes par le gouverne- 
ment et le clergé. De cette manière, les droits des 
deux puissances étaient maintenus et conciliés, sans 
abaissement pour l'Etat et sans humiliation pour 
l'Eglise (1). » Chaque commune fut obligée de 
fournir gratuitement l'enseignement aux enfants 
pauvres et d'avoir une école, a moins que, par leur 
nombre et leur qualité, les écoles privées ne fussent 
suffisantes. On lui permettait aussi d^adopter 
comme école communale les établissements libres 
qui présentaient les garanties nécessaires. L'Etat et 
la province se réservèrent d'aider de leurs subsides 
les localités dont les ressources seraient insuffi- 
santes. On laissa les conseils communaux libres de 
choisir les instituteurs; ceux-ci devaient toutefois 
avoir suivi pendant deux années les cours d'une 
école normale soumise à l'inspection légale. 

La Chambre adopta celte loi par soixante-quinze 
voix contre trois, celles de MM.; Delfosse, Savart 
et Verhaegen, et le Sénat la vola à l'unanimité ; elle 
fut promulgée le 23 septembre 1842. 

La session fut close le lendemain. 

Lorsque la Chambre se réunit à nouveau, le Roi 
put lui annoncer dans le discours du Trône que les 
dernières difficullés pendantes entre la Belgique et 

(1) Thonisscn, ouvrage cité, tome IV, p. 'IH. 



Introduction — 1843 41 



les Pays-B^s étaient enfin résolues et que les deux 
puissances avaient signé le 5 novembre à La Haye 
une convention de commerce et de navigation 
intérieure. 



Des retraites et des dissentiments entre les 
ministres nécessitèrent, le 16 avril 1843, une réor- 
ganisation du cabinet. M. Nothomb conserva le 
portefeuille de l'intérieur, celui des affaires étran- 
gères fut confié à M. Goblet, celui des travaux 
publics à M. Dechamps, celui des finances à 
M. Mercier, celui de la justice au baron d'Anethan, 
celui de la guerre au général Dupont. M. de Meu- 
lenaere continua à faire partie du conseil,' mais sans 
portefeuille. 

Les élections de 1843 affaiblirent assez considé- 
rablement la majorité sur laquelle s'appuyait le 
cabinet. Les catholiques perdirent plusieurs de 
leurs chefs : le président et le vice-président de la 
Chambre succombèrent notamment dans la lutte. 
Les résultats généraux accusaient une notable pro- 
gression du libéralisme et du libéralisme exclusif. 

La Chambre se réunit le 14 novembre 1843. Le 
calme caractérisa la session à ses débuts: l'adresse 
au Roi et plusieurs lois importantes furent adoptées 
à la presque unanimité des voix; le budget de 
l'intérieur seul donna lieu à quelque opposition. 

Le mode de nomination des membres des jurys 
d'examen pour l'enseignement supérieur provoqua 
une lutte assez vive. La disposition transitoire de 



42 La Chambre des Représentants en 1894-1895. 

la loi du 27 septembre 1835 avait été prorogée 
plusieurs fois. M. Nolhomb voulut confier celle 
norainalion au gouvernement seul, les catholiques 
au contraire tenaient à Tintervention du pouvoir 
législatif en cette matière, intervention qui fut 
maintenue par quarante -neuf voix contre qua- 
rante-deux. Ces débats avaient été très animés et 
avaient même provoqué un moment la retraite de 
M. Dechamps, qui partageait les vues de ses amis 
politiques. Plusieurs des députés de la droite mon- 
trèrent à partir de ce moment de la méfiance envers 
M. Nothomb. 

Cette discussion fut suivie, pendant cette session 
et la session de 1844-1845, du vote des lois sur les 
pensions des fonctionnaires publics, sur les pen- 
sions des ministres, sur les droits différentiels 
(lois du 21 juillet 1844), sur le domicile de secours 
(loi du 18 février 1845) et sur d'aulres objets encore 
qu'il serait trop long d'énumérer. 



Les élections de 1845 fortifièrent l'opposition. Le 
cabinet semblait avoir conservé néanmoins encore 
une majorité; mais M. Nothomb, ne se sentant plus 
que mollement soutenu par la droite, fatigué des 
critiques incessantes qu'on lui faisait subir et con- 
sidérant le résultat du scrutin comme un échec 
pour la politique qu'il défendait, abandonna le 
pouvoir. Ses collègues le suivirent dans sa retraite. 

Le Roi eut peine à former un nouveau cabinet 
et, après avoir vu refuser par plusieurs membres de 



Introduction — 1844-1845 43 



la Chambre la direction des affaires, il s'adressa à 
M. van de Wejer, ministre de Belgique à Londres. 
Celui-ci acquiesça au désir du Roi, il prit le porte- 
feuille de l'intérieur et se rallia trois des ministres 
démissionnaires : MM. d'Anelhan, Dupont et 
Dechamps, qui furent mis à la têlc des départe- 
ments de la justice, de la guerre et des affaires 
étrangères. Un libéral, M. d'Hoffschmidt, fut 
nommé ministre des travaux publics et un catho- 
lique, M. Malou, ministre des finances. Le comt€ 
de Meulenaere resta et M. d'Huart devint membre 
du conseil sans portefeuille. 

Les Chambres se réunirent le 1 1 novembre 1845. 
Ellesavaient eu auparavant, du 16 au 24 septembre, 
une session extraordinaire consacrée entièrement 
au vote de quelques mesures destinées à combattre 
la crise des subsistances qui sévissait alors. 

Les partisans libéraux des cabinets homogènes 
commencèrent dès le premier jour, dans la discus- 
sion de l'adresse au Roi, leurs attaques contre le 
ministère. Apostrophant le ministre de l'intérieur, 
M. Devaux s'écria : « Qui êtes-vous? Pourquoi 
est-on allé vous chercher au delà des mers? » 
M. Rogier répéta sur le même ton agressif : « Qui 
êles-vous? Pourquoi êtes-vous venu au ministère? » 
Les libéraux intransigeants ne pardonnaient pas à 
ceux de leurs coreligionnaires politiques qui se 
montraient fidèles au programme de 1830. M. van 
de Weyer répondit nettement que rester fidèle à 
l'Union, c'était appliquer les principes de la Consti- 
tution. « Nous sommes parvenus, disait-il, à signer 



44 La Chambre des Représentamts en 1894-1895 



de commun accord le pacte social le plus libéral du 
monde, et aujourd'hui qu'il ne s'agit que du déve- 
loppement partiel de nos institutions, nous serions 
divisés en deux camps ennemis! nous lutterions 
sans cesse! il n'y aurait plus de rapprochement 
possible!... Ce serait déclarer que nous nous sommes 
étrangement trompés et que tout ce qui s'est fait 
de gi'and, de beau, de patriotique n'a plus de prix 
à nos yeux. » Il demanda que dans l'adresse au 
Roi fussent introduites les lignes suivantes : « La 
Chambre aura à se rappeler que la Constitution, 
sur laquelle s'appuie la nationalité belge, est Tœuvre 
de la conciliation entre les homnoes modérés de 
toutes les opinions. Persuadés comme vous, Sire, 
que ce même cspi'it de conciliation doit, pour le 
bonheur du pays, présider à la direction de ses plus 
chers intérêts, nous venons offrir à Votre Majesté 
l'assurance du concours bienveillant que nous 
sommes disposés à prêter au gouvernement dans 
l'examen des mesures qui nous seront soumises. » 
Soixante-trois voix contre vingt-cinq approuvèrent 
les déclarations ministérielles en votant l'adresse 
ainsi conçue. 

Appuyés par une majorité aussi compacte, les 
ministres pouvaient entreprendre bonne besogne. 
Ils firent voter des lois sur la chasse (loi du 
26 février 1846) et sur les entrepots de commerce 
(loi du i mars 484€). Des discussions assez saugre- 
nues et portant sur desquestions théologiques vinrent 
plus d'une fois interrompre les travaux utiles. 
A l'occasion du budget du ministère de la justice. 



Introduction — i84(> 45 



un députe de Bruxelles, M. de Bonne, discuta 
l'inamovibilité des curés et vicaires, attaquant le 
despotisme des évêques, citant des règles cano- 
niques, des textes latins, invoquant l'autorité de 
Van Espen, Benjamin Constant, Thomassin, de 
Lolme, Tabaraud, Saint-Léon, le cardinal Gon- 
salvi, Gacault, Grotius et Paolo Sarpi, Durand de 
Maillane, \e Dictionnaire de V Académie française, 
les conciles de Nicée, d'Antioche, de Calcédoine, 
de Carthage, d'Arles, de Sardîque, de Nîmes et de 
Trente. Le ministre de la justice n'eut aucune peine 
à montrer la puérilité de pareils discours. 

Six mois de gouvernement semblaient avoir 
affermi le ministère, lorsqu'il se trouva tout à coup 
en dissolution le 25 février par le seul fait de 
dissentiments entre ses membres. Des divergences 
d'opinions au sujet du projet de loi sur l'instruction 
moyenne étaient cause de cette situation. M. van 
de W^eyer voulait consacrer en cette matière l'omni- 
potence du pouvoir central, tandis que ses collègues 
étaient d'avis de maintenir l'indépendance des 
autorités communales. Les tentatives de conciliation 
n'aboutirent pas et M. van de Vl^eyer alla reprendre 
son poste à Londres. 



Cet événement devait amener les catholiques à 
se rallier au principe des cabinets homogènes qu'ils 
avaient combattu jusque-là. Ils y furent poussés par 
l'intransigeance de leurs adversaires. M. Rogier 
avait été chargé de former un ministère et il avait 



j\6 La Chambre des Représentants en 1894-1895. 

choisi des collaborateurs appartenant tous à 
l'opinion libe'rale, mais il mit à son entrée au gou- 
vernement des conditions telles, que le Roi se vit 
contraint de chercher ailleurs une solution à la 
crise ministérielle. Ce fut en vain qu'il s'adressa à 
MM. d'Hoffschmidt et Duraon-Dumortier, en leur 
laissant la liberté de constituer un ministère où 
l'élémeat libéral eût été exclusif ou prédominant : 
aucun député influent de la gauche ne voulut 
accepter un portefeuille si le programme de 
M. Rogier n'était admis. Léopold I«' se tourna 
alors vers M. de Theux, qui consentit à prendre la 
direction du ministère de l'intérieur, tandis que 
M. de Bavaj devenait ministre des travaux publics 
et le lieutenant général Prisse ministre de la guerre. 
MM. Dechamps, Malou et d'Anethan conservaient 
les fonctions qu'ils avaient occupées dans le 
cabinet van de Vl^eyer. MM. de Meulenaere et 
d'Huart étaient maintenus comme membres du 
conseil avec voix délibérative. Ce fut le 31 mars que 
les nouveaux ministres prirent en mains la direction 
des affaires. 

La Chambre avait été ajournée le 25 mars, 
elle reprit ses travaux le 20 avril et les discus- 
sions politiques commencèrent immédiatement 
Le comte de Theux exposa que le ministère 
n'avait pas été guidé dans sa constitution par un 
sentiment d'exclusion, mais par les nécessités de la 
situation, et s'était formé en vue de maintenir la 
politique de modération qui avait dirigé le gouver- 
nement depuis 1830. M. Rogier et ses amis lui 



Introduction — 1840 47 



répondirent par des attaques pleines de violence, 
qui, dépassant le ministère, atteignaient directement 
le Roi, représenté d'ailleurs cDmme subjugué par 
la fameuse influence occulte. Les libéraux voulaient 
des cabinets homogènes, mais ils voulaient aussi 
que ces cabinets fussent composés de leurs seuls 
amis, alors même que les catholiques étaient les 
plus nombreux à la Chambre. La discussion se 
termina le 29 avril; une majorité de dix voix se 
prononça en faveur du gouvernement. Tous les 
libéraux, à l'exception d'un seul, émirent un vote 
négatif, un catholique s'abstint. Quelques mois plus 
tard, le 20 novembi'e, le ministère réussit à faire 
adopter, par cinquante-deux voix contre trente- 
quatre, l'adresse en réponse au discours du Trône, 
bien qu'alors aussi la question politique eut été 
soulevée. 

Au milieu des attaques sans cesse renouvelées de 
l'opposition, le gouvernement fit voter pendant la 
session de 1 845-1 8i6 des lois sur la comptabilité de 
l'Etat (loi du 15 mai 1846), sur l'organisation de 
la Cour des comptes (loi du 29 octobre 1846), sur 
les sucres (loi du 17 juillet 1846), sur plusieurs 
entreprises d'utilité publique, sur les traités de 
commerce avec la France, les Etats-Unis (lois du 
21 juillet 1846) et les Pays-Bas (loi du 21 août1846). 
La session suivante fut marquée par l'adoption 
d'une loi élevant de 51 à 54 le nombre des sénateurs 
et de 102 à 108 le nombre des représentants (loi du 
31 mars 1847), ainsi que par l'adoption d'autres 
lois sur le défrichement des terrains incultes (loi du 



^ 



4^ La Chambre des Représentants en i8g4-i8()5 

25 mars 1847), sur la création d'une monnaie d'or 
(loi du 3i mars 1847), sur la position des Princes 
de la Famille royale dans l'armée (loi du 14 dé- 
cembre 1816), sur les offenses envers la Famille 
royale (loi du 6 avril 1847). 



Les élections de juin 1847, qui avaient été 
précédées d'une active propagande libérale, consti- 
tuèrent une défaite pour la majorité catholique. Les 
deux partis revinrent en nombre égal à la Chambre. 
Le ministère offrit sa démission au Roi le 12 juin ; 
il fut remplacé, le 18 août, par un cabinet libéral 
homogène, à la tête duquel se trouvait M. Rogier, 
ministre de l'intérieur, et qui était composé de 
M. d'Hoffschmidt aux affaires étrangères, de 
M. Frère (1) aux travaux publics, de M. de Haussy 
à la justice, de M. Veydt aux finances et du baron 
Chazal à la guerre (2). 

Le programme du ministère annonçait la mise 
en action d^une politique nouvelle. Il revendiquait 



(1) Nouvellement élu. 

('2) M. de Haussy fut remplacé le 12 août iS'60 au ministère de la justice 
par M. Tcsch. A partir du ii mai ^1848, M. Frère devint ministre des 
finances. M. Liedts lui succéda le 47 septembre 1852. Le ministère de la 
guerre eut les titulaires suivants : le baron Chazal jusqu'au 15 juillet 1850 ; 
du 15 juillet au 12 août 1850, M. Rogier par intérim; du 12 août 1850 au 
13 juin 1851, le général Brialmont; du 13 juin 1851 jusqu'à la retraite du 
cabinet, le général Anoul. M. Frère fut ministre des travaux publics 
jusqu'au 19 juillet 1842; M. Rollin du 19 juillet 1 848 jusqu'au 12 août 1850 ; 
M. van Hoorebeke du 12 août 1850 jusqu'à la chute du ministère. 



Introduction — 1847 40 



avant tout l'indépendance du pouvoir civil à tous 
ses degrés. « L'Etat, disait-il, est laïc. Il importe 
de lui conserver nettement et fermement ce carac- 
tère et de dégager, sous ce rapport, l'aclion du gou- 
vernement partout où elle serait entravée. D'autre 
part, respect sincère pour la foi et pour les dogmes; 
protection pour les pratiques de l'ordre religieux ; 
justice et bienveillance pour les ministres des cultes 
agissant dans le cercle de leur mission religieuse. 
Ce double principe, en harmonie avec Pesprit de 
notre Constitution, forme la base essentielle et 
comme le point de départ de Tadministration nou- 
velle. Il recevra son application dans tous les actes 
législatifs et administratifs, et particulièrement en 
matière d'enseignement public. Les membres du 
cabinet se sont également mis d'accord sur les 
quatre questions suivantes, qu'ils ont résolu de 
porter devant les Chambres : I» Jury d'examen 
universitaire. Renforcer l'action du gouvernement 
dans la nomination des membres du jury et chan- 
ger, en conséquence, le mode de nomination ac- 
tuel; 2^ Faire cesser les effets fâcheux de la loi du 
fractionnement de la commune, en revenant au 
mode d'élection consacré par la loi de i836; 3° Le 
pouvoir de nommer des bourgmestres en dehors du 
conseil ne pourra êlre exercé que de l'avis conforme 
de ladéputation permanente... ; i<* L'adjonction des 
capacités aux listes électorales entre également dans 
les vues du nouveau cabinet. Il est entendu qu'il 
ne peut s'agir que des capacités officiellement 
reconnues ou brevetées. Elles seront empruntées 



5o La Chambre des Représentants en 1894- i8q5 

aux listes du jury. » Ce programme disait encore : 
« Loin de nous la pensée d'une administration 
réactionnaire, étroitement partiale. Nous la voulons 
bienveillante et juste pour tous, sans distinction 
d'opinion politique. » 

La destitution de trois gouverneurs , de onze 
commissaires d'arrondissement et le déplacement 
de plusieurs autres de ces fonctionnaires mon- 
trèrent bientôt comment le ministère entendait 
appliquer ce principe de bienveillance. 

Le cabinet s'empressa de mettre à exécution 
d'autres points de son programme. C'est ainsi qu'il 
fit voter une loi modifiant celle du 30 juin i 842 sur 
la nomination des bourgmestres hors du conseil 
(loi du 1^' mars 1848) et une autre supprimant le 
fractionnement des collèges électoraux pour les 
élections communales (loi du 5 mars 1848). Il 
déposa en même temps un projet de loi donnant 
droit de vote à ceux qui exerçaient des professions 
libérales et pouvaient de par là faire partie du 
jury. 

Les votes que nous venons de signaler avaient 
été précédés de vives discussions sur la jurispru- 
dence nouvelle que M. de Haussy introduisait en 
matière de legs et d'institutions charitables. 

La révolution de 1848, qui émut profondément 
toute l'Europe, fit cesser un moment les luttes de 
partis devenues très violentes à la Chambre. On 
s'occupa activement de remédier à la crise indus- 
trielle et financière dont souffrait le pays. « On 
décréta deux emprunts forcés, l'un de 12 et l'autre 



Introduction — 1848 



de 25 millions de francs (1). On donna cours 
forcé, sous la garantie de FÉtat et jusqu'à con- 
currence de 50 millions, aux billets émis par la 
Société Générale et la Banque de Belgique (2). Dans 
le désir d'étendre la circulation du numéraire et 
de faciliter les rapports internationaux, on donna 
cours légal à plusieurs monnaies étrangères (3). On 
introduisit dans la législation nationale le système 
des warrants^ si utilement pratiqué en Angle- 
terre (4). On réorganisa la garde civique (5). 
Malgré les embarras de la crise, on imprima aux 
travaux publics toute l'activité compatible avec 
les ressources du trésor. On ouvrit un crédit de 
1,300,000 francs pour travaux extraordinaires de 
construction et d'amélioration de routes (6). On 
mit 2 millions à la disposition du ministre de l'in- 
térieur pour lui fournir le moyen de venir en aide 
aux besoins du travail matériel et à la détresse 
des classes ouvrières (7). Joints au crédit de 
300,000 francs, déjà voté pour mesures relatives 
aux subsistances dans les districts liniers du 
royaume, ces subsides, sans offrir une efficacité 
souveraine, pouvaient prévenir bien des chutes et 
adoucir bien des souffrances (8). » Enfin, comme 



{\ ) Lois du 26 février et du 6 mai \ 8i8. 

(2) Lois du 20 mars et du 22 mai \ 848. 

(3) Loi du 4 mars \ 848. 

(4) Loi du 26 mai 4848. 

(5) Loi du 8 mai 1848. 

(6) Loi du 2 mars 4848. 

(7) Loi du 48 avril 4848. 

(8) Thonissen, ouv. cit., tome IV, p. 294. 



52 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

mesure destinée à donner satisfaction aux aspira- 
tions démocratiques, la Chambre vota l'abaisse- 
ment du cens électoral pour la nomination des 
membres des deux Chambres au minimum fixé 
par la Constitution (loi du 12 mars 1848). Le cens 
électoral fut également diminué pour les élections 
communales (loi du 31 mars 1 848). Une troisième loi 
décréta l'incompatibilité du mandat parlementaire 
avec les fonctions publiques (loi du 26 mai 1848). 

Ces derniers actes législatifs amenèrent la disso- 
lution des Chambres, ainsi que des conseils provin- 
ciaux et des conseils communaux (1). 

Les élections donnèrent une victoire éclatante au 
parti libéral : 23 catholiques seulement rentrèrent 
au Parlement, tandis que leurs adversaires comp- 
taient 86 députés. 

Parmi les lois que la nouvelle Chambre vota à 
ses débuts, il faut signaler celle du 29 janvier 1849 
instituant une Cour militaire, celle 17 février sui- 
vant relative aux pensions civiles et ecclésiastiques, 
celle du 21 juin sur le Code maritime. Elles précé- 
dèrent la discussion de la loi du 15 juillet, qu 
introduisait diverses modifications dans le régime 
de l'enseignement supérieur. Le mode de nomina- 
tion du jury chargé de procéder aux examens 
donna lieu à de vifs débats. M. Rogier demandait 



(1 ) Parmi les mesures qui sortirent encore à cette époque des débats 
parlementaires, il faut citer la réorganisation des dépôts de mendicité et 
des écoles de réforme (9 avril i 848); la loi sur les irrigations (27 avril 4848), 
la réorganisation des monts-de-piété (30 avril 1648), la suppression du 
timbre des journaux (25 mai 4848). 



I NTRODUCTION 1 849- 1 85o 53 



que le Roi fût chargé de choisir à son grë les exami- 
nateurs. Les catholiques, soutenus par quelques 
libéraux, désiraient que la loi contint une dispo- 
sition portant que lés membres du jury devaient 
être choisis en nombre égal dans les universités de 
l'État et dans les universités libres. Le ministre de 
l'intérieur promettait d'agir pratiquement ainsi, 
mais il ne voulait pas qu'on lui fît de cette ligne de 
conduite une obligation légale. La Chambre lui 
donna raison par soixante-cinq voix contre trente- 
deux. 

La loi sur l'instruction moyenne occupa peu 
après le Parlement. Le projet que M. Rogier pré- 
senta à la Chambre le 14 février 1850 avait un 
caractère extrêmement centralisateur et contrastait 
fortement avec les principes de libex*té qui avaient 
été appliqués jusque-là en matière d'enseignement. 
Le pouvoir central revendiquait la prépondérance 
dans les questions de programmes, de règlements, 
de budgets, de livres, de destitution des professeurs. 
On enlevait aux communes le droit d'adopter des 
écoles privées sans l'assentiment du gouvernement. 
Les instituteurs sortis des écoles de l'Etat pouvaient 
seuls être appelés à donner l'instruction dans les 
athénées, les écoles moyennes, les collèges commu- 
naux subsidiés ou non. Un simple arrêté devait 
suffire pour supprimer les collèges communaux. 
La religion était placée au nombre des matières 
facultatives. 

La Chambre n'adopta point ce programme inté- 
gralement; elle n'accorda pas au ministère le pri- 



54 La Chambre des Représentants en 1804-1895 

vilège qu'il réclamait pour les élèves des écoles 
normales de l'Etat et elle décida que l'enseignement 
religieux serait compris parmi les malières oJDliga- 
toires. Les catholiques demandèrent c|ue le clergé 
fût déclaré la seule autorité compétente pour donner 
cet enseignement, mais la majorité leur refusa 
cette satisfaction. L'ensemble de la loi fut adoplé 
le 4 mai 1830 par soixante-quinze voix contre 
vingt-cinq (I). 

Le ministère se trouva en face de difficultés 
financières : il dut chercher des ressources nouvelles 
et déposa un projet de loi frappant les successions 
en ligne directe. Les sections le rejetèrent. La dis- 
cussion publique s'ouvrit le 19 mars 1849. La 
Chambre y consacra sept séances, puis elle ajourna 
les débats jusqu'après le vote des budgets de 1850. 
Ils furent rouverts le 8 mai 1831 et amenèrent un 
moment la retraite du ministère, qui rencontrait au 
Palais de la Nation une grande opposition à ses 
vues. M. Frère parvint néanmoins à faire voter 
son projet, le 1" juillet 1831 : cinquante-sept 
voix se prononcèrent pour, vingt-sept contre, il 
y eut six abstentions; le Sénat rejeta la loi et fut 
dissous. Bien que les élections qui suivirent eussent 
été défavorables au cabinet, les sénateurs nouvel- 
lement nommés se décidèrent à adopter la loi 
sur les successions, mais en l'amendant notable- 
ment (2). 



(1) Elle fut promulguée le 4" juin 1850. 

(2) Loi du n décembre 1851. 



hir»ODUcTi6N — i85i-i852 53 

D'autres impôls furent également établis et frap- 
pèrent la bière, le tabac et le genièvre (I). 

Les élections de 1850 avaient renforcé le paru 
catholique, celles de i 852 confirmèrent et étendirent 
ce premier succès. M. Frère se retira peu après : il 
se trouvait en désaccord avec ses collègues au sujet 
d'une convention littéraire avec la France. Il fut 
remplacé par M. Liedts. Les autres ministres de- 
vaient bientôt le suivre dans sa retraite, lorsque la 
Chambre, réunie en session extraordinaire le 27 sep- 
tembre, refusa de se choisir comme président leur 
candidat, M. Verhaegen. Elle fut ajournée au 
26 octobre pour attendre la solution de la crise 
ministérielle (2). 



La crise se dénoua par la formation d'un cabinet 
extra-parlementaire à la tête duquel fut mis M. de 
Brouckere comme ministre des affaires étrangères. 
M. Faider, procureur général près la Cour de cassa- 
tion, devint ministre de la justice; M. Piercot, 
bourgmestre de Liège, ministre de l'intérieur. 



(1) Loi du 20 décembre 1851. 

(2) Aux lois que nous avons déjà citées et que le ministère Rogier fit 
voter, il faut ajouter celle qui créait la Banque Nationale (loi du 5 mai 
1850', les lois sur l'organisation d'une caisse générale de retraite (loi du 
8 mai 1850), sur les sociétés de secours mutuels (loi du 3 avril 1851), 
sur la réforme postale (loi du 22 avril 1849), sur les faillites (loi du 
18 avril 1851), sur le régime hypothécaire (loi du 16 décembre 1851), sur 
le régime des aliénés (loi du 18 juin 1850), sur les patentes (loi du 22 jan- 
vier 1849), sur le transit (loi du 6 août 1819), sur les traités de commerce 
avec la France (loi du 1 1 mars 1850) et avec la Russie (loi du 4 mai 1850). 



56 I.A Chambre des Représentants es 1894-1895 

MM. Liedts, Anoul et Van Hoorebeke conservèrent 
les portefeuilles qui leur avaient été confiés anté- 
rieurement. Ce dernier seul était membre du Parle- 
ment. Le Roi fut amené à choisir un ministère hors 
du sein des Chambres à la suite des difficultés 
qu'éprouvaient les députés influents à réunir les 
éléments d'une majorité. 

Le programme de M. de Brouckere, bien que 
libéral, était notablement plus modéré que celui de 
M. Rogier et de M. Frère : « Le ministère, dit 
dans la séance du 3 novembre le chef du cabinet, 
devait être libéral par essence, invariable dans 
ses principes, mais disposé à toute conciliation 
raisonnable et résolu à éviter tout ce qui pourrait 
faire naître des luttes vives entre les partis ; il devait 
avoir surtout pour mission et pour but une trêve 
honorable pour tout le monde et heureuse pour le 
pays qui la désire. » 

Un des premiers actes du ministère fut de faire 
voter une loi frappant de peines sévères les offenses 
envers les souverains étrangers (loi du 20 décem- 
bre 1852). Cet acte était surtout dirigé contre les 
proscrits français réfugiés en Belgique, qui atta- 
quaient sans mesure le gouvernement impérial. 

Ce vote facilita la conclusion d'un traité de com- 
merce avec la France, traité qui, jusque-là, avait 
rencontré de nombreuses difficultés et que la 
Chambre ratifia dans sa séance du 31 mars 1854. 

Après avoir résolu ces deux questions, le minis- 
tère s'occupa de la réorganisation de l'armée. Une 
commission, instituée par le cabinet précédent pour 



Introduction — 1 853 • 1 864 



étadier cette question, avait demandé que l'effectif 
sur pied de guerre fût porté à 100,000 hommes, y 
compris la réserve, ce qui exigeait un budget de 
32 millions de francs. Le gouvernement déposa un 
projet de loi conçu dans ce sens. L'opposition fut 
vive de la part surtout des députés qui avaient 
demandé antérieurement déjà la réduction du 
budget de la guerre à 25 millions. La section 
centrale se prononça contre le projet ministériel. 
Celui-ci fut néanmoins adopté, après une impor- 
tante discussion, par une majorité de cinquante voix. 

Après le vote de la loi sur l'enseignement moyen, 
M. Rogier s'était efforcé d'obtenir le concours du 
clergé pour l'instruction religieuse daus les écoles, 
mais on n'avait pu s'entendre sur les conditions de 
ce concours et les négociations avaient échoué. 
M. de Brouckere les reprit et eut le bonheur de les 
mener à bonne fin. L'enseignement religieux devait 
être donné, quand l'autorité compétente le récla- 
merait, par un ecclésiastique nommé par le chef du 
diocèse et agréé par le gouvernement; l'évêque avait 
le droit de choisir les livres destinés à l'enseigne- 
ment de la religion. Le ministre de l'intérieur fit 
part de cet arrangement à la Chambre lors de la 
discussion de son budget pour 1854. Quatre-vingt- 
six membres contre sept l'approuvèrent, malgré les 
efforts déployés par M. Vcrhaegen et M. Frère 
pour le faire repousser. 

Tout en étudiant ces diverses questions, la 
Chambre avait porté son activité sur d'autres 
points : elle avait voté successivement la loi du 



58 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

1" décembre 1852 sur la <îonversion de la rente, 
des modifications aux lois du 27 juin 1.842 et du 
20 dëcemJore 1851 sur les distilleries (1), des modi- 
fications à la loi sur la garde civique (2), des modi- 
fications au Code pënal maritime (3), des lois sur 
l'organisation de l'armée et les brevets d'inven- 
tion (i), une loi sur les saisies immobilières (5), la 
réforme du Code forestier (6), la conclusion de 
plusieurs traités de commerce. 

Les élections de 1854 renforcèrent de nouveau le 
parti catholique. Les ministres crurent nécessaire, 
en présence de cette situation, de mettre leurs porte- 
feuilles à la disposition du Roi. Léopold 1*^' ne jugea 
pas nécessaire d'accepter ces démissions et la 
Chambre lui donna raison en votant dans la séance 
du 25 novembre, par quatre-vingts voix contre 
onze, l'adresse en réponse au discours du Trône, 
adresse rédigée exclusivement par les membres de 
la droite et qui promettait au gouvernement un 
concours loyal. 

L'existence du cabinet ne devait plus être longue 
cependant : un grand nombre de libéraux lui étaient 
hostiles et il s'aliéna beaucoup de catholiques par le 
projet de loi sur la bienfaisance publique qu'élabora 
M. Faider. La Chambre ayant supprimé, contre 



(i) Loi du 9 juin 1853. 

(2) Loi du 13 juillet 1853. 

(3) Loi du 23 mai 1854. 

(4) Lois du 8 juin 1853 et du U mai 1854. 

(5) 15 août 1854. 

(6) 19 décembre 1854. 



Introduction — i855-i856 59 

l'avis de MM. de Brouckere et Piercot, le grade 
d'élève universitaire, le ministère se retira le 
2 mars 1855, ne voulant pas conserver le pouvoir, 
alors qu'il ne se sentait plus soutenu par une majo- 
rité suffisante. 



GeUe retraite amena, le 30 mars 1855, la consti- 
tution d'un cabinet mixte, dont les membres furent 
pris parmi les plus modérés du parti catholique et 
du parti libéral. Le Roi appela M. De Decker au 
minisière de l'intérieur, le viôomte Vilain XIIII au 
ministère des affaires étrangères, M. Mercier au 
ministère des finances, M. Dumon au ministère 
des travaux publics, M. Alphonse Nothomb au 
ministère de la justice, et le général Greindl, au 
ministère de la guerre. 

Le caractère mixte du cabinet ne lui épargna pas 
les attaques du parti libéral, qui lui refusa nette- 
ment son concours et qui, pour montrer dès le 
premier moment son hostilité, vota contre l'adresse 
en réponse au discours du Trône. Un projet de loi 
sur les extraditions reçut le même accueil, mais fut 
adopté néanmoins dans la séance du 1 4 mars i 856 (1 ), 
grâce aux efforts de M. Nothomb. Cette loi avait été 
proposée sur les instances delà France, après la fuite 
en Belgique de deux individus coupables d'avoir 
attenté à la vie de Napoléon III : elle assimilait 
Passassinat d'un souverain à ^assassinat de toute 
autre personne. L'Empire aurait voulu exiger en 

(\) Loi du n mars 4856. 



6o La Chambre des Représentants en 1894-1895 

outre des lois restrictives de la liberté de la presse. 
Lorsque ces prétentions furent connues en Belgique, 
elles y produisirent une vive émotion. Interpellé à 
ce sujet par M. Orts, le vicomte Vilain XIIII lui 
répondit par une phrase devenue historique : « On 
désire savoir si l'un des gouvernements représentés 
au Congrès (de Paris) a demandé au gouvernement 
belge quelque modification à la Constitution ? 
Aucune! L'honorable M. Orts me demande si 
le cabinet, dans le cas où une pareille demande 
lui serait faite, serait disposé à proposer à la 
Chambre quelque changement à la Constitution. 
Jamais! » 

Léopold P' émit l'espoir, dans le discours du 
Trône prononcé le 11 novembre 1856, que le projet 
de loi sur les établissements de bienfaisance serait 
prochainement discuté. Ce projet avait pour but de 
remédier aux inconvénients de la jurisprudence en 
matière de fondations charitables inaugurée par 
M. deHaussj et d'assurer le respect de la volonté 
des testateurs. Violemment attaqué par la presse 
libérale, il reçut le nom de « loi des couvents ». 
Les débats, commencés le 21 avril 1857, durèrent 
pendant vingt-sept séances. « Ils se transformèrent, 
dit M. Juste (1), en lutte acharnée dont le retentis- 
sement au dehors excitait vivement les esprits. Les 
tribunes devinrent enfin tumultueuses et des 
groupes se formèrent autour du Palais de la Nation. 
Le 27 mai, la sortie des représentants fut signalée 

(1) Histoire de Léopold I^^', tome II, p. -175. 



Introduction — 1867 ^' 



par des manifestations déplorables: des groupes 
applaudirent les députés libéraux, huèrent les prin- 
cipaux orateurs catholiques et insultèrent le nonce 
du pape, » L'agitation grandit et devînt une véri- 
table émeute, qui se prolongea pendant plusieurs 
Jours, s'étendant à plusieurs villes de la Belgique 
au cri de : « A bas les couvents! » 

Ces scènes fâcheuses émurent violemment le Roi, 
qui se montrait disposé à réprimer énergîquement 
les excès et à assurer le respect des votes émis par la 
majorité de la Chambre. Celle-ci avait adopté, 
dans la séance du 27 mai, par soixante voix contre 
quarante et une, les principes fondamentaux du 
projet de loi. Léopold I®' voulut faire une loi spé- 
ciale des trois articles votés. Ce plan fut d'abord 
approuvé par le conseil des ministres, mais on lui 
préféra bientôt Tajourneraent des Chambres et 
l'abandon du projet de loi. La clôture de la session 
législative fut prononcée le 13 juin. 

Les élections communales qui eurent lieu le 
27 octobre suivant aboutirent au triomphe du parti 
libéral dans la plupart des villes importantes. Le 
ministère — dont la raajoritédcs membres considéra 
l'issue de cette consultation du corps électoral 
comme un blâme qui lui était adressé — offrit sa 
démission au Roi. 

Léopold P' décida alors la dissolution des Cham- 
bres et chargea MM. Rogier et Frère d'y procéder. 

Les élections qui curent lieu le 1 décembre 1 857 



62 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

furent favorables aux libéraux et leur donnèrent 
une majorité de trente-deux voix. Le ministère se 
constitua : M. Frère, qui devînt désormais le chef 
du libéralisme, fut mis à la tête du département 
des finances; M. Rogier, du département de l'inté- 
rieur; M. Tesch, du département de la justice; 
M. de Vrière, du département des affaires étran- 
gères; M. Partoes, du département des travaux 
publics; le général Berten, du département de la 
guerre (i). 

Le ministère soumit aux Chambres en 1858 un 
projet de loi ayant pour objet l'agrandissement des 
fortifications d'Anvers. Il se heurta contre l'oppo- 
sition de la droite et d'une notable partie de la 
gauche, fut battu sur cette question, mais conserva 
néanmoins le pouvoir. Il représenta son projet 
l'année suivante et, cette fois, réussit à le faire 
adopter (loi du 8 septembre 1859). 

Les premières lois que M. Frère fit voter établis- 
saient des poursuites d'office pour les offenses 
commises envers les souverains étrangers (loi du 
12 mars 1858) et organisaient les conseils de 
prud'hommes (loi du 7 février 1859). 

Une loi du 24 mai 1859 ayant augmenté le 
nombre des membres de la Chambre des repré- 
sentants, des élections eurent lieu; elles furent 

(1) Différentes modifications furent apportées plus tard à ce ministère ' 
M. de Vrière fut remplacé d'abord par M. Rogier, puis par M. Vander- 
stichelen; M. Rogier, par M. Alph. Vandenpeereboom et M. E. Pirmez; 
M. Partoes, par M. Frère-Orban, M. Vanderstichelen et M. A. Jamar, 
et M. Berten, par le général Chazal, le général Goethals et le général 
Renard. 



ÏNTRODrCTION — 1858-1860 



favorables aux catholiques, qui virent leurs rangs 
se renforcer. 

La discussion la plus importante qui eut lieu pen- 
dant la session de 1859-1860 fut celle qui aboutit à 
la suppression des octrois. Cette mesure avait été 
demandée déjà en 1851 par MM. Jacques et 
Goomans et avait fait l'objet d'un rapport de 
M. Alphonse Vandenpeereboom en 18S6. Elle fut 
votée non sans qu'il y fut fait une opposition très 
grande, basée sur les intérêts des campagnes et l'in- 
dépendance financière des villes. Pour rendre à ces 
dernières les ressources qu'on leur enlevait, on 
élablit un fonds communal alimenté par une partie 
des recettes de la poste, les droits d'entrée sur les 
cafés et les droits d'accises sur les vins, eaux-de-vie 
et bières. On fut obligé d'augmenter ces impôts (1). 

La loi abolissant l'octroi fut suivie du vote de 
lois organisant l'enseignement agricole (loi du 
18 juillet 1860), créant la monnaie de nickel (loi 
du 20 décembre 1860), établissant l'examen de 
gradué pour l'entrée dans les universités (loi du 
27 mars 1861), approuvant hi traité de commerce 
conclu avec la France (loi du 27 mai 1861). 

Une fraction de la gauche réclama pendant cette 
période la revision de la loi de 1842 sur l'enseigne- 
ment primaire, ainsi que l'établissement de l'en- 
seignement obligatoire; mais ses efforts échouèrent : 
cinq voix à peine se prononcèrent en faveur de 
cette proposition. 

(4) Cette loi fut promulguée le 18 juillet 4860. 



64 La Chambre des Représentants en 1(894- 1895 

L'année 1861 amena la retraite momentanée de 
M. Frère. M. Dumortier avait réclamé en 18G0 la 
libre circulation de la monnaie d'or française et une 
loi du 1 4 juin 1861 avait fait droit à cette demande. 
Le chef du cabinet s'y était opposé énergiquement, 
en raison des inconvénients qu'entraînait, selon lui, 
le système du double étalon. La Chambre n'ayant 
pas voulu se rallier à son avis, il se crut obligé de 
remettre sa démission au Roi. 

Les élections qui se firent la même année infli- 
gèrent des pertes importantes au parti libéral, 
notamment à Gand. Un remaniement ministériel 
s'opéra peu après : M. Frère reprit le portefeuille 
des finances, M. Rogier devint ministre des affaires 
étrangères et M. Vandenpeereboom ministre de 
l'intérieur. 

La session de 1861-1862 fut marquée par de 
violents débats que provoquèrent la reconnaissance 
du royaume d'Italie et le budget du ministère de 
l'intérieur. Le gouvernement mit en discussion 
pendant celle de 1862-1863 la loi sur les bourses 
d'études, loi qui provoqua une grande émotion et 
une non moins vive opposition dans le parti catho- 
lique. « Centralisation de l'administration des 
bourses sous le contrôle de l'Etat, répartition égale 
des fonds, liberté des boursiers dans le choix 
des établissements d'instruction, admission des 
parents, même à titre héréditaire, mais d'eux seuls, 
en qualité d'administrateurs spéciaux, enfin et sur- 
tout rétroactivité de ces dispositions : telle était 
l'économie du projet. On n'a pas perdu le souvenir 



Introduction — 1861 -i8C3 65 

de ce mémorable débat qui accusa entre les deux 
partis des dissentiments profonds et persistanrs. 
L'opposition combattit la mesure avec énergie; elle 
la taxa, à raison de la clause de rétroactivité, de 
loi de spoliation; ce même grief faillît la faire 
échouer au Sénat, Néanmoins, la loi des bourses fut 
votée, mais après avoir traversé trois sessions qui 
retardèrent sa promulgation jusqu'au 19 décem- 
bre 1864 (1). » 

L'année 18G3 vit encore voter la ratificalion (2) 
du traité international du 12 mai précédent, traité 
qui établissait le rachat du péage de l'Escaut. Ce 
péage avait été établi par l'acte du 19 avril 1839 et 
avait coûté à la Belgique une somme de 28 millions 
et demi. Le revenu que la Hollande tirait annuelle- 
ment de cette source fut capitalisé sur la base d'une 
somme de 30,278,566 francs, dont la Belgique 
paya le tiers et les Etats maritimes les deux autres 
tiers. On décida en même temps la suppression des 
droits de tonnage et la réduction des taxes de pilo- 
tage. Les négociations nécessaires pour arriver à ce 
résultat ne durèrent pas moins de dix années. 

Une grande agitation régnait dans le pays 
pendant que la Chambre s'occupait de la discussion 
et du vote de ces différentes mesures législatives : 
la question des cimetières, se joignant à la loi sur les 
bourses, contribua notamment à émouvoir violem- 
ment les esprits. 



(i) E. Banning, Histoire parlementaire depuis i83o, dans la Patria 
Belgica, de Van Bemmel, 2"^o partie, page 503. 
(i) Loi du 21 juillet 1863. 



66 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

La question des cimetières n'eut pas à ses débuts 
la portée qu'elle acquît plus tard. L'article 15 du 
décret du 23 prairial an xii statuait que, dans les 
communes où l'on professait plusieurs cultes, 
chacun d'eux devait avoir un lieu d'inhumation 
particulier. Ce décret avait toujours été interprété 
dans ce sens qu'il devait y avoir une division 
spéciale pour ceux qui mouraient en dehors de toute 
religion. Il n'y avait pas eu de discussion sur ce 
point jusqu'au 29 avril 1855. M. Verhaegen soutint 
alors que ceux qui, appartenant par leur origine à 
la religion catholique, étaient morts en libres 
penseurs avaient le droit de se faire inhumer dans 
le cimetière catholique ou dans la partie du cime- 
tière réservée aux catholiques. Cette thèse fut reprise 
en 1862, et MM. Frère et Vandenpeereboom affir- 
mèrent devant la Chambre que le décret de prairial 
était contraire à la Constitution. Ils se bornèrent à 
cette affirmation et toute liberté fut laissée aux 
bourgmestres d'exécuter ou de ne pas exécuter le 
décret. Les discussions du Parlement sur ce point 
agitèrent néanmoins beaucoup les populations. 

Le parti catholique y trouva un thème dont il se 
servit avec succès près des électeurs, et la loi sur les 
bourses, la question des inhumations, la question 
flamande, la question des fortifications d'Anvers (1), 



(I) Cette question avait vivement ému les populations anversoises et un 
grand mouvement de protestation avait été organisé contre ce qu'on appe" 
\a\t Vembastillement d'Anvers. Kn 4862, les électeurs avaient refusé de 
se rendre au scrutin pour élire un sénateur et aux élections législatives 
de 4863 tous les candidats du Meeting triomphèrent. 



Introduction — ?864 67 



ajant provoqué de vifs mécontentements, les libé- 
raux essuyèrent de nombreux échecs dans les élec- 
t ions de 1 863, qui réduisirent leur majorité à six voix. 



La session de 1863-1864 s'ouvrit par de vives 
discussions sur la vérification des pouvoirs. La 
Chambre consacra un mois à ce travail. Le scrutin 
de Bruges fut annulé sous prétexte de corruption et 
de nouvelles élections furent ordonnées. Les trois 
candidats libéraux échouèrent; la majorité minis- 
térielle se trouva réduite à deux voix. 

Le Roi songea, en présence de cette situation, à 
constituer un ministère de gauche modéré qui pût 
se concilier l'appui des catholiques. Il s'adressa 
d'abord à M. de Brouckere, puis à M. Pirmez, 
qui, dans plusieurs questions, s'était séparé de ses 
amis politiques pour voter avec la droite : tous 
deux déclinèrent la mission qui leur était offerte. 
M. Dechamps fut alors appelé au palais, mais 
Léopold I«' refusa d'accepter son programme, qui 
comportait, entre autres points, un abaissement du 
cens pour les élections communales et provinciales, 
la nomination des échevins par le conseil com- 
munal, la nomination des bourgmestres par le Roi 
dans le collège échevinal, le dégrèvement des 
impôts, des libertés économiques, une enquête sur 
les travaux d'Anvers. Le Roi demanda alors aux 
anciens ministres de conserver leurs portefeuilles. 
Cette solution provoqua à la Chambre, pendant le 
mois de juin 1864, des débats approfondis et 



68 La Chambre des Représentants en i8c)4-i8()5 

passionnés qui occupèrent quinze séances, La 
discussion se termina (1) par un vole qui donna au 
cabinet une voix de majorité. La dissolution fut 
décidée et un arrêté rojal convoqua les électeurs 
pour le 23 août. 64 libéraux et 52 catholiques furent 
élus. Ces derniers firent une grande perte dans la 
personne de M. Dechamps, qui échoua à Charleroi. 

M. Bara fut nommé ministre de la justice le 
14 novembre 1865. 

Léopold I®' mourut quelques semaines plus tard, 
le 10 décembre. Cet événement amena une période 
de calme dans les débats parlementaires, jusqu'alors 
très agités. L'organisation de la légion mexicaine 
fut néanmoins l'occasion encore de très vives 
discussions; il en fut de même de la loi Orts, votée 
le 24 mars 1866, loi qui augmentait le nombre 
des représentants, et de la loi du 25 juillet 1 867, qui 
consacrait la mise à la retraite des magistrats pour 
cause de limite d'âge ou d'infirmités graves et 
permanentes. 

La Chambre déploya à cette époque une grande 
activité : parmi les mesures qui sortirent de ses tra- 
vaux, il faut signaler la loi sur la mendicité et le 
vagabondage (6 mars 1866), la création de quatre 
nouvelles écoles normales (29 mai 1866), la con- 
vention monétaire du 23 décembre 1865 approuvée 
par la loi du 21 juillet 1866, la suppression des 
barrières sur les routes de l'Etat (15 novem- 
bre 1866), la loi sur les fraudes électorales (19 mai 

(1) Le <8 juin. 



Introduction — 1 865- 1 868 69 

1867), la promulgation du nouveau Code pénal 
(8 juin 1867) qui établissait la liberté des coali- 
tions, les modifications à la loi autorisant l'expro- 
priation pour cause d'utilité publique (15 novem- 
bre 1867). 

Le régime auquel devaient être soumises les 
écoles d'adultes créées par l'arrêté royal du 1" sep- 
tembre 1866 amena des dissentiments au sein du 
gouvernement. MM. Vandenpeereboom et Rogier 
se retirèrent, M. Vanderstichelen prit la direction 
des affaires étrangères; il fut remplacé aux travaux 
publics par M. Jamar. M. Pirmez succéda à 
M. Vandenpeereboom et le général Renard au 
général Goethals. 

Pendant l'année 1868, on vota les lois étendant 
le principe de l'extradition (loi du 5 avril 1868) et 
améliorant le régime postal (loi du 29 avril 1868). 

La question militaire occupa aussi à cette époque 
une large place dans les discussions. « La guerre 
d'Allemagne de 1866 fut pour la plupart des Etats 
comme une révélation ; elle fit naître des idées 
nouvelles tant en matière d'armement que d'orga- 
nisation. Le premier point recevait sa solution dès 
le mois de mai 1867 : un crédit de 8 millions et 
demi fut affecté à la transformation des armes de 
l'infanterie. L'autre était plus compliqué: il amena, 
d-ès le début, des dissidences qui motivèrent la 
retraite de M. Ghazal (12 novembre 1866) : le 
général Goethals lui succédait le 13 décembre. Six 
jours après, un arrêté royal convoquait une grande 
commission parlementaire et militaire qui devait se 



70 La Chambre des Représentants en 1894-1895 



livrer à un examen détaillé de la situation et des 
besoins de l'armée. Les conclusions de cette com- 
mission aggravaient sensiblement les charges 
imposées au pajs, mais ne dérogeaient pas aux 
bases existantes. Le gouvernement ne les admit 
pas intégralement; il fit à la section centrale des 
concessions auxquelles le ministre de la guerre 
refusa de souscrire : de là, l'entrée au cabinet de 
M. le général Renard. La discussion du projet de 
loi qui sortit de ces études préparatoires fut longue 
et approfondie ; elle vit soulever pour la première 
fois dans les débats du Parlement la thèse du ser- 
vice obligatoire, qui devait, avec le temps, y 
prendre une importance croissante. Les lois du 
5 avril 1868 donnèrent une première solution au 
problème : elles instituaient une école de guerre 
pour la formation de l'état-major, réorganisaient 
les cadres, fixaient le contingent (désormais divise 
en deux sections) à 12,000 hommes et le service 
actif à vingt-sept mois. Les bases du recrute- 
ment étaient maintenues. Ces dispositions reçurent, 
en 1870, divers compléments. Une loi du 10 jan- 
vier décréta l'extension des fortifications d'Anvers 
sur la rive gauche et la démolition de la cita- 
delle du Sud, dont l'emplacement devait se cou- 
vrir de nouveaux établissements maritimes. La 
loi du 3 juin sur la milice consacra de nom- 
breuses améliorations de détails, supprima divers 
cas d'exemption, conserva le remplacement, mais 
en l'entourant de nouvelles garanties. Une autre 
loi du même jour introduisit dans notre légis- 



Introduction — î86q 



lation le principe de la rémunération des mili- 
ciens (1) ». 

La session de 1869 fut marquée par un conflit 
entre la Chambre et le Sénat, à la suite du rejet, par 
ce dernier, du budget du ministère de la justice. 
M. Frère protesta violemment contre le vote du 
Sénat : « Veut-on faire croire au pays, dit-il dans 
la séance du 25 février, que le Sénat recommen- 
cera 1 841 ?.,. Ce ne serait pas la première fois que le 
Sénat chercherait à conquérir et, comme on Ta dit, 
à usurper une place qui, dans l'ensemble de nos 
institutions, n'appartient qu'à la Chambre des 
représentants. » Le prince de Ligne s'éleva contre 
cette théorie qui faisait de la Chambre haute un 
simple bureau d'enregistrement. « Lorsque, dit-il 
le 1 mars, je fus appelé pour la première fois à 
l'honneur de la présidence, je pris l'engagement de 
tenir haute et ferme la bannière du Sénat et la 
défense de ses attributions. J'ai donc déploré que, 
dès le lendemain du vote du Sénat, le budget de la 
justice ait été représenté, séance tenante, à la sanc- 
tion de l'autre Chambre. J'ai regretté également 
que les discours y aient été empreints d'un carac- 
tère d'irritation et de blâme envers ce grand corps 
de l'Etat, lequel, aux termes de la Constitution, 
émane du choix des électeurs tout autant que la 
Chambre des représentants. » 

La question électorale absorba, elle aussi, une 
grande partie des travaux de la Chambre en 1869 

CI) E. Banning, Ojp. cit., p. 506. 



72 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

et en 1870. La loi du 5 mai 1869 soumit à la juri- 
diction des cours d'appel les décisions prises par les 
députations permanentes en matière de formation 
des listes électorales. Une loi du 30 mars 1870 
augmenta notablement le corps électoral provincial 
et communal. La gauche radicale demandait 
l'al)aissementdu cens à 15 francs et subordonnait le 
droit de vote à la condition de savoir lire et écrire. 
La droite réclamait l'abaissement pur et simple. 
Le gouvernement se prononça pour un système 
intermédiaire qui combinait le sens avec la capa- 
cité. Pendant les discussions auxquelles ce projet 
donna lieu, on entendit revendiquer pour la pre- 
mière fois le suffrage universel. M. Frère-Orban se 
prononça nettement contre toute revision de la 
Constitution faite dans ce but, ainsi que contre 
toute mesure qui aurait pu la préparer. 

La loi sur la milice du 3 juin 1870 ne fut 
adoptée que par un vote de gauche contre droite. 
Le parti catholique s'y montra résolument hostile 
parce que, tout en maintenant l'exemption du 
service militaire en faveur du clergé séculier, elle 
la refusait aux ordres religieux, rompant ainsi 
avec le système en vigueur depuis 1830. Elle 
mettait d'ailleurs aux immunités ecclésiastiques 
qu'elle accordait des conditions qui en diminuaient 
notablement la portée. 

Il faut signaler encore parmi les mesures qui 
sortirent en 1869 et en 1870 des débats de la 
Chambre la codification de la législation sur l'or- 
ganisation judiciaire (loi du 18 juin .1869), la loi 



Introduction — 1870 73 



sur le temporel des cultes (4 mars 1870) qui fut 
le résultat d'une transaction entre la gauche et la 
droite, l'abolition des droits sur le sel, l'augmen- 
tation des droits sur l'eau-de-vie et l'abaissement 
de la taxe postale (loi du 15 mai 1870) et le Code 
pénal militaire (loi du 27 mai 1870). 



Les élections du 14 juin 1870 furent défavorables 
au parti libéral, qui perdit treize de ses membres. 
Le Parlement fut dissous; de nouvelles élections 
eurent lieu le 2 août et envoyèrent à la Chambre 
70 catholiques, 50 libéraux et 4 indépendants. 

Le ministère, qui se constitua au lendemain des 
élections du 14 juin, était ainsi composé : aux 
affaires étrangères, M. d'Anethan ; à l'intérieur, 
M. Kervyn de Lettenhove; à la justice, M. Cor- 
nesse; aux travaux publics, M. Jacobs; aux 
finances, M. Tack; à la guerre, le lieutenant- 
général Guillaume. 

Les Chambres furent réunies en session extraor- 
dinaire le 8 août. 

Des circonstances importantes nécessitèrent cette 
réunion. La guerre venait d'éclater entre la France 
et l'Allemagne et notre pays devait être mis à 
même de défendre sa neutralité. Le Roi fit appel, 
dans le discours du Trône, au patriotisme et au 
dévouement de tous. La Chambre lui répondit en 
votant à l'unanimité moins une voix une adresse 
en x'éponse à ce discours, en adoptant des projets 

5 



74 I-A Chamhre des Représentants fn 1894-1895 



de loi qui réadmettaient dans l'armée les déserteurs 
passés à l'étranger (loi du 2 septembre 1870), en 
accordant au ministère un crédit de 500,000 fr. 
destiné à armer la garde civique (loi du 8 sep- 
tembre 1870) et un autre de 15,220,000 francs pour 
les dépenses extraordinaires de l'armée (loi du 
2 septembre 1870). Cette dernière somme fut ma- 
jorée le mois suivant de 9,956,850 francs (loi du 
30 septembre 1870). 

Les dernières élections avaient profondément 
modifié la composition du parti libéral à la Cham- 
bre : le nombre des radicaux s'était considérable- 
ment accru. Ils voulurent donner satisfaction à 
leurs adhérents en demandant la revision des arti- 
cles 47, 53 et 56 de la Constitution. Leur proposi- 
tion n'obtint pas les honneurs de la prise en consi- 
dération : elle fut rejetée par soixante-trois voix 
contre vingt-trois. 

Le cabinet ne s'opposait néanmoins pas à une 
extension du droit de suffrage. Le parti catholique 
l'avait réclamée lorsqu'il était dans l'opposition, il 
ne voulut point mentir à ses promesses et accepta 
la réduction du cens électoral à 20 francs pour les 
élections provinciales et à 10 francs pour les élec 
tions communales. La gauche essaya, mais en 
vain, de faire adopter également le principe des 
capacités. Le projet présenté par le ministère et 
adopté dans la séance du 16 mai 1871 recueillit 
soixante-deux voix contre cinquante-sept; il y eut 
huit abstentions (loi du 12 juin 1871). 

La Chambre vota aussi, pendant la session de 



Introduction — 1871 



1870-1871 un important projet de loi fiscale : la 
taxe sur les débits de boissons alcooliques e'tablie 
par la loi du 18 mars 1839 et modifiée en 1849 fut 
abolie en même temps qu'on supprima les droits 
sur les débits de tabac, le timbre des patentes, des 
quittances et des pétitions ; on réduisit aussi la 
patente des bateliers et le droit d'enregistrement 
des baux à ferme et à loyer. Pour rendre au trésor 
public les sources de revenus qu'on lui enlevait 
ainsi, on éleva l'impôt foncier de 6.70 à 7 p. c. 
Cette loi avait une importance électorale considé- 
rable : l'impôt sur les débits de boissons alcooliques 
était considéré comme un impôt direct et donnait 
à celui qui le payait le droit d'être électeur; les 
provinces et les communes étaient autorisées à réta- 
blir cette taxe à leur profit, mais elle ne devait plus 
entrer en ligne de compte pour le cens électoral. 
Cinquante-quatre membres se prononcèrent pour 
cette réforme, trente votèrent contre (loi du 
5 juillet 1871). 

La loi sur la contrainte par corps (27 juillet 1871), 
les modifications à la loi du 27 mai 1840 sur les 
pensions militaires (loi du 28 juillet 1871), la sup- 
pression des jeux de Spa (loi du 21 septembre 1 871 ) 
sont encore dues au ministère présidé par M.d'Ane- 
than et dont le règne ne devait plus être long. 

On avait réussi, en exploitant les affaires Lan- 
grand, à semer l'agitation dans le pays. La nomi- 
nation comme gouverneur du Limbourg de M. De 
Decker, qui avait été mêlé à ces affaires, fut repré- 
sentée comme un défi jeté à l'opinion publique. 



76 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

M. Bara porta la question à la Chambre et, le 
vendredi 17 novembre 1871, il annonça une inter- 
pellation pour le mercredi suivant. Pendant les cinq 
journées qui s'écoulèrent entre ces deux dates, des 
bandes nombreuses parcoururent Bruxelles en 
réclamant la démission du ministère. La discussion 
revêtit à la Chambre une violence inusitée; elle 
dura toute la semaine et la gauche réclama, comme 
la rue, la retraite du cabinet. Les exigences du parti 
libéral ne furent pas satisfaites par la démission de 
M, De Decker, démission qui parut au Moniteur 
le 27 novembre. Les démonstrations publiques 
continuèrent et furent faites jusque devant le palais 
du Roi. Celui-ci avait fait savoir au cabinet que la 
retraite de M. Kervyn de Lettenhove, ministre de 
l'intérieur, lui paraîtrait opportune; mais le minis- 
tère jugea qu'accéder au désir manifesté par Léo- 
pold II serait poser un acte de faiblesse devant 
l'émeute. Dans des entrevues ultérieures, le Roi 
exprima l'avis que la démission du cabinet tout 
entier serait, à ses yeux, chose désirable. Les 
ministres répondirent que, appuyés par la majorilé 
parlementaire, ils considéraient comme un devoir 
de rester à leur poste, mais que, si le Souverain leur 
redemandait leurs portefeuilles, ils s'inclineraient, 
ce qu'ils firent en effet, le 1®"^ décembre, obéissant à 
la volonté royale formellement exprimée. C'est la 
crainte de l'émeute qui fit agir ainsi le Roi, au 
témoignage de M. Dumortier : « J'aime mes minis- 
tres, aurait-il dit à ce dernier, je leur suis très 
dévoué, je leur suis très attaché, mais ils ne répri- 



ïiNTRODUCTiON — 187I 77 



ment pas Pémeute et je ne puis laisser ma capitale 
dans l'état où elle se trouve, et puisque l'émeute 
n'est pas réprimée, il faut bien que je lâche d'ar- 
river au calme par les moyens que la Constitulion 
met à ma disposition. » 



Le Roi confia la mission de former un nouveau 
cabinet à M. Dumortier. Celui-ci demanda que 
M, de Theux lui fût d'abord adjoint, puis sub- 
stitué. M. Malou devint ministre des finances; 
M. De Lantsheere, ministre de la justice; M. Del- 
cour, ministre de l'intérieur; M. le comte d'Aspre- 
mont-Lynden, ministre des affaires étrangères ; le 
lieulenant-général Guillaume, ministre de la guerre; 
M. Moncheur, ministre des travaux publics. M. de 
Theux fut membre du conseil sans portefeuille. 

Le ministère ainsi composé se présenta devant la 
Chambre le 12 décembre. M. Frère-Orban lui 
demanda des explications sur la ligne de conduite 
qu'il entendait suivre. Une nouvelle politique, 
affirmait l'orateur libéral, avait pris place au banc 
ministériel: l'avènement de M. Malou et de M. Del- 
cour, ce dernier professeur à l'Université de Lou- 
vaîn, était un symptôme de réaction et l'indice 
d'une tendance à faire régner dans l'enseignement 
public l'esprit qui dominait dans l'enseignement de 
l'Université catholique. M. Frère-Orban désirait 
aussi des éclaircissements sur la question militaire. 
M. de Theux répondit que la question militaire 
devait être ajournée, qu'il n'y avait pas dans la 



78 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

Constitution de privilège pour l'enseignement de 
l'iitat; tout ce que l'on pouvait demander au 
ministre, c'était d'exécuter franchement et loyale- 
ment les lois qui réglaient l'instruclion publique; 
l'avènement du nouveau cabinet ne serait marqué 
par aucun changement de politique. M. de Theux 
ajouta qu'il n'entendait soumettre aux Chambres, 
dans le cours de cetle session, aucune grande 
question qui pût diviser les esprits, 

La discussion du budget du ministère des affaires 
étrangères fut marquée par les débats auxquels 
donna lieu le maintien d'une représentation diplo- 
matique près du Saint-Siège. La gauche demandait 
la suppression de la légation de Belgique au Vati- 
can, le Pape n'étant plus souverain temporel et le 
Roi n'ayant pas qualité, à son avis, pour donner à 
un Belge le titre de représentant d'une religion. La 
droite, au contraire, voulait l'envoi d'un ministre 
près de Pie IX, comme témoignage de respect pour 
sa personne. M. Rogier, seul du parti libéral, vota 
avec les catholiques, parce que la situation des 
affaires à Rome lui paraissait transitoire. Il déclara 
toutefois que son vote n'impliquait en aucune façon 
une protestation conire l'unité italienne. Cette 
question fut agitée encore au commencement du 
mois de mars 1872 et donna lieu, quelques jours 
plus tard, à une interpellation de M. VIeminck, 
membre de l'opposition. La publication de la cor- 
respondance du gouvernement avec les légations 
de Belgique au Quirinal et au Vatican fut réclamée, 
mais vainement, par MM. Guillery et Bara. 



Introduction — 1872 79 

Le budget de la guerre ne fut voté qu'après de 
laborieux débats. La discussion, commencée le 
17 novembre 1871, sous le cabinet précédent, prit 
fin seulement le 23 janvier 1872. Toute l'organisa- 
tion militaire fut discutée et critiquée : on demanda 
le service personnel, le service universel, la sup- 
pression du tirage au sort; il n'y eut, en un mot, 
de réforme qui ne trouvât preneur. 

Les questions militaires occupèrent d'ailleurs 
plusieurs fois encore la Chambre pendant cette ses- 
sion (1), mais la discussion la plus importante 
qu'elle entreprît fut celle provoquée par la demande 
d'un crédit de 16,080,000 francs pour les chemins 
de fer. M. Jacobs, ministre des finances dans le 
cabinet d'Anethan, avait déposé, le 15 novem- 
bre 1871 , des projets de crédit de 12,090,000 francs, 
destinés à l'extension du matériel de traction et des 
transports, de 300,000 francs pour l'outillage de 
l'arsenal de Malines et des stations de chemin de 
fer de l'Etat, de 1 million de francs pour la con- 
struction de nouvelles remises aux locomotives. 
Lorsque ces projets vinrent en discussion le 16 jan- 
vier 1872, M. Moncheur, ministre des travaux 
publics, pm-ta la somme des crédits demandés à 
16,080,000 francs. L'état des chemins de fer ne 
permettait pas à l'administration de satisfaire aux 



(1) Elle vota le 8 mars im crédit de 450,000 francs pour le transfert de 
récole militaire à Tabbaye de la Cambre; le 4 mai, un crédit de 730,000 fr. 
pour Tamélioration du pain de munition, et le 1 1 du même mois, un projet 
de loi établissant une sanction pénale à l'obligation de loger et de nourrir 
les troupes en marche et en cantonnement. 



8o La Chambre des Représentants en i8q4-i8()5 

exigences du commerce qui se trouvait alors dans 
une période de grande prospérité et il importait de 
la mettre en mesure de faire face à toutes les 
demandes de transport. La gauche voulut faire 
remonter à M. AVasseige la responsabilité de la 
situation et les principaux de ses membres deman- 
dèrent qu'il fût fait une enquête publique sur toutes 
les questions qui intéressaient l'exploitation des 
chemins de fer de l'Etat. Cette proposition, vivement 
appuyée, fut aussi vivement combattue, notamment 
par le ministre des finances. La discussion se pro- 
longea pendant neuf séances : la demande d'enquête 
fut rejetée et le projet de loi adopté par soîxante- 
dix-neuf voix contre une et trois abstentions (loi du 
2 mars 1872)(1). 

La session de 1872-1873 fut entièrement consa- 
crée à des questions d'affaires. Les budgets des 
ministères de l'intérieur et de la guerre provo- 
quèrent seuls des questions politiques. Parmi les 
mesures législatives que la Chambre vota à cette 
époque, il faut citer la loi décrétant la libre entrée 
des denrées alimentaires d'une manière permanente 
(loi du 3 janvier 1873), la loi autorisant le rachat 
des chemins de fer du Luxembourg (loi du 
15 mars 1873), la loi autorisant un emprunt de 



(1 ) Parmi les autres matières qui firent encore Tobjet des discussions Je 
la Chambre, il faut citer, outre les budgets, la prorogation pour un terme 
de trente années de la durée de la Banque Nationale, la revision du Code 
de commerce, la loi prescrivant la dissolution des conseils communaux et 
provinciaux, le Code électoral, les bourses de voyage universitaires, l'inter- 
vention des fonctionnaires dans les luttes politiques. 



Introduction — iSt^ 8i 



2i0 millions de fraucs, dont 179,850,000 francs 
devaient être consacrés à des travaux publics (loi 
du 29 avril 1873), la loi sur la chasse (loi du 
29 mars 1873), la loi ratifiant le traité conclu enlre 
la Belgique et la Hollande au sujet du chemin de 
fer d'Anvers à Gladbach (loi du 19 juin 1873), la 
loi supprimant la prime à l'exportation des eaux- 
de-vie (loi du 15 août 1873), la loi ratifiant le trailé 
de commerce conclu avec la France le 13 juil- 
let 1873 (loi du 23 juillet 1873), la loi sur 
l'emploi du flamand en matière répressive (loi du 
16 août 1873). 

Le lieutenant-général Guillaume donna sa démis- 
sion de ministre de la guerre le 6 décembre 1872; il 
fut remplacé ad intérim par le comte d'Aspremont- 
Lynden et définitivement par le lieutenant-général 
Thiébault, qui prit possession de son portefeuille le 
25 mars 1873. Ce furent des divergences de vues 
avec ses collègues sur la question du remplacement 
qui provoquèrent la retraite de M. Guillaume. 

La session suivante fut ouverte par un discours 
du Trône, prononcé dans la séance du 11 novem- 
bre 1873. Le Roi annonça le dépôt de projets de 
loi ayant pour objet la revision du Gode d'instruc- 
tion criminelle, la revision de la loi régissant l'en- 
seignement supérieur, la codification de la législation 
rurale. L'adresse en réponse à ce discours ne donna 
guère lieu à des débats; elle ne fut néanmoins 
adoptée que par cinquante et une voix contre 
vingt- trois et trois abstentions. 

Quelques jours avant l'ouverture de la session. 



82 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

le 23 octobre 1873, M. Beernaert avait pris le porte- 
feuille des travaux publics à la suite de la démission 
de M. iVToncheur. 

L'activité que la Chambre avait montrée pendant 
la précédente période législative se maintint et ses 
travaux continuèrent à être fructueux. La loi sur la 
suspension et la limitation du monnayage de l'ar- 
gent (loi du 18 décembre 1873), les modifications 
à la loi du 8 juin 1850 sur le régime des aliénés 
(loi du 28 décembre 1873), la loi sur les extradi- 
tions (loi du 15 mars 1874), la loi sur la détention 
préventive (loi du 20 avril 1874), la loi sur les in- 
stallations maritimes d'Anvers (loi du 1 7 avril 1 874), 
la loi sur les étrangers (loi du 2 juin 1874\ 
l'approbation des traités de commerce avec le Por- 
tugal et la république d'Orange (lois du 17 août et 
du 26 septembre 1874), telles sont les mesures prin- 
cipales qui sortirent de ses débats. 

La politique joua alors cependant un plus grand 
rôle dans les discussions que pendant la session anté- 
rieure. 

Nos lecteurs se rappelleront l'agitation causée 
récemment par la proposition émanant des députés 
socialistes et ayant pour but de supprimer la dota- 
tion accordée au Comte de Flandre. Cette propo- 
sition avait été faite déjà le 5 décembre 1873 
pendant la discussion du budget des dotations. Les 
auteurs en étalent MM. Demeur et Léon De Fuis- 
seaux. Elle ne réunit au vote que quatre voix et fut 
combattue par les orateurs de la gauche comme par 
ceux de la droite. Les uns et les autres firent 



Introduction — 1874 83 



valoir, en dehors de la question de principe, que le 
J3udget des dotations constituait l'application d'une 
loi qui ne pouvait être incidemment modifiée. 

La question des cimetières, qui, sous le ministère 
présidé par M. Frère-Orban, avait agité les séances 
de la Chambre, fut remise à Tordre du jour le 
20 janvier 1874. Un règlement édicté par Padmî- 
nistration communale de Chênée -r- règlement qui 
divisait le cimetière de cette localité en autant de 
fractions qu'il y avait de cultes dissidents — donna 
lieu à des discussions passionnées. Les orateurs de 
la gauche mirent le ministre de l'intérieur en 
demeure d'exposer la ligne de conduite qu'il 
comptait suivre dans cette question des inhu- 
mations. Ils réclamèrent le cimetière commun 
comme conséquence de la liberté de conscience. 
M. Delcour, ministre de l'intérieur, se contenta 
de soutenir la légalité du règlement adopté par 
le conseil communal incriminé, légalité qui fut 
d'ailleurs vivement contestée par M. Bara. On 
proposa diverses solutions à cette question brû- 
lante, mais tout se borna à une discussion de 
principes. 

L'approché des élections qui devaient avoir lieu 
en 1874 fournit l'occasion d'un grand débat poli- 
tique. M. Malou profita de la discussion du budget 
des travaux publics pour exposer, le 28 avril, la 
situation financière. M. Frère lui répondit par un 
discours qui montre à quel degré d'acuité était 
parvenue la querelle clérico-libérale. Nous résu- 
mons ses pai'oles d'après V Histoire parlementaire. 



84 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

de M. L. Hymans : « M, Frère-Orban passe en 
revue les actes du cabinet et signale les tendances 
du parti catholique, tendances de plus en plus 
marquées à répudier tous les principes sur lesquels 
sont fondées les institutions nationales. Ce n*est pas 
en vain que le dogme de Tinfaillibilité a été décrété. 
On a fait descendre sur la tête des catholiques libé- 
raux des sentences contre lesquelles il leur est 
interdit de protester. Dès que le Pape a prononcé, 
et il a prononcé sur les catholiques libéraux, le 
silence leur est imposé et ils n'oseront plus le 
rompre. Nulle indépendance n'est laissée aux 
laïques, et l'on a marqué avec éclat l'asservissement 
auquel en entend les réduire. L'un des chefs laïques 
des cléricaux, un ancien ministre, M. d'Anethan, 
s'est permis de formuler un projet de loi sur les 
cimetières. Un édit épiscopal, donné hors de la 
porte Flaminienne, est venu condamner sa témé- 
rité : il lui fallait au préalable le consentement de 
l'Église. La doctrine nouvelle s'affirme de plus 
en plus dans toute sa splendeur : le Pape au-dessus 
du Roi, non dans l'Eglise, mais dans les affaires 
civiles; le Pape est le représentant de Dieu sur la 
terre; s'il parle ex cathedra^ c'est comme si Dieu 
lui-même parlait; il vaut mieux obéir à Dieu 
qu'aux hommes, dit-on ensuite; par conséquent, il 
faut exécuter toutes les sentences du Pape. Donc, le 
drapeau pontifical au-dessus du drapeau national, 
le Syllabiis SLM'Aessxis de la Constitution ! Désormais 
dans la chaire, dans le confessionnal, dans les 
cercles catholiques organisés sur tous les points du 



Introduction — 1874 



lerriloire, dans la presse propagée par tous les 
moyens d'influence dont dispose le clergé et qui 
sont sans pareils, dans renseignement à tous les 
degrés et, avant tout, dans l'Université calholique, 
les principes politiques sur lesquels repose notre 
étal social seront attaqués, condamnés et flétris : 
ils le sont dans l'enseignement public à tous les 
degrés; ils le sont particulièrement à l'Université 
catholique. C'est donc une guerre ouverte aux 
institutions nationales qui est faite aujourd'hui par 
le parti calholique. Et c'est en pareilles circon- 
stances que les serviteurs de la politique cléricale 
viennent dire : Taisons-nous, faisons silence et 
laissons agir ! C'est assez de nous occuper des 
affaires et des jouissances que peuvent nous 
donner les intérêts matériels!... L'orateur répond 
que les intérêts matériels eux-mêmes ne sau- 
raient être sauvegardés par la politique insensée 
du parti clérical. L'avenir des institutions est en- 
gagé dans la querelle qu'il suscite avec un fana- 
tisme qu'on n'avait pas vu depuis deux siècles, 
et de toutes les forces de son âme, il crie au libéra- 
lisme qu'il ne peut pas, sans forfaire à son devoir, 
refuser le combat auquel il est provoqué. » 
M. Bara reprit, avec plus de violence encore, 
le thème développé par M.Frère-Orban et s'étendit 
longuement sur l'intransigeance des catholiques. 
La politique ministérielle trouva pour défenseurs 
MM. Malou, Beernaert, Jacobs, Dumortier et 
Cornesse. Des incidents personnels violents vinrent 
compliquer la discussion politique et amenèrent 



86 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

même uae provocation en duel adresse'e par 
M. Guillery à M. Frère-Orban (1). 

Les élections partielles de 1874 maintinrent la 
majorité catholique. 

Ce sont sartout des débats sur des questions 
internationales qui marquèrent la session de 
1874-1875. Le crédit demandé par le ministre des 
affaires étrangères pour la légation de Belgique 
près du Vatican fut combattu par les orateurs 



(4) Voici cet incident d'après V Histoire parlementaire de la Belgique : 

« M. Dumortier, dans un de ses discours, représente M. Bara comme 
Tamietle protégé d'un commis greffier du tribunal de commerce, nommé 
Herman, qui vient d^être condamné à quatre ans de prison. M. Bara 
répond : « Vous mentez et vous sivcz que vous mentez! » Un rappel à 
l'ordre étant demandé à l'occasion de ces paroles, M. Frère-Orban prend 
la défense de M. Bara. M. Pirmez demande que M. Dumortier retire son 
affirmation et M. Bara sa réponse. L'incident se termine de la sorte. Mais 
il en surgit un second. M. Wasseige, en déniant à M. Bara Je droit de se 
servir de l'expression qu'il a employée en disant : Vous mentez sciemment ! 
et en l'engageant à la retirer, dit que M. Frère seul n'est pas de cet avis et 
insiste pour que le mot soit maintenu. « Mais c'est naturel 1 Qui a été 
l'introducteur de cette malheureuse expression dans le parlement? C'est 
M. Frère; en défendant M. Bara, il défend son passé. » Viennent ensuite les 
explications suivantes : 

« M. Frère-Orban. — L'honorable M. Wasseige a bien voulu rappeler 
avec infiniment de grâce et de bon goût un incident qui s'est passé à une 
époque qui se perd dans la nuit des temps. Il est vrai qu'il reparaît souvent 
dans la presse cléricale, mais toujours dans des circonstances mal rappelées. 

*) L'honorable membre suppose qu'à raison de l'expression dont je me 
suis servi, dont je me servirais encore dans les mêmes circonstances... 

» A droite : Ah ! 

» M. Frère-Orban. — Mais certainement!... il suppose que j'aurais été 
l'objet d'un rappel à l'ordre. 

» M. Wasseige. — Je sais parfaitement bien que non. 

» M. Frère-Orban. — Vous le savez? Bien! 

» Et pourquoi? 

» Parce qu'il a été reconnu, par l'honorable collègue avec lequel je me 
trouvais en conflit, que des expressions équivalentes m*avaient été 



Intkoduction — 1875 



de la gauche, qui contestèrent la nécessité de cette 
légation et critiquèrent vivement la conduite du 
nonce dans de récentes manifestations catholiques 
dont la ville de Verviers avait été le théâtre. 
Au vote, vingt-sept voix se prononcèrent contre le 
crédit. M. Rogîer se rallia de nouveau dans cette 
circonstance aux catholiques. 

D'autres événements devaient attirer bientôt 
l'attention du Parlement. 



adressées à deux reprises différentes et que l'honorable président de la 
Chambre ne m'avait pas protégé contre ces attaques. 

» Un membre : Lesquelles ? 

» M. Frère-Orban. — J*étais dans le cas de légitime défense. Voilà ce 
qui a été reconnu. 

» M. Wassbige. — Par vous! 

» M. Frère-Orban. — Comment! Cela a été reconnu par l'honorable 
membre qui avait prononcé ces paroles, car il les a très loyalement retirées; 
cela a été reconnu par la Chambre, et personne, dans cette enceinte, 
n'hésiterait en pareil cas. 

» Mon expression est venue en réponse à d'autres expressions, qui, dans 
les circonstances où elles étaient proférées, avaient, à mes yeux, le caractère 
d'une offense personnelle. 

» Sur une affirmation que je faisais, on me disait : Cela n'est pas vrai ! 
Sur mon insistance, déclarant que le fait était vrai, on m'a répondu : C'est 
faux ! 

» C'est alors, après cette dénégation réitérée, que, n'étant pas protégé 
par le président, j'ai fait moi-même justice, et, en pareil cas, tout honnête 
homme se croyant l'objet d'un outrage agirait comme je l'ai fait. 

» M. GuiLLERY. — Je demande la parole. 

» Messieurs, je regrette profondément qu'on ait rappelé cet incident. 

» Je dois dire comment il s'est produit, parce qu'il a été déjà rappelé 
inexactement. 

» A la suite d'une injure san^ylante qui m'avait été adressée, cédant aux 
sentiments de la Chambre, je n'y ai pas donné suite. Mais il n'y a eu qu'un 
sentiment d'indignation devant cette insulte adressée à un membre de la 
représentation nationale : et le rappel à l'ordre a été prononcé par 
M, le président. 

» A la suite de sollicitations d'amis communs, et, je puis le dire, de tous 



88 La Chambre des Représentants en 1894- iSqS 



A la séance du 13 avril 1875, M. Dumorlier 
demanda au ministre des affaires étrangères s'il était 
vrai qu'une grande puissance avait fait, au sujet de 
la presse, des réclamations qui auraient pu entraîner 
des changements à la Constitution : — la puissance 
ainsi désignée n'était autre que l'Allemagne. C'était 
à ce moment que la persécution contre les catho- 
liques sévissait avec intensité dans ce pays. L'alli- 
tude du gouvernement impérial avait donné matière 

les membres de la gauche, j'ai consenti à faire le premier pas vis-à-vis d'un 
homme plus âgé que moi et dont je reconnaissais les éminents services. 
Toute la gauche est venue me serrer la main, sauf un liomn:e, celui qui, le 
premier, aurait dû venir. Celui-1 1 n*a pas compris que sa dignité ne lui 
permet plus de rappeler ce fait de la façon dont il vient de le faire. 

» Eh bien, puisque, cette insulte, il la reprend, il la justifie, il m'oblige à 
lui dire aujourd'hui : Je vous mets en demeure de prouver que vous avez 
un autre courage que celui de Tinjure ! 

»> M. Frère-Orban. — Je ne demande qu'une chose : c'est que 
M. le président fasse apporter les Annales parlementaires. Qu'on relise ce 
qui s'y trouve consigné, et l'on verra que ce n'est qu'après avoir subi deux 
fois ce démenti : Cela n'est pas vrai ! Cela est faux ! et M. le président ayant 
gardé le silence (il a déclaré, après, n'avoir pas entendu), c'est seulement 
alors que j'ai prononcé l'expression qui a été relevée. 

» D'honorables membres de la gauche ont pris la parole sous le coup 
de l'émotion qu'ils éprouvaient en présence des dénégations répétées qui 
m'avaient été adressées. 

» Un honorable membre de cette Chambre, respecté de tous, l'honorable 
M. Puul Devaux, s'est levé et a déclaré que les expressions qui m'avaient 
été adressées étaient l'équivalent de celle que j'avais moi-même adressée, 
que ce n'était qu'une réponse à une provocation. 

» L'honorable membre qui vient de se lever, et dont le langage 
aujourd'hui m'a singulièrement étonné, ce jour-là s'est levé aussi, mais pour 
reconnaître loyalement qu'il m'avait par deux fois adressé les paroles dont 
je me plaignais et que M. le président déclarait n'avoir pas entendues. 

» C'est sur sa propre déclaration que M. le président, reconnaissant que 
j'avais été provoqué, n'a pas maintenu le rappel à Tordre. 

» Je m'étonne du langage que vous venez d'entendre. 

» Qu'ai-je donc dit qui autorisait l'honorable membre à m'adresser une 
provocation! L'ai-je offensée Ai-je dit quelque chose dont il eût à se 



Introduction — 1875 89 



en Belgique à de vives critiques, manifestées dans des 
mandements épiscopaux^ dans des articles de jour- 
naux et dans une adresse envoyée à l'évêque de 
Paderborn par deux membres du comité des œuvres 
pontificales. D'autre part, un chaudronnier appelé 
Duchesne-Poncelet, habitant Seraing, avait écrit à 
l'archevêque de Paris pour lui demander de Pargent 
et lui proposer d'assassiner le prince de Bismarck. 
Ces incidents avaient ému le gouvernement de 

plaindre? Est-il vrai que, dans là circonstance que Ton a rappelée, il 
m'avait adressé ces expressions : Cela n'est pas vrai ! Cela est faux ! Et 
croit-il, lui qui est homme d'honneur, que dans le moment où il les a pro- 
férées, avec le caractère que je devais leur attribuer, ces expressions 
n'étaient pas absolument l'équivalent de celle-ci : Vous en avez menti! 

» Des membres ; Non ! non I 

» M. Frère-Orban. — Il y a donc une différence, pour les gens d'hon- 
neur, entre des démentis, selon les expressions dont on se sert? Si j'avais 
répété à mon tour : Cela n'est pas vrai \ Cela est faux ! du ton dont ces 
paroles m'étaient dites, cela eût donc été parfait? cela eût donc été gentil- 
homme? Et lorsque, sous le coup de l'indignation dont j'étais pénétré, j'ai 
accentué ayec énergie un démenti équivalent, on prétend que c'est un 
outrage, et après tantôt quinze ans, oubliant de loyales explications 
échangées, on vient en demander réparation ? 

» Vous me trouverez à mon poste. 

» M. GuiLLERY. — Je n'ai relevé l'outrage que parce qu'il a été renou- 
velé. » 

Suit un débat auquel prennent part MM. Pirmez, Wasscige, Rogier, 
Bara et Cruyt, dans lequel on cherche des deux parts à amener une 
entente et qui se termine ainsi : 

« M. GuiLLERY. — Je répète, monsieur le président, ce. que j'ai déjà eu 
l'honneur de dire à la Chambre. Je suis reconnaissant aux honorables 
membres qui m'ont témoigné tant de bienveillance, mais je les prie — le 
soin de mon honneur me regardant seul — de me laisser vider mes 
affaires personnelles. 

» M. LE PRÉSIDENT. — J'exprime le vœu que les amis communs de 
rhonorable membre parviennent à empêcher les suites de cet incident. 
Quant à moi, je me mets de tout cœur à leur disposition. » 

Les témoins constitués par les deux parties réussirent à terminer à 
l'amiable le différend qui avait surgi entre MM . Frère-Orban et Guillery. 

6 



QO La Chambre des Représentants en 1894-1895 

Berlin; ils firent l'objet de notes diplomatiques 
envoyées à Bruxelles, notes qui avaient pour but 
d'obtenir que la législation pénale belge fût modi- 
fiée de manière que les faits dont se plaignait le 
cabinet allemand et qu'il qualifiait à!*atteintes 
portées à la paix intérieure et à la sûreté des per- 
sonnes dans un Etat voisin et ami pussent devenir 
l'objet de peines répressives. 

Le gouvernement belge répondit en montrant 
que les actes dont se plaignait l'Allemagne n'étaient 
considérés comme délit par aucune législation 
contemporaine. Il disait notamment, pour ce que 
l'on reprochait au chaudronnier Duchesne : 

« La législation belge, quant à la tentative et 
à la complicité, est en harmonie avec les législa- 
tions modernes, comme avec les progrès de la 
science, les règles de la raison naturelle et les 
mœurs de notre temps. La tentative n'est punis- 
sable que si elle a été manifestée par des actes exté- 
rieurs qui forment un conimencenient d'exécution. 
La simple pensée est hors de l'atteinte de la loi. 

» Le soussigné ne connaît aucune loi aujourd'hui 
en vigueur dans un pajs étranger d'après laquelle 
le fait de Duchesne-Poncelet serait qualifié crime 
ou délit. 

» Assurément, si la plupart des nations euro- 
péennes ou du moins quelques-unes modifiaient 
leurs lois pénales de manière à atteindre et à punir 
la proposition verbale ou écrite tendant à trouver 
un complice en vue d'un crime ou d'un délit à 
commettre, même lorsque cette proposition, loin 



Introduction — 1873 91 



d*être agréée, aurait été repoussée avec indignation, 
la Belgique aurait à examiner ce grave problème de 
droit pénal et probablement elle suivrait un mou- 
vement dont il ne peut lui appartenir, semble-t-il, 
de prendre l'initiative. » 

Le comte d'Aspremont-Lynden donna, dans la 
séance du 16 avril 1875, lecture à la Chambre des 
documents diplomatiques qui avaient été échangés 
et il promit d'exposer plus tard au Parlement la 
suite des négociations. 

Le gouvernement allemand, dans une note du 
13 avril, insista sur la demande qu'il avait faite 
dans la note précédente, en manifestant le regret 
que le cabinet de Bruxelles eût cru devoir y faire 
une réponse négative. « Si le gouvernement belge, 
ajoutait-il, en suivant cette voie, arrive à discuter 
publiquement le contenu de la présente corres- 
pondance, il saisira certainement volontiers cette 
occasion de dissiper les appréciations erronées qui 
se sont fait jour et d'après lesquelles l'Allemagne 
aurait en vue de porter atteinte à la liberté de la 
presse en Belgique. L'Allemagne n'a en vue en 
général aucune immixtion dans les affaires inté- 
rieures de la Belgique; mais elle élève des plaintes 
au sujet des immixtions de sujets belges dans la 
politique ecclésiastique intérieure de l'Allemagne, 
immixtions qui se soAt produites par des actes qui 
n'ont aucun rapport avec la liberté de la presse en 
Belgique. En même temps, le gouvernement 
impérial allemand maintient l'opinion que la situa- 
tion exceptionnelle dans laquelle se trouve la 



ga La Chambre des ÏIeprésentants en 1894-1895 

Belgique, en vertu du privilège de la neutralité, 
autorise à attendre de ce pays un soin particulier en 
tout ce qui concerne ses obligations internationales 
et particulièrement envers les puissances qui garan- 
tissent cette neutralité. Dans cet ordre d'idées, le 
gouvernement impérial a considéré également 
comme de son devoir de provoquer et de mener 
réchange d'idées dans lequel il se trouve avec le 
gouvernement JDelge^ en le portant à la connais- 
sance des autres puissances garantes. Le gouverne- 
ment belge tirera certainement avec plaisir de tout 
cela la conséquence que les réclamations allemandes 
ne poursuivent aucun but qui serait de nature à 
effaroucher le jugement des autres puissances 
garantes. » Le comte d'Aspremont-Lynden, dans 
sa réponse, rappela qu'il n'avait pas décliné les 
demandes formulées dans la note allemande du 
3 février, mais que la Belgique s'était réservé 
d'apporter des modifications à sa législation pénale 
lorsque d'autres gouvernements seraient entrés dans 
cette voie. 

Communication de cette correspondance fut 
donnée le 4 méû à la Chambre, qui la discuta trois 
jours après. Les orateurs de l'opposition, comme 
ceux du parti conservateur, furent unanimes à 
approuver l'attitude du gouvernement; mais 
MM. Frère-Orban et Berge, parlant au nom de la 
gauche, s'élevèrent en même temps violemment 
contre la politique générale des catholiques, et 
notamment contre l'attitude du clergé, qu'ils 
accusaient de compromettre la Belgique par des 



Introduction — 187 5 93 



manifestations intempestives. M. Malou, tout en 
protestant contre les tendances du discours de 
M, Frère-Orban, fut amené à reconnaître que des 
paroles au moins inopportunes et de nature à blesser 
TAllemagne avaient été prononcées, mais que la 
responsabilité ne pouvait en être attribuée au 
ministère, le clergé étant entièrement, de par la 
Constitution, indépendant de lui. Cette discussion 
se termina par un ordre du jour voté à l'unanimité 
et dans lequel la Chambre déclarait approuver les 
explications du gouvernement et s'associer à ses 
regrets. 

Cet incident international se termina par une 
note adressée au comte de Perponcher, note qui 
résumait l'instruction ouverte contre Duchesne- 
Poncelet et dans laquelle le ministre des affaires 
étrangères ajoutait : « Ainsi que le soussigné a 
déjà eu l'honneur de le faire remarquer par la note 
du 26 février, les lois pénales de la Belgique, pas 
plus que les législations en vigueur dans les autres 
pays de l'Europe, ne punissent l'offre ou la propo- 
sition non agréée de commettre un attentat contre 
une personne. Récemment encore, dans un débat 
parlementaire, les organes du gouvernement ont 
flétri comme immoral et odieux le fait commis par 
le sieur Duchesne. Les voix de l'opposition ne l'ont 
pas moins sévèrement jugé. Sans attendre que 
d'autres nations modifient en ce sens leurs lois 
pénales et sans subordonner ses résolutions à la 
condition de la réciprocité, le gouvernement du 
Roi, allant au delà de ce qu'il a promis, a décidé de 



94 Ï-A Chambre des Représentants en 1894-1895 

soumettre très prochainement à la Législature une 
disposition d'après laquelle l'offre ou la proposition 
non agréée de commettre contre une personne un 
attentat grave sera, à l'égal de la menace, punie 
d'une peine correctionnelle sévère. La disposition 
nouvelle dont le gouvernement belge prend aujour- 
d'hui librement l'initiative répond à ses sentiments; 
elle sera, le soussigné n'en doute point, favorable- 
ment accueillie par les Chambres législatives et 
ratifiée par la conscience publique. » Un projet de 
loi conçu dans ce sens fut en effet déposé le 8 juin, 
discuté le 22 et voté le 23 (1). 

La Chambre adopta le 27 février la loi éta- 
blissant la rémunération des miliciens (loi du 
5 avril 1875), le 23 avril la loi supprimant les 
chambres de commerce (loi du H juin 1875), le 
1*' juin le traité de commerce avec les Etats-Unis 
(loi du 14 juin 1875), le 16 juin une convention 
commerciale avec l'Espagne (loi du 18 juillet 1876*, 
le 24 juin la convention des poids et mesures (loi 
du 29 décembre 1875) et le même jour la loi sur 
le transport des émigrants (loi du 14 décem- 
bre 1876). 

Hormis la loi sur le domicile de secours (loi du 
14 mars 1876), votée le 8 décembre 1875, l'appro- 
bation de la convention avec l'Allemagne pour la 
protection réciproque des marques de fabrique et 
de commerce, votée le 7 décembre de la même 
année (loi du 23 décembre 1875), la loi relative au 

{\) La loi fut promulguée le 7 juillet 4875. 



Introd'jction — i87<) rp 



régime des sucres, votée le 15 février 1876 (loi du 
24 mai 1 876) et la ratification du traité avec le Trans- 
vaal, votée le 10 mai 1876 (loi du 31 août 1876), 
nous n'avons à signaler pendant la session suivante 
que la discussion très importante et très prolongée 
de laquelle sortit la loi sur la collation des grades 
académiques. 

Les principales réformes que la section centrale 
voulait introduire dans le système qui régissait 
alors renseignement supérieur consistaient dans la 
suppression de Fexamen de gradué en lettres et 
dans Texlension des jurys combinés aux examens 
d'ingénieur. Le gouvernement s'opposait à cette 
seconde disposition. Il désirait, en outre, que la 
question du graduât fût disjointe du projet et 
demandait le maintien de la loi de 1861 qui avait 
établi cet examen. M. Frère-Orban, allant plus 
loin que la section centrale dans la voie des 
réformes et invoquant les droits de la liberté, vou- 
lait que chaque établissement universitaire fût 
autorisé à délivrer des diplômes sous sa responsa- 
bilité. 

Il proposait en même temps la création d'une 
commission chargée d'enregistrer les diplômes et 
les certificats constatant que celui qui les présentait 
avait fait pendant un temps déterminé les éludes 
reconnues nécessaires .par la loi pour être admis à 
l'exercice des professions libérales. Le gouver- 
nement et la section centrale se rallièrent à ces 
propositions de M. Frère. Elles furent vivement 
combattues par M. Tesch, qui y voyait une injusti- 



96 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

fiable abdication des droits de l'Etat, et cela en 
faveur de corporations sans existence légale, com- 
plètement indépendantes, en même temps qu'un 
moyen certain d'amener un abaissement dans le 
niveau des études. D'autres orateurs de gauche dé- 
fendirent les mêmes théories, auxquelles MM. Ma- 
lou, Frère-Orban et Smolders, ce dernier rapporteur 
de la section centrale, répondirent éloquemment. 
L'ensemble du projet de loi qui consacrait les 
réformes dont nous venons de parler fut adopté, 
le 8 avril, par soixante-dix-huit voix contre vingt- 
six et quatre abstentions. La discussion avait com- 
mencé le 22 février : dix-sept séances y avaient été 
consacrées (1). 

Il n'est aucune question qui soit revenue alors 
aussi souvent à l'ordre du jour de la Chambre que 
la question romaine. Sans cesse, le parti libéral la 
faisait intervenir dans les débats. Elle croyait y 
trouver une arme dangereuse contre le gouverne- 
ment, qui, d'un côté, pour répondre au désir du 
pays catholique, devait se montrer plein de res- 
pect envers le Saint-Père et, de l'autre, devait se 
garder d'accomplir aucun acte qui pût nuire aux 
bons rapports entre la Belgique et l'Italie. Les 
orateurs de la gauche profitaient de cette situation 
difficile pour attaquer fréquemment le ministère, 
lui reprochant de violer, par sa politique vis-à-vis 
du Pape, la Constitution et la neutralité du pays. 

Pie IX ayant, dans une allocution du 12 mars 

(1) La loi fut promulguée le 20 mai 4876. 



Introduction — 1877 97 



1877, exhorté les fidèles à se servir de tous les 
moyens que les lois de chaque pays mettaient à leur 
disposition pour agir auprès de leurs gouverne- 
ments afin que ceux-ci prissent des mesures de 
nature à écarter les obstacles qui s'opposaient à la 
pleine indépendance du Souverain-Pontife, et les 
évêques, ainsi que les catholiques, ayant adressé au 
Roi des pétitions pour réclamer son intervention 
dans cet ordre de choses, M. Frère-Orban interpella 
le cabinet. Il lui demanda si le gouvernement décli- 
nait toute responsabilité dans ces manifestations et 
si, conformément au droit constitutionnel belge et 
au droit des gens, il refusait d'intervenir dans les 
affaires des autres États. Il rappela en même temps 
que des membl-es du cabinet s'étaient, avant leur 
entrée au pouvoir, prononcé en faveur de la souve- 
raineté temporelle. Le comte d'Aspremont-Lynden 
répondit que le ministère n'avait donné aucune 
suite aux pétitions adressées au Roi. Il déclara qu'il 
était à ses yeux d'une haute importance que le Pape 
fût complètement libre dans l'exercice de sa puis- 
sance spirituelle et que, si les circonstances ren- 
daient nécessaire l'accomplissement d'un acte 
diplomatique en faveur de cette liberté, les 
Chambres seraient appelées à en connaître. 

Cette réponse provoqua de vives critiques de la 
part de la gauche. Elle soutenait que même l'éven- 
tualité d'une ingérence dans une pareille affaire 
devait être écartée; qu'en Belgique, sons le régime 
de la séparation de l'Église et de l'État, le gouver- 
nement n'avait pas à examiner si le Pape était ou 



98 La Chamdre des Représentants en 1894-1895 

n'était pas libre au point de vue spirituel; qu'eii 
outre notre pays, étant puissance neutre, devait 
s'abstenir de toute ingérence dans la politique inté- 
rieure des autres nations. 

Les orateurs de droite, au contraire, soutinrent 
que les paroles du ministre des affaires étrangères, 
— dont les termes se trouvaient empruntés d'ailleurs 
à un document signé par M. Mancini, ministre 
italien, — étaient parfaitement admissibles. Si un 
jour l'Europe se réunissait en congrès pour assurer 
l'indépendance spirituelle de la papauté, la Bel- 
gique pourrait prendre part à ces délibérations. Il n'y 
avait aucune raison de décider le contraire a priori. 
Réduite à celte portée, la déclaration de M. le 
comte d'Aspremont-Lynden ne fut pas acceptée par 
les libéraux. 

Peu de temps après, M. Frère-Orban interpella 
de nouveau le ministère au sujet de deux allocu- 
tions adressées par le nonce à des zouaves pon- 
tificaux. Il jugeait les paroles prononcées par 
l'envoyé du Pape (1) comme offensantes pour le 
gouvernement et comme de nature à provoquer en 
même temps une prise d'armes parmi les anciens 
soldats du Saint-Père. D'autres orateurs émirent 



(I) Voici les paroles que l'on imputait au nonce. Dans une première 
occasion, il aurait dit : « Le monde est bien malade; tous les gouverne- 
ments oublient leurs devoirs et abandonnent le Saint-Siège : les uns sont 
ouvertement hostiles, d'autres indifférents ou hérétiques; d'autres, quoi- 
que catholiques, poussent la prudence jusqu'à l'abandon : un seul gouver- 
nement osait se proclamer franchement catholique, c'est celui de l'Equa- 
teur. Vous savez ce qui est arrivé ; on a assassiné le président et empoisonné 
l'archevêque. » Et dans une autre circonstance : « En prenant la place du 



Introduction — 1877 99 



l'avis que le gouvernement devait blâmer les 
zouaves pontificaux qui se réunissaient pour 
entendre des discours belliqueux, de telles réunions 
étant de nature à froisser l'Italie et à nuire aux bons 
rapports de la Belgique avec ce pajs. Le cabinet fit 
savoir que le nonce désavouait les paroles qu'on lui 
avait prêtées, mais, en même temps, M. Malou 
défendit le droit qu'avaient les anciens zouaves pon- 
tificaux de se réunir. Aucun article de loi ne punis- 
sait cet acte, qui ne pouvait offenser personne. Le 
débat se termina par un ordre du jour proposé par 
M. Frère-Orban et dans lequel la Chambre déclarait 
prendre acte des explications et des déclarations du 
gouvernement. 

M. Malou déposa le 1 6 janvier 1 877 sur le bureau 
de la Chambre un projet de loi sur le secret du vote et 
sur les fraudes électorales. Ce projet, qui fut amendé 
par la section centrale à la suite de vives récla- 
mations, établissait des règles pour la présentation 
des candidats, le choix et les attributions des témoins 
dans les bureaux électoraux, pour la forme des 
bulletins de vote, pour la convocation des électeurs, 
pour la formation des sections électorales, pour le 
mode de votation, pour le dépouillement du scrutin, 
pour les ballottages, pour la nullité de certains 

droit violé dans sa personnification la plus haute, le régime de la force a 
jeté TEurope dans l'état de perturbation barbare où nous la voyons aujour- 
d'hui et, bon gré mal gré, Tinstinct de sa conservation la pousse à cher- 
cher à cette situation un remède qui ne se trouve que dans le triomphe de 
la papauté! Vous pouvez donc légitimement espérer que le temps est 
proche où ce triomphe appellera de nouveau Taide de vos bras et où vous 
pourrez reprendre le combat que vous avez été forcés d'interrompre. » 



loo La Chambre des Représentants en 1894-1893 

bulletins et il prenait des mesures pour assurer le 
secret du vote; il modifiait en même temps certains 
articles du Gode électoral relatifs surtout au cens 
électoral et au domicile électoral des fonctionnaires, 
des militaires et des ministres des cultes salariés par 
l'Etat. 

Dans la discussion de cette loi, — discussion qui 
compte parmi les plus longues qu'entendît la 
Chambre, — la gauche attaqua maintes fois l'ingé- 
rence du clergé dans les élections, prétendant lui 
contester même le droit dévote. La question clérîco- 
libérale fit d'ailleurs fréquemment l'objet des débats, 
qui, à certains moments, revêtirent un caractère 
d'acuité très prononcé. 

L'article 46, — qui punissait d'une amende celui 
qui, par promesses, dons, menaces ou voie de fait, 
aurait obtenu ou tenté d'obtenir d'un électeur la 
révélation du vote qu'il avait émis, article que 
M. Frère-Orban avait amendé dans le but 
d'atteindre le prêtre qui aurait usé de la confession 
pour faire avouer à un électeur à qui était allé son 
vote, — donna lieu à des discours passionnés et où 
les idées antireligieuses se donnèrent libre cours. 
Six séances furent employées à le discuter. 
L'amendement de M. Frère-Orban fut rejeté par 
soixante^six voix contre quarante-sept et la rédac- 
tion proposée par la section centrale adoptée par 
soixante-quatre voix contre quarante-quatre et une 
abstention. L'ensemble du projet réunit cinquante- 
six voix contre quai'ante-six et une abstention. 

Il fut amendé par le Sénat, qui supprima pure- 



Introduction ~ 1878 



ment et simplement l'article 46, objet de si longues 
querelles. Une partie de la gauche persista néan- 
moins dans son opposition, mais quelques libéraux 
se rallièrent à la loi ainsi corrigée, qui recueillit cette 
fois soixante-treize voix contre vingt-deux et cinq 
abstentions (1). 

Cette loi donna lieu, dès la session suivante, à 
une nouvelle bataille parlementaire. M. Frère- 
Orban y proposa, mais sans les obtenir, diverses 
modifications destinées à empêcher les fraudes élec- 
torales, dont les catholiques surtout se rendaient 
coupables selon lui. Le même reproche fut du reste 
adressé par la droite à la gauche. 

Les débats revêtant un caractère avant tout poli- 
tique se multiplièrent pendant la session de 1877- 
1878. En même temps que la discussion concernant 
les fraudes électorales, nous avons à signaler encore 
la discussion de l'adresse en réponse au discours 
du Trône et celle que provoqua la loi augmentant 
le nombre des membres de la Ghambi'e des repré- 
sentants, loi qui fut votée le 12 avril 1878 après de 
longues et orageuses querelles (loi du 20 avril 1878). 

C'est pendant cette même session que furent 
votés la ratification du traité de commerce conclu 
avec le Chili (loi du 25 janvier 1878), la loi appor- 
tant des modifications aux lois relatives à l'organi- 
sation des cours d'assises et au Code d'instruction 
criminelle (loi du 1 5 avril 1 878), le titre préliminaire 
du Code de procédure pénale (loi du 1 7 avril 1 878) 

(4) Cette loi porte ta date du 9 iuiUet 1877. 



102 La Chambre des Représentants en i894-i8c)5 

discuté déjà en parue en 1876-1877, la loi portant 
augmentation du nombre des conseillers provin- 
ciaux (loi du 13 mai 1878), la loi appi'ouvant le 
traité de commerce conclu avec l'Espagne (loi du 
25 juillet 1878). 

Le 8 mai 1878 fut voté, et Funanîmité des 
membres présents, le projet de loi réglant l'emploi 
de la langue flamande en matière administrative, 
importante satisfaction donnée aux revendications 
des populations flamandes (loi du 22 mai 1878). 



Les élections de 1878 amenèrent une majorité 
libérale de dix voix à la Chambre et de six voix au 
Sénat. Un nouveau cabinet se forma : M. Frère- 
Orban devint ministre des affaires étrangères; 
M. Bara, ministre de la justice; M. Rolin-Jaeque- 
mjns, ministre de l'intérieur; M. Graux, ministre 
des finances; M. Sainctelettc, ministre des travaux 
publics (1); M. Van Humbeeck, ministre de l'in- 
struction publique; le général Renard, ministre de la 
guerre (2). 

Le gouvernement s'empressa de convoquer les 
Chambresen une session extraordinaire, qui s'ouvrit 
le 23 juillet et se clôtura le 22 août 1878. Un mois 
durant, la tribune parlementaire retentit de haran- 



{i ) Il fut remplacé le 8 septembre \ 879 par M . Clin . 
(2) Il fut remplacé le 8 septembre i879 par le général Liagre, qui fut 
remplacé à son tour, le 6 novembre 4880, parle général Gratry. 



Introduction — 1878 io3 



gues purement politiques des plus vives. Ce qui y 
donna matière, ce fut d'abord la création du minis- 
tère de l'instruction publique, que le parti catholique 
considérait comme une arme de guerre dirigée 
contre lui et un moyen de concurrence contre les 
établissements libres. Il résulta des déclarations du 
gouvernement que le nouveau département était 
surtout destiné à combattre, en effet, les écoles 
fondées par les catholiques, où l'on enseignait, 
affirmaient les orateurs du parti libéral, des doc- 
trines contraires aux principes de la Constitution. La 
droite tout entière vota contre le crédit demandé 
pour le ministère de l'instruction publique. Puis, 
ce furent des modifications à la loi électorale qui 
absorbèrent les travaux de la Chambre, modifica- 
tions qui, en supprimant certaines contributions, 
supprimèrent en même temps plusieurs milliers 
d'électeurs et furent vivement attaquées par la 
droite (1). Ce furent enfin les révocations de plu- 
sieurs gouverneurs et commissaires d'arrondisse- 
ment que le cabinet avait cru, dès son arrivée au 



;1) Loi du 26 août 4878. Cette loi disait : « Les personnes qui occupent 
gratuitement des habitations appartenant à TÉtat, aux provinces, aux com- 
munes ou à des établissements publics (ces derniers mots frappaient les 
occupants de presbytères), ou qui reçoivent pour les locaux qu'elles occu- 
pent une indemnité de traitement en vertu de dispositions légales ou 
d*actes administratifs, sont exemptes, pour ces habitations et bâtiments, 
de la contribution personnelle, à raison des trois premières bases. Elles 
sont, en outre, exemptes de cette contribution, d après la quatrième base, 
si le mobilier leur est également fourni gratuitement. — Sont exempts de 
la contribution personnelle, d*après la sixième base, les chevaux tenus par 
des personnes qui, indépendamment de la taxe qu'elles auraient à payer 
pour ces chevaux, versent au trésor de TÉtat une somme inférieure 



104 ^^ Chambre des Représentants en 1894-1895 

pouvoir, devoir proposer au Roi. Interrogé par 
M. A. Visart de Bocarmé sur cette mesure, 
M. Rolin-Jaequemyns la justifia en invoquant le 
droit, pour un gouvernement, de s'enlourer, dans 
l'exercice de sa mission, d'agents politiques qui 
méritent sa confiance. Dans cette discussion, comme 
dans celle provoquée par la création du ministère de 
rinstruction publique, le gouvernement soutint 
qu'il étaitinyesû d'une mission de défense nationale 
contre les prétentions inconstitutionnelles de la 
faction ultramontaine. Parler ainsi était continuer 
la tactique inaugurée depuis bon nombre d'années 
par le parti libéral et qui consistait à représenter les 
catholiques comme adversaires de la Constitution 
en vertu des enseignements qu'ils recevaient du 
Saint-Siège. 

La session ordinaire de 1878-1879 s'ouvrit le 
12 novembre par un discours du Trône. Le passage 
le plus saillant de la harangue roj^ale, passage qui 
fut salué par les applaudissements de la gauche, 
était consacré à l'enseignement de l'Etat et affirmait 



à 42 fr. 32 d'impôts directs. Toutefois, cette exemption n'est pas applicable 
aux chevaux de luxe. » 

Cette loi, bien que votée par l'unanimité de la gauche, mécontenta cer- 
tains de ses membres, qui ne cachèrent pas leur opinion. M. Janson, notam- 
ment, s'exprimait ainsi dans un discours prononcé à Liège le 24 avril 4 882 : 
« On nous a fait voter les lois les plus absurdes, des lois qui prêtent à rire. 
Je ne les ai votées que parce que je les considère comme autant de flèches 
lancées au régime censitaire... Pour les chevaux mixtes, la loi est plus sin- 
gulière encore : si, sans Timpôt sur le cheval mixte, vous ne pouvez être 
électeur, on ne vous permet pas de payer cet impôt, auriez-vous trente-stx 
chevaux mixtes; mais si vous pouvez être électeur sans payer l'impôt sur 
les chevaux mixtes, vous êtes tenu de le payer. » 



Introduction — 1879 io5 



la nécessité de le placer sous la surveillance exclu- 
sive de l'autorité civile. Le Souverain annonçait 
en même temps le prochain dépôt de plusieurs 
projets de loi consaci'és à transformer et à déve- 
lopper l'enseignement. 

Dans la discussion de l'adresse en réponse à ce 
discours, discussion qui n'occupa pas moins de 
onze séances, le gouvernement, interpellé par la 
droite, refusa de s'expliquer sur ces projets de loi, 
mais il fit néanmoins entendre qu'ils changeraient 
le système adopté par la loi de 1842. 

C'est le 21 janvier 1879 que fut déposé à la 
Chambre le projet de loi abrogeant la loi du 
23 septembre 1842. Il supprimait l'inspection 
ecclésiastique, attribuait le choix des livres exclusi- 
vement à l'autorité civile, imposait à toutes les 
communes l'école absolument neutre, obligeait les 
autorités locales à choisir leurs instituteurs dans 
les écoles normales de l'Etat et sécularisait com- 
plètement ces dernières. Les ministres des cultes 
étaient autorisés à donner l'enseignement religieux 
dans les écoles, mais seulement en dehors des heures 
de classe. On se souvient de l'émotion produite pai 
cette loi et des divisions qu'elle provoqua dans le 
pays, divisions dont nous ressentons et dont nous 
ressentirons longtemps encore les tristes effets. Les 
catholiques se soulevèrent unanimement contre la 
politique scolaire du gouvernement et un immense 
naouvement de protestation s'organisa de partout. 
Jamais, pendant toute la durée de notre histoire 
parlementaire, projet de loi ne fut débattu aussi 

7 



io6 La Chambre des REPRÉSENTA^TS en 1894-1895 

passionnément au Palais de la Nation. La discus- 
sion occupa vingt-neuf séances : commencée le 
22 avril, elle se termina le 17 juin. Soixante-sept 
voix adoptèrent la loi, soixante se prononcèrent 
contre. M. Pirmez s'abstint. Elle faillit échouer 
au Sénat, où elle ne passa qu'à la majorité de 
deux voix. Le baron de Labbeville s'abstint et 
le prince de Ligne, président de la Chambre haute, 
vota contre. Il considérait la loi non seulement 
comme inopportune, mais comme dangereuse, 
parce qu'elle touchait au domaine de la conscience; 
le principe en était mauvais, parce qu'elle por- 
tait atteinte aux intérêts religieux. « C'était, 
disait-il encore, une loi de parti, un coup de la 
majorité contre la minorité, l'abus de la victoire 
électorale de l'une sur l'autre, enfin une déclaration 
de guerre (i). » 

Nous ne pouvons faire ici l'histoire de la lutte 
scolaire en Belgique : traiter cette question serait 
sortir du cadre que nous nous sommes fixé; nous 
n'en parlerons que lorsque cette lutte trouva des 
échos dans l'enceinte parlementaire. 

La discussion la plus importante qui eut encore 
lieu pendant cette session fut celle qui portait sur 
le projet de loi modifiant la loi sur la contribution 
personnelle et modifiant awssi, comme conséquence 
immédiate, les lois électorales. Cette loi, comme celle 
du 26 août 1878, fut accueillie par les catholiques 
avec une vive hostilité. Ils lui reprochèrent 

(4) Cette loi fut promulguée le 4^'' juillet 4879. 



Introduction — 1879 107 



d'amener la suppression d'un grand nombre 
d'électeurs et de rompre, au profit exclusif de 
l'opinion libérale, l'équilibre électoral établi entre 
les villes et les campagnes. L'ensemble du projet 
fut adopté, le 14 juillet, par un vote de gauche 
contre droite, par soixante - neuf voix contre 
soixante (1). 

Plusieurs lois importantes sortirent encore à cette 
époque des débats de la Chambre : telles sont 
la loi sur les marques de fabrique, votée le 
7 février 1879 (2) ; la loi approuvant la convention 
monétaire conclue entre la Belgique, la France, la 
Grèce, l'Italie et la Suisse, votée le 1 1 mars (3); la 
loi accordant la qualité de Belge aux personnes qui 
avaient omis de remplir à l'époque de leur majorité 
les formalités légales, votée le M mars (4); la loi 
revisant et codifiant les lois postales, votée le 
1 8 mars (3) ; la loi accordant des crédits spéciaux 
de 101,410,000 francs pour l'exécution de travaux 
publics, votée le 23 juillet (6;. 

La discussion du budget du ministère des affaires 
étrangèi-es mit le parti lil^éral en demeure de se 
prononcer sur le maintien de la légation belge au 
Vatican, qu'il avait combattu quand il se trouvait 
dans l'opposition. M. Frère-Orban déclara que, lors 
de la formation du cabinet, ses collègues et lui 

(1) Loi du 26 juillet 4 879. 

(2) Loidu4eravriH879. 

(3) Loi du 3i mars 1879. 

(4) Loi du -ler avril 1879. 

(5) Loi du 30 mai 1879. 

(6) Loi du 4 août 4 879. 



io8 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

avaient été unanimes à reconnaître qu'il n'y avait 
pas lieu de conserver un envoyé belge auprès du 
Saint-Père, mais que leur opinion s'était modifiée 
depuis par des raisons d'intérêt public ; toutefois, 
l'avenir n'était engagé en rien. Le ministre des 
affaires étrangères demandait en même temps à la 
gauche de voter les crédits nécessaires, afin de ne 
pas affaiblir le gouvernement à la veille des 
élections. Plusieurs députés libéraux, tout en com- 
battant le principe d'une légation près du Vatican, 
consentirent, par des motifs d'opportunité électo- 
rale, à accorder les sommes demandées. Au vote, 
on ne compta que huit opposants et deux absten- 
tions. 

M. Bara, ministre de la justice, déposa, le 11 dé- 
cembre 1879, sur le bureau de la Chambre un 
projet de loi concernant les enquêtes parlementaires. 
Ce projet réglait le droit d'enquête conféré à la 
Législature par l'arûcle 40 de la Constitution (1). 
Il donnait aux commissions d'enquête instituées 
par les Chambres et aux Chambres elles-mêmes, 
ainsi qu'à leurs présidents, les pouvoirs attribués 
aux juges d'instruction par le Code d'instruction 
criminelle et imposait aux témoins, interprètes et 
experts les mêmes obligations, sanctionnées par les 
mêmes peines, que devant le juge d'instruction. 
Ce n'est pas sans peine que le gouvernement 
parvint à faire voter cette loi telle qu'il l'avait 
préparée. La droite s'y montra généralement 

(-1) « Chaque Chambre a le droit d'enquête. » 



Introduction — 1880 loq 



hostile et la section centrale y avait introduit de 
notables modifications. Soixanle-trois voix contre 
cinquante Padoptèrent dans la séance du 1 9 mars (i ). 

La Chambre allait bientôt user des droits dont 
elle venait de régler l'exercice. 

La discussion du budget du ministère de l'in- 
struction publique fut des plus violentes. La lutte 
scolaire sévissait avec intensité et avait amené une 
surexcitation très grande dans les esprits, aussi bien 
à la Chambre que dans le pays. Le ministère fut 
accusé par la droite.de fomenter la guerre civile par 
les mesures qu'il avait prises en vue de combattre 
l'érection des écoles libres. On l'accusa également 
de vouloir confisquer la liberté d'enseignement. 
Dans la séance du 20 janvier, M. Neujean déve- 
loppa une proposition d'enquête sur les efiets de la 
loi du 1" juillet 1879 et sur l'état de l'instruction 
primaire en général. La droite ne combattit pas 
moins cette enquête que le budget lui-même; 
M. Malou la qualifia d'immense folie politique 
et les députés catholiques désignés par la Chambre 
pour y prendre part refusèrent le mandat qu'on 
voulait leur conférer. Elle coûta 750,000 francs 
et n'aboutit en somme à aucun résultat appré- 
ciable. Elle fut discutée pendant la session de 
4881-1882, sans que les catholiques intervinssent 
dans les débats. 

Les travaux de celte session furent peu fructueux, 
car, en dehors des mesures législatives que nous 

(1) Loi du 3 mai 1880. 



no La Chambre des Représentants en 1894-1895 

venons de citer, nous ne trouvons à signaler que 
celle qui prorogeait la loi sur les étrangers (1) et qui 
fut votée par la Ghanabre le 8 mai 1 880, par cin- 
quante-deux voix contre trente et une et vingt-cinq 
abstentions. Là encore la question politique fit les 
principaux frais de la discussion. 

La démission offerte par le général Liagre de 
ses fonctions de ministre de la guerre fut acceptée 
le 21 juin 1880. M. Van Humbeeck se chargea de 
diriger provisoirement ce département. 

Les élections de 1 880 envoyèrent à la Chambre 
trente-neuf catholiques et vingt-six libéraux. La 
majorité se trouva toutefois conservée à la gauche. 
La session de 1880-1881 s'ouvrit le 9 novembre 
par un discours du Trône. La harangue royale | 
contenait la phrase suivante : « Des causes qui 
vous sont connues ont amené la rupture de nos 
relations avec le Vatican. » Cette phrase, qui, dans 
la discussion de l'adresse, devait donner matière à 
une bataille parlementaire prolongée, demande 
quelques explications. 

Les rapports diplomatiques avec le Saint-Siège 
avaient cessé le 5 juin. 

On se souviendra que, dans la session précédente, 
M. Frère-Orban, en se prononçant pour le main- 
tien de la légation belge près du Souverain-Pontife,! 
disait que le cabinet avait été amené à celte poli- 
tique par des raisons d'intérêt public. Ces raison^ 

consistaient dans l'espoir que le Saint-Père parvieni 

\ 

(i) Loi du 4 «^r juillet ^880. 



Introduction — 1880 



drait, en refrénant l'intransigeance de l'épiscopat, 
à calmer l'opposition que les catholiques faisaient 
à la loi scolaire. Le ministère avait obtenu que le 
Pape condamnât les attaques dont la Constitution 
était l'objet de la part de certains catholiques et il 
espérait que Léon XIII exercerait de même une 
influence pacifiante dans la lutte scolaire. Il voulait 
surtout que le Vatican désapprouvât le mandement 
donné le 12 juin 1879 par les évêqucs, mandement 
qui condamnait comme mauvaises toutes les écoles 
soumises à la loi de 1879. Mais le Souverain-Pontife 
se refusa toujours à lui accorder cette satisfaction, 
« Les évêques, disait déjà avant le vote de la loi le 
cardinal Nina, secrétaire d'Etat, sont indépendants; 
ce n'est que dans des cas exceptionnels et dans les 
circonstances les plus graves que le Pape leur 
adresse des observations. Il n'y a donc pas lieu 
d'intervenir lorsqu'il s'agit d'actes collectifs de 
l'épiscopat et que ces actes ont pour but de s'op- 
poser à une loi projetée dont les conséquences 
seraient fâcheuses pour l'influence de l'Église. » 
— « Son Eminence, écrivait M, d'Anethan, ministre 
de Belgique au Vatican, le 24 juin 1879, a ajouté 
que, quant à la partie dogmatique de ce document 
(mandement du 42 juin), il lui serait impossible d'y 
trouver rien à redire. » — « Rien dans ces décisions, 
disait encore le cardinal Nina, au mois de septembre, 
ne peut être incriminé sous le rapport de la doc- 
trine. » Le Saint-Siège ne se refusait toutefois pas à 
donner aux évêques des conseils de modération. 
Tout en admettant la condamnation en masse des 



112 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

écoles, il pensait que le refus des sacrements ne 
devait pas avoir un caractère général et absolu. 
« Sous le rapport de la doctrine, dit le cardinal 
Nina au baron d'Anethan, qui fit de ces paroles 
l'objet d'une dépêche datée du 5 octobre 1879, 
la lettre des prélats belges est parfaitement correcte; 
mais les conclusions tirées de principes justes peu- 
vent être conduites d'une manière inopportune 
et parfois poussées trop loin ; il me paraît que c'est 
le cas ici. » 

M. Frère-Orban voulut voir dans les termes de 
cette conversation une condamnation de la conduite 
des évêques et, dans la séance du 1 8 novembre 1 879, 
interpellé par M. d'Elhoungne au sujet de la 
correspondance échangée avec le Vatican, il soutint 
cette opinion devant la Chambre. A ce moment 
pourtant, il av^ait eu communication d'une dépêche 
adressée au nonce le 1 1 novembre par le cardinal 
Nina. Le Saint-Siège avait appris que le ministre 
des affaires étrangères accuserait, comme il le fit en 
effet, l'épiscopat d'être en désaccord avec le Pape, 
qu'il chercherait à confirmer son assertion en faisant 
usage des documents de Véchange de vues qui se 
faisait depuis quelque temps entre Bruxelles et le 
Vatican et qu'il conclurait à un blâme adressé par 
le Saint-Siège aux évêques. Léon XIII crut néces- 
saire de rejeter à l'avance ces conclusions par une 
communication expresse et d'enlever par là tout 
fondement à ce prétendu antagonisme. C'est dans 
ce but qu'il adressa le \ \ novembre au nonce, avec 
ordre d'en donner lecture et copie à M. Frère- 



Introduction — 1880 1 1 3 



Orban,une dépêche dans laquelle étaient expliquées 
les idées fondamentales qui avaient inspiré le 
Vatican et dans laquelle se trouvait en même temps 
démontrée la fausseté du désaccord que l'on 
supposait exister entre le Pape et l'épiscopat belge 
au sujet de la loi sur l'enseignement primaire. 

« Avant tout, disait cette missive, je me plais à 
rappeler que le Saint-Siège a toujours déploré la 
présentation, et beaucoup plus encore l'adoption, 
de la nouvelle loi sur l'enseignement, considérant 
celle-ci comme mauvaise en elle-même et capable 
de troubler la conscience des catholiques, surtout 
celle des évêques, auxquels il incombe de veiller 
à l'intégrité de la foi et de la saine morale des 
fidèles confiés à leurs soins. 

» Il demeure donc établi que, par la publicatio n 
de leur lettre pastorale et des instructions, les évêques 
ont satisfait à un rigoureux devoir, qui était 
d'avertir les fidèles et spécialement de préserv^er la 
jeunesse des conséquences funestes que ne peut 
manquer de produire l'exécution de cette loi. Par 
ces acles, ils n'ont pas proclamé de nouvelles 
doctrines ni une nouvelle morale; ils s'en sont 
tenus, au contraire, aux règles établies par le Saint- 
Siège pour des cas semblables, règles qui ont leur 
base dans la morale chrétienne, laquelle est en 
vigueur depuis que l'Eglise de Jésus-Christ existe. 
Il est donc absurde de penser que l'intervention 
du Saint-Père, dans cette question, dût viser à 
empêcher que les évêques parlassent ou tinssent 
un autre langage que celui que leur imposait leur 



114 ^A Chambre des Représentants en 1894-1895. 

propre devoir. Le Saint-Père sait trop bien que les 
évêques, après avoir reçu de lui leur mission 
légitime, sont libres dans leurs actes et dans le 
gouvernement du peuple qui leur est confié, con- 
formément aux saints canons; et alors seulement ils 
pourraient être réprouvés dans leurs actes s'ils 
s'écartaient de leurs devoirs et si, au lieu de diriger 
le troupeau et d'en prendre soin, ils le dispersaient 
et l'abandonnaient à la merci des bêtes féroces. Sur 
ce point, il est évident qu'il n'y a jamais eu et qu'il 
ne pourra y avoir dans l'avenir aucun dissentiment 
ni aucun désaccord entre les évêques et le Souverain- 
Ponlife; au contraire, il existe entre eux une par- 
faite uniformité de vues, les doctrines promul- 
guées par les évêques étant, comme il a déjà été 
indiqué, les doctrines établies par le Saint-Siège, 
Et, en effet, loin de faire des observations sous ce 
rapport, le Saint-Père a, au contraire, en plusieurs 
occasions, approuvé les vues de l'épiscopat belge 
comme répondant aux exigences de la situation 
dans laquelle se trouvent les catholiques en présence 
de la nouvelle loi. 

» L'intervention du Saint-Siège dans le cas dont 
il s'agit pouvait tout au plus consister en des conseils 
et des suggestions de prudence et de modération 
dans l'application pratique des instructions. Et, en 
fait, ces conseils ont été écoutés par les évêques, qui 
sont fermement résolus à les appliquer, ainsi que 
l'entendait le Saint-Siège, suivant les inspirations 
de leur conscience. » 

M. Frère-Orban refusa de recevoir officiellement 



Introduction — 1880 ii5 



communication de cette dépêche et déclara que, s 
elle n^était pas. retirée au moins provisoirement, il 
proposerait à la Chambre le rappel de la légation 
près du Vatican, Il prétendait que les assertions 
contenues dans ce document étaient en contradic- 
tion avec les déclarations officielles antérieures. Le 
Saint-Siège consentit à retirer la dépêche, considé- 
rant que c'était là un moindre mal que de voir sup- 
primer en ce moment la légation; il jugeait d'ail- 
leurs qu'elle avait produit l'effet moral qu'on en 
attendait, puisqu'elle avait fait connaître à M. Frère- 
Orban les principes qui avaient toujours inspiré la 
diplomatie pontificale dans Véchange de vues. 

Le ministre des affaires étrangères soutint néan- 
moins dans la séance du 1 8 novembre 1 879, comme 
nous venons de le dire, que le Pape condamnait la 
conduite de l'épisco pat. Les catholiques protestèrent, 
et une déclaration officielle du cardinal-archevêque 
de Malines affirma qu'aucun désaccord n'existait 
entre Léon XIII et les évêques. Le Saint-Père lui- 
même, dans une lettre qu'il adressa le 2 avril 1880 
à M*^"^ Dechamps, loua hautement les catholiques 
belges qui avaient courageusement correspondu au 
zèle de leurs pasteurs en concourant, au prix de 
grands sacrifices, à ouvrir de nombreuses écoles 
« afin d'empêcher les conséquences désastreuses de 
la récente loi scolaire, totalement opposée aux prin- 
cipes et aux prescriptions de l'Église catholique ». 
M. Frère-Orban voulut dissiper toute équivoque 
et il écrivit, le 7 avril, à M. le baron d'Anethan, 
ministre de Belgique au Vatican, une dépêche qui 



ii6 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

devait être communiquée au cardinal secre'taire 
d'Etat, par laquelle il demandait au Saint-Siège de 
déclarer catégoriquement que, s'il existait un accord 
réel entre lui et Tépiscopat, il l'affirmât d'une ma- 
nière claire et précise et qu'il assumât la respon- 
sabilité des conséquences découlant de la lutte 
ouvertement engagée entre l'Eglise et l'Etat ; que 
si;, au contraire, Rome désapprouvait la conduite 
des évêques dans la question de l'organisation des 
écoles, le Saint-Père fît cesser tout malentendu et 
imposât obéissance à ses ordres. 

Le désir de M. Frère-Orban fut bientôt satisfait. 
Le cardinal secrétaire d'Etat répondit, par une 
dépêche du 3 mai adressée au nonce de Bruxelles 
pour être portée à la connaissance du ministre 
des affaires étrangères, que participer à un système 
d'instruction blâmable en lui-même était un acte 
défendu non moins par les principes de la morale 
catholique que par la morale naturelle; que 
l'épiscopat belge, en s'opposant aux conséquences 
désastreuses de la nouvelle législation, avait bien 
mérité de la cause catholique; que, dans l'impos- 
sibilité de distinguer, en général, entre écoles 
et écoles, après la nouvelle organisation que la loi 
venait d'y introduire en Belgique, il ne restait 
d'autre expédient que de dispenser dans les cas 
particuliers que l'on jugerait exempts des périls 
redoutés; que de Rome viendraient toujours des 
conseils pratiques de prudence et de modération 
dans l'application des peines ; que les évêques les 
avaient accueillis avec déférence et docilité et 



Introduction — 1880 



avaient prouvé qu'ils les suivaient en accordant, 
dans les circonstances spéciales, de nombreuses 
dispenses et en adoptant des tempéraments conve- 
nables. 

A cette réponse formelle, qui dissipait tout 
malentendu, M. Frère- Orban opposa une longue 
dépêche en date du 18 mai, dans laquelle, après 
avoir répété ses déductions tirées de V échange de 
vues, il concluait « qu'un autre esprit avait présidé 
jusqu'ici à nos rapports avec le Vatican ». Il 
ajoutait que la lettre du Pape au cardinal-arche- 
vêque de Malines semblait mettre en contradiction 
le Saint-Siège avec lui-même; enfin, il combattait 
la dernière dépêche du cardinal secrétaire d'Etat, 
en alléguant l'exemple des autres pays, où l'ensei- 
gnement neutre avait été prescrit sans que le 
clergé le combattît, comme en Belgique; il con- 
cluait que, le système politico-libéral étant actuel- 
lement en vigueur dans ce pays, le clergé devait 
se montrer, lui aussi, respectueux envers la majesté 
des lois. 

Sans attendre la réponse à sa lettre du 18 mai et 
après avoir eu divers entretiens avec le nonce, le 
ministre des affaires étrangères annonça, le 5 juin, 
au baron d'Anethan le rappel de la légation belge. 
On comprend l'émotion que cet acte souleva 
dans notre pays et combien il donna plus d'acuité 
encore aux luttes politiques déjà très intenses. Dans 
la discussion de l'adresse en réponse au discours 
du Trône, les députés de la droite se firent l'écho 
du mécontentement éprouvé par leur parti. Les 



ii8 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

discours que la Chambre entendit à cette occasion 
commencèrent le 10 novembre 1880; ils se prolon- 
gèrent sans interruption jusqu'au 8 décembre 
suivant. Les catholiques accusèrent le ministre des 
affaires étrangères de duplicité, tandis que ce 
dernier renvoyait au Saint-Siège le reproche qu'on 
lui adressait. Cette accusation fit le fond du débat, 
chacune des deux parties cherchant à prouver son 
allégation en analysant les dépêches échangées 
enire la Belgique et le Vatican. 

L'adresse donna encore lieu sur d'autres points à 
de violentes batailles parlementaires. Il en fut de 
même de plusieurs budgets, notamment de celui de 
l'intérieur, de celui de la justice et de celui de l'in- 
struction publique. La discussion du budget de 
la guerre provoqua la démission de M. Guillerj 
comme président de la Chambre (1). Il fut remplacé 
par M. Descamps. 

(1) Voici, d'après le Compte rendu analytique, comment cette démission 
fut provoquée. Le budget de la guerre venait d'être voté. Un grand 
nombre de membres de la droite, s'étant abstenus, furent invités à donner 
les motifs de leur attitude : 

a M. Wasseige, en donnant lecture de ses motifs d'abstention, dit qu'il 
y a des actes de M. le ministre de la guerre qui sont blâmés par l'armée. 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — Il n'est pas 
permis de dire que l'armée blâme le ministre de la guerre. 

» M. Wasseige. — Je dis que les actes de parti de M. le ministre de la 
guerre sont blâmés dans l'armée. 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — Je vous interdis 
de tenir ce langage. 

» M. WoESTE, motivant h son tour son abstention, dit qu'il y a divers 
actes de parti que l'armée a blâmés. 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — Vous n'avez 
pas le droit de parler ainsi de l'armée. L'armée n'est pas admise à 
délibérer. (C'est cela! Approbation à gauche,) 

» A gauche : A l'ordre M. Woeste ! {Tumulte à droite,) 



Introduction — 1881 



119 



Le gouvernement continua ses réformes scolaires 
en faisant voter, le 8 avril 1881, par soixante-huit 
voix contre quarante- six, c'est-à-dire gauche 
contre droite, un projet de loi sur renseignement 
moyen, qui modifiait sensiblement la loi de 1850. 
Il édictait l'étaJDlissement de dix-neuf athënées et de 
cent écoles moyennes au minimum, permettait le 

» M. le général Gratrv, ministre de la guerre. — A l'ordre! Vous n'avez 
pas le droit d'outrager l'armée. 

» M. WoESTE. — Je ne comprends pas, véritablement pas... (Pro/es- 
tations à gauche. C'est indigne î A Tordre!) Je n'ai pas dit que l'armée 
aurait délibéré. . . 

» M. Bouvier. — Vous avez parlé de blâme. 

» M. WoESTE. — Je n'ai pas dit que l'armée aurait délibéré et qu'en 
délibérant elle avait blâmé son chef; mais je suis convaincu qu'elle ne l'a 
pas approuvé. 

» M. LE PRÉSIDENT. — L'armée belge a trop le sentiment de ses 
devoirs pour blâmer son chef. {Très bien !) 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — Il est contraire 
à l'ordre public de venir dire ici que l'armée aurait blâmé son chef. 
(Bravos à gauche.) C'est un langage anarchique. Je demande formelle- 
ment le rappel à l'ordre. (Applaudissements à gauche,) 

» M. le président — Monsieur Woeste, je vous engage à retirer vos 
paroles par déférence pour le président... 

» M. Janson. — ...et pour la Chambre. 

» A gauche : Non ! non ! A l'ordre ! à l'ordre ! 

» M. le président. — L'armée obéit à ses chefS) elle n'a pas à apprécier 
les paroles et les actes de qui que ce soit. 

» Je parle au nom de la Chambre et du pays et je répète que M. Woeste 
ferait mieux de retirer les paroles prononcées dans l'exposé des motifs de 
son abstention. Je l'invite de collègue à collègue à retirer ses paroles dans 
l'intérêt de tous. 

» La parole est à M. Jacobs. 

» M. Clin. — 11 n'est pas en cause. 

» M. Jacobs. — Il n'est pas possible que M. Woeste relire ses paroles 
sous la menace du rappel à l'ordre de la gauche. 

» M. le président. — 11 n'est pas question de rappel à l'ordre. J'ai 
engagé M. Woeste, par déférence pour le président, à retirer ses paroles. 

» M. Jacobs. — Je n'ai pas à intervenir... 



120 La Chambre des Représentants en 1894-1893 

maintien des collèges patronnés existants, mais 
interdisait d'en établir d'autres. Le gouvernement 
pouvait créer ces nouveaux établissements sans 
devoir demander l'assentiment des communes. 
Celles-ci étaient autorisées à établir des écoles 
moyennes; mais, pour les supprimer, l'assenti- 
ment du gouvernement leur était nécessaire. Les 

» M, LE PRÉSIDENT. — Vous intervenez pour engager M. Wocste à ne 
pas retirer ses paroles? 
» M. Jacobs. — Vous avez mal compris, monsieur le président. 
» M. LE président. ^- Expliquez- vous. 

» M. Jacobs. — Il me paraît évident que nous avons le droit de dire 
dans nos discussions que le gouvernement est en désaccord avec le pays. 
(Bruit à gauche,) 

» Nous avons le droit dédire que le chef d'un département froisse ses 
subordonnés. Nous pouvons dire cela à tort ou à raison. {Nouveau bruit,) 
Mais notre droit doit être sauf. Qu'on ne conteste pas le droit de M. Waeste. 
S'il s'agissait d'égards {non ! à gauche)^ il faudrait suivre l'opinion de M. le 
président. Mais, je le répète, qu'on ne conteste pas le droit de M. Woeste. 
» M. le président, — II n'y a ici en cause que le président et j'engage 
itérativement M. Woeste à retirer ses paroles, sans ombre de menaces. 

» M, Woeste. — Je suis prêt à retirer mes paroles, ayant Ihabitude 
d'avoir la plus grande déférence pour M. le président. Je les retire donc en 
tant qu'expression, mais je ne les retire pas en tant qu'exprimant mon opi- 
nion. (T'î/mw/fe à gauche.) 

M M. Bouvier. — Escobarî {Le bruit continue.) 

» M. Frèrb-Orb AN,, ministre des affaires étrangères. — 11 est de toute 
impossibilité d'admettre la théorie qui vient d'être exposée et de dire au 
chef du département de la guerre que Tarmée te désavoue, le blâme. 

» Un pareil langage est contraire à l'ordre; un pareil langage estanar- 
chique; c'est une provocation à la révolte. {Protestations à droite.) 

« Si les membres de la Chambre avaient le droit de parler ainsi au nom de 
l'armée, qui ne leur a pas donné mandat, tout le monde, dans l'armée, 
aurait le droit de parler comme vous le faites et de dire au ministre : Vous 
avez été blâmé. M. Woeste l'a dit à la Chambre! Je maintiens ma 
demande de rappel à l'ordre. ( Très bien ! à gauche.) 

» M. LE PRÉSIDENT. — En préscncc des explications données par 
M. Woeste, je crois qu'il n'y a pas lieu de le rappeler à l'ordre. {Violentes 
protestations à gauche.) 



Introduction — 1881 



professeurs devaient être choisis parmi les élèves des 
écoles normales de l'Etat. La nouvelle loi décidait 
également la création de cinquante écoles mo^^ennes 
pour jeunes filles. Les programmes des cours subis- 
saient diverses modifications (1). 

Le vote de cette loi fut suivi, le 17 juin, de la 
discussion d'une loi sur les naturalisations. D'après 
la loi de 1835, la naturalisation ordinaire conférait 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — J'ai le droit 
constitutionnel de demander le rappel à l'ordre, et si la Chambre décide 
qu'il y a Heu au rappel à l'ordre, celui-ci doit être prononcé. {Très bien! 
Applaudissements à gauche.) 

» M. -LE PRÉSIDENT. — Je nc mets pas le rappel à l'ordre aux voix. {Mou- 
vement.) Le président seul a le droit de rappeler à l'ordre. [Protestations.^ 
Soyez tranquilles, ma démission est donnée. Vous ferez demain ce que vous 
voudrez. {Sensation prolongée.) 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — C'est trop fort! 

» M. LE PRÉSIDENT. — La parole est à M. Beernaert pour donner les 
motifs de son abstention. 

» M. Beernaert et plusieurs autres membres font connaître les motifs 
de leur abstention. " 

» M. le président. — Ayant l'honneur de présider la Chambre pour la 
dernière fois, je tiens à expliquer ma conduite. 

» Je remercie la Chambre du concours qu'elle m'a donné depuis 
trois ans. En présence de ma proposition et de l'accueil qu'elle a reçu de la 
part de la majorité, je ne puis continuer à occuper le fauteuil. 

» Je reconnais parfaitement que, dans un pays constitutionnel, la direc- 
tion de la politique parlementaire appartient au chef du cabinet, mais je ne 
lui reconnais pas le droit d'empiéter sur les prérogatives du président de 
la Chambre. Celui-ci a droit au respect de tous tant qu'il reste dans le cercle 
de ses attributions. 

» On m'a demandé une chose qu'on n'avait jamais demandée depuis 
cinquante ans que nous avons notre régime parlementaire. On m'a 
demandé de mettre aux voix un rappel à l'ordre. Du reste, en supposant 
que le rappel à l'ordre eût été voté, j'aurais également donné ma démission. 

» Je la donne donc sans esprit de retour^ et j'emporte dans ma retraite 
des souvenirs de reconnaissance et de gratitude pour tous mes honorables 
collègues. [Très bien! Applaudissements à droite.) Je déclare la séance 
levée. » 

(4) Cette loi fut promulguée le 45 juin 1 88t . 8 



122 La Chambre des Représentants en 1894-1895. 

les droits civils et politiques, à l'exception de 
l'électorat et de l'éligibilité, et la grande naturalisa- 
tion n'était accordée que pour services éminents 
rendus au pays, La loi du 6 août 1881 statua que 
la naturalisation ordinaire conférerait à l'étranger 
tous les droits civils et politiques attachés à la 
qualité de Belge^ à l'exception des droits politiques, 
pour l'exercice desquels la Constitution et les lois 
exigeaient la grande naturalisation, et qu'elle serait 
accordée à ceux qui auraient accompli leur vingt et 
unième année et qui auraient résidé pendant cinq 
ans en Belgique. Les catholiques combattirent cette 
loi parce qu'elle donnait le droit électoral à un 
grand nombre d'étrangers, qui, surtout à Anvers, 
prenaient part aux luttes politiques et que l'on 
croyait en majorité libéraux. Trois membres de la 
gauche, MM. Janson, De Fuisseaux et S(*ailquin, 
la désapprouvèrent également et s^abstinrent au 
vote. Le premier expliqua ainsi son attitude (i) : 

« Je tiens à motiver mon vote. Le gouvernement a 
déclaré, en présentant le projet, qu'il n'avait pas de 
préoccupations électorales. Quant à moi, j'avoue 
que j'en ai et que, si la loi était votée, il me serait 
impossible d'introduire dans la famille électorale 
des ultramontains, des hommes qui ont juré respect 
au Syllabus dans la vie publique et dans la vie 
privée. (Mouvement à droite.) 

» Voilà ma préoccupation électorale : vous 



{\) Nous donnons les motifs de l'abstention de M. Janson d'après le 
Cojnpte 7'endu analytique . 



Introduction — 1881 i23 



reconnaîtrez au moins ma franchise, (^approbation 
à droite.) 

» Je pense, quant à moi, que les Belges doivent 
passer avant les e'trangers et, après avoir longtemps 
délibéré avec moi-même, je déclare qu'il m*est 
impossible de voter le projet, et je m'abstiendrai. 
(Sensation.) 

» Je comprends que, dans des pays de suffrage 
universel, on se montre très large pour l'octroi de 
la grande naturalisation. Mais, étant donnés notre 
suffi-age restreint et la composition de notre corps 
électoral, je ne puis admettre qu'on accorde le droit 
électoral aux étrangers, alors qu'il est refusé à tant 
de Belges qui en sont dignes. (Mouvement en sens 
divers.) 

» Je songe avec douleur à tant de nos com- 
])atriotes qui sont exclus du droit électoral et qui 
devraient passer avant les étrangers. 

» Je ne vois dans le projet qu'une mise en 
demeure du gouvernement vis-à-vis de lui-même 
de prononcer une large réforme électorale. 

» Vous reconnaîtrez enfin qu'il est impossible de 
maintenir le régime censitaire. 

» En avant donc pour la réforme électorale, non 
pas pour les étrangers, mais pour les citoyens 
belges! » 

Une nouvelle loi électorale — la quatrième pro- 
posée par le ministère libéral depuis son arrivée au 
pouvoir — fut encore votée au cours de cette session. 
Son but apparent était de supprimer, au profit des 
cours d'appel, la juridiction contentieuse des 



124 ^^ Chambre des Représentants en 1894-1895 

députations permanentes en matière électorale; 
maïs elle contenait encore d'autres dispositions qui 
concernaient les bases du sens exigé pour être 
électeur. Celte loi décidait, dans son article 21, 
que, pour payer patente, il faudrait que le com- 
merce, la profession, l'industrie, le métier, le 
débit, fussent exercés désormais habituellement. 
La loi organique du 21 mai 1819 ne contenait pas 
cetle stipulation. De toul temps, l'administration 
avait imposé des patentes à des gens de la cam- 
pagne pour des actes de commerce plus ou moins 
accidentels; désormais, on les exonérait de la taxe, 
mais on leur enlevait en même temps le droit de 
vote. 

La droite trouva, pour faire opposition à cette loi, 
des alliés dans M. Janson et les autres radicaux de 
la Chambre. Cette circonstance devait faire des 
débats qui s'ensuivirent une des batailles les plus 
mémorables de notre histoire parlementaire. Nous 
en empruntons le récit à M. Edmond Picard (1) : 

« Au mois de juin 1881, à l'occasion de l'une des 
lois électorales de parti dont nous avons précédem- 
ment rendu compte, il (M. Janson) annonça, à la 
joie des uns et à la consternation des autres, qu'il 
allait entrer en campagne. On essaya de lui barrer 
la route. Le 29 juin 1881 eut lieu qne réunion offi- 
cieuse de la gauche, où furent présents les ministres. 
On parla pour le décider à rester dans l'inaction et 
le silence. Il répondit: « Comment! depuis trois 

(\) Histoire d'une réforme législative, Cfr. Pandectes belges, 
tome VI II, page lviii. 



Introduction — 1881 



» ans, nous contenant avec peine, nous cédons à 
» toutes vos exigences doctrinaires! Nous avons 
» souscrit, par condescendance, a vos combi- 
» naisons sur les chevaux mixtes et les foyers. 
» Nous espérions, nous nous plaisions à espérer 
» que vous créeriez autant d'électeurs nouveaux 
» que vous en supprimiez... Nous espérions tou- 
» jours des concessions de votre part : espoir 
» toujours déçu! Nous vous avons tout donné; 
» vous ne nous avez rien rendu! D'intransigeants, 
» ici," il n'y a que vous, — et votre intransigeance 
» est la pire de toutes, car c'est l'intransigeance 
» de l'inertie... Depuis 1878, nous ne faisons pas 
» autre chose que céder. Avez-vous fait de même? 
» Vous avez tout voulu, et vous avez tout eu. Nous, 
» qu'avons-nous obtenu de vous?... Rien!... » 

» Il se retira, résolu à la guerre, et déposa un 
amendement qui tendait à conférer le droit de suf- 
frage, pour la province et la commune, à tout Belge 
de 21 ans sachant lire et écrire. Avec lui signaient 
MM. Antoine Dansaert, A. Demeur et L. Hans- 
sens (de Liège). 

» Il prononça, le {"juillet 1881, le premier dis- 
cours à l'appui de son amendement. Le ton de ce 
morceau se signale par sa modération : « La cause 
» que je défends est assez belle, dit-il, assez grande, 
» pour que je descende jusqu'aux supplications, 
» jusqu'à la prière. » Et il représentait que rien ne 
manquait au gouvernement pour faire lui-même la 
réforme, rien qu'un peu de bonne volonté; qu'il 



126 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

avait ia force, Pénergie, le talent, l'ascendant sur 
une majorité qui le suivrait partout. Il le conviait 
à prendre lui-même en main cette noble cause. Il 
assurerait ainsi à son parti une force nouvelle qui 
lui vaudrait la victoire. Il lui demandait si, dans 
ce droit de suffrage, accordé comme complément 
de l'instruction acquise, il n'y avait rien qui pût 
séduire sa raison et entraîner son cœur. Il ne pou- 
vait croire que le cabinet, possédant dans son sein 
des hommes qui avaient adhéré aux principes qu'il 
défendait, se refuserait à prendre l'engagement de 
résoudre cette question, sinon aujourd'hui, au 
moins au plus tard dans la session prochaine, d'une 
façon large, généreuse, démocratique. Il ajoutait 
enfin : « Avant de donner mon vote au gouverne- 
» ment pour améliorer un système que ma raison et 
» ma conscience condamnent, j'attendrai qu'il dise 
» au pays s'il entend s'enfermer dans une intransi- 
» geance absolue, s'il prétend que les Belges 
» instruits, sauf à déterminer le degré d'instruction, 
» sont indignes d'exercer le droit électoral. Et s'il 
» déclare qu'il n'adhère pas à l'idée d'une pareille 
» réforme, s'il se refuse à la faire sienne dans la 
» mesure que j'ai déterminée, ce cabinet n'aura pas 
» mon vote. » 

» Les représentants (1) disposés à voter contre le 
projet gouvernemental étaient comptés : ils étaient 
sept, et leur accord contre le ministère devait suffire 
à faire rejeter la loi proposée par celui-ci. 

(]) Les représentants libéraux. 



Introduction — 1881 



» M. Graux répondit à M. Janson à la séance du 
o juillet 1881 . Son thème fut celui-ci : Le ministèi-e 
a pour le moment d'autres mesures à réaliser. En y 
entrant, ceux qui le composent se sont engagés à 
les accomplir d'abord. La réforme électorale viendra 
plus tard. Pour ma part, j'ai réservé à cet égard 
mon opinion. Je combats donc la proposition de 
M. Janson uniquement dans le présent et comme 
inopportune. 

» M. Janson reprit la parole le 8 juillet. 

» On lui avait opposé la nécessité de se consacrer 
avant tout à la réforme scolaire. « L'activité du 
» parti libéral, dit-il, ne doit pas se concentrer 
» d'une manière exclusive sur les questions d'ensei- 
» gnement. Quelque grandes qu'elles soient, elles 
» ne doivent pas devenir une sorte de narcotique 
» qui l'endormirait dans tous les autres domaines 
» de la politique, » On lui avdit reproché de se 
coaliser avec la droite. « Oui, répondit-il, il y a une 
» coalition certaine, incontestable, profondément 
» honnête. Il y a la coalition entre ceux qui, dans 
» cette Chambre, réclament l'extension du droit 
» électoral à tous les Belges qui en sont dignes et 
» qui en sont injustement privés. Coalition puis- 
» santé, redoutable, coalition réellement invincible, 
» car elle a ceci de particulier, qu'elle trouve des 
» complices jusque dans le camp des privilégiés. » 
On avait parlé de défection. « Messieurs, s'écria- 
» t-il, je ne savais pas encore que la fidélité au 
» drapeau consiste à trahir les principes qu'on a 



128 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

» toujours défendus. » Rappelant une objurgation 
contenue dans son premier discours : « Je me suis 
» adressé à votre raison et à votre cœur. Jusqu'ici, 
» votre cœur n'a pas encore répondu et votre raison 
» ne m'a pas déduit les motifs devant lesquels la 
» mienne devrait s'incliner. » Puis aussi : « Eh 
» quoi ! lorsque nous aurons formé des ciloyens 
» instruits, nous commettrions cette incrovable 
» inconséquence et cette faute incompréhensible 
)) de les exclure du corps électoral? Est-ce là ce que 
» vous voulez? Pourquoi chercher à répandre l'in- 
» struclion dans le pays et y consacrer toutes les 
» ressources que nous avons votées et que nous 
» voterons encore, si ces mesures doivent rester 
» stériles au point de vue de l'avènement de nou- 
» veaux citoyens à l'exercice des droits politiques?... 
» Défendez votre système censitaire, mettez à son 
» service toutes les ressources de votre habileté, de 
» votre éloquence, rien n'y fera : il périra, parce 
» qu'il est basé sur l'iniquité et l'injustice, et l'ini- 
» quité et l'injustice sont fatalement condamnées 
» à périr... Nous avons, nous, cette conviction 
» profonde, qu'un parti meurt par l'inertie, la tor- 
» peur, et que c'est le sauver que de l'entraîner dans 
» les voies d'une politique féconde, large et géné- 
» reuse. » Comme l'orateur disait : a On a eu la 
» folle, la téméraire pensée de croire que, par la 
» perspective de l'arrivée du parti catholique au 
» pouvoir, on pourrait nous réduire à l'obéis- 
» sance...» M. Demeur s'écria : « Menace hon- 
» teuse! » M. Frère reprit : « C'est votre menace 



Introduction — 18 



» qui est honteuse et j'en ferai justice! » annonçant 
ainsi qu'il allait, à son tour, se jeter dans la lutte. 

» Après cette séance, Bruxelles fut en efferves- 
cence. Oncommenlait l'éventualité d'unecrise minis- 
térielle, la chute du cabinet, la nomination d'un 
ministère progressiste acceptant de dissoudre les 
Chambres et de faire un appel au pays sur la 
réforme électorale. On prêtait à M. Janson et à son 
groupe la pensée, s'ils obtenaient le pouvoir, de 
s'adresser directement aux 1,500,000 non-censi- 
taires et de leur demander de contribuer, par des 
manifestations universelles, mais pacifiques, à 
forcer la main au pays légale c'est-à-dire aux 
118,426 citoyens investis du droit de vote à cette 
époque. Le groupe officiel soutenait, en effet, que 
l'opinion publique était indifférente. 

» C'était un vendredi. La continuation de la dis- 
cussion fut renvoyée au mardi 12 juillet. La presse, 
à Bruxelles, et surtout en province, éclata en récri- 
minations, en reproches, en menaces. M. Janson 
fut attaqué avec violence. On le représenta comme 
le fléau du parti libéral. Par une question inoppor- 
tune, il le menait à sa perte. C'était, pour les uns, 
un déserteur et un traître; pour les autres, un 
insigne maladroit et un fou. Son devoir, disait- on, 
était de reculer, de faire amende honorable, de ren- 
trer dans les rangs, de se taire, d'attendre son 
pardon. 

» Quand vint le mardi, M. Frère prit la parole. 
Avec cette dignité, cette noblesse de langage, cette 
autorité, cette inébranlable fermeté surtout qui 



i3o La Chambre des Représentants en 1894-1895 

sont les caractérisriques de cet homme ëmînent et 
qui lui ont valu, à si juste titre, la primauté dans 
son parti, y mêlant cette fois, comme plus tard à 
Liège, une certaine amertume de se voir attaqué et 
mis en échec à la fin de sa glorieuse carrière, il 
exposa les principes de la politique doctrinaire, ce 
qu'il croyait être ses bienfaits, le danger de la 
modifier. Il atteignit les hauteurs où monte aisément 
celui qui peut dire : « Je n'ai jamais changé; ce 
» que je défends aujourd'hui, je l'aimais aux jours 
» de ma jeunesse; ne me demandez pas deconces- 
» sion, je mets mon honneur à mourir comme j'ai 
» vécu. » 11 dit aussi : « On veut que nous fassions 
» acte de foi et hommage à la capacité. Nous devons 
j) prendre l'engagement d'examiner dès mainte- 
» nant, et de présenter dans la session prochaine, 
» un système électoral basé sur cette capacité. Sur 
» ce point, l'honorable M. Janson est intraitable. 
» Eh bien, je dois le dire, il naura du cabinet ni 
» cet acte de foi et hommage, ni cet engagement. » 
» M. Janson répondit le lendemain. Il arrivait à 
la Chambre résolu à céder, et ses amis étaient 
d'accord avec lui pour mettre bas les armes. « Nous 
» avons écouté avec une attention soutenue, dit-il, 
» le discours de l'honorable ministre; nous l'avons 
» lu, pesé, examiné, et nous sommes arrivés à cette 
» conviction que, en présence du langage qui a été 
» tenu dans la séance d'hier, notre opposition 
» n'avait plus de raison d'être... L'honorable chef 
» du cabinet nous a dit, et c'est ce langage qui 
» nous a convaincus, qu'il n'y a pas de non possu- 



Introduction — 1881 ' i3* 



» mus^ qu'il n'y a pas de non volumus et qu'il y a 
» lieu de délibérer. N'est-ce pas un hommage rendu 
» par le chef du cabinet lui-même à l'importance, 
» a la gravité de la question que nous avons eu 
» l'honneur de soulever dans cette enceinte? Il y a 
» lieu de délibérer ^ nous avons entendu ces paroles, 
» le pays les retiendra... Puisque le gouvernement 
» flous dit quHl la prendre la question en main^ 
» qu'il en délibérera, il parviendra certainement 
» à nous apporter une solution qui écartera toute 
» éventualité d'un dissentement ultérieur. » 

» M. Frère, prenant ses avantages, interrompit 
en s'écriant : « Non! non! j'ai dit que nous délibé- 
» rerions sur le projet que pourrait présenter la 
» section centrale. » Et il accentua, en ajoutant dans 
la même séance : « Je n'ai pas dit que le gouver- 
» nement prendrait en main la question de la 
K réforme électorale. Le gouvernement ne prend 
» pas cette question en main. Le gouvernement ne 
w s*est pas engagé et ne saurait s'engager. Il 
» persiste à déclarer qu'il ne saurait s'engager à 
» apporter à la Chambre une proposition de loi 
» basée sur la capacité. » 

» Etait-il possible à M. Janson de s'indigner et 
de dire : Eh bien ! s'il en est ainsi, rien n'est fait. 
Remontons en selle et qu'on sonne la charge? 
L'habileté et l'opiniâtreté avaient triomphé des 
hésitations progressistes. » 

M. De Fuisseaux seul refusa de suivre M. Janson 
dans cette retraite: il donna sa démission de membre 
de la Chambre. 



132 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

La loi fut volée le 1 5 juillet 1 88 1 par soixante-cinq 
voix contre quarante-sept (loi du 30 juillet 1881). 

Des votes du 22 décembre 1880 et du 23 fé- 
vrier 1881, ratifiant un traifé de commerce 
signé entre la Belgique et la Roumanie (loi du 
14 mars 1881) et une convention conclue avec 
l'Espagne pour la protection de la propriété artis- 
tique et littéraire (loi du 18 mars 1881) sont, avec 
ces lois politiques, les seuls actes législatifs impor- 
tants qui attirèrent l'attention de la Chambre 
pendant la session de 1880-1881. 

Celle de 1881-1882 fut plus calme que la précé- 
dente, bien que les querelles de parti vinssent 
maintes fois encore troubler les délibérations. La 
Chambre vota le 8 décembre 1881 la loi sur les faux 
dans les bilans de sociétés (1), le 9 décembre la loi 
sur la chasse (2), le 10 décembre la loi sur la pêche 
fluviale (3), le 22 décembre la prorogation de la 
loi sur les étrangers (4), le 26 janvier 1882 la rati- 
fication d'un traité de commerce avec la France (5), 
le 4 mai la loi augmentant le nombre des membres 
de la Chambre des représentants (6) et le 1 2 mai 
des crédits de 64,286,000 francs pour des travaux 
d'utilité publique (7). Elle prit en considération, 
le 8 février, une proposition de loi de M. Malou 

(4) Loi du 26 décembre 488-1. 
,2) Loi du 28 février 4882. 

(3) Loi du 49 janvier 4883. 

(4) Loi du 2 janvier 4882. 

(5) Loi du 43 mai 4882. 

(6) Loi du 9 mai 4882. 

(7) Loi du 24 mai 4882. 



Introduction — 1882-1883 m33 

étendant le droit de suffrage dans les limites 
constitutionnelles. Elle consacra le reste de ses 
séances à examiner les budgets et à discuter 
l'enquête scolaire, discussion à laquelle les catho- 
liques, comme nous l'avons déjà dit, ne prirent 
aucune part. L'ordre du jour suivant fut voté par 
la Chambre le 10 mai 1882 : 

« La Chambre : 

» Constatant qu'aucune voix ne s'est élevée pour 
disculper le clergé catholique et l'épiscopat des 
actes odieux qu'ils ont commis ou inspirés dans le 
but d'entraver l'exécution d'une loi du pays; 

» Approuvant l'usage que la commission d'en- 
quête a fait des pouvoirs constitutionnels que la 
Chambre lui a délégués, 

» Invite la commission à poursuivre et à achever 
sa mission. » 

La session de 1882-1883 affirma dans le parti 
libéral les dissensions qui avaient commencé déjà à 
se manifester antérieurement et qui devaient s'ac- 
centuer davantage de jour en jour. En plusieurs 
circonstances, la gauche radicale prit nettement ^ 
position contre le gouvernement. Elle vota notam- 
ment contre le budget de la guerre, parce que 
l'organisation et le système de recrutement de 
l'armée lui paraissaient défectueux. D'autres circon- 
stances lui fournirent l'occasion d'engager contre le 
ministère des combats qui devaient avoir plus de 
retentissement encore. 

On se rappelle que, dans la session précédente, 
répondant à M, Janson, M. Frère-Orban avait 



i34 La Chambre des Représentants en 1894-1893 

refusé de prendre rengagement de présenter un 
système électoral basé sur la capacité. Aussi 
Pétonnement fut-il profond à la Chambre lorsque, 
dans la séance du 5 juin 1883, le ministre 
des affaires étrangères déposa sur le bureau un 
projet de loi de réforme électorale pour la province 
et la commune, qui donnait le droit de vote aux 
personnes que l'on présumait jouir d'une certaine 
y capacité. C'était une victoire pour le parti radical, 
qui ne manqua point d'en faire état. Mais cela ne 
pouvait lui suffire et, le 19 juin 1883, le président 
communiqua à la Chambrç la proposition de loi 
suivante : 

(( Considérant que le régime électoral actuel est 
l'objet de critiques nombreuses et persistantes dont 
il y a lieu d'aborder résolument l'examen ; 

» Considérant que l'extension du droit de 
suffrage est réclamée par un grand nombre de 
citoyens, et notamment par une fraction impor- 
tante du corps électoral; 

» Considérant que les vices du régime existant 
sont d'une telle évidence que divers groupes du 
Parlement et le gouvernement lui-même ont succes- 
sivement présenté des projets de réforme; 

» Considérant qu'il y a en Belgique 241 ,999 élec- 
teurs provinciaux et 384,035 électeurs communaux 
et que le nombre des électeurs généraux n'est que 
de 120,935; 

» Considérant, dès lors, que la nécessité d'une 
réforme généralement acceptée pour les élections 
provinciales et communales s'impose avec plus de 
force encore pour les élections législatives; 



Introduction — i883 i35 



» Considérant, enfin, qu'il importe que les pro- 
chains débats puissent embrasser la question de la 
réforme électorale tout entière, 

» Les soussignés proposent à la Chambre la 
résolution suivante : 

» Il y a lieu à revision des articles 47 et 53 de 
la Constitution. » 

Cette proposition était signée par MM. Janson, 
Arnould, Demeur, Dansaert, Féron et Robert. 

Le ministère se prononça nettement contré celte 
proposition, et la lutte s'engagea ardente, serrée, 
remplie de paroles acrimonieuses, entre le cabinet 
et la gauche radicale. La droite assistait impassible 
à la querelle. La proposition de M. Janson mettait 
dans une situation difficile un bon nombre de 
députés libéraux qui, en 4870, avaient appuyé la 
même demande en revision de la Constitution. 
Mais presque tous, invoquant les uns l'inoppor- 
tunité de la proposition, les autres le danger de 
renverser le ministère qu'ils déclaraient irrem- 
plaçable, se rallièrent au gouvernement. La prise 
en considération fut repoussée le 3 juillet par cent 
seize voix contre onze et six abstentions. Trois 
catholiques, MM. Coomans, Coremans et Nothomb, 
votèrent avec les progressistes. 

La discussion du projet de réforme électorale 
déposé par M. Frère-Orban commença le 7 août 
1883. Dans ces débats encore, on put constater de 
grandes divergences de vues entre les doctrinaires ^ 
et les radicaux. Ces derniers se rallièrent dans plu- 
sieurs votes aux catholiques et mirent de cette ma- 



136 La Chambre des Représentants en 1894.-18Q5 

nière le gouvernement en échec (I). La loi fut 
adoptée le 1 4 août (2) par soixante-deux voix contre 
quarante et une et deux aJDStenlions, celles de 
MM. Coonaans et Nofhomb. Elle adjoignait, pour 
les élections provinciales et communales, aux élec- 
teurs censitaires une foule d'électeurs auxquels on 
présumait de droit la capacité de voter ou qui 
devaient prouver cette capacité par examen. Elle 
supprimait en même temps le tiers foncier et privait 
ainsi environ 13,000 personnes du droit électoral. 
Une autre circonstance encore avait prouvé peu 
auparavant que Tunion n'existait plus à la Chambre 
entre progressistes et libéraux modérés. Le ministre 
des finances s'était vu contraint d'avouer dans la 
discussion du budget des voies et moyens un déficit 
probable de 23 millions de francs pour 1883, 
de 26 millions pour 1884 et, dans la séance du 
30 mai 1883, il avait déposé sur le bureau de la 
Chambre cinq projets de loi créant de nouveaux 
impôts. Le premier comportait une taxe sur les 
valeurs mobilières et les opérations de change 
et réglait la perception du timbre sur les actions 
de sociétés et les polices d'assurances; le deuxième 
proposait certaines modifications à des dispositions 
de la loi sur les contributions personnelles; 
le troisième décrétait des modifications et une 

(4 ) L'union de la droite et de la gauche radicale introduisit dans le projet 
primitivement élaboré par le gouvernement des modifications que celui-ci 
combattit vivement et qui étaient en faveur du parti catholique. D'autres 
articles ne furent adoptés qu'à une très faible majorité, qui, quelquefois, ne 
dépassa pas une voix. 

(2) La loi électorale fut promulguée le U août 4883. 



Introduction — i883 iSy 



inajoralion des droits sur les eaux-de-vie; le qua- 
trième établissait une augmentation de l'impôt sur 
le tabac; enfin, le cinquième voulait élever les 
droits d'entrée sur les cafés, le cacao, le vinaigre et 
l'acide acétique. 

Rejetée au premier vote par parité de voix, l'aug- 
mentation du droit d'accise sur la fabrication des 
eaux-de-vie ne fut admise au second tour de scrutin 
qu'à trois voix de majorité (loi du 30 juillet 1883). 
Le gouvernement dut renoncer à l'impôt sur le café. 
Les droits sur le vinaigre, l'acide acétique et le 
cacao furent rejetés par soixante-sept voix contre 
quarante-huit et dix-sept abstentions. La Chambre 
admit une minime partie seulement du projet de loi 
frappant d'un impôt les valeurs mobilières (lois des 
25 et 26 août 1883). La loi sur la contribution 
personnelle ne passa point non plus sans subir de 
notables retranchements (loi du 25 août 1883). Seule, 
la loi augmentant les droits sur le tabac fut votée à 
peu près comme le désirait le gouvernement (loi du 
31 juillet 1883). Celui-ci avait demandé au moins 
23 millions d'impôts nouveaux : on lui en accor- 
dait 12. C'est en grande partie aux votes de l'ex- 
trême gauche unis aux votes de la droite que le 
cabinet dut de subir ces défaites. 

La session se prolongea en 1 883 jusqu'au 1 4 août. 
Elle avait été mouvementée. Parmi les objets qui 
attirèrent l'attention de la Chambre, il faut signa- 
ler, outre les questions dont nous venons de parler, 
les discussions du budget du ministère de la justice 
consacrées à la querelle clérico-libérale, du budget 



i38 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

du ministère de l'instruction publique dont la lutte 
scolaire fit les frais principaux, de la loi sur la 
procédure gratuite en matière de faillite (loi du 
26 décembre 1882), de la loi approuvant le traité 
de commerce conclu entre la Belgique et l'Italie 
(loi du 30 décembre 1882), de la loi autorisant 
le gouvernement à contracter un emprunt de 
56 millions de francs (loi du 27 avril 1883), de 
la loi concernant l'établissement et l'exploitation 
de réseaux téléphoniques (loi du 11 juin 1883), de 
la loi réglant l'eraploî de la langue flamande pour 
l'enseignement moyen dans la partie flamande du 
pays (loi du 15 juin 1883), de la loi relative au 
droit d'accise sur la fabrication des vins de fruits 
secs (loi du 1 8 juin 1 883), de la loi sur le concordat 
préventif de la faillite (loi du 20 juin 1883), de 
la loi rendant facultatifs les livrets d'ouvriers et 
abrogeant l'article 1781 du Code civil (1) (loi du 
10 juillet 1883), de la loi supprimant les immu- 
nités ecclésiastiques en matière de milice (loi du 
29 août 1883), — nouvel épisode de la lutte clérico- 
libérale. 

La session suivante fut plus courte : les élections 
du 10 juin 1884 vinrent mettre forcément un terme 
aux débats de la Chambre. Ils avaient été inter- 
rompus du 6 au 11 décembre par un incendie qui 
détruisit en grande partie le Palais delà Nation (2). | 



(1) Cet article disait : « Le maître est cru sur son affirmation, pour la 
quotité des gages; pour le payement du salaire de l'année écbuc, et pour 
les acomptes donnés pour Tannée courante. » 

(2) Voir la Notice sur le Palais de la Nation, insérée in fine. 



Introduction — 1884 iSg 



Les travaux produisirent peu de fruit. Ils furent 
pour ainsi dire absorbés par la discussion des bud- 
gets, par une nouvelle discussion de l'enquête 
scolaire, par la discussion sur la prise en consi- 
dération d'une proposition faite par M. Goblet 
d'Alviella (i) de décréter une enquête parlemen- 
taire sur les moyens employés par les congréga- 
tions religieuses pour s'attribuer la personnification 
civile, sur le montant et l'origine des biens possédés 
par ces congrégations, sur les moyens qu'elles 
mettent en œuvre pour les acquérir et les trans- 
mettre, sur l'emploi qu'elles en font, sur les 
ressources dont disposent les fabriques d'église, 
les séminaires épiscopaux et les corporations reli- 
gieuses légalement investies de la personnification 
civile, sur les charges qui grèvent ces biens et 
la manière dont ces charges sont remplies, prise 
en considération qui fut repoussée le 8 mai 1884 
par soixante voix contre cinquante-huit, malgré 
l'appui que lui donna le ministère (2). 

Les seules lois quelque peu importantes que le 
Parlement vota alors sont la loi du 28 décembre 1 883 
portant modification des dispositions relatives à 
la comptabilité provinciale et communale, la loi 
du 15 avril 1884 sur les prêts agricoles et la loi 
du 28 mai suivant relative à la constitution d'une 
Société nationale pour la construction et l'exploi- 
tation de chemins de fer vicinaux. 

(1) Cette proposition était signée, en outre, par MM. Paul Janson, Hipp. 
Carlier, H. Lippens, Gust. Jottrand et Eugène Robert. 

(2) Plusieurs libéraux, MM. Hanssens, Lambert, Pecsteen, Pirmcz, 
t'Serstevens, votèrent avec la droite. 



140 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

Pendant cette session, un incident — épisode 
nouveau des divisions qui sévissaient entre les 
deux fractions de la gauche — faillit amener la 
retraite du cabinet. Les députés progressistes cri- 
tiquèrent vivement, dans les séances du 15 et du 
18 mars 1884, le questionnaire destiné à servir de 
base à l'examen électoral. Ils lui reprochaient 
d'être mal conçu et de restreindre la portée de 
la loi du 24 août 1883, à cause des difficultés 
qu'il présentait et qui étaient de nature à éloigner 
de cet examen un grand nombre de citoyens. 
M. Janson proposa un ordre du jour demandant 
la revision et la simplification du questionnaire, 
ainsi que la suppression de toutes les questions rela- 
tives aux opinions philosophiques et religieuses 
des candidats (1). 

{\) Ces dernières questions étaient celles qui avaient donné lieu aux 
critiques les plus acerbes de» radicaux. L'extrait suivant du Compte rendu 
analytique donnera une idée approximative du ton qui régna dans c>:tte 
discussion : 

a M. Frère-Orb an, ministre des affaires étrangères . — Les deux opi- 
nions qui se sont produites dans la discussion de la loi électorale se 
retrouvent ici . Les honorables membres de rextréme gauche ne voulaient 
pas de la capacité. On exigeait tout au plus que rélecteur copiât une dizaine 
de lignes. 

» M. Janson. — Nous avons ajouté le savoir lire, écrire et compter. 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — Oh! je sais que 
votre opinion est variable. Mais je parle de votre proposition primitive. 

» Aujourd'hui encore, vous trouvez absurde qu'on interroge ceux qui 
aspirent à l'électorat sur les connaissances de l'enseignement primaire. Or, 
ce sont ces connaissances que la majorité libérale a voulues. La loi a été 
faite ainsi malgré l'extrême gauche. Elle n'a négligé aucun moyen pour la 
faire échouer. Elle s'est coalisée avec la droite. 

» M . Féron. — Cela n'est pas exact ! 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — J'ai indiqué les 
conditions essentielles qui devaient figurer dans la loi. 



Introduction — 1884 141 



M. Frère-Oiban fir du rejet de cet ordre du jour 
la condition du maintien du cabinet tout entier au 
pouvoir. Il triompha, mais grâce seulement à 
Pabstention de deux députés catholiques, MM. de 



» M. Janson. — Le sic volOy nous n'en voudrons jamais 1 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — Ohl je sais 
bien! Nous devons nous incliner devant vous, mais vous ne vous inclinez 
pas quand il s'agit de nous. 

» Moi, je juge autrement. Je me dis : Quand je suisTorgane de mes amis, 
je marche. J'avais avec moi l'immense majorité. Vous étiez l'organe d'une 
infime minorité, et si vous aviez triomphé, il n'y aurait plus eu de loi. 

» M. FÉRON. — Vous vous seriez dérobé, alors? 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — Vous auriez fait 
une loi avec la droite et nous vous aurions laissé le soin de l'exécuter. 

» M. FÉRON. — Vous vous seriez dérobé, vous auriez fait faillite à vos 
engagements. 

» M. Frère-Orban, ministre des afïaires étrangères. — Je vous le 
déclare : nous nous déroberons chaque fois ; nous ne subirons pas la coali- 
tion de la droite et de l'extrême gauche. 

» M. Demeur. — Nous ne voterons pas contre notre conscience, ni contre 
la volonté des électeurs qui nous ont nommés. 

» M. Janson. — Vous ne nous ferez pas plier, nous ne voulons pas de 
votre omnipotence ! 

» M. Lippens. — Ni nous de la vôtre 1 

» M. Janson. — Votre tyrannie est insupportable. 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — Oh! nous con- 
naissons vos dissertations sur la discipline de fer 1 Vous ne devez pas sacrifier 
vos principes, mais vous ne pouvez nous obliger à sacrifier les nôtres. Vous 
ne pouvez nous obliger à sanctionner une loi que nous avons combattue. 

» Tout ce que nous pouvons faire, c'est de vous céder la place et de vous 
laisser vous arranger avec la droite pour gouverner le pays. 

» M. NoTHOMB. — Votre loi électorale n*a passé qu'à une voix de 
majorité 1 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — Oui, à une 
voix I ce qui prouve les difficultés que nous avons eu à vaincre. 

» Or, cette loi faite à une voix de majorité... 

» M. WoESTE. — Une voix fictive. 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — Cette loi a été 
faite par l'extrême gauche ! 

» M. Janson. — Elle vous l'a arrachée I L'histoire le dira. 



142 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

Caraman-Ghimay et Vandenpeereboom (1 ). L'ordre 
du jour de M. Janson ne fut, en effet, rejeté que 
par parité de voix. 



Les élections du 10 juin 1884 constituèrent une 
défaite écrasante pour le parti libéral. De tous les 
députés de gauche soumis à réélection, deux seule- 
ment virent renouveler leur mandat. Désormais, les 
catholiques comptaient à la Chambre soixante- 
dix voix, les libéraux cinquante-deux et les indé- 
pendants seize. Un arrêté royal du 16 juin nomma 
M. Malou ministre des finances, M. Woeste 
ministre de la justice, le chevalier de Moreau 
ministre des affaires étrangères, le général-major 
Pontus ministre de la guerre. Le ministère de 
Pinstruction publique fut réuni à celui de l'inté- 
rieur et confié à M. Jacobs; en même temps, 
on créa un ministère de l'agriculture, de l'industrie 
et des travaux publics, et le ministère des travaux 
publics alors existant reçut la dénomination de 
ministère des chemins de fer, postes et télégraphes. 
Le Roi confia ces deux derniers départements l'un 

» M. Frêre-Orban. ministre des affaires étrangères. — La naïveté ou 
plutôt la fatuité de ces messieurs de Textréme gauche est réellement 
étonnante... 

» M. Janson. — Arrachée ! L*histoire le dira. 

» M. Demeur. — Et il en sera ainsi pour le questionnaire, qui sera déchiré 
malgré vous. 

» M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères. — On nous a 
arraché la loi I C'est une histoire qu'on répète dans les journaux et qui 
finira par devenir une légende. » 

(4) Plusieurs députés libéraux, MM. Buis, Goblet d'Alviella, Hanssens, 
Houzeau de Lehaie, Lucq et Mondez, s'abstinrent également. 



Introduction — 1884 143 



à M. Beernaert et l'autre à M. Vandenpeereboom. 

Un arrête^ royal du 17 juin prononça la disso- 
lution du Sénat, qui, non soumis à réélection 
cette année, avait conservé une majorité libérale. 
Cette nouvelle consultation du corps électoral 
çaaintint les succès du parti conservateur, quoique 
dans une moindre mesure. 

Dès le 22 juillet, les Chambres furent convoquées. 
Il y avait deux choses que les députés catholiques 
voulaient accomplir sans délai : le rétablissement 
de la légation près du Vatican et l'élaboration d'une 
nouvelle loi scolaire. 

Le crédit nécessaire au premier objet recueillit le 
8 août soixante-treize voix contre quarante-quatre, 
— deux indépendants, MM. Vandersmissen et 
Somzé, votant avec la gauche. 

Trois jours après, commença la discussion de la 
loi sur l'enseignement primaire. Elle fut longue, 
acerbe, et l'on connaît les manifestations violentes 
auxquelles elle donna lieu dans les rues de 
Bruxelles. La Chambre la vota le 30 août par 
quatre-vingts voix contre quarante-neuf et deux 
abstentions — celles de MM. Vandersmissen et 
Somzé (loi du 20 septembre 1884). 

Cette loi déterminait qu'il y aurait dans chaque 
commune au moins une école communale, établie 
dans un local convenable. La commune pouvait 
adopter une ou plusieurs écoles privées : dans le cas 
où elle profitait de cette autorisation, sauf récla- 
mation du maintien de l'école communale formulée 
par vingt chefs de famille ayant des enfants en âge 



144 ^^ Chambre des Représentants en 1894-189!) 

d'école et l'avis conforme de la députation perma- 
nente, le Roi, après avoir pris l'avis de cette dépu- 
tation, pouvait dispenser la commune de l'obligation 
d'établir ou de maintenir une école communale. 
Liberté était laissée aux communes dans le choix 
de l'instituteur, pourvu que celui-ci fût Belge et 
diplômé; liberté dans la fixation du traitement, 
pourvu qu'il ne fût pas inférieur à 1,000 francs 
pour les sous-instituteurs et à i ,200 francs pour les 
instituteurs; liberté de révocation, sous l'appro- 
bation de la députation permanente et sauf appel 
au Roi; enfin, liberté dans le caractère moral ou 
religieux à donner à l'éducation. « Les communes, 
disait l'article 4, peuvent inscrire l'enseignement 
de la religion et de la morale en tête du pro- 
gramme de toutes ou de quelques-unes de leurs 
écoles primaires. Cet enseignement se donne au 
commencement ou à la fin des classes; les enfants 
dont les parents en font la demande sont dispensés 
d'y assister. Lorsque, dans une commune, vingt 
chefs de famille ayant des enfants en âge d'école 
demandent que leurs enfants soient dispensés d'as- 
sister au cours de religion, le Roi peut, à la demande 
des parents, obliger la commune à organiser à l'usage 
de ces enfants une ou plusieurs classes spéciales. 
Si, malgré la demande de vingt chefs de famille 
ayant des enfants en âge d'école, la commune 
refuse d'inscrire l'enseignement de leur religion 
dans le programme ou met obstacle à ce que cet 
enseignement soit donné par les ministres de leur 
culte ou des personnes agréées par ceux-ci, le 



Introduction — 1884 145 



gouvernement peut, à la demande des parents, 
adopter une ou plusieurs écoles privées à leur 
convenance, pourvu qu'elles réunissent les condi- 
tions requises pour être adoptées par la com- 
mune. » Parmi ces conditions figuraient le fait 
d'avoir un local convenable et la moitié au moins 
du personnel enseignant diplômée, l'instruction 
religieuse facultative, l'adoption des programmes 
du gouvernement, la soumission à l'inspection de 
l'Etat, la gratuité en faveur des enfants pauvres. 

Les élections communales, qui eurent lieu au mois 
d'octobre et dont l'issue fut diversement interprétée 
par les deux partis, parurent au Roi défavorables 
à la politique ministérielle et il exigea la retraite 
de MM. Woeste et Jacobs. M. Malou refusa de 
reconstituer le cabinet et joignit sa démission à celle 
de ses deux collègues. M. Beernaert prit en main la 
direction des affaires : il devint ministre des finances, 
tandis que M. de Moreau était placé à la tête du 
département de l'agriculture, de l'industrie et des 
travaux publics, M. de Garaman-Ghimaj de celui 
des affaires étrangères, que M. Devolder était 
nommé ministre de la justice et M. Thonissen 
ministre de l'intérieur et de l'instruction publique. 

Ces modifications donnèrent lieu, dès la rentrée 
des Chambres, à une interpellation de M. Frère- 
Orban, qui en demanda les raisons. Il demanda 
également pourquoi tout le cabinet, condamné 
solidairement par les élections communales, n'avait 
pas partagé le sort des ministres révoqués, quelle 
était la politique que les hommes qui avaient pris 



146 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

en main le pouvoir comptaient suivre désormais et 
quelle était la signification de la nomination de 
M. Thonissen et de M, Devolder. M. Malou exposa 
les faits tels que nous venons de les rapporter et 
M. Beernaert répondit qu'en agissant comme il 
l'avait fait il avait obéi au désir exprimé par la 
majorité; que, d'autre part, il ne pouvait exprimer 
son opinion personnelle sur un acte que le Roi avait 
posé dans la plénitude de sa prérogative souveraine; 
que la minorité n'avait pas le droit d'exiger des 
explications sur le point de savoir pourquoi le 
cabinet tout entier ne s'était pas retiré, pas plus que 
sur les motifs qui avaient guidé le gouvernement 
dans le choix des nouveaux ministres. Exposant 
ensuite le programme du ministère, M. Beernaert 
dit que le cabinet serait sincèrement, franchement 
constitutionnel. 

« Nous estimons, ajoutait-il, qu'il ne suffit pas 
d'observer la Constitution d'après son texte, mais 
qu'il faut se pénétrer de son esprit; nous croyons 
que tous les actes du gouvernement doivent être 
pénétrés de ce souffle large, généreux, puissant qui 
a fait les idées de 1 830. 

» Dans cet ordre d'idées, nous estimons qu'il faut 
restreindre plutôt qu'étendre l'action du gouverne- 
ment. 

» Il faut encourager l'initiative individuelle, il 
faut étendre les libertés individuelles, car c'est de 
celles-là qu'un peuple vit. 

» J'ai horreur de l'obligatoire. Je ne veux pas 
plus du pouvoir fort aujourd'hui que je ne l'admets 



Introduction — 1884 147 



dans le passé lorsquMl est exercé par des monarques 
absolus. 

» J'estime que ce n'est pas le passé, que c'est 
l'avenir qu'il faut regarder, et pour moi l'avenir 
c'est le développement indéfini du principe vivi- 
fiant de la liberté. 

» A ce même point de vue, nous serons les 
adversaires déterminés de la centralisation ; nous 
voulons développer les franchises provinciales et 
communales. 

» C'est dans cet ordre d'idées que nous avons 
cherché à résoudre la question de l'enseignement et 
nous croyons lui avoir donné une solution vrai- 
ment libérale. 

» En confiant l'enseignement à la commune, la 
loi a voulu cependant que partout les minorités 
fussent à l'abri de l'oppression des majorités; en 
favorisant ainsi des minorités libérales, nous avons 
été délibéremment partiaux contre nos amis. 

» Il n'y a rien dans cette loi scolaire qui res- 
semble à la loi de compression de 1879. Aujour- 
d'hui, au contraire, les minorités sont protégées 
par la loi contre les majorités intolérantes. » 

Le chef du cabinet concluait en disant « que le 
gouvernement comptait pratiquer une politique 
essentiellement modérée, de nature à amener l'apai- 
sement dans les esprits, et qu'il s'attacherait à 
rétablir l'équilibre dans les finances ». 

La Chambre employa six séances à la discussion 
de cette interpellation, discussion qui revêtit un 
caractère très accentué de violence et de passion 



148 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

et qui se terrai na le 26 novembre par le vote d'un 
ordre du jour approuvant les explications du gou- 
vernement. 

Les cfuerelles politiques rendirent cette session 
très stérile au point de vue des véritables intérêts 
du pajs. A l'interpellation de M, Frère-Orban 
succéda une interpellation de M. Bouvier sur 
l'application de la loi scolaire, une interpellation de 
M. Bockstael sur les moyens de défense nationale 
et sur l'organisation de la réserve, une interpella- 
tion de M. Rolin-Jaequemyns sur l'absence de 
poursuites relatives à une violation du règlement 
des cimetières, une interpellation de M. de Ker- 
chove de Denterghem sur le rôle joué par des gen- 
darmes vêtus en bourgeois, une interpellation de 
M. Williquet sur l'application faite par la com- 
mune de Néderbrakel de la loi scolaire. De longues 
semaines s'écoulèrent ainsi en de vains débats avant 
que la Chambre put aborder l'examen des budgets, 
et, lorsqu'elle se consacra à ces travaux, de nouvelles 
interpellations l'en détournèrent maintes fois. 

La question des cimetières reparut notamment 
à plus d'une reprise à son ordre du jour. Sous le 
ministère de M. Frère-Orbm, la Cour de cassation 
avait admis la ronstitutionnalité du décret de prai- 
rial, mais l'avait interprété en ce sens qu'il ne pou- 
vait y avoir de séparations que dans les cimetières 
appartenant aux communes où plusieurs cultes 
étaient exercés; dans ces communes mêmes, les 
personnes mourant en dehors de toute religion 
devaient être enterrées dans la partie réservée aux 



Introduction — i885 149 

catholiques. En consëquence de cet arrêt, plusieurs 
bourgmestres, qui avaient fait inhumer des libres 
penseurs hors du cimetière bénit, furent frappés de 
condamnations. Le ministère catholique revint à la 
théorie que le décret admettait l'existence d'une 
partie réservée pour les dissidents en dehors de 
toute division par cultes. C'est aux bourgmestres, 
chargés de la police des cimetières, qu'il appartient 
de déterminer l'endroit où doivent se faire les inhu- 
mations et le gouvernement n'a pas à intervenir, à 
moins qu'atteinte ne soit portée au respect que l'on 
doit à la mémoire des morts. Le parquet fut d'ail- 
leurs laissé libre d'agir sous sa responsabilité. 

L'examen des budgets n'offrit rien de bien sail- 
lant, si ce n'est l'âpreté des polémiques qu'il 
suscita. Celui du budget de l'intérieur et de l'in- 
struction publique, commencé le 11 février 1885, 
ne 36 termina que le 21 mars suivant. Ces débats 
interminables, causés par la lutte scolaire, ne 
justifiaient que trop les paroles prononcées par 
M. Pirmez, l'année précédente, dans la séance du 
13 août 1884: 

« Ce conflit, disait alors le député de Charleroi, 
est certainement le fait le plus déplorable de notre 
histoire politique. De bien, ce conflit n'en a produit 
aucun. Il a produit au contraire beaucoup de mal. 
En dehors des discussions relatives à ce conflit, 
rien ne semblait important, et nous avons vu 
ajourner ici même dans la session dernière une loi 
importante, la seule mesure d'intérêt matériel qui 
nous fût présentée, la loi relative au contrat de 



i5o La Chambre des Représentants en 1894-1895 

transport, dont la discussion n'a pu être achevée. 

» Le Parlement est devenu stérile. Les mêmes 
discussions se reproduisent toujours. La considé- 
ration du Parlement en est diminuée. Au dehors, 
des haines divisent les communes et les familles. 
La corruption morale a été engendrée par ces luttes. 
On regarde d'abord ce qui profite au parti ; ce qui 
est juste, tolérant, vrai, ne vient qu'en seconde 
ligne. » 

Il serait inexact toutefois d'affirmer que la 
Chambre n'ait abouti à rien pendant cette session. 

Le 8 octobre 1 884, la Belgique fut invitée à par- 
ticiper au Congrès qui allait s'ouvrir à Berlin et 
qui avait pour but d'établir un accord relativement : 
1<»à la liberté du commerce dans le bassin et les 
embouchures du Congo; 2^ à l'application au 
Congo et au Niger des principes adoptés par le 
Congrès de Vienne en vue de consacrer la liberté de 
la navigation sur plusieurs fleuves internationaux, 
principes appliqués plus tard au Danube; 3® à la 
définition des formalités à observer pour que des 
occupations nouvelles sur les côtes d'Afrique 
fussent considérées comme effectives. 

Le ministre des affaires étrangères répondit que, 
« dans les limites de sa situation spéciale, la Bel- 
gique serait toujours disposée à prêter son concours 
à des œuvres intéressant la civilisation, le commerce 
et le progrès général », Deux plénipotentiaires, 
M. le baron Lambermont et M. le comte van der 
Straten -Ponthoz, assistés d'un délégué, M. Banning, 
furent envoyés à Berlin. 



Introduction — 1885 151 



Les travaux de la Conférence aboutirent, le 
26 février i 885, à la signature d'une convention (i ), 
qui, entre autres stipulations, consacrait l'existence 
de l'Etat indépendant du Congo. 

Répondant à une interpellation de M. Frère- 
Orban, M. Beernaert exposa ces faits à la Chambre 
dans la séance du 10 mars 1885 et déposa en même 
temps un projet de loi ratifiant le traité de Berlin, 

Peu de jours après, le 17 mars, les députés 
votèrent au Roi une adresse dans laquelle ils le 
félicitaient des importants résultats obtenus à la 
Conférence et « du solennel hommage rendu par 
les puissances aux idées larges et progressives » du 
Souverain de la Belgique. 

Le 21 mars, la Chambre ratifia à l'unanimité 
l'Acte général de la Conférence de Berlin (loi du 
23 avril 1885). 

Le 21 avril 1885, le ministre des finances donna 
lecture d'un message du Roi qui sollicitait des 
Chambres l'assentiment qui lui était nécessaire, en 
vertu de l'article 62 de la Constitution, pour 
devenir souverain du nouvel Etat reconnu récem- 
ment par les puissances. 

En exposant la demande de Léopold II, M. Béer* 
naert prononçait les paroles suivantes, qui, dans les 
circonstances actuelles, sont devenues d'un vif inté- 
rêt rétrospectif : 

a Le pays n'a pas à redouter les charges mili- 
taires et financières qu'entraîne, d'ordinaire, un 

(4) Elle est connue sous le nom d' « Acte général de la Conférence de 
Berlin ». 



152 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

établissement colonial. Il ne s'agit pas d'arborer 
le drapeau belge en Afrique. C'est un Etat indé- 
pendant qui se fonde et le Roi entend régir la 
colonie internationale, dont il sera le chef, avec des 
ressources et au m(s>yen de forces qui seront exclu- 
sivement propres au nouvel Etat. Le Roi est 
convaincu que ces ressources suffiront, et il se 
fonde sur l'exemple des colonies voisines et sur 
l'expérience des années plus difficiles que l'associa- 
tion a traversées et où elle a suffi à sa tâche au 
mojen de contributions volontaires. . 

» Ainsi la Belgique se trouvera dans cette situa- 
tion favorable de pouvoir, sans être exposée à 
aucun sacrifice, tirer parti d'une création coloniale 
qui paraît, d'après le sentiment général, appelée à 
un grand avenir. » 

Les faits devaient démentir bientôt ces opti- 
mistes promesses. 

Un membre de la minorité, M. Neujean, les 
cont^'sta immédiatement; il était à craindre, disait-il, 
que quelque jour, par la force des choses, la 
Belgique ne fût forcée de soutenir le Roi dans les 
difficultés qu'il pourrait rencontrer. 

L'autorisation demandée par Léopold II lui fut 
néanmoins accordée le 28 avril par cent vingt- 
quatre voix contre une, celle de M. Neujean, et 
une abstention, celle de M. Houzeau de Lehaie. 

La Chambre discuta encore pendant cette session 
un projet de loi établissant des droits d'entrée sur 
les céréales, qui fut rejeté; elle adopta la loi du 
27 décembre 1884 apportant des modifications aux 



Introduction — 1886 i53 



lois relatives à la milice et par lac|uelle les immu- 
nités ecclésiastiques, ainsi que celles accordées aux 
élèves des écoles normales, étaient rétablies; la loi 
du 28 juillet 1885 concernant l'impôr sur les sucres; 
la loi du 20 août relative à l'accise sur les bières; 
la loi du 22 août modifiant quelques dispositions 
des lois électorales, et la loi du 25 août portant 
revision de la législation en matière de vices rédhi- 
bitoires. 

Les législateurs se montrèrent plus actifs l'année 
suivante. Ils votèrent pendant lasession de 1 885-1 886 
la loi du 27 décembre 1885 disposant que la 
rémunération des volontaires serait incessible et 
insaisissable; la loi du 30 décembre suivant approu- 
vant Tacte du 12 décembre 1885 par lequel la Bel- 
gique adhérait à la Convention monétaire conclue 
à Paris le 6 novembre de cette même année; la loi 
du 10 janvier 1886 sur les pensions civiles; la loi 
du 15 janvier ratifiant le traité de commerce 
conclu entre la Belgique et la Serbie; la loi du 
22 mars sur le droit d'auteur; la loi du 3 mai 
approuvant le traité de commerce conclu avec la 
république de Libéria; la loi du 22 mai sur les 
sociétés commerciales; la loi du 11 juin ratifiant 
le traité de commerce conclu avec le Venezuela. 
La Chambre consacra en outre de nombreuses 
séances à discuter le Code rural, qui ne fut pro- 
mulgué que le 7 octobre 1886. 

Les élections de juin 1886 augmentèrent notable- 
ment la majorité catholique. 

Le discours du Trône prononcé le 9 novembre 

40 



154. La Chambre des Représentants en 1894-1895 

annonçait le prochain dépôt de nombreux projets 
de lois sociales. La gauche renonça à discuter 
l'adresse en réponse à la harangue royale, se bor- 
nant à émeUre un vote négatif. 

La session de 1886-1887, qui fut longue, vit se 
produire de nombreux et importants débats. Les 
questions militaires donnèrent notamment lieu à de 
remarquables batailles parlementaires. Dès les pre- 
miers jours, M. d'Oultremont déposa un projet de 
loi modifiant les règles du recrutement de l'armée 
et dont l'article principal était ainsi conçu : a Le 
service militaire est personnel en temps de paix 
et obligatoire en temps de guerre pour tous les 
citoyens. » La discussion sur cette matière s'ouvrit à 
la fin de la session seulement. Le gouvernement se 
prononça en faveur de la suppression du remplace- 
ment, sans poser toutefois la question de confiance. 
Il fit appel à l'accord patriotique des partis pour la 
réalisation de cette réforme. Il se refusa à admettre 
le service universel auquel tendait aussi la propo- 
sition de M. d'Oultremont. M. Beernaert invoquait 
en faveur de sa thèse des raisons de justice sociale 
et la nécessité de relever le niveau moral de l'armée. 
M. d'Oultremont, lui, soutenait que le système qu'il 
proposait constituerait une amélioration de notre 
organisation militaire à tous les points de vue. 
M. W^oeste, rapporteur de la section centrale, com- 
battit surtout ardemment le projet de loi. Il provo- 
qua dans tous les cercles et associations catholiques 
du pays un référendum sur la question du service 
personnel. Ses discours tendirent principalement à 



Introduction — 1887 i55 



légitimer le remplacement, dont ses adversaires 
avaient contesté la moralité. Le 14 juillet 1887, la 
Chambre rejeta le projet de loi présenté par M.d'Oul- 
tremont par soixante-neuf voix contre soixante-deux 
et quatre abstentions. La gauche tout entière 
vota la suppression du remplacement; vingt-deux 
menoibres de la droite se prononcèrent comme elle. 
Les quatre membres qui s'abstinrent faisaient partie 
des députés catholiques, et trois d'entre eux se décla- 
rèrent en principe partisans du service personnel. 

A la discussion du budget extraordinaire, le gou- 
vernement sollicita un crédit de 54 millions pour 
établir des fortifications le long de la Meuse. 

En 1815, lors de la formation du royaume des 
Pays-Bas,on érigea sur nos frontières tout un réseau 
de forteresses dirigé contre la France. Les événe- 
ments de 1830 modifièrent la situation en consti- 
tuant la Belgique en Etat neutre. Cependant, il 
pouvait arriver que cette neutralité fût violée et il 
fallait songer à posséder un système de défense 
pour le cas où cette éventualité se réaliserait. Le 
premier plan proposé (1) comprenait l'abandon des 
forteresses éparses et l'adoption d'un système de 
concentration avec un camp retranché. En 1858, le 
général Chazal fit adopter par les Chambres le 
projet de défense qui impliquait l'enceinte d'An- 
vers, ainsi qu'une armée de 100,000 hommes de 
troupes mobiles, plus une réserve de 30,000 hommes 
pour garder les forts. Si le pays était envahi, ces 

(4) Par le général Chazal. 



i56 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

forces, après avoir fait leur devoir, se retiraient sur 
Anvers, point de concentration, où elles pouvaient 
attendre les secours des alliés de la Belgique et 
soutenir longtemps les assauts même d'une grande 
puissance. Outre Anvers, on conservait les têtes de 
pont existant sur les deux fleuves, c'est-à-dire les 
forteresses de Tournai, Gand, Namur et Liège. On 
démolit peu à peu les fortifications de Menin, Ath, 
Ypres, Philippeville, Mariembourg, Audenarde, 
Mons, Gharleroi et l'enceinte de Namur. Celles de 
Dinant, Huj, Ostende, Gharleroi, même de Tournai 
et Gand subirent successivement le même sort. En 
1870, on parla pour la première fois de fortifier 
la ligne de* la Meuse, afin d'arrêter les troupes qui, 
sortant soit d'Allemagne, soit de France, seraient 
éventuellement tentées de traverser la Belgique, 
Différents plans furent successivement présentés; 
celui auquel le gouvernement s'arrêta en 1887 el 
qui avait pour auteur le général Brialmont consis- 
tait à construire à Namur et à Liège de véritables 
têtes de pont assez vastes pour permettre à nos 
troupes de manœuvrer sur les deux rives et pour 
abriter les deux villes. « Si notre armée, disait le 
gouvernement, peut s'appuyer sur le triangle for- 
tifié d'Anvers, Liège et Namur, aucune armée 
ne tentera de traverser le pajs sans être maîtresse 
de quelques forteresses. Or, pour cela, il faudrait 
un siège, car ces forteresses seront d'un type nou- 
veau, presque invulnérables : d'où perte de temps 
et disparition de l'avantage éventuel qu'aurait 
l'un des ennemis à gagner l'autre de vitesse. » 



Introduction — 1887 167 



M. Beernaert réclama le vote des crédits en invo- 
quant la nécessité de défendre la neutralité de la 
Belgique et les devoirs internationaux que cette 
neutralité lui créait. 

Les députés qui combattirent la demande du 
gouvernement eurent surtout pour organe M.Frère- 
Orban- Celui-ci avait manifesté déjà son opposi- 
tion dans une interpellation qu'il avait faite le 
1" mars 1887 sur les fortifications projetées. 
Celles-ci étaient inutiles d'après lui, ni les Alle- 
mands, ni les Français n'ayant intérêt à passer par 
la Belgique. Elles seraient d'ailleurs insuffisantes 
pour répondre au but que l'on poursuivait, et 
l'armée belge n'avait pas un contingent assez 
nombreux pour pourvoir à leur défense. Il 
s'appuyait sur l'autorité du général Chazal, qui 
traitait de folie le systèoae du général Brial- 
mont, auquel, hâtons-nous de le dire, la grande 
majorité des généraux belges avait donné son 
adhésion. 

Malgré la campagne très active menée contre les 
crédits, campagne qui se traduisit dans une dis- 
cussion de huit séances, ils furent adoptés le 
14 juin 1887 par quatre-vingts voix contre qua- 
rante et une et six abstentions. Sept membres de la 
gauche votèrent avec le gouvernement, douze 
catholiques se rallièrent à M. Frère-Orban. Les 
députés qui s'abstinrent comprenaient quatre 
catholiques, un libéral et un indépendant. 

D'autres questions très importantes attirèrent 
encore l'attention de la Chambre. Nous devons 



i58 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

citer notamment la revision du Gode de procédure 
pénale, qui absorba de nombreuses séances, ainsi 
que la loi sur l'enseignement moyen dispensant de 
Fexamen à l'école normale les docteurs en philo- 
sophie et lettres et les docteurs en sciences (loi du 
6 février 1 887) et la proposition de loi présentée par 
M, Dumont et plusieurs de ses collègues établis- 
sant un droit d'entrée sur les bestiaux et les viandes 
(loi du 1 8 juin 1 887), qui donnèrent également lieu 
à maints discours, 

La Chambre approuva encore une loi auto- 
risant l'Etat indépendant du Congo à émettre un 
emprunt en Belgique. Le ministère ne rencontra 
guère d'opposition dans cette question si ce n'est 
auprès de M, Neujean. L'intervention de la 
Législature, prétendait le député de Liège, était 
inutile puisque, aux termes des lois du 31 dé- 
cembre 1851 et du 30 décembre 1867, le gouver- 
nement pouvait autoriser l'émission de titres relatifs 
aux opérations financières des puissances étran- 
gères. Mais, disait encore M. Neujean, le cabinet 
voulait faire partager par les Chambres une res- 
ponsabilité dont il craignait le poids pour lui seul. 
M. Beernaert expliqua la nécessité de l'assentiment 
du Parlement par cette raison qu'on eût pu trouver 
mauvais que le Roi accordât des avantages au 
Souverain du Congo par un simple arrêté royal. 
Dans la procédure adoptée par le ministère, il 
devait intervenir encore, il est vrai, mais il le faisait 
du moins avec l'assentiment des représentants de la 
nation. L'intervention de la Législature était aussi 



Introduction — 1887 iSg 



nécessaire pour exempter de l'impôt du timbre les 
titres de l'emprunt, le gouvernement de l'Etat 
indépendant ayant son siège à Bruxelles. 

Le projet de loi fut voté le 4 avril 1887 par 
quatre-vingt-six voix contre neuf et sept abstentions 
(loi du 29 avriH887). 

A la fin de la session, le 15 juillet 1887, il fut 
donné lecture à la Chambre de la proposition de 
loi suivante : 

« Les soussignés proposent à la Chambre la 
résolution suivante : 

» Il y a lieu à revision des articles 47 et 56 de 
la Constitution. 

» (Signé) Guillery, Houzeau de Lehaie, W"aroc- 
que, Fléchet, Hanssens et Lescarts. » 

M. Houzeau de Lehaie développa cette proposi- 
tion dans la séance du 29 juillet. Ce même jour, la 
prise en considération fut rejetée par quatre-vingt- 
trois voix contre trente-cinq, c'est-à-dire par un 
vote de droite contre gauche, MM. Coomans et 
Nothomb se ralliant à la minorité. Cette attitude 
des députés libéraux était étrange, alors que la 
majorité d'entre eux avait combattu avec tant 
d'acharnement la même proposition déposée par 
M. Janson en 1883 (1). M, Frère-Orban expliqua 
son vote en disant qu'en 1887 comme en 1883 il 



(0 M. Beernaert s'était prononcé contre la proposition de M. Janson 
en reproduisant les paroles mêmes prononcées par M. Frère-Orban 
en 4883 : « Il n'y a pas lieu de maintenir la question à l'ordre du jour. 
Par une prise en considération fondée sur des équivoques, on ouvrirait la 
porte à des agitations stériles, factices ou non, mais certainement sans 



i6o La Chambre des Représentants en 1894-1895 

élait hostile à la revision et qu'il la repousserait^ 
mais qu'il se prononçait pour la prise en considéra- 
tion afin que la question pût être discutée à fond et 
le pays éclairé. 

Parmi les lois qui sortirent encore à cette époque 
des travaux de la Chambre, nous signalerons la 
loi du 19 novembre 1886 autorisant le rembour- 
sement au pair des dettes de l'Etat à 4 p, c. ou leur 
conversion à 3 1/2 p. c, la loi du 20 décembre 
suivant apportant des modifications à quelques 
droits d'accise sur la fabrication des eaux-de-vie, la 
loi du 1 1 juin 1 887 abrogeant la loi du 26 août 1 883 
sur le timbre des polices d'assurance et modifiant 
la tarification du vinaigre et de l'acide acétique, 
la loi du 17 juin réduisant l'impôt sur les échanges 
de biens ruraux non bâtis, la loi du 29 juin relative 
au concordat préventif de la faillite, les lois du 
16 août instituant les Conseils de l'industrie et du 
travail et réglementant le payement des salaires 
aux ouvriers, la loi du même jour sur l'ivresse pu- 
blique, la loi du 18 août relative à l'incessibilité et 
Pinsaisissabilité de ces salaires, la loi du 23 août 
portant répression de la provocation à commettre 
des crimes ou des délits, la loi du 29 décembre 
sur la falsification des engrais. 

Cette session fut, on le voit, fructueuse et on n'y 
oublia point les intérêts de la classe ouvrière. 



utilité. On semblerait dire qu'il est prudent d'admettre qu'il faut reviser 
l'article 47, sans savoir ce qu'on mettrait à sa place. Je crois que la Chambre 
fera acte de sagesse en refusant, aujourd'hui comme en ^870, de prendre 
la proposition en considération. » 



Introduction — 1888 161 



M. Thonissen abandonna ses fonctions de mi- 
nistre de l'intérieur et de l'instruction publique, et 
des arrêtes du 24 octobre 1 887 confièrent ce dépar- 
tement à M. Devolder, en même temps qu'ils appe- 
laient M, Jules Le Jeune au ministère de la justice. 

Le premier objet qui se trouva à l'ordre du jour 
de la Chambre au mois de novembre 1887 modifiait 
la loi provinciale et la loi communale. Les change- 
ments qui furent introduits dans la première 
tendirent à fortifier l'action et l'indépendance des 
députations permanentes; ceux que l'on apporta à 
la seconde consistaient surtout dans l'élection des 
échevins par le conseil communal, — disposition 
vivement combattue par la gauche, qui invoquait 
la nécessité d'un pouvoir central fort, et défendue 
par la droite, qui voulait la décentralisation et 
l'autonomie communale (loi du 30 décembre 1887). 

D'autres projets de loi vinrent ensuite en discus- 
sion : ce sont la loi du 6 mai 1888 apportant des 
modifications aux lois du 16 juin 1836 sur l'avan- 
cement des officiers et du 18 mars 1838 sur l'orga- 
nisation de l'école militaire, vivement combattue 
par une partie des membres de la Chambre à cause 
des dispositions qu'elle contenait et qui visaient la 
connaissance de la langue flamande exigée des 
aspirants officiers, la loi du 7 mai 1888 accueillie 
avec une grande hostilité par la gauche et relative 
à la répression d'abus commis par des administra- 
tions publiques de bienfaisance, — l'article 1 *'de cette 
loi punissait d'une amende de 50 à 500 francs tout 
membre ou employé d'une administration cbari- 



102 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

table publique qui aurait, soit directement, soit 
indirectement, fait dépendre l'oclroi de secours aux 
indigents de l'envoi de leurs enfants dans certaines 
écoles détermine'es, — la loi du 28 mai 1888 relative 
à la protection des enfants employés dans les pro- 
fessions ambulantes, frappant de peines d'amende 
et d'emprisonnement les individus qui feraient 
exécuter par des enfants de moins de 18 ans des 
exercices dangereux, la loi du 31 mai 1888 éta- 
blissant dans le système pénal la libération et la 
condamnation conditionnelles, loi que la France 
emprunta bientôt à la Belgique. 

Diverses mesures législatives de moindre impor- 
tance, — telles que la loi du 5 mai 1888 relative à 
l'inspection des établissements dangereux, insalu- 
bres ou incommodes, la loi du 21 mai apportant 
des modifications à la législation sur les tabacs, la 
loi du 23 mai portant revision du tarif des pensions 
militaires, la loi du 26 mai modifiant la loi de 
réforme électorale du 24 août 1883, — sont encore 
à signaler. 

Un arrêté royal du 26 août 1888 accepta la 
démission que M. le chevalier de Moreau avait 
offerte au Roi de ses fonctions de ministre de 
l'agriculture, de l'industrie et des travaux publics 
et plaça à la tête de ce département M. De Bruyn, 
député de Terraonde. 

Pendant la session de 1888-1889, la Chambre 
continua le vote des lois destinées à améliorer la 
condition de l'ouvrier. C'est ainsi qu'elle adopta la 
loi du 30 juillet 1889 relative à l'assistance judi- 



Introduction — 1889 i63 



ciaire et à la procédure gratuite; la loi, très impor- 
tante, du 31 juillet suivant, qui, organisant les 
conseils de prud'hommes, tendait à vider, par voie 
de conciliation et, à défaut de conciliation, par voie 
de jugement rendu par une juridiction acceptable 
de tous et inspirant confiance à tous, les diffé- 
rends qui s'élèvent soit entre les chefs d'industrie et 
les ouvriers, soit entre les ouvriers eux-mêmes (1); 
la loi du 9 août 1889, qui établissait dans chaque 
arrondissement administratif un ou plusieurs 
comités chargés de favoriser la construction, la 
location d'habitations ouvrières salubres et leur 
vente aux ouvriers, d'étudier tout ce qui concerne 
la salubrité des maisons habitées par les classes 
laborieuses et l'hygiène des localités où elles sont 
spécialement établies, d'encourager le développe- 
ment de l'épargne et de l'assurance, ainsi que les 
institutions de crédit ou de secours mutuels et de 

(4) Voici, dans leurs parties essentielles, les articles de la loi qui déter- 
minent la compétence des conseils de prud'hommes : 

a Art. 81 . — Les conseils de prud'hommes connaissent des contestations, 
soit entre ouvriers, soit entre chefs d'industrie et leurs ouvriers, des deux 
sexes, pour tout fait d'ouvrage, de travail et de salaire concernant la 
branche d'industrie exercée par les justiciables. 

» Art. 82. — Sans préjudice des poursuites devant les tribunaux ordi- 
naires, les conseils de prud'hommes pourront réprimer, par voie discipli- 
naire, tout acte d'infidélité, tout manquement grave et tout fait tendant à 
troubler l'ordre et la discipline de l'atelier. 

» La peine ne pourra excéder 25 francs d'amende. » 

» Art. 85. — Les parties peuvent toujours, de commun accord, se 
présenter devant les prud'hommes, pour être conciliées par eux, même sur 
les difl'érends en dehors de la compétence du conseil ; dans ce cas, elles 
sont tenues de déclarer qu'elles demandent leurs bons offices. 

» La disposition qui précède est également applicable aux contestations 
des chefs d'industrie entre eux . » 



164 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

retraite, loi (|ui prenait aussi diverses mesures 
financières et fiscales destinées à faciliter la mission 
confiée à ces patronages; la loi du 1 3 décembre 1 889 
concernant le travail des femmes, des adolescents 
et des enfants dans les établissements industriels. 

Le Parlement discuta encore pendant cette 
session la loi du 3 mai 1889, qui imposait l'emploi 
du flamand, sauf certaines exceptions, pour la pro- 
cédure en matière répressive, ainsi que pour le 
réquisitoire et la défense, dans la Flandre occiden- 
tale, dans la Flandre orientale, dans le Limbourg, 
dans la province d'Anvers et dans l'arrondissement 
de Louvain. Cette loi fut vivement défendue par 
les députés flamands, à la tête desquels se trouvait 
M. Goremans, député d'Anvers, et donna lieu à de 
nombreux et très vifs incidents. 

La question de l'intervention de l'Etat dans la 
construction d'un chemin de fer au Congo appela 
de nouveau l'attention de la Chambre sur les 
affaires d'Afrique. Le gouvernement demandait 
qu'on l'autorisât à participer par une souscription 
de 10 millions à la constitution d'une société 
anonyme belge pour l'établissement d'une voie 
ferrée de Matadi au Stanley-Pool. Cette demande 
ne fut pas combattue directement, mais plusieurs 
membres firent des réserves, estimant que c'était 
là un acheminement vers une politique coloniale 
et que ce premier sacrifice pécuniaire serait inévi- 
tablement suivi d'autres. Six membres (l)s'abstin- 

{\) Ce furent MM. Coomans, de Kerchove de Denterghem, Fléchct, 
JaDson, Neujean et Paternoster. 



Introduction — 1889 i65 



rent au vote, quatre-vingt-huit adoptèrent le projet 
de loi sans que personne se prononçât contre lui 
(loi du 29 juillet 1889). 

L'adoption de la loi du 15 avril 1889 apportant 
des modifications à l'article 80 de la loi hypothé- 
caire, de la loi du 31 mai modifiant l'article 7 
de la loi du 20 avril 1874 sur la détention préven- 
tive, de la loi du 28 juin sur les extraditions, de 
la loi du 16 juillet sur la naturalisation contribua 
à rendre cette session très féconde. 

La Chambre fut distraite à deux reprises de ces 
travaux par des discussions qui eurent dans le pays 
un retentissement considérable. Ces débats sont 
ceux provoqués par ce que l'on est convenu 
d'appeler l'affaire Pourbaix. 

En 1887, une vive agitation régnait dans le 
Hainaut. Le parti socialiste se remuait, prêchant 
la guerre des classes et proclamant la grève géné- 
rale. Le pays était dans l'attente d'événements 
graves. Le gouvernement prit des mesures éner- 
giques : il envoya des troupes aux endroits me- 
nacés, fit saisir des manifestes que l'on cherchait 
à introduire en Belgique, ainsi que des dépôts 
d'armes et munitions, interdit 1rs rassemblements, 
fit procéder à de nombreuses arrestatiot.s. Le 
calme se rétablit. Plusieurs des personnes incar- 
cérées furent traduites devant la cour d'assises de 
Mons et accusées de complot contre la sûreté de 
l'Etat. Le plus grand nombre d'entre elles fut 
acquitté, les débats ayant révélé qu'elles avaient agi 
sous l'influence d'agents de la sûreté publique. 



i66 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

jouant le rôle de provocateurs.il n'en fallut pas da- 
vantage pour faire accuser le gouvernement d'avoir 
suscité des troubles afin de pouvoir les réprimer et 
de se poser en sauveur du pays. Cette accusation, 
après avoir été reproduite avec une violence extra- 
ordinaire dans la presse libérale, fut répétée avec 
non moins de virulence au Parlement. MM. Houzeau 
de Lehaie et Bara surtout se firent les porte-voix de 
l'opposition. Jamais peut-être le Palais de la Nation 
n'entendit des paroles aussi débordantes de passion. 
Les réponses des ministres incriminés, MM. Beer- 
naert. Le Jeune et Devolder, furent empreintes de 
calme et de dignité, bien qu'on leur imputât des 
faits véritablement infamants. Ils prouvèrent qu'ils 
étaient complètement étrangers à ce qu'on leur 
reprochait et que, si des fautes avaient été com- 
mises, ce n'était point eux qu'il fallait en rendre 
responsables. Les débats se terminèrent après 
deux séances d'orageuses querelles, le 29 mai 1 889, 
par le vote d'un ordre du jour dans lequel la 
Chambre exprimait sa confiance dans le gouver- 
nement. (]et ordre du jour fut adopté par soixante- 
dix-huit voix contre trente-deux et trois absten- 
tions, c'est-à-dire par la droite contre la gauche. 
Les abstentions étaient celles des ministres membres 
de la Chambre, MM. Beernaert, de Chimaj et 
Vandenpeereboom. 

La discussion devait être reprise bientôt. Le 
10 juin, M. Janson fut élu membre de la Chambre 
par l'arrondissement de Bruxelles. Ayant prêté 
serment huit jours après, il interpella immédiate- 



Introduction — 1889 167 



ment le cabinet sur les résolutions que lui avait 
sugge'rëes cette élection. Le parti libéral la consi- 
dérait cooime impliquant la condamnation de la 
conduite du gouvernement dans Vaffaire Pour- 
baiXy bien que le nombre de voix obtenu par le 
candidat indépendant eût été supérieur à celui du 
scrutin précédent. 

Ce nouveau débat fut une seconde édition de 
celui des 28 et 29 mai. La gauche réclama cette 
fois encore la démission du ministère, ainsi que 
la dissolution des Chambres, et M. Janson annonça 
que, le « jour prochain » où le parti libéral revien- 
drait au pouvoir, la cour de cassation serait saisie de 
la mise en accusation du cabinet actuel (1 ). 



(4 ) Les deux séances que, cette fois encore, la Chambre consacra à discuter 
Vaffaire Pourbaix furent non moins agitées que celles des 28 et 29 mai . 
Le 48 juin, le président, ne parvenant pas à rétablir le calme, fut obligé 
de lever la séance. L'extrait suivant du Compte rendu analytique montre 
à quel degré de violence s'étaient élevés les débats : 

« M. Beernaert, ministre des finances. — Il faut se faire une extrême 
violence pour entendre avec quelque calme des attaques comme celles 
dont la Chambre vient d'être le témoin, pour ne pas répondre à l'injure 
par l'injure, à l'outrage par l'outrage, au risque de transformer le parlement 
en arène de faubourg! (Très bien! à droite.) 

» .Te ne crois pas que, dans l'histoire des parlements d'aucun pays, il y 
ait un exemple de semblable conspiration politique, qui, sous prétexte de 
viser nos personnes, ne vise, en réalité, que la conquête du pouvoir I 
{ Très bien ! très bien ! sur les mêmes bancs,) 

» M. Janson me refuse son estime. Eh bien, je me passe de son estime. 
{Longue salve d'applaudissements à droite et au centre,) 

» Mais ce n'est pas pour me plaindre que j'ai demandé la parole. J'ai à 
répondre à la sommation de M. Janson et à lui demander compte de ses 
déclarations à Monset dans les meetings. 

» M. Janson estime que, de par son élection à Bruxelles, nous devons 
démissionner et dissoudre les Chambres. Je ne le surprendrai pas en 



i68 La Chambre des Représentants en 1894-1895. 

. Ces discussions recommencèrent dans la session 
suivante, lorsque le gouvernement crut devoir 
demander au Roi la révocation de Tadminisfrateur 
de la sûreté publique, M. Gautier de Rasse, qu'il 
accusait de trahison dans V affaire Pourbaix. Le 
gouvernement dut subir de nouveau pendant 



disant que nous n*avons jamais songé à donner notre démission et que 
nul n*a le droit de parler de dissolution, {Protestations à gauche.) 

» M . Bara. — Nous parlons de ce que nous voulons. (Bruit à droite.) 

» M. Beernabrt, ministre des finances. — On n'a pas le droit de 
demander la dissolution... (Exclamations à gauche.) 

» M. Bara. — C'est notre droit, et nous n'avons pas de leçon à 
recevoir d'un gouvernement aussi compromis que celui-ci! {Le bruit 
redouble à droite.) 

» M. le président. — Monsieur Bara, je vous rappelle à Tordre. {Protes- 
tations à gauche.) Si vous ne voulez pas observer un peu de silence, je 
devrai suspendre la séance : je viens de rappeler M. Bara à l'ordre. . , 
(Bruit à gauche.) 

» M. Bara. — Pourquoi? 

» M. le président. — Parce que vous ne cessez d'interrompre. Au 
milieu des cris qui partent de tous les bancs de la Chambre, il est impos- 
sible d'entendre les invectives qui sont échangées. 

» M. Bara. — Je réclame la*parole pour un rappel au règlement. 
[Tumulte.) 

» M. Beernaert, ministre des finances. — Je répète que... {Le bruit 
continue.) 

» M. le président. — Je suis obligé de donner la parole à M. Bara pour 
un rappel au règlement. 

» M. Beernaert, ministre des finances. — Je suis prêt à céder la parole 
à M. Bara, mais je demande qu'on me laisse m'expliquer sur... (Non! 
non! à gauche,) Soit! 

» M. Bara. — Je n'ai pas entendu le rappel à l'ordre de notre honorable 
président et je ne sais à propos de quoi il m'a été appliqué. 

» Avec une arrogance sans pareille, M. le ministre des finances a dit à la 
gauche qu'on n'a pas le droit de demander la dissolution. 

» J'ai répondu que nous avions le droit de parler de ce que nous vou- 
lions et que nous n'avons pas de leçon à recevoir d'un gouvernement, 
surtout d'un gouvernement aussi compromis. 

» Ce serait la première fois qu'on verrait un député rappelé à l'ordre 



Introduction — 1889 169 



cinq séances (1 ) les mêmes accusations de la gauche. 
Encore une fois, le débat se termina par la mise 
aux voix d'un ordre du jour approuvant la conduite 
du gouvernement. Ce fut un vote de droite contre 
gauche (2). 



pour avoir revendiqué les prérogatives parlementaires I Et s'il en était 
ainsi, j'accepterais le rappel à l'ordre comme un honneur 1 {Très bien! 
Applaudissements à gauche,) 

» M. LE PRÉSIDENT. — Je ne vous ai pas rappelé à l'ordre pour avoir 
revendiqué les prérogatives parlementaires. Tout le monde sait que les 
membres de la Chambre ont le droit de dire ce qu'ils pensent être dans 
l'intérêt du pays. 

» M. le ministre des finances ne vous contestait pas le droit de demander 
la dissolution : sa pensée était que les circonstances ne justifiaient pas une 
demande de dissolution. {Bruit.) 

» Je vous ai rappelé à l'ordre, monsieur Bara, parce que vous n'avez 
cessé d'interrompre M. le ministre des finances, et ce d'une façon violente. 
Je maintiens ce rappel à l'ordre. 

» M. Bara. — Je n'ai fait que deux interruptions et pas d'autres. Mais 
quand une pareille parole est prononcée par de pareils ministres, M. le 
président devrait plutôt nous défendre contre eux : nous savons de quoi 
ils sont capables... (A l'ordre! à l'ordre! Bruit persistant, M. le président 
frappe de son maillet.) 

» M. LE président. — J'ai fait tout ce qui était possible pour maintenir 
l'ordre. Dès le début de la séance, j'ai rappelé à l'ordre un membre de la 
droite. 

» Quant à ce que dit M. Bara qu'il n'a interrompu que deux fois, il se 
trompe : il a interrompu vingt fois au moins et une seule fois était déjà de 
trop! 

» M. Pirmez. — Permettez ! monsieur le président. Je crois que le rappel 
à Tordre de M . Bara devrait être retiré. 

» M. LE PRÉSIDENT. — Je l'ai rappelé à l'ordre pour ses incessantes 
interruptions. 

» J'ai d'ailleurSjUsé de la même mesure envers M. de Smet de Naeyer. 

» M. Beernaert, ministre des finances. — Je prie mes amis de la droite 
de ne plus interrompre. » 

('I) Les séances des i,S novembre,[4, 5, 6 et 7 décembre 4889. 

(2) Deux membres de la gauche, tout en votant^contre le gouvernement, 
se refusèrent à croire aux]intentions criminelles que lui prêtaient MM. Jan- 

H 



170 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

Une autre circonstance — la discussion du budget 
du ministère de la justice — fournit aussi à la 
UDiinorité l'occasion de dresser contre le cabinet uii 
véritable réquisitoire. M. Frère-Orban se fit, cette 
fois, l'organe de l'opposition. Son discours, pro- 
noncé dans les séances des 17 et 18 avril 1890, 
passait en revue toute la politique du gouverne- 
ment. Les principaux reproches qu'il adressait à ce 
dernier consistaient surtout dans l'abstention offi- 
cielle de la Belgique à l'Exposition universelle de 
Paris en 1889, dans un vol de documents fait par 
un fonctionnaire au ministère de l'intérieur, dans 
l'affaire Pourbaix, dans les modifications ministé- 
rielles qu'avait nécessitées la retraite de M. de 



son et Bara, porte-voix de l'opposition. Voici comment ils motivèrent leur 
attitude : 

» M. Lambert. — Je ne voterai pas l'ordre du jour de M. Mélot, et je 
demande à préciser la signification de mon vote. 

» MM. Beernaert et Devolder se somt compromis dans le fait Conreur : 
ils savaient que celui-ci n'était pas l'auteur du manifeste. 

» Mais que ces ministres eussent voulu provoquer le désordre pour 
s'attribuer ensuite le criminel honneur de l'avoir réprimé, je n'en crois 
absolument rien. Comme tant d'autres, ils ont été trompés par Pourbaix. 

» Je crois, au contraire, que si le gouvernement a commis la faute de 
laisser signer Yultimatum par un membre quelconque de cette bande de 
conspirateurs, c'est pour arrêter l'anarchie à ses débuts. 

» Il semble vraiment qu'en toute cette affaire la sûreté et le gouverne- 
ment, qui eussent dû s'éclairer dans l'intérêt de l'ordre et de la justice, 
n'avaient aucune confiance l'un dans l'autre et ne s'entr'aidaient nullement. 

» Voilà, messieurs, quelle est la signification de mon vote. 

» M. DE Macar. — Pas plus que l'honorable membre qui vient de 
parler, je ne crois à une intention criminelle de la part de MM. les 
ministres... 

» M. Beernaert, ministre des finances. — Vous êtes bien bon ! 

» M. DE Macar. — Mais les fautes qu'ils ont commises sont lourdes, et 
je ne puis en aucune façon leur donner un vote d'approbation. » 



Introduction — i8go 171 



Moreau, dans les satisfactions données aux reven- 
dications flamandes, dans le rétablissement de 
l'aumônerie militaire, dans les droits d'entrée sur 
les bestiaux, dans le rejet du service personnel 
auquel il accusait le cabinet d'avoir travail lé subrep- 
ticement (1), dans l'insuffisance des lois sociales 
votées, dans la loi scolaire, dans les nominations 
de fonctionnaires et de magistrats, dans l'organisa- 



(1) Cette affirmation donna lieu à un incident analogue à celui qui s'était 
produit en -i 874 et que nous avons rapporté à la page 86. Le voici tel qu'il 
est résumé dans le Compte rendu analytique : 

*f Le principe (du service personnel), disait l'orateur, pouvait passer au 
vote. Le gouvernement en fut frappé de terreur. Il fit des efforts pour que 
ces membres s'abstinssent ou s'en allassent au moment du vote !... (Inter- 
ruptions à droite,) 

» M. BsERNAERT, ministre des finances. — Cela n'est pas vrai! [Excla- 
mations à gauche.) 

» M. Frère-Orban. — Je vous interdis de m'interrompre par des 
expressions de ce genre : je ne le souffrirai pas et je vous en demanderai 
raison. (Bruit à droite,) Vous avez menti ! entendez- vous? (Tumulte à 
droite, — A V ordre! à V ordre î) 

» M. Beernaert, ministre des finances. — Dire qu'une chose n'est pas 
vraie est d'usage parlementaire... 

» A gauche : Non ! 

» M. Begerem. — Cela vaut mieux que de dire : Vous avez menti ! 

» M. Frère-Orban. — C'est la même chose. (Non! non! à droite,) La 
Chambre l'a jugé en plus d'un cas. 

» M. Eeman. — On vous a pardonné bien des choses, mais pas celle-ci. 

» M. Beernaert, ministre des finances. — Lorsque M. Frère, une fois 
de plus, emploie cette expression, il abuse de ses cheveux blancs, sachant 
qu'ils le mettent à l'abri des conséquences d'une impertinence. (Bruit.) 

» M. Frère-Orban. — Ceci est simplement une défaite et une lâcheté ! 
(Très bien ! Longs applaudissements à gauche .) 

» A droite : A l'ordre ! à l'ordre! (Tumulte.) 

» M. Coremans. — M. Guillery a pu vous dire cela! (Exclamations à 
gauche.) 

» M. Lescarts. — Taisez-vous I Vous n'avez pas le droit de parler ! (Le 
tumulte con tinue. ) 



172 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

tion de la réserve militaire, dans les dépenses pour 
les fortifications de la Meuse et d'Anvers, ainsi que 
pour l'armement de l'artillerie, enfin dans l'inter- 
vention de la Belgique dans les affaires du Congo. 
Le chef de la gauche terminait ainsi sa harangue : 
« Un des amis du gouvernement a dit un jour à 
quels signes on reconnaît un bon gouvernement. Il 
citait l'initiative, la direction, la résistance. 

» M. LE PRÉSIDENT. — Jc pcDsc quc CCS cxprcssions ont trahi la pensée 
des uns et des autres. En employant l'expression dont il s'est servi, M. le 
ministre des finances n'a pas mis en doute la sincérité de M. Frère. Celui-ci 
a pu avancer un fait qu'il a cru vrai et qui ne l'est pas. 

» Dans ces conditions, monsieur Frère, l'expression dont vous vous êtes 
servi ne répond pas à l'interruption de M . le ministre des finances. Dire : 
Vous avez menti ! c'est prêter une intention mauvaise à votre contradicteur, 
et c'est ce que vous ne pouvez pas faire. 

» M. Frère-Orban. — M. le ministre a dit que ce que je disais n'était 
pas vrai î . . . 

» M. Beernaert, ministre des finances. — Je répète ce que j'ai dit. 
M. Frère a affirmé que le gouvernement aurait usé de son influence auprès 
de quelques-uns de ses amis pour les détourner du vote ou pour qu'ils 
s'absentent à ce moment. Je déclare que cela n'est pas vrai. (Très bien! à 
droite.) 

» J'ai dit que cela n'était pas vrai et non que M. Frère en avait menti : 
entre les deux expressions, il y a une distance énorme; on peut produire 
un fait inexact par légèreté ou parce qu'on est mal renseigné. Mais je mets 
M. Frère au défi de justifier son dire. [Très bien! Nouvelle approbation à 
droite,) 

» Si j'ai fait ce que M. Frère prétend, qu'il le prouve. 

» M. LE président. — Il résulte de ces paroles que M. le ministre n'a eu 
en rien l'intention d'incriminer la loyauté et la bonne foi de M. Frère. 

» Dans ces conditions, monsieur Frère, j'espère que vous retirerez les 
mots « vous avez menti » que vous avez employés. 

» M. Frère-Orban. — Du moment où M. le ministre n'a pas eu l'in- 
tention de m'accuser de mensonge. . . 

» M. Beernaert, ministre des finances. — Rien ne vous permettait de 
m'attribuer cette pensée. 

» M. Frère-Orban. — Si c'est là votre pensée, si vous ne désavouez pas 
M. le président... 



Introduction — 1890 173 



» Examen fait de la politique du cabinet, on n'y 
rencontre aucune de ces qualités ; mais on y trouve 
une politique pleine d'astuce, de mensonge, de per- 
fidie, profbndëment corruptrice, qui atteindra la 
morale publique et sera fatale au pays ! » 

M. Beernaert répondit à ce discours agressif en 
faisant l'apologie de la politique ministérielle, en 
montrant notamment l'équilibre rétabli dans les 
finances, alors que le cabinet libéral avait laissé une 
succession très obérée, en énumérant les nom- 
breuses mesures prises en faveur des classes ou- 
vrières, en rappelant les majorités énormes, com- 
posées aussi bien des membres de la gauche que des 
membres de la droite, par lesquelles la Chambre 
avait ratifié les mesures proposées en faveur du 
Congo et l'accueil sympathique que l'œuvre afri- 
caine du Roi recevait chez les populations. 

Cette discussion se compliqua des débats provo- 
qués par Vaffaire Nieter. Des documents avaient 
été dérobés au ministère de l'intérieur et publiés 
dans une revue française (1); un fonctionnaire de 
ce département, M. Nieter, fut soupçonné de ce 

» M. Beernaert, ministre des finances. — Je ne sais où vous auriez 
puisé le droit de m'atiribuer des faits de ce genre, en employant ensuite 
des expressions qu'une fois déjà vous avez employées dans cette enceinte. 

» M. LE PRÉSIDENT. — En présencc dcs explications données, je convie 
M. Frère à retirer son expression. 

» M. Frère Orban. — Du moment que M. le ministre des finances n'a 
pas eu l'intention de m'ofFcnser, je n'ai pas à maintenir l'expression dont 
je me suis servi. 

» M. LE pRÉsmENT. — L'incident est clos. Veuillez continuer. » 

{\ ) Aux documents dérobés, l'auteur de la publication avait ajouté des 
pièces apocryphes. 



174 Î-A Chambre des Représentants en 1894-1895 

détournement et, accusé en outre d'autres faits 
d'ordre administratif, frappé de suspension, en 
attendant que la justice eût prononcé. Il saisit la 
presse libérale de sa défense et accusa ouvertement 
les ministres de trahison. Une révocation pure et 
simple lui répondit. Dans les lettres que M. Nieter 
publia dans L'Etoile belgCy il affirmait qu'il était 
chargé au ministère des affaires étrangères d'un 
service de la presse et avait à s'entendre avec 
M. de Mondion, écrivain français, pour faire 
insérer dans les journaux étrangers des articles 
relatifs à la politique belge. 

L'opposition prit texte de ces événements pour 
attaquer de nouveau le cabinet et demander à la 
Chambre sa condamnation. Il l'accusa d'entraver 
dans un but électoral l'action de la justice, — l'in- 
struction de l'affaire des documents volés ayant à son 
avis une marche trop lente, — contesta l'équité de la 
peine disciplinaire dont M. Nieter avait été frappé 
et dénia au gouvernement le droit de demander la 
défense de ses actes aux organes de la presse étran- 
gère, dont les principes n'étaient pas les mêmes que 
les siens. Le gouvernement s'attacha à (démontrer 
le bien-fondé de la mesure qu'il avait prise à l'égard 
de M. Nieter. Il confirma l'existence du bureau 
de presse, mais soutint que le seul but que l'on 
poursuivait en communiquant des notes à la 
presse étrangère était de démentir des nouvelles 
fausses, but dont nul ne pouvait contester la légi- 
timité. Les plus importants des articles qu'on lui 
attribuait n'émanaient d'ailleurs pas de lui. Il 



Introduction — 1890 175 



déclara en même temps que pleine liberté avait été 
laissée à la justice et que nul n'avait cherché à 
en arrêter le cours. L'ordre du jour pur et simple, 
voté par la droite contre la gauche, termina la 
discussion. 

Ces querelles politiques absorbèrent un grand 
nombre de séances. L'élaboration de la loi sur la 
collation des grades académiques s'imposa aussi 
pendant plusieurs semaines à l'attention des députés. 
Commencée le 19 novembre 1889, elle se prolongea 
jusqu'au 27 février 1890 et fut votée par soixante- 
sept voix contre dix-neuf et une abstention (loi du 
10 avril 1890). Elle ne changeait pas grand'chose 
à la loi de 1876. Elle exigeait pour l'admission à 
l'examen de candidat en philosophie et lettres, de 
candidat en sciences naturelles ou de candidat 
notaire un certificat constatant que le récipiendaire 
avait suivi avec fruit un cours d'humanités pen- 
dant six années, et pour l'admission à l'examen de 
candidat en sciences physiques et mathématiques 
un certificat constatant qu'il avait suivi de la même 
manière un cours d'études professionnelles de cinq 
années ou un cours d'humanités de six années, plus 
le cours de mathématiques de la première scienti- 
fique. Elle admettait les universités libres à délivrer 
tous les diplômes, même ceux d'ingénieur, et intro- 
duisait diverses modifications dans les programmes 
des études. La loi statuait enfin, et ceci con- 
stituait une satisfaction donnée aux revendications 
des flamingants, qu'à partir du 1«' janvier 1895 
nul ne pourrait être nommé dans la Flandre occi- 



176 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

dentale, dans la Flandre orientale, dans la province 
d'Anvers et dans le Limbourg, à des fonctions 
judiciaires autres que celles de la juridiction consu- 
laire, s'il ne justifiait, par un examen, qu'il était à 
même de se conformer, quant à l'emploi de la 
langue flamande en matière répressive, aux dispo- 
sitions de la loi du 3 mai 1889. Celte condition 
était également imposée à ceux qui aspiraient à être 
nommés à des fonctions judiciaires afférentes aux 
tribunaux de première instance et aux justices de 
paix dans les arrondissements de Bruxelles et de 
Louvain. De même, nul ne pourrait plus être nom- 
mé notaire dans ces provinces et arrondissements 
et aucun docteur en philosophie et lettres être 
appelé à une chaire de professeur d'histoire, de 
géographie ou de langues germaniques dans un 
athénée d'une ville flamande s'il ne justifiait, de la 
manière prescrite par la loi, d'une connaissance 
suffisante de la langue flamande. 

Au vote de cette loi vint s'ajouter, pendant cette 
session, le vote des lois du 4 avril 1890 relatives 
à l'enseignement et à l'exercice de la médecine 
vétérinaire et à l'enseignement agricole, de la loi 
du 27 mai fixant aux 21 , 22 et 23 juillet la date des 
fêtes nationales et de quelques autres lois d'une 
moindre importance générale. 

Plusieurs objets qui se trouvaient à l'ordre du 
jour n'avaient pu être examinés, lorsque la Chambre 
dut suspendre ses séances. Aussi, après les élections 
de juin 1890, qui avaient maintenu intacte la 
majorité sur laquelle s'appuyait le ministère, celui- 



Introduction — i8go 177 



ci crut nécessaire de convoquer les Chambres en 
une session extraordinaire, qui, commencée le 8, 
se termina le 30 juillet. 

M. Beernaert soumit d'abord aux travaux du 
Parlement un projet de loi créant une caisse de 
prévoyance et de secours en faveur des victimes 
des accidents du travail. Ce projet répondait à un 
vœu exprimé par le Roi de voir affecter à un but 
de charité sociale le crédit que la Législature se 
disposait à voter pour la célébration du vingt- 
cinquième anniversaire de son règne. Le ministre 
des finances exposa qu'il s'agissait d'établir une 
œuvre de bienfaisance et non une caisse de retraite. 
La question des assurances restait ouverte et une 
législation nouvelle sur le contrat de travail devait 
être proposée à la prochaine sCvSsion. La discussion 
se borna à des critiques de détail, et la Chambre 
adopta la loi, le 11 juillet, par soixante-huit voix 
contre dix et neuf abstentions (loi du 21 juillet 1890). 

Dans le même ordre d'idées fut prise en considé- 
ration une proposition de loi déposée le 1 7 mai 1 890 
par M. Janson, de concert avec MM. Casse, Hans- 
sens et Houzeau de Lehaie, et qui était relative aux 
assurances contre les accidents du travail. 

M. Beernaert demanda à la Chambre, dans la 
séance du 9 juillet, de ratifier une convention 
conclue entre la Belgique et l'Etat indépendant du 
Congo. Aux termes de cet accord, l'État belge s'en- 
gageait à avancer, à titre de prêt, à l'Etat du Congo 
une somme de 25 millions de francs, dont 5 millions 
devaient être versés immédiatement après l'appro- 



178 La Chambre des Repi^ésentants en .1894-1895 

bation du Parlement et 2 millions annuellement 
pendant dix ans, à partir de ce premier versement. 
Six mois après l'expiration des dix années, la Bel- 
gique pourrait s'annexer l'Etat indépendant du 
Congo, le Roi refusant expressément toute indem- 
nité du chef des sacrifices personnels qu'il s'était 
imposés. L'Etat du Congo s'engageait à ne con- 
tracter aucun nouvel emprunt sans l'assentiment du 
gouvernement belge. 

L'exposé des motifs reproduisait une lettre 
adressée, le 9 août 1889, au chef du cabinet par 
Léopold II, dans laquelle ce dernier, après avoir 
rappelé les entreprises heureuses de colonisation 
faites dans le passé par des peuples de second rang, 
montrait les progrès accomplis au Congo, l'avenir 
qui était réservé à ce pays et annonçait qu'il avait 
cru de son devoir de mettre la Belgique à même, 
lorsque la mort viendrait le frapper, de profiter de 
son œuvre ainsi que du travail de ceux qui l'-avaient 
aidé à fonder et diriger le nouvel Etat. « J'ai donc 
fait, disait le Roi, comme souverain de l'Etat 
indépendant du Congo , le testament que je 
vous adresse; je vous demanderai de le communi- 
quer aux Chambres législatives au moment qui 
nous paraîtra le plus opportun (1). » 

(<) Le testament du Roi est ainsi conçu : 

a Nous, LÉOPOLD II, Roi des Belges, 
» Souverain de l'État indépendant du Congo, 
» Voulant assurer à notre patrie bien-aimée les fruits de l'œuvre que, 
depuis de longues années, nous poursuivons dans le continent africain 
avec le concours généreux et dévoué de beaucoup de Belges ; 



Introduction — i8go 179 



Le principe même du prêt ne trouva à la 
Chambre qu'un opposant, M. Goomans. Mais, tout 
en se prononçant en faveur de la proposition, 
M. Houzeau de Lehaîe regretta le manque de fran- 
chise dont le cabinet avait, disait-il, fait preuve 
lorsqu'il s'agissait du Congo, et M. Frère-Orban 
reprocha au gouvernement d'avoir eu recours à des 
expédients pour engager indirectement le pays; la 
Belgique n'avait plus sa liberté morale pour refuser 
le prêt demandé, pas plus qu'elle ne l'aurait en 1 900 
pour repousser l'annexion. Quelques autres mem- 
bres encore firent des réserves (loi du 4 août 1890). 

A ces discussions succéda le vote de la loi du 
21 juillet 1890 accordant une amnistie en faveur 
des réfractaires, des retardataires et des déserteurs 
de l'armée belge, des lois du 4 août suivant rela- 
tives à la falsification des denrées alimentaires et 
modifiant quelques dispositions des lois électorales 



» Convaincu de contribuer ainsi à assurer à la Belgique, si elle le veut, 
des débouchés indispensables à son commerce et à son industrie et 
d'ouvrir à l'activité de ses enfants des voies nouvelles, 

» Déclarons, par ces présentes, léguer et transmettre, après notre mort, 
à la Belgique tous nos droits sur l'État indépendant du Congo, tels qu'ils 
ont été reconnus par les déclarations, conventions et traités intervenus 
depuis 4884 entre les puissances étrangères d'une part, l'Association inter- 
nationale du Congo d'autre part, ainsi que tous biens, droits et avantages 
attachés à cette souveraineté. 

» En attendant que la Législature se soit prononcée sur l'acceptation de 
nos dispositions prédites, la souveraineté sera exercée collectivement par 
le conseil des trois administrateurs de l'État indépendant du Congo et par 
le gouverneur général. 

» Fait à Bruxelles, le 2 août 1889. 

» LÉOPOLD. » 



i8o La Chambre des Représentants en 1894-1895 

coordonnées, modifications qui avaient principale- 
ment en vue la confection du bulletin de vote. 

La session ordinaire de 1890-1891 s^ouvrit le 
11 novembre. Elle marque dans l'histoire parle- 
mentaire de notre pays (1). 

Lorsque la Chambre se réunit, M. Mélot, député 
de Namur, avait remplacé M. Devolder au minis- 
tère de l'intérieur et de l'instruction publique (2). 
Il ne put y demeurer longtemps et, par raisons de 
santé, dut, après quelques semaines, offrir sa 
démission au Roi. M. de Burlet, bourgmestre de 
Nivelles, lui fut donné comme successeur (3). 

La question de la bienfaisance absorba pendant 
longtemps les travaux de la Chambre. Sur l'initia- 
tive de M. Le Jeune, ministre de la justice, le Parle- 
ment discuta et vota successivement les lois du 
27 novembre 1891 sur l'assistance publique, sur 
l'assistance médicale gratuite, sur la répression de 
la mendicité et du vagabondage, lois qui occupent 
une place considérable dans notre législation 
sociale (4^ 

Une loi du 23 août 1887 avait frappé de peines 
les provocations à commettre des crimes et délits, 
même lorsqu'elles n'élaient pas suivies d'effet. Jus- 



[i) C'est au début de cette session que M. Janson déposa une nouvelle 
proposition de revision de la Constitution. Nous renvoyons à plus tard ce 
qui concerne ces importants débats, a^n de ne pas devoir en scinder 
l'exposé. 

(2) Arrêtés royaux du 6 novembre 1890. 

(3) Arrêtés royaux du 2 mars 4891 . 

(4) Commencée le -18 juin 4890, la discussion de ces lois ne fut terminée 
que le <2 août suivant. 



Introduction — 1891 



qu'alors, on s'était trouvé sous l'empire d'un décret 
du 20 juillet 1831, qui disait que quiconque aurait 
provoqué directement à désobéir à la loi serait 
puni. On avait soutenu qu'il ne s'appliquait pas 
à la provocation non suivie d'effet lorsque la 
désobéissance à la loi constitue un crime ou un 
délit. La loi de 1887, votée après des débats de 
quelques heures, avait eu pour but de trancher 
cette contro^^erse. Elle n'était obligatoire que pour 
trois années et devait être renouvelée en 1890. 
Le projet déposé cette année-là prévoyait divers 
délits nouveaux, mais ils rentraient dans la caté- 
gorie de ceux que punissait la loi de 1887 (1). Tel 
était le système dont se servait le gouvernement 
pour justifier sa proposition. La gauche se refusa à 
l'admettre. D'après elle, les modifications deman- 
dées aggravaient notablement la loi de 1887. Le 
décret de 1831 suffisait d'ailleurs pour parer à 
toutes les éventualités. Les mesures voulues par le 



(4) Voici les textes des articles i er de la loi du 23 août i 887 et de la loi du 
25 mars \S9\ . On pourra juger des différences qu'ils présentent : 

Loi de jSSj : « Quiconque, soit par des discours tenus dans des 
réunions ou lieux publics, soit par des placards affichés, soit par des dessins 
ou emblèmes, soit par des écrits imprimés ou non et vendus ou distribués, 
aura directement ou méchamment provoqué à commettre des faits qualifiés 
crimes par la loi, sans que cette provocation ait été suivie d'effet, sera puni 
d'un emprisonnement de huit jours à trois ans et d'une amende de 
50 à 3,000 francs. 

» Quiconque, par l'un des modes indiqués au § ier, aura directement 
et méchamment provoqué à commettre l'un des délits prévus par les 
articles 310, 313, 463 et 588 du Code pénal, sans que cette provocation ait 
été suivie d'effet, sera puni d'un emprisonnement de huit jours à trois mois 
et d'une amende de 26 à 4 ,000 francs. » 



i82 , La Chambre des Représentants en 1894-1895 

gouvernement constituaient un procès de tendance, 
elles établissaient une loi d'exception dirigée contre 
les socialistes et n'existant dans aucun autre pays» 
Voter la loi, disaient les orateurs de la gauche, 
paraîtrait menacer de mesures répressives des théo- 
ries qu'on peur ne pas partager, mais dont il est 
interdit d'entraver la libre expression. Ils la repré- 
sentèrent, en outre, comme contraire à la pro- 
cédure pénale, d'après laquelle la seule intention 
criminelle n'est pas punissable, et comme atten- 
tatoire à la liberté de la presse, dont il vaut mieux 
tolérer les écarts que de les réprimer d'une manière 
intempestive. 

Le gouvernement, par l'organe de M. Le Jeune, 
ministre de la justice, protesta contre les intentions 
qu'on lui prêtait et obtint, le 26 février 1 891 , le vote 
de son projet par cinquante-six voix contre vingt- 
six et une abstention (loi du 25 mars 1891). 

La Chambre entendit ensuite deux interpellations 



Loi de i8çr : « Quiconque, soit par des discours tenus dans des 
réunions ou lieux publics, soit par des placards affichés, soit par des dessins 
et emblèmes, soit par des écrits imprimés ou non et vendus ou distribués, 
aura directement et méchamment provoqué à commettre des faits qualifiés 
crimes par la loi, sans que cette provocation ait été suivie d*efFet, sera puni 
d'un emprisonnement de huit jours à trois ans et d'une amende de 
50 à 3,000 francs. 

» Quiconque, par l'un des modes indiqués au §1®', aura directement 
et méchamment provoqué, sans que cette provocation ait été suivie d'effet, 
à commettre Tun des délits prévus par les articles 269 à 274, 310, 313, 463, 
523, 524, 528, 533, 534, 557, n» 6, § 2, du Code pénal, et l'article 2 de la loi 
du. M juin -1883, concernant les fils téléphoniques, sera puni d'un empri- 
sonnement de huit jours à trois mois et d'une amende de 26 à 
4,000 francs. » 



Introduction — 1891 i83 



motivëes par des violations apportées à l'exercice 
de libertés constitutionnelles. 

Le pays était cette année en proie à une vive 
agitation, causée par le mouvement en faveur du 
suffrage universel. Des grèves étaient à craindre 
et quelques bourgmestres jugèrent prudent de 
défendre des meetings dans des locaux fermés. Ces 
faits provoquèrent une interpellation de M. Janson, 
qui, dans la séance du 16 juin, interrogea le gou- 
vernement sur les mesures qu'il comptait prendre 
pour mettre un terme à ces arrêtés portant atteinte 
au droit constitutionnel de réunion. Il n'y avait 
pas là, affirmait le député de Bruxelles, une 
question de parti, mais une question intéressant 
tous les citoyens. Le gouvernement se déclara 
d'accord avec M. Janson sur les principes consti- 
tutionnels, en faisant remarquer toutefois que si le 
bourgmestre n'avait pas le droit d'interdire les 
meetings dans un endroit public, il avait néan- 
moins celui de les disperser quand l'ordre public 
était troublé. 

Un mois après, un arrêté du bourgmestre d'Eecloo 
interdisant, en vertu de règlements communaux, la 
vente de certains journaux sur la voie publique et 
des poursuites judiciaires intentées pour violation 
de cet arrêté donnèrent lieu à une interpellation de 
M. Graux. 

De tels règlements étaient-ils constitutionnels? La 
gauche et la droite se montrèrent unanimes à 
admettre le contraire et le gouvernement se déclara 
prêt à faire ce qui était nécessaire pour ramener 



184 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

les administrations communales à l'observation de 
la loi fondamentale. Différents ordres du jour furent 
proposés. L'un, déposé par M. Janson, était ainsi 
conçu : « La Chambre, considérant que le règlement 
communal d'Eecloo et l'exécution qui lui a été 
donnée par le bourgmestre d'Eecloo sont inconsti- 
tutionnels, passe à l'ordre du jour. » Mais la droite 
ne voulut pas l'adopter, parce qu'il blâmait le 
bourgmestre d'Eecloo, qui pouvait avoir été induit 
en erreur par des précédents existants et par des 
arrêts de la Cour de cassation. Un autre, qui avait 
pour auteur M. A/V^oeste, disait : « La Chambre, 
estimant que la liberté de la presse ne peut être 
entravée ni directement ni indirectement et con- 
fiante dans l'attachement des autorités publiques à 
toutes les libertés, passe à l'ordre du jour. » 
M. Bara se refusa à voter l'un et l'autre. La 
Chambre était, à son avis, incompétente pour se 
prononcer sur un point de droit soumis à la justice. 
Il ne lui appartenait pas de donner des consultations 
juridiques ne liant ni les tribunaux ni le Sénat, 
d'autant plus que celui-ci pourrait faire une décla- 
ration contraire. Le règlement était d'ailleurs légal 
d'après l'orateur : le commerce des journaux étant 
un commerce comme un autre, pouvant être régle- 
menté comme un autre. Il proposa l'ordre du jour 
pur et simple. La Chambre se rallia à celui de 
M. W^oeste. 

Cette question reparut à l'ordre du jour de la 
Chambre dans la session suivante, aux séances du 
19 février et du 8 avril 1892. Des arrêts de la Cour 



Introduction — 1S91 i85 



de cassation étaient intervenus. Ils avaient reconnu 
la légalité des règlements d'Eecloo et de Nevele, qui 
invoquaient le devoir de l'autorité communale 
d'assurer le bon ordre sur la voie publique, et 
avaient déclaré illégal le règlement de la commune 
d'Aeltre, lequel se basait sur la nécessité d'éviter la 
diffusion d'écrits et d'imprimés séditieux ou con- 
traires aux bonnes mœurs. La Chambre discuta les 
principes contenus dans ces arrêts, les conséquences 
qu'il fallait en tirer et la manière dont le gouverne- 
ment pourrait remédier aux abus que la jurispru- 
dence admise par la Cour suprême serait de nature 
à produire. Aucune solution législative n'intervint, 
mais ces débats eurent néanmoins une grande im- 
portance pour l'histoire de la liberté de la presse 
en Belgique. Le gouvernement se montra disposé 
à annuler tout règlement qui, sous une forme indi- 
recte, rétablirait la censure : il répondait ainsi aux 
désirs exprimés par les orateurs des divers partis, à 
l'exception de M. Bara, qui se fit en cette circon- 
stance le défenseur de l'autonomie communale. 

Le gouvernement avait, en 1888, obtenu un crédit 
de 54 millions, à répartir en plusieurs années, des- 
tiné aux fortifications de la Meuse, Il avait assuré 
que cette somme suffirait aux constructions pro- 
jetées. Lors de l'examen du budget de la guerre, 
pendant la session de 1890-1891, le cabinet dut 
reconnaître qu'elle serait dépassée et qu'une aug- 
mentation de 1 7 millions était devenue nécessaire. 
C'est en 1892, pendant la discussion du budget des 
dépenses extraordinaires, qu'il sollicita ces nou- 

12 



i86 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

veaux crédits. Il affirma qu'en demandant 34 mil- 
lions il ne croyait pas qu^une majoration aurait 
été indispensable; il avait eu foi dans les décla- 
rations du lieutenant-général Brialmont : à celui-ci 
incombait la responsabilité de la situation. Il 
savait en 1888 que les crédits votés ne pourraient 
suffire et il n'en avait pas averti le ministre de la 
guerre. 

Malgré de très vives attaques de la gauche et 
l'opposition de plusieurs membres de la droite, la 
Chambre accorda les crédits supplémentaires par 
soixante voix contre vingt-six et neuf abstentions. 

Depuis 1888, un grand mouvement s'était produit 
de partout contre la traite des nègres. Le 5 mai de 
cette année, Léon XIIl avait, dans son Encyclique 
aux évêques du Brésil, élevé uûe protestation éner- 
gique contre le trafic des esclaves, et sa voix avait 
eu un immense retentissement. A la même époque, 
des négociations s'ouvraient entre l'Angleterre et 
l'Allemagne et faisaient prévoir que bientôt les 
États européens prendraient en main la direction 
du mouvement pour l'abolition de ce commerce. 
Dès le 1 7 septembre 1 888, le premier ministre de la 
Grande-Bretagne résolut de provoquer une inter- 
vention collective des puissances, et il déféra à la 
Belgique le soin, ainsi que l'honneur, d'en prendre 
l'initiative. L'appel adressé aux diverses nations 
fut écouté et, le 1 8 novembre 1 889, les représentants 
de dix-sept pays se réunirent à Bruxelles (1). 

(i ) Les puissances qui prenaient part à cette conférence avaient toutes, 
excepté la Perse, participé à la conférence de Berlin, dont l'Acte général 
servit de point de départ aux discussions de rassemblée. 



Introduction — 1891 187 



Les délibérations furent longues et semées d'in- 
cidents quij à plus d'une reprise, faillirent en 
compromettre le succès. Elles aboutirent le 2 juil- 
let 1890 à la signature d'un traité connu sous le 
titre de : jécte général de la Conférence de 
Bruxelles. 

(( L'Acte général compte cent articles répartis en 
sept chapitres. Pour les discuter et les établir, la 
Conférence a décidé de suivre la marche même de 
la traite et d'y opposer ainsi, dans chacune des 
phases qu'elle parcourt, des moyens appropriés de 
répression. Prenant son point de départ au foyer 
même du mal, aux lieux d'origine de la traite et des 
chasses, elle suit pas à pas le négrier et ses captifs, 
les accompagne sur les routes qui mènent à la côte, 
passe sur mer pour y régler minutieusement la sur- 
veillance et l'action des croisières, aborde enfin les 
pays de destination où se consomme la marchan- 
dise humaine, frappant à chaque étape les cou- 
pables, affranchissant et protégeant les victimes. 
Puis, arrivée au terme de cette carrière d'opprobre 
et de douleur, elle a cherché des sanctions, des 
moyens d'exécution divers et en a déterminé de 
trois espèces : la création d'institutions perma- 
nentes de secours, d'information ou de contrôle 
dans les pays d'esclavage et de traite, ainsi qu'en 
Europe, la réglementation du trafic des spiritueux, 
la création de ressources financières en vue de faci- 
liter l'accomplissement des décisions prises (1). » 

(4) E. Banning, La Conférence de Bruxelles ^ son origine et ses actes, 
p. 48. 



i88 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

Le prince de Ghimay, ministre des affaires étran- 
gères, déposa dans la séance du 24 février un projet 
de loi ratifiant l'Acte général de la Conférence de 
Bruxelles. Il fut adopté à l'unanimité le 18 mars 
(loi du 5 mars 1892). 

La session de 1890-1891 est marquée aussi par 
le vote de la loi du 10 janvier 1891 sur la plai- 
doirie devant les tribunaux de première instance, 
qui établissait dans quelles circonstances les avoués 
pouvaient plaider, de la loi du 6 février, qui rati- 
fiait les mesures prises en vue de la création d'une 
Union internationale pour la publication des tarifs 
douaniers, de la loi du 25 mars contenant le Code 
du timbre, de la loi du 25 août revisant le titre du 
Code de commerce relatif au contrat de trans- 
port, de la loi du 31 août portant tarification et 
recouvrement des honoraires des notaires, de la loi 
du 4 septembre étendant aux cours d'appel de 
Bruxelles et de Liège la loi du 3 mai 1889 sur 
Tusage de la langue flamande en matière répres- 
sive et modifiant la loi d'organisation judiciaire, 
ainsi que la loi sur les circonstances atténuantes, 
de la loi du 30 décembre approuvant la conven- 
tion conclue, le 30 juillet 1890, entre la Belgique 
et la France pour mettre fin à différents conflits 
résultant de l'application des lois qui règlent le 
service militaire dans les deux pays. 

Ces votes furent suivis, pendant la session de 
189M892, de l'adoption de la loi du 26 dé- 
cembre instituant la juridiction des référés en 
matière commerciale et apportant des modifica- 



Introduction — 1892 189 



fions à quelques dispositions relatives au mariage, 
des. lois du 30 janvier 1892 qui approuvent les 
traités de commerce conclus, le 6 décembre 1891, 
entre la Belgique et l'Allemagne et l'Autriche- 
Hongrie, de la loi du 12 mai augmentant le nombre 
des membres des Chambres législatives, de la loi du 
16 mai, approuvant le traité de commerce conclu,^ 
le 24 juin 1891 , entre la Belgique et l'Egypte, de la 
loi du 30 mai sur l'hypnotisme. 

Pendant la session extraordinaire, qui commença 
le 12 juillet et se termina le 29 du même mois, la 
Chambre, après avoir déterminé la procédure à 
suivre pour discuter les diverses propositions de 
revision, adopta la loi sur les habitations ouvrières 
(loi du 30 juillet 1892). 

Le comte de Merode Westerloo fut nommé 
ministre des affaires étrangères (1 ), en remplacement 
de M. Beernaert, qui gérait ce département ad 
intérim depuis la mort du prince de Chimay, sui'- 
venue le 29 mars 1892. 

La session ordinaire de 1892-1893 s'ouvrit le 
8 novembre par un discours du Trône. Le Roi fit 
appel à l'union de tous les partis pour l'accomplis- 
sement de l'œuvre importante de la revision consti- 
tutionnelle et signala à l'activité de la Législature 
la réforme du Gode de procédure pénale, du Code 
civil, ainsi que Télaboration d'un Code de procé- 
dure militaire. 

(1 ) Arrêté royal du 3 1 octobre \ 892. 



igo La Chambre des Représentants en 1894-1895 

La Chambre s'occupa pendant les premiers mois 
de diverses interpellations et de l'examen de plu- 
sieurs budgets. Elle aborda la question de la revi- 
sion seulement le 28 février 1893 et interrompit à 
plusieurs reprises les débats que cette question 
provoqua pour discuter encore des budgets et voter 
la loi du 30 juin 1893 portant création d'une 
faculté technique à l'université de Liège, la loi du 
l^'^ juillet relative aux effets de la dissolution des 
Chambres à l'égard des projets de loi antérieurement 
déposés (1), la loi du 3 juillet réprimant les crimes 
et délits de traite en exécution de l'Acte général de 
la Conférence de Bruxelles, les lois du 14 juillet 
ajournant la revision des listes électorales et le 
renouvellement partiel des conseils communaux, 
la loi du 18 juillet exemptant de la contribution 
personnelle certaines catégories d'ouvriers, la loi 
du 28 juillet prohibant l'importation de la monnaie 
de billon étrangère et diverses autres lois d'intérêt 
secondaire qu'il serait trop long d'énumérer. 



(\) Les deux articles principaux de cette loi étaient ainsi conçus : 
« Art. 4er. — En cas de dissolution des Chambres, les projets 
de loi qui n'ont été adoptés ni par Tune ni par l'autre Chambre dissoute 
sont considérés comme non avenus; chacune des nouvelles Chambres 
est saisie, sans nouveau renvoi, des projets de loi qui ont été adoptés 
par l'autre Chambre antérieurement à la dissolution et qu'elle n'a ni 
adoptés, ni rejetés. 

» Art. 2. — En cas de dissolution de l'une des deux Chambres, les 
projets de loi qui ont été présentés à la Chambre dissoute et n'ont pas été 
adoptés par elle sont considérés comme non avenus; la nouvelle Chambre 
est saisie, sans nouveau renvoi, des projets de loi qui ont été adoptés par 
l'autre Chambre antérieurement à la dissolution ; l'autre Chambre reste 
saisie des projets de loi qui ont été adoptés par la Chambre dissoute. » 



Introduction — 1893-1894 191 

La session de 1893-1894 fut consacrée presque 
entièrement à la discussion des lois électorales (1) 
que rendait nécessaire la revision de la Constitu- 
tion. Les autres matières que la Chambre porta à 
son ordre du jour donnèrent lieu à d'assez courts 
débats, à l'exception de quelques budgets, notam- 
ment celui du département de la guerre. Le général 
Brialmont prononça à cette occasion un long dis- 
cours qui portait surtout sur la situation que faisait 
à la Belgique sa neutralité et les devoirs que celle-ci 
lui imposait. 

Les principales lois votées alors sont la loi du 
7 avril 1 894 approuvant la convention de commerce 
conclue entre la Belgique et la Roumanie, la loi du 
1 1 avril ajournant les élections provinciales et com- 
munales, la formation des listes des éligibles au 
Sénat et les examens de capacité électorale, la loi du 
15 juin modifiant l'article 317 du Code pénal 
relatif au port d'armes prohibées, la loi du 18 juin 
contenant le titre IX du livre III du Code de pro- 
cédure pénale, la loi du 21 juin apportant des 
modifications à la loi du 15 avril 1884 sur les prêts 
agricoles, la loi du 23 juin revissant la loi du 
3 avril 1851 sur les sociétés mutualistes. 



Dès l'ouverture de la session de 1890-1891, le 
président donna lecture d'une proposition signée 

(i) Nous en parlerons plus loin. 



192 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

par MM. Janson, Buis, Fléchet, Fagnart, Grosfils 
et Broquet et qui demandait la revision des arti- 
cles 47, 53 et 56 de la Constitution (1). Lorsque 
M. Janson développa celte proposition, le ministre 
des finances se prononça pour la prise en considé- 
ration, estimant qu'il était désirable de voir étu- 
dier et discuter la question sous toutes ses faces. 
M. Bilaut, au nom des représentants élus par 
Tarrondissement de Bruxelles, et M. Frère, parlant 
pour la gauche doctrinaire, opinèrent dans le 
même sens. M. ^iVoeste, se faisant l'organe d'une 
partie de la droite, déclara — tout en se prononçant 
contre le principe même de la revision, qui, di- 
sait-il, n'avait point les sympathies du parti con- 
servateur — ne point s'opposer à la prise en considé- 



(i) Voici quelle était la teneur de ces articles : 

« Art. 47. — La Chambre des représentants se compose des députés 
élus directement par les citoyens payant le cens déterminé par la loi 
électorale, lequel ne peut excéder iOO florins d'impôts directs, ni être 
au-dessous de 20 florins . » 

« Art. 53. — Les membres du Sénat sont élus, à raison de la population 
de chaque province, par les citoyens qui élisent les membres de la Chambre 
des représentants . » 

« Art. 56. — Pour pouvoir être élu et rester sénateur, il faut : 

» 1» Etre Belge de naissance ou avoir reçu la grande naturalisation ; 

» 2° Jouir de ses droits politiques et civils ; 

» 30 Etre domicilié en Belgique; 

» 4'» Etre âgé au moins de quarante ans; 

» 50 Payer en Belgique au moins 4,000 florins d'impositions directes, 
patentes comprises. 

» Dans les provinces où la liste des citoyens payant i ,000 florins d'impôts 
directs n'atteint pas la proportion de -1 sur 6,000 âmes de population, 
elle est complétée par les plus imposés de la province jusqu'à concurrence 
de cette proportion de 1 sur 6,000. » 



Introduction — 1894 193 



ration de la proposition. Elle fut votée à l'unanimité 
des cent dix-huit membres présents. 

La Chambre renvoya la proposition de M. Janson 
aux sections, qui la rejetèrent. Elle reçut un accueil 
plus favorable à la section centrale. Celle-ci déclai'a 
qu'un accord était nécessaire sur le nouveau régime 
électoral que l'on entendait établir avant qu'il pût 
être voté sur le principe de la revision, et elle 
invita le gouvernement à indiquer comment il 
entendait résoudre cette question. M. Beernaert 
répondit par une note dans laquelle il exposait 
les vues du ministère. Il voulait le droit électoral 
acquis à 25 ans et basé sur l'occupation d'une 
maison ou d'un immeuble, d'une valeur à déter- 
miner, à titre de propriétaire ou d'usufruitier, ou 
sur la capacité constatée par un diplôme univer- 
sitaire. Le gouvernement signalait en même temps 
l'opportunité qu'il j aurait à reviser divers autres 
articles de la Constitution, de manière à pouvoir 
réorganiser le Sénat, introduire la représentation 
des minorités, établir le référendum , permettre 
l'acquisition de colonies et subordonner le mariage 
des Princes de la Famille royale au consentement 
du Roi. 

Les travaux de la section centrale furent longs ; 
elle les termina par la déclaration suivante : 

« La section centrale admet à l'unanimité le 
principe de la revision. La majorité estime que 
cette revision doit être subordonnée aux conditions 
qui se trouvent exprimées dans diverses résolutions 
votées par la section. 



194 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

» Il y a donc lieu, d'après celle ci, d'ajourner la 
discussion et le vote sur la proposition de revision 
jusqu'après un débat parlementaire constatant un 
accord suffisant sur la formule constitutionnelle 
nouvelle, notamment en ce qui concerne les bases 
de l'électorat. Dans l'opinion delà section, ce débat 
devait se produire à Foccasion d'un projet de 
réforme électorale sur le terrain communal et pro- 
vincial que présenterait le gouvernement. » 

Malgré les pressantes instances de la gauche, la 
discussion fut remise à la session de 1891-1892. 
La Chambre l'aborda dans la séance du 2 février. 
M. Beernaert déposa un projet complétant la 
déclaration demandée par M. Janson et qui était 
ainsi rédigé : 

« Il y a lieu à revision : 

» 1^ De l'article 1^"^ de la Constitution, soit par 
modification à son texte, soit par l'introduction 
au titre I<^' d'une disposition nouvelle relativement 
à l'acquisition ou à la fondation éventuelle de 
colonies; 

» 2^ De l'article 52; 

» 3« Des articles 34, 48, 54 et 58 ; 

» 4° De l'article 60, soit par modification à son 
texte, soit par l'addition d'une disposition nouvelle 
réglant le mariage des Princes de la Famille royale; 

» 5<> De l'article 61 ; 

» 6^ De l'article 67, soit par modification à son 
texte, soit par l'introduction au chapitre II, sec- 
tion V% d'une disposition nouvelle accordant au 



Introduction — 1894 igS 



Roi, moyennant le contreseing ministériel, le droit 
de consulter le corps électoral (1). » 

La Chambre acquit bientôt la conviction qu'un 
accord préalable sur un nouveau système électoral 
et l'essai de ce dernier aux élections provinciales et 

(-1) Voici le texte des articles dont le gouvernement demandait la 
revision : 

« Art. 4«J^, — La Belgique est divisée en provinces. 

» Ces provinces sont : Anvers, le Brabant, la Flandre occidentale, la 
Flandre orientale, le Hainaut, Liège, le Limbourg, le Luxembourg, 
Namur, sauf les relations du Luxembourg avec la Confédération germa- 
nique. 

» Il appartient à la loi de diviser, s'il y a lieu, le territoire en un plus 
grand nombre de provinces. »> 

« Art. 52. — Chaque membre de la Chambre des représentants jouit 
d'une indemnité mensuelle de 200 florins pendant toute la durée de la 
session. Ceux qui habitent la ville où se tient la session ne jouissent 
d'aucune indemnité. » 

« Art. 34. — Chaque Chambre vérifie les pouvoirs de ses membres et 
juge les contestations qui s'élèvent à ce sujet. » 

« Art. 48. — Les élections se font par telles divisions de province et 
dans tels lieux que la loi détermine. » 

« Art. 54. — Le Sénat se compose d'un nombre de membres égal à la 
moitié des députés de l'autre Chambre. » 

« Art. 58. — A l'âge de dix-huit ans, l'héritier présomptif du Roi est 
de droit sénateur. Il n'a voix délibérative qu'à l'âge de vingt-cinq ans. » 

« Art. 60. — Les pouvoirs constitutionnels du Roi sont héréditaires 
dans la descendance directe, naturelle et légitime de Sa Majesté Lkopold- 
Georges-Chrétien-Frédéric de Saxe-Cobourg, de mâle en mâle, par 
ordre de primogéniture, et à l'exclusion perpétuelle des femmes et de 
leur descendance. 

» Art. 61. — A défaut de descendance masculine de Sa Majesté 
Léopold-Georges-Chrétien-Frédéric de Saxe-Cobourg, il pourra nommer 
son successeur avec l'assentiment des Chambres, émis de la manière pre- 
scrite par l'article suivant. 

» S'il n'y a pas eu de nomination faite d'après le mode ci-dessus, le trône 
sera vacant. » 

« Art. 67. — Il fait les règlements et arrêtés nécessaires pour l'exécu- 
tion des lois, sans pouvoir jamais ni suspendre les lois elles-mêmes, ni 
dispenser de leur exécution . » 



196 La Chambre des Représentants en 1894-1895 ^ 

communales était irréalisable, et après de longs dis- 
cours, où chacun se cantonna dans son opinion, 
elle se borna à voter la déclaration de révision de 
l'article 47 sans préjuger en rien l'avenir. Elle ne 
fit aucune difficulté pour déclarer qu'il y avait lieu 
à reviser l'article 1®' (1); mais, en repoussant la 
revision de l'article 34, elle maintint le droit pour 
chaque Chambre de vérifier le pouvoir de ses 
membres. L'article 48 donna lieu à de vives 
contestations. Le cabinet voyait dans les mots 
« telles divisions de province » un obstacle possible 
à l'adoption de la représentation proportionnelle 
qui faisait partie de son programme et il en 
demandait la suppression. La Chambre refusa 
d'abord son adhésion et, par soixante-huit voix 
contre cinquante-cinq, statua qu'il n'y avait pas 
lieu à revision en cette matière. Mais lorsque le 
Sénat se fut prononcé pour la réforme proposée 
et que M. Beernaert eut posé la question de 
confiance, elle s'inclina à son tour devant le désir 
exprimé par le ministère. 

La question du référendum^ qui impliquait la 

(i ) Le texte de cet article devint le suivant dans la Constitution revisée : 

« Art. i^r — La Belgique est divisée en provinces. 

» Ces provinces sont : Anvers, le Brabant, la Flandre occidentale, la 
Flandre orientale, le Hainaut, Liège, le Limbourg, le Luxembourg, 
Namur. 

» Il appartient à la loi de diviser, s'il y a lieu, le territoire en un plus 
grand nombre de provinces, 

» Les colonies, possessions d'outre-mer ou protectorats que la Belgique 
peut acquérir sont régis par des lois particulières. Les troupes belges des- 
tinées à leur défense ne peuvent être recrutées que par des engagements 
volontaires. » 



Introduction — 1894 197 



revision de l'article 26 (I), donna lieu e'galement à 
de vives contestations. Une fraction de la droite, 
guidée par M. W^oeste, se refusait obstinément à 
admettre cette institution nouvelle. M. Beernaert 
parvint cependant, après des péripéties nombreuses, 
à rallier à ses vues une majorité suffisante. Mais 
lorsque la Constituante se réunit, il dut abandonner 
cette partie de son programme qui rencontrait une 
vive hostilité dans le parti conservateur. 

C'est sans soulever de notable opposition que la 
déclaration de revision des articles 52, 53, 54, 56, 
58 et 61 fût obtenue. La Chambre, sur la propo- 
sition de M. de Hemptinne, y ajouta L'article 36 (2) 
et, se ralliant à un vote du Sénat, l'article 57 (3). 
Elle repoussa la revision de l'article 27 (4) que la 
Chambre haute avait aussi demandée. 

Les Chambres, conformément à TarticleiSl (5) 

{i ) Le gouvernement, qui avait d'abord choisi l'article 67 pour introduire 
le référendum^ y substitua l'article 26, qui est ainsi conçu : 

« Le pouvoir législatif s'exerce collectivement par le Roi, la Chambre 
des représentants et le Sénat. » 

(2) L'ancien article 36 était ainsi libellé : 

a Le membre de l'une ou de l'autre des deux Chambres, nommé par 
le gouvernement à un emploi salarié qu'il accepte, cesse immédiatement 
de siéger et ne reprend ses fonctions qu'en vertu d'une nouvelle élection. » 

(3) L'article 57 fut maintenu dans son texte primitif et porte : 
a Les sénateurs ne reçoivent ni traitement ni indemnité. » 

(4) L'article 27 stipule : 

« L'initiative appartient à chacune des trois branches du pouvoir 
législatif. 

» Néanmoins, toute loi relative aux recettes ou aux dépenses de l'État, 
ou au contingent de l'armée, doit d'abord être votée par la Chambre 
des représentants. » 

(5) Cet article est conçu comme suit : 

« Le pouvoir législatif a le droit de déclarer qu'il y a lieu à la revision 
de telle disposition constitutionnelle qu'il désigne. 



198 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

de la Constitution, furent alors dissoutes de plein 
droit. Les élections eurent lieu le 14 juin. Elles 
conservèrent la majorité aux catholiques; mais, en 
leur enlevant l'appui des députés indépendants 
de Bruxelles, elles les privaient de la majorité 
des deux tiers exigée par la Constitution pour 
rendre valable tout vote de revision et rendaient 
ainsi plus difficile l'œuvre que la Législature avait 
à mener à bonne fin. 

Le gouvernement convoqua les Chambres en 
session extraordinaire le 12 juillet 1892. Le but 
principal de cette réunion était d'établir une pro- 
cédure spéciale pour les travaux qu'elles allaient 
devoir entreprendre. M. Beernaert proposa la 
nomination, dans le sein des Chambres, d'une 
commission de vingt membres élue au scrutin de 
liste et comprenant, en outre, les présidents des deux 
assemblées. Chaque parti devait être représenté 
dans ces commissions proportionnellement à sa 
force numérique : on attribuait douze sièges aux 
conservateurs et huit aux libéraux. La mission de 



» Après cette déclaration, les deux Chambres sont dissoutes de plein 
droit. 

» Il en sera convoqué deux nouvelles, conformément à l'article 7^ (*). 

» Ces Chambres statuent, de commun accord avec le Roi, sur les points 
soumis à la revision. 

» Dans ce cas, les Chambres ne pourront délibérer si deux tiers au moins 
des membres qui composent chacune d'elles ne sont présents, et nul 
changement ne sera adopté s'il ne réunit au moins les deux tiers des 
suffrages. » 

(*) « Aet. 71. — Le Boi a le droit de dissoudre les Chambres, soit simiiltanémeut, soit 
séparément. L'acte de dissolution contient conyocation des électeurs dans les quarante 
Jours et des Chambres dans les deux mois. » 



Introduction — 1894 199 



ce rouage nouveau était de travailler, de concert 
avec le gouvernement, à la rédaction de propo- 
sitions que l'on soumettrait aux pouvoirs consti- 
tuants. La Chambre adopta cette proposition par 
quatre-vingt-quatre voix contre quarante-huit (1). 
M. Frère-Orban s'en était montré ardent adversaire. 
Il soutenait que c'était au gouvernement à prendre 
les initiatives nécessaires, qu'en créant ces com- 
missions il voulait se décharger de ses devoirs et 
de la responsabilité qui lui incombait. L'orateur 
ajoutait que l'on n'atteindrait pas le but que l'on 
poursuivait. Les commissions, disait-il, — et en 
cela il était bon prophète, — n'aboutiraient à rien, 
chacun se cantonnerait dans son système préféré, 
sans vouloir faire de concession. La crainte d'un 
échec complet de la revision pourrait seule, au 
cours des débats publics, amener une entente. 

Le discours du Trône, prononcé le 8 novembre, 
annonça que le gouvernement déposerait des pro- 
positions. Il en transmit en effet, à la fin de 
décembre 1892, à la commission. Celle-ci était 
saisie déjà d'un grand nombre d'autres projets. 
M. Nothomb demandait que le droit de vote fût 
conféré à tous les citoyens âgés de 25 ans et justi- 
fiant de trois ans de résidence. M. Janson et ses 



(i) La Chambre introduisit dans son règlement, en conséquence de ce 
vote, la disposition suivante : 

« Art. 98. — Toutes propositions de modifications ou de rédaction 
nouvelle des articles à reviser sont soumises à la commission, sans que la 
Chambre ait préalablement à en autoriser la lecture, à les prendre en 
considération ou à les examiner en sections. » 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



partisans réclamaient le suffrage universel avec 
l'établissement du référendum royal et populaire, la 
représentation proportionnelle et la réorganisation 
du Sénat basé sur la représentation des intérêts. 
M. Frère préconisait un système basé sur la capa- 
cilé, tandis que M. Graux se ralliait au suffrage 
universel, mais avec l'exclusion des illettrés el des 
assistés. Le cens eut aussi ses partisans. Ils propo- 
sèrent de décider que les représentants seraient élus 
directement par les citoyens âgés de 25 ans payant 
depuis deux ans le cens déterminé par la loi électo- 
rale, lequel ne pourrait être inférieur à 5 francs 
d'impôts directs, ou qui, possédant la base de 
l'impôt et portés au rôle pour une somme équiva- 
lente au cens, étaient dispensés du payement par la 
loi. Un grand nombre de catholiques se ralliaient 
au système de Vhabitation à taux différentiels. En 
vertu de ce système devaient être électeurs : 1*» dans 
les communes de plus de 5,000 habitants, les occu- 
pants de maisons dont le revenu cadastral attein- 
drait 30 francs; 2<* dans les communes de 5,000 à 
20,000 habitants, les occupants de maisons d'un 
revenu cadastral de 42 francs et au-dessus; 3^ dans 
les communes de plus de 20,000 habitants, les occu- 
pants d'une maison d'un revenu de 60 francs; 
4° les sous-occupants de maisons, lorsque la partie 
occupée représenterait un revenu de 30, 42 ou 
60 francs, suivant la population de la commune. 
D'aucuns voulaient compléter ce système par celui 
de l'occupation, qu'ils résumaient ainsi : Dans les 
communes de moins de 5,000 habitants, seront elec- 



Introduction — 1894 



teurs, bien qu'habitant une maison d'une valeur 
locative inférieure à 30 francs, de 24 ou même de 
18 francs seulement, les individus qui rempliront 
cette première condition et en même temps celle de 
cultiver des terres d'un revenu cadastral de 36 ou 
48 francs. Dans les communes de moins de 20,000 ha- 
bitants, seront électeurs les occupants des maisons 
d'un revenu de 24, 30 ou 36 francs qui culti- 
veront des terres d'un revenu respectif de 48, 42 
ou 36 francs. On réglait de même, d'après une 
progression analogue, la valeur de l'habitation et 
le revenu cadastral des terres dans les communes 
de plus de 20,000 âmes. 

Le projet du gouvernement était ainsi rédigé : 

« Les députés à la Chambre des représentants 
sont élus directement par les citoyens âgés de 25 ans 
accomplis et domiciliés depuis un an dans la même 
commune ou dans la même agglomération aux- 
quels la loi électorale attribue le droit de vote. 

» Le vote est obligatoire. Il a lieu à la commune, 
sauf les exceptions déterminées par la loi. 

» Peuvent seuls être admis à faire partie du corps 
électoral : 

» 1<> Les propriétaires d'immeubles d'une valeur 
d'au moins 2,000 francs; 

» 2° Ceux qui habitent depuis un an au moins 
en qualité de principal occupant une maison ou 
partie de maison delà valeur à déterminer par la loi 
et qvii ne pourra être : 

« Inférieure à 2,400 francs ni supéi'ieure à 

43 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



4,800 francs dans les agglomérations de plus de 
20,000 âmes; 

» Inférieure à 1,800 francs ni supérieure à 
3,600 francs dans les agglomérations de 3,000 à 
20,000 âmes; 

» Inférieure à 1,200 francs ni supérieure à 
2,400 francs dans les autres cas; 

» 3*" Les porteurs d'un diplôme d'enseignement 
supérieur ou d'un certificat homologué de fréquen- 
tation d'un cours complet d'humanités, sans dis- 
tinction entre les établissements publics ou privés; 

» 4° Ceux qui, après leur majorité, subissent 
avec succès un examen à régler par la loi et portant 
au moins sur la lecture, l'écriture et l'arithmétique 
élémentaire. 

» lia loi règle le mode d'établissement de la 
valeur des propriétés et des habitations sur la base 
du revenu cadastral, la subdivision de la valeur 
pour les habitations divisément occupées et la 
détermination des agglomérations. » 

C'est ce projet que la commission adopta dans sa 
réunion du 28 janvier 1893 sans qu'aucune voix 
libérale s'y fût toutefois ralliée. Elle nomma M. de 
Smet de Naeyer rapporteur. 

Les débats s'ouvrirent à la Chambre le 28 février 
suivant et se prolongèrent jusqu'au 18 avril, sans 
qu'un accord parût prêt à se faire. Dans la séance 
du 29 mars, M. Féron développa un projet qui éta- 
blissait le suffrage universel, mais en accordant un 
double vote aux pères de famille. Le 5 avril, le 
comte de Kerchove de Denterghem demanda que 



Introduction — 1894 2o3 



l'on chargeât la loi électorale du soin de déterminer 
à la majorité des deux tiers les conditions de Pélec- 
torat et qu'on appliquât provisoirement aux élec- 
tions législatives le système électoral communal. 
M. de Smet de Naeyer émit à son tour une propo- 
sition subsidiaire conférant le droit de vote à ceux 
qui seraient propriétaires d'un bien d'un revenu 
cadastral de 70 francs, à ceux qui payeraient 
o francs d'impôts du chef de la contribution per- 
sonnelle et à ceux qui passeraient des examens dans 
des conditions déterminées ou que la loi dispen- 
serait de tout examen. 

La Chambre rejeta dans les séances des 1 1 et 
1 2 avril toutes les formules qui lui étaient soumises. 

Deux nouveaux projets (1 ) furent immédiatement 
déposés : l'un par M. Woeste, qui, reprenant la 
proposition de M. de Smet de Naeyer, la modi- 
fiait en quelques points, notamment par l'admis- 
sion à l'électorat des lauréats desconcôurs primaires ; 
l'autre par M. Nyssens, qui défendait le système 
suivant : 

« Les députés à la Chambre des représentants 
sont élus directement par les citoyens dans les con- 
ditions ci-après déterminées : 

» Un vote est attribué à tout Belge âgé de 25 ans 



(i) M. Coomans déposa en même temps la proposition suivante, qui ne 
fut pas discutée : 

« Sont électeurs tous les Belges les plus âgés, dans la proportion de 
40 p. c. de la population communale, 

» La loi réglera l'application de ce principe et pourra augmenter ou 
diminuer le chiffre de 40 p. e. » 



204 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

accomplis, domicilié depuis un an au moins dans 
la même commune et qui ne se trouve pas dans 
l'un des cas d'indignité prévus par la loi. 

» Un vote supplémentaire est attribué à raison de 
chacune des conditions suivantes : 

» 1** Etre âgé de 35 ans accomplis, être ou bien 
marié ou bien veuf ayant descendant légitime et 
payer à l'Etat au moins 5 francs d'impôt du chef 
de la contribution personnelle, en principal et addi- 
tionnels, à moins qu'on n'en soit exempté à raison 
de sa profession ; 

» 2° Etre âgé de 25 ans accomplis et être pro- 
priétaire : 

» Soit d'immeubles d'une valeur d'au moins 
2,000 francs, à établir sur la base du revenu 
cadastral ; 

» Soit d'une inscription au grand-livre de la dette 
publique ou d'un carnet de rente belge à la caisse 
d'épargne d'au* moins 100 francs de rente. 

» Les inscriptions et carnets doivent appartenir 
au titulaire depuis deux ans au moins. 

» La propriété de la femme est comptée au mari; 
celle des enfants mineurs, au père; 

» 3*" Etre âgé de 25 ans accomplis et se trouver 
dans l'un des cas suivants : 

» ^. Etre porteur d'un diplôme d'enseignement 
supérieur ou d'un certificat homologué de fréquen- 
tation d'un cours complet d'enseignement moyen 
du degré supérieur, sans distinction entre les éta- 
blissements publics ou privés ; 

» B. Remplir ou avoir rempli une fonction 



Introduction — 1894 205 

publique, occuper ou avoir occupé une position, 
exercer ou avoir exercé une profession privée qui 
impliquent la présomption évidente que le titulaire 
possède au moins les connaissances de l'enseigne- 
ment moyen du degré supérieur. La loi détermine 
ces fonctions, positions et professions. 

» Nul ne peut cumuler plus de trois votes. 

» Le vore est obligatoire. » 

A M. Nyssens s'étaient associés pour signer cette 
formule MM. H. Gartuyvels, F. Noël, le baron 
G. Snoy, le comte de Theux de Meylandt et le 
comte L. Visart de Bocarmé. 

On connaît les événements qui suivirent les voles 
des 11 et 12 avril : le Conseil général du parti 
ouvrier décrétant la grève, Bruxelles mis en état 
de siège, deux classes de milice et la garde civique 
appelées sous les armes, Témeute s'agitant dans les 
rues de la capitale, le pays ouvrier en efferves- 
cence. 

La Gha:mbre s'était mise à discuter le budget des 
chemins de fer pendant que l'on entreprenait des 
négociations afin de rallier à la proposition de 
M. Nyssens un nombre de voix suffisant pour 
arriver à la majorité des deux tiers. La gauche 
radicale apportait au système que préconisait le 
député de Louvain un appoint de trente-quatre voix, t 
tandis qu'une grande partie des députés catho- 
liques s'y montrait hostile. Cette circonstance 
accentua les divisions existant depuis un certain 
temps déjà entre les députés conservateurs qui se 
montraient fidèles à la politique du ministre des 



2o6 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

finances et une fraction de la majorité guidée par 
M. Woeste, divisions qui, dans la question de 
la revision surtout, s'étaient révélées déjà à plu- 
sieurs reprises et devaient amener Tannée suivante 
la retraite de M. Beernaert. 

Le chef du cabinet, dans plusieurs réunions de la 
droite, fit de l'adoption du vote plural la condi- 
tion du maintien du cabinet tout entier au pouvoir. 

Le 18 avril, la séance s'ouvrit par un discours 
du ministre des finances, qui, après avoir flétri les 
agitateurs, remercia tous ceux qui avaient con- 
tribué au maintien de l'ordre. Il invita les députés 
à Continuer leurs débats, certains que l'indépen- 
dance du Parlement serait sauvegardée. La Com- 
mission des XXI s'était réunie le matin. M. De 
Mot, député de Bruxelles, demanda que la séance 
fût suspendue pour permettre la rédaction du rap- 
port que l'assemblée discuterait immédiatement. A 
4 heures et demie, M. Coremans donna lecture de 
ce rapport. La Commission adoptait les propositions 
de M. Nyssens après les avoir légèrement modifiées. 
La séance ne se termina qu'à 7 heures. 

Elle fut remplie par une courte discussion. 
M. Beernaert représenta la solution offerte par 
M. Nyssens comme une transaction honorable 
pour tous les partis : les progressistes y trouvaient 
le droit de suffrage reconnu à tous les citoyens; les 
conservateurs un correctif au suffrage universel 
dans le double ou le triple vote accordé à ceux qui 
justifiaient de certaines conditions d'âge, de famille 
ou d'aisance; la gauche modérée voyait adopter le 



Introduction — 1894 207 



principe de la capacité qui confërait des voix sup- 
plëmentaires. « Aucun de nous, concluait M. Beer- 
naert, ne peut avoir la prétention de voir consacrer 
toutes les idées, toutes les thèses en faveur desquelles 
il a travaillé et lutté. Eh bien! à ces concessions, 
sachons-nous y résigner. Le patriotisme nous en 
fait un devoir. Et faisons-le largement, sans 
arrière-pensée, afin que l'œuvre nouvelle, scellée 
la main dans la main, ressemble à celle d'autrefois 
et assure le bien de la patrie. » 

M. Woeste protesta immédiatement contre les 
paroles du ministre des finances; il ajouta que, la 
question de cabinet étant posée, il ne voulait 
accepter dans ces circonstances aucune responsa- 
bilité et se réfugiait dans l'abstention. M. Bara 
protesta également. D'après lui, le gouvernement 
aurait dû, en face de l'agitation extérieure, proroger 
les Chambres jusqu'à ce que le calme se fût rétabli. 

Cent quarante-cinq membres prirent part au 
scrutin, cent dix-neuf répondirent oui, quatorze 
non (I), douze s'abstinrent (2). 

Le vote du 1 8 avril ne ferma pas l'ère des diffi- 
cultés. Elles renaquirent aussi inextricables pour la 
revision de l'article 53 qu'elles l'avaient été pour la 
revision de l'article 47. Dès le début de la cam- 



(1) Les députés qui émirent un vote négatif étaient les suivants, tous 
membres de la gauche : MM. Deprez, Frère-Orban, Gérard, Grosfils, 
Halbard, Neef-Orban, Neujean, Sainctelette, Vanderkindere, Van Hoe- 
gaerden, Van Marcke, Jul. Warnant, Bara et de Kerchove de Den- 
terghem. 

(%) Les membres de la Chambre qui s^abstinrent appartenaient au parti 
catholique. C'étaient : MM. de Smet de Naeyer, Helleputte, Lefebvrc, 



2o8 La Chambre des Représentants bn 1894-1895 

pagne l'evisionnîste, le gouvernement aurait voulu 
faire nommer le Sénat par un corps électoral basé 

Rosseeuw, Schollaert, Tack, Thienpont, Woeste, Ancien, Broers, Colaert 
et de Favereau. 

Voici le texte du nouvel article 47, tel qu'il fut voté par la Chambre et 
par le Sénat, quelques jours après : 

« Art. 47. — Les députés à la Chambre des représentants sont élus 
directement dans les conditions ci-après : 

» Un vote est attribué aux citoyens âgés de 25 ans accomplis, domiciliés 
depuis un an au moins dans la même commune et qui ne se trouvent pas 
dans l'un des cas d'exclusion prévus par la loi. 

» Un vote supplémentaire est attribué à raison de chacune des condi- 
tions suivantes : 

» 4 o Etre âgé de 35 ans accomplis, être marié, ou veuf ayant descen- 
dance légitime, et payer à l'Etat au moins 5 francs d'impôt du chef de la 
contribution personnelle sur les habitations ou bâtiments occupés, à 
moins qu'on n'en soit exempté à raison de sa profession ; 

» 2o Etre âgé de 25 ans accomplis et être propriétaire : 

» Soit d'immeubles d'une valeur d'au moins 2,000 francs, à établir sur 
la base du revenu cadastral ou d'un revenu cadastral en rapport avec cette 
valeur ; 

j> Soit d'une inscription au grand-livre de la dette publique ou d'un 
carnet de rente belge à la caisse d'épargne, d'au moins 100 francs de 
rente. 

» Les inscriptions et carnets doivent appartenir au titulaire depuis deux 
ans au moins. 

» La propriété de la femme est comptée au mari; celle des enfants 
mineurs, au père. 

» Deux votes supplémentaires sont attribués aux citoyens âgés de 25 ans 
accomplis et se trouvant dans l'un des cas suivants : 

» A. Etre porteur d'un diplôme d'enseignement supérieur ou d'un cer- 
tificat homologué de fréquentation d'un cours complet d'enseignement 
moyen du degré supérieur, sans distinction entre les établissements publics 
ou privés ; 

» B, Remplir ou avoir rempli une fonction publique, occuper ou avoir 
occupé une position, exercer ou avoir exercé une profession privée qui 
impliquent la présomption que le titulaire possède au moins les connais- 
sances de l'enseignement moyen du degré supérieur. La loi détermine ces 
fonctions, positions et professions, ainsi que, le cas échéant, le temps pen- 
dant lequel elles auront dû être occupées ou exercées. 

» Nul ne peut cumuler plus de trois votes. » 



Introduction — 1894 209 



sur la représentation des intérêts; mais, lorsquMl vit 
que la Chambre se refusait à admettre cette formule, 
il se rallia à un système d'élection à deux degrés 
que la commission du Sénat avait proposé. Pas 
plus que la première, cette seconde combinaison 
ne trouva grâce ni devant la gauche, ni devant la 
majorité de la droite. Celle-ci se prononça en faveur 
du corps électoral adopté pour la Chambre en 
subordonnant l'exercice du droit électoral à l'âge 
de 35 ans. De longs jours s'écoulèrent avant que 
l'on pût trouver un terrain d'entente. Il serait 
impossible de faire ici, même brièvement, l'histoire 
de toutes les négociations entreprises et de toutes 
les combinaisons proposées. La Chambre rejeta tour 
à tour le système de l'unité du corps électoral, le 
système de la représentation des intérêts, le projet 
de l'élection à deux degrés, le projet qui consistait 
à faire élire les sénateurs par les citoyens âgés de 
35 ans. Il fallait cependant arriver à une solution, 
car, sans cela, le Sénat, restant ce qu'il était dans 
l'ancienne Constitution, aurait été nommé comme 
la Chambre au vote plural, ce que la majorité des 
députés se refusait à admettre. Le 25 juillet seule- 
ment on élabora un système qui rallia un nombre 
suffisant d'adhérents. Il avait pour auteur le comte 
Araédée Visart de Bocarraé, député de Bruges, qui 
l'avait ainsi rédigé. 

« Art. 53. — Le Sénat se compose : 

» 1® De membres élus à raison de la population 

de chaque province, conformément à l'article 47 ; 

toutefofe la loi peut exiger que les électeurs 

soient âgés de 30 ans accomplis. Les dispositions 



210 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

de l'article 48 sont applicables à l'élection de 
ces sénateurs; 

» 2® De membres élus par les conseils provin- 
ciaux, au nombre de deux par province ayant 
moins de 500,000 habitants, de trois par province 
ayant de 500,000 à 1 million d'habitants et de 
quatre par province ayant plus de 1 million 
d'habitants. 

j) Art. 54. — Le nombre des sénateurs élus 
directement par le corps électoral est égal à la 
moitié du nombre des membres de la Chambre 
des représentants. » 

La Chambre adopta cette formule sans y rien 
modifier. 

Il restait à établir le texte de l'article 56, qui 
devait déterminer les conditions d'éligibilité exigées 
des sénateurs. Ici de nouveau l'accord eut peine à 
se faire : un mois durant, on s'épuisa en vains 
efforts pour y parvenir. Les divers partis s'enten- 
dirent facilement pour dispenser de toute condition 
de cens les sénateurs élus par les conseils provin- 
ciaux. La gauche refusa de voter pour les autres 
sénateurs le cens d'éligibilité de 1 ,500 francs. 
Finalement, le 31 août, on convint de fixer ce 
cens à 1,200 francs et de régler le nombre des 
élîgibles dans la proportion de 1 par 5,000 habi- 
tants. L'opposition avait primitivement demandé w 
que l'on abaissât ce dernier chiffre à 3,000 (1). 

{\) Voici le texte des articles 56 et 56 bis tel quMl figure dans la Constitu- 
tion revisée : 

« Art. 56. — Pour pouvoir être élu et rester sénateur, il faut : 

» 1» Être Belge de naissance ou avoir reçu la grande naturalisation ; 



INTRODUCTION — 1894 



La revision des articles 1«% 36, 48, 52, 58, 60 et 
61 (1) fut plus rapidement terminée. Seul l'article 48 
donna lieu à une discussion pendant laquelle une 
notable partie de la droite se prononça catégori- 
quement contre la représentation proportionnelle. 
Le ministère obtint néanmoins gain de cause. 

Les articles revisés, lorsqu'ils eurent obtenu 
l'assentiment du Sénat, furent promulgués par le 
Roi le 7 septembre 1893. 

Il restait à la Constituante à adopter une loi qui 
mît le régime électoral en harmonie avec l'œuvre 



» 2o Jouir des droits civils et politiques; 

» 3» Être domicilié en Belgique; 

» 4° Être âgé au moins de 40 ans; 

» 50 Verser au trésor de l'État au moins 1,200 francs d'impositions 
directes, patentes comprises ; 

» Ou être soit propriétaire, soit usufruitier d'immeubles situés en 
Belgique dont le revenu cadastral s'élève au moins à 42,000 francs. 

» Dans les provinces où le nombre de ces éligibles n'atteint pas la pro- 
portion de 4 sur 5,000 habitants, la liste est complétée par les plus imposés 
de la province jusqu'à concurrence de cette proportion. Les citoyens 
portés sur la liste complémentaire ne sont éligibles que dans la province 
où ils sont domiciliés. 

» Art. 56^25. — Les sénateurs élus par les conseils provinciaux sont 
dispensés de toute condition de cens ; ils ne peuvent appartenir à l'assem- 
blée qui les élit, ni en avoir fait partie pendant l'année de l'élection ou 
pendant les deux années antérieures. » 

(4) Voyez le texte de l'article l®»" à la page 495. 

Voici le texte nouveau des autres articles : 

« Art. 36. — Le membre de l'une des deux Chambres nommé par le 
gouvernement à toute autre fonction salariée que celle de ministre et qui 
l'accepte, cesse immédiatement de siéger et ne reprend ses fonctions qu'en 
vertu d'une nouvelle élection. » 

« Art. 48. — La constitution des collèges électoraux est, pour chaque 
province, réglée par la loi. 

» Le vote est obligatoire et a lieu à la commune, sauf les exceptions à 
déterminer par la loi . » 



212 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

qu^elle venait de terminer. Elle y consacra la plus 
grande partie de la session de 1893-1894. 

Les incidents qui marquèrent cette discussion 
sont encore trop présents à la mémoire de tous pour 
qu'il soit nécessaire de les rappeler. On se souvient 
notamment que, devant le vote en sections rejetant la 
représentation proportionnelle, le cabinet tout entier 
remit, le 17 mars 1894, ses portefeuilles entre les 
mains du Roi. Léopold II n'accepta que les démis- 
sions de MM. Beernaert et Le Jeune, qui furent 
remplacés, le premier, par M. de S met de Naejer, 



« Art. 52. — Chaque membre de la Chambre des représentants jouit 
d'une indemnité annuelle de 4.000 francs. 

» 11 a droit, en outre, au libre parcours sur les lignes des chemins de fer 
de l'État et au parcours gratuit sur les lignes des chemins de fer concédés, 
du lieu de sa résidence à la ville où se tient la session. » 

a Art. 58. — Les fils du Roi ou, à leur défaut, les Princes belges de la 
branche de la Famille royale appelée à régner sont de droit sénateurs à 
l'âge de dix-huit ans. ils n'ont voix délibérative qu'à l'âge de vingt- 
cinq ans. » 

« Art. 60. — Les pouvoirs constitutionnels du Roi sont héréditaires 
dans la descendance directe, naturelle et légitime de Sa Majesté Léopold- 
Georges-Chrétien-Frédéric de Saxe-Cobourg, de mâle en mâle, par ordre 
de primogéniture et à l'exclusion perpétuelle des femmes et de leur descen- 
dance. 

» Sera déchu de ses droits à la Couronne le Prince qui se serait marié 
sans le consentement du Roi ou de ceux qui, à son défaut, exercent ses 
pouvoirs dans les cas prévus par la Constitution . 

» Toutefois il pourra être relevé de cette déchéance par le Roi ou par 
ceux qui, à son défaut, exercent ses pouvoirs dans les cas prévus par la 
Constitution, et ce moyennant l'assentiment des deux Chambres. 

» Art. 61. — A défaut de descendance masculine de Sa Majesté 
Léopold-Gcorges-Chrétien-Frédéric de Saxe-Cobourg, le Roi pourra 
nommer son successeur, avec l'assentiment des Chambres, émis de la 
manière prescrite par l'article suivant. 

» S'il n'y a pas de nomination faite d'après le mode ci-dessus, le trône 
sera vacant. » 



Introduction — 1894 21 3 



le second, par M. Begerem, tous deux députes de 
Gand (1). Tl maintint au pouvoir les autres 
ministres et M. de Burlet devint chef du cabinet. 
Les principales dispositions de la loi sur la for- 
naation des listes des électeurs pour les Chambres 
législatives interprètent et appliquent les principes 
nouveaux introduits dans la Constitution. Elles 
déterminent que l'âge de 30 ans sera nécessaire pour 
pouvoir erre électeur sénatorial (2) et spécifient 
avec détails les conditions requises pour avoir droit 
à des voles supplémentaires, — conditions de 
cens (3) et conditions de capacité (4) que l'article 47 
avait donné à la loi le soin de régler, — ainsi que 
les circonstances qui priveront temporairement ou 
à perpétuité un électeur de son droit de vote (5). 
Ce sont ces stipulations contenues dans le titre l*" 
qui sont les plus importantes et qui, à peu près 
seules, donnèrent lieu à des débats souvent très 
longs et très agressifs, rappelant les discussions 
interminables de la session précédente. Mais une 
solution était maintenant plus aisée à obtenir : 
la majorité des deux tiers n'était plus requise, 
la majorité absolue suffisait, et de celle-ci la droite 
disposait largement. Le reste de la loi reproduit, 
sauf les changements rendus nécessaires, les dispo- 
sitions établies par les Codes électoraux antérieurs 



(^) Arrêtés royaux du 26 mars 1894. 

(2) Article 4er. 

(3) Articles 9 à 16. 

(4) Articles 17 à 19. 

(5) Articles 20 à 23. 



214 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

en matière fiscale, ainsi qu'en matière de formation 
et de re vision des listes. 



Telle est, résumée dans ses grandes lignes, 
l'œuvre législative accomplie par la Chambre des 
représentants depuis 1830. Nous n'entreprendrons 
pas de l'apprécier. Notre seul but, en écrivant ces 
pages, a été de raconter succinctement les événe- 
ments les plus saillants de l'histoire parlementaire 
belge. Il appartiendra à d'autres de faire œuvre 
de juge lorsque assez d'années se seront écoulées 
pour dégager les esprits des préjugés et des passions 
politiques qui aveuglent toujours dans une cer- 
taine mesure quiconque veut porter un verdict 
sur les actes de ses contemporains. 

ALFRED De RIDDER. 



LES 

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES 

de X»&4:. 



Le 14 octobre 1894 eurent lieu les ëleclions 
nécessitées par la revision de la Constitution; le 
dimanche suivant, 21 octobre, on procéda aux 
ballottages dans les arrondissements où le premier 
tour de scrutin n'avait pas prononcé définitive- 
ment. Voici quels furent les résultats de ces con- 
sultations électorales : 

PROVINCE D'ANVERS. 

ARRONDISSEMENT D*ANVERS. 
(Gatholiqaes.) 

Élus au premier tour : 

Biart 60,997 

Coremans 61,142 

Delbeke 6o,865 

de Ramaix 60,828 

De Winter . 60,714 

Heuvelmans 60,806 

Koch. 60,686 

Meeus 6o>64i 

UUens 60,704 

Vanden Bemden 60,792 

Van den Broeck 60,984 



2i6 La Chambre des Représentants ex 1894-1895 

ARRONDISSEMENT DE MALINES. 
(Catholiques.) 

Elus au premier tour : 

Broers 32,496 

Fris 32,186 

Lefebvre 32,891 

Van Cauwenbergh 32,5i2 

ARRONDISSEMENT DE TURNHOUT. 
(Catholiques.) 

Élus au premier tour : 

Coomans 25,221 

de Broqueville 25,514 

Dierckx 24,220 



PROVINCE DE BRABANT. 

ARRONDISSEMENT DE BRUXELLES. 
(Catholiques, Indépendants et Démocrates chrétiens.) 

RÉSULTATS 
du premier tour, du ballottage, 

Bilaut. . 93,137 io7,5i5 

Golfs 92,577 106,880 

Debontridder 92,732 106,898 

de Borchgrave 93,248 107,182 

De Jaer 92,766 io6,8o5 

de Merode 93,63o 107,487 

De Vriendt 92,683 106,789 

d'Ursel 92,992 106,936 

Fichefet 92,692 106,743 



Les Élections législatives de 1894 217 

résultats 

dn premier tour, da ballottage. 

Gilliaux 92,626 106,640 

Hemeleers 92,527 106,606 

Lauters 92,374 106,582 

Lesergeant d'Hendecourt .... 92,436 io6,5io 

Mesens 92,798 106,800 

Mousset 92,453 io6,558 

Nerincx 92,662 106,637 

Theodor 92,689 io6,633 

Van der Linden 92,476 106,619 

ARRONDISSEMENT DE LOUVAIN. 

(Catholiques. ) 

Élus au premier tour : 

Beeckman 42,226 

De Néeff 42,198 

deTrooz 42,248 

Nyssens 42,147 

Rosseeuw 41,935 

Schollaert 42,320 

ARRONDISSEMENT DE NIVELLES. 
(Libéraux progressistes et catholique.) 

RÉSULTATS 

du premier tour, du ballottage. 

Boucher 24,779 29,092 

Henricot 25,347 29,412 

Jourez 24,839 29,134 

Snoy 25,577 28,815 



U 



2i8 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

PROVINCE DE FLANDRE OCCIDENTALE. 

ARRONDISSEMENT DE BRUGES. 
(Catholiques.) 

Élus au premier tour : 

De Clercq 26,65o 

Ronse 26,559 

A. Visart de Bocarmé 27,007 

ARRONDISSEMENT DE COURTRAI. 
(Catholiques.) 

Élus au premier tour : 

Liebaert 34,932 

Reynaert 35,o3i 

Tack 34,860 

Vandenpeereboom 34,364 

ARRONDISSEMENT DE DIXMUDE. 
(Catholique.) 

Élu au premier tour : 
De Lantsheere 11, 323 

ARRONDISSEMENT DE FURNES. 
(Catholique.) 
Élu au premier tour : 
L. Visart de Bocarmé 7>43i 



Les Élections législatives de 1894 219 

ARRONDISSEMENT D'OSTENDE. 
(Catholiques.) 

Élus au premier tour : 

J. Carbon (i) 11,840 

Hamman 11,760 

(1) Décédé et remplacé par M. P. CABBON, élu an premier tonr, le 28 Juillet 1895, par 
10,047 BuJfrages. 

ARRONDISSEMENT DE ROULERS. 
(Catholiques.) 

Élus au premier tour : 

de Jonghe d*Ardoye 2i,o3i 

Spillebout 21,499 

ARRONDISSEMENT DE THIELT. 
(Catholiques.) 

Élus au premier tour: 

Beernaert i5,38i 

van der Bruggen 15,664 

ARRONDISSEMENT D*YPRES. 
(Catholiques.) 

Élus au premier tour : 

Berten 24,474 

Colaert 24,367 

Jweins d'Eeckhoutte 24,421 



îo La Chambre des Représentants en 1894-1895 

PROVINCE DE FLANDRE ORIENTALE. 

ARRONDISSEMENT D'ALOST. 

(Catholiques et Démocrate chrétien.) 

Elus au premier tour : 

De Sadeleer 27,067 

Diericx 26,584 

Élus au ballottage : 

RÉSULTATS 
du premier tour, du ballottage. 

Daéns. . 23,498 26,853 

Woeste 25,493 27,524 

ARRONDISSEMENT D'AUDENARDE. 
(Catholiques.) 
Élus au premier tour : 

De Malander i7>934 

Raepsaet 18,81 5 

Thienpont 18,602 

ARRONDISSEMENT DE GAND. 
(Catholiques et Démocrates chrétiens.; 
Élus au premier tour : 

Begerem 6o,oo3 

De Guchtenaere 59,307 

de Hemptinne 59,53i 

de Smet de Naeyer 59,702 

Eeman ^9,584 

Huyshauwer 59,217 

Ligy 59,370 

Maenhaut 59,283 

Van Cleemputte 59,424 



Les Élections législatives de 1894 



ARRONDISSEMENT D'EECLOO. 

(Catholique.) 

t'Kint de Roodenbeke (a été déclaré élu sans élection, 
faute de compétiteur). 

ARRONDISSEMENT DE SAINT-NICOLAS. 

(Catholiques) 

Élus au premier tour : 

Janssens 33,264 

Raemdonck 33, 112 

VanNaemen 32,653 

Verwilghen 32,702 

ARRONDISSEMENT DE TERMONDE. 

(Catholiques.) 

Élus au premier tour : 

De Bruyn 23, 810 

De Kepper 26,006 

Vanden Steen 27,271 



PROVINCE DE HAINAUT. 

ARRONDISSEMENT D'ATH. 
(Catholiques.) 

RÉSULTATS 
du premier tour, du ballottage. 

Léon Cambier 14,766 17,091 

de Rouillé 15,924 18,276 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



ARRONDISSEMENT DE CHARLEROI. 

(Libéral radical et Socialistes.) 

Élu au premier tour : 

>FagnarU 58,648 

Élus au ballottage : 

résultats 

du premier tour, du ballottage. 

Caeluwaert 55,809 68,552 

Cavrot 56,787 69,410 

Destrée 58,228 70,465 

Furnémont 58,2o5 70, 356 

Lambiotte 57,002 69,647 

Léonard 56,742 69,384 

Vandervelde 58,124 7o,i5o 

ARRONDISSEMENT DE MONS. 

(Socialistes.) 

Élus au premier tour ; 

Bastien 42,3x3 

Brenez . 41 1722 

A. De Fuisseaux 44,1 52 

L. De Fuisseaux 44,360 

Maroiîle * 4î>592 

Roger.. 42,018 

ARRONDISSEMENT DE SOIGNIES. 

(Socialistes.) 

résultats 

du premier tour, du ballottage. 

Bertrand 16,915 26,047 

Mansart, 16,395 25,598 

Paquay 16,042 25,223 



Les Élections législatives db 1894 223 

ARRONDISSEMENT DE THUIN. 
(Libéraux, Progressiste, Catholique, Socialiste.) 

• RÉSULTATS 

du premier tour, du ballottage. 

Anspach-Puissant (i) 16,811 26,099 

Louis Cambier (2) 16, 553 25,612 

Warocqué ï7io39 25,866 

(1) DémiBBionnalre et remplacé par M. BAILLY, élu au ballottage du 19 mai 1805, par 
22,210 suffrages. 

(2) Décédé et remplacé par M. BEBLOZ, élu au premier tour, le 13 Janvier 1895, par 
22,861 suffrages. 

ARRONDISSEMENT DE TOURNAI. 
(Catholiques.) 

RÉSULTATS 

du premier tour, du ballottage. 

Duquesne 24,804 27,327 

Hecq 24,423 26,790 

Hoyois 24,463 26,776 

Moyart 24,579 26,863 



PROVINCE DE LIÈGE. 

ARRONDISSEMENT DE HUY. 
(Libéraux.) 

RÉSULTATS 
' du premier tour, du ballottage. 

Mouton 11,128 18,899 

Warnanl .... 11, 555 19,164 



i 



224 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

ARRONDISSEMENT DE LIEGE. 
(Libéraux progressistes, radicaux et Socialistes.) 

Élus au premier tour : 

Demblon 63,562 

r- Fléditl 62,173 

,-44£usd--r 61,953 

/îlîaiiut - 61,897 

Élus au ballottage : 

RÉSULTATS 
du premier tour, du ballottage. 

Anseele 60,293 65,585 

BfOMwisr 61,283 67,761 

L. De Fuisseaux (i) 60,437 66,061 

Denis. 61,1 58 66,994 

Mfiig"^"^ 61,188 67,764 

Schinler 59,809 65,755 

Wellinck 59,6i5 65,261 

(1) Opta pour Mons et fut remplacé par M. SMEETS, élu au ballottage du 30. dé- 
cembre 1894 par 63,709 suffrages . 

ARRONDISSEMENT DE VERVIERS. 
(Socialistes.) 

RÉSULTATS 
du premier tour, du ballottage. 

Dauvister 15,498 27,402 

Gierkens i5,32o 27,.! 36 

Malempré 18,080 28,225 

Niezette 1 5,374 27,060 



Les Élections législatives de 1894 225 

ARRONDISSEMENT DE WAREMME. 
(Catholiques.) 

RÉSULTATS 

dn premier tour, du ballottage. 

Ancion 9,840 11,045 

H. Cartuyvéls 10,319 11,529 



PROVINCE DE LIMBOURG. 

ARRONDISSEMENT DE HASSELT. 
(Catholiques.) 
Elus au premier tour : 

C. Cartuyvéls 18,742 

de Corswarem 19,684 

de Theux de Meylandt i9,o58 

ARRONDISSEMENT DE MAESEYCK. 
(Catholique.) 
Elu au premier tour : 
Helleputte 10,454 

ARRONDISSEMENT DE TONGRES. 
(Catholiques.) 

RÉSULTATS 
du premier tour, du ballottage. 

Desmaisières io,63o 14,976 

Indekeu 10,662 11,160 



220 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

PROVINCE DE LUXEMBOURG. 

ARRONDISSEMENT D'ARLON. 

(Libéral progressiste.) 

Élu au premier tour : 
Ozeray . 5,779 

ARRONDISSEMENT DE BASTOGNE. 

(Catholique.) 

Élu au premier tour : 
Van Hoorde 7j564 

ARRONDISSEMENT DE MARCHE. 

(Catholique.) 

Élu au premier tour : 
de Favereau 8,411 

ARRONDISSEMENT DE NEUFCHATEAU. 

(Catholique.) 

Élu au premier tour : 
Heynen 9*849 

ARRONDISSEMENT DE VIRTON. 

(Libéral progressiste.) 

Élu au premier tour : 
Lorand 8,698 



Les Élections législatives de 1894 327 



PROVINCE DE NAMUR. 



ARRONDISSEMENT DE DINANT. 

(Catholiques.) 

Élus au premier tour : 

Delvaux 17,660 

de Montpellier 17,616 

ARRONDISSEMENT DE NAMUR. 

(Socialiste et Libéraux progressistes.) 

Elus au premier tour : 

Defnet 32,780 

--GtHftFd, . 32,884 

jr^Hâlftbuwift;^. 32,987 

JÇ^nyawr-v 33,oo5 

ARRONDISSEMENT DE PHILIPPEVILLE. 

(Libéraux.) 

Élus au premier tour : 

Mineur. 13,944 

Palante 13,494 



LA 

CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS 

EN 
I894-I895. 



ANCION, Dieudonné-Alfred, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l' ARRONDISSEMENT DE WAREMME. 

Né à Liège, le 2 novembre 1839. 

L'Athénée royal de Liège compta M. Ancion parmi les 
lauréats du concours général de l'enseignement moyen supé- 
rieur de i856; cinq ans 
plus tard, l'Université de 
la même ville lui décerna 
successivement, avec la 
plus grande distinction, le 
diplôme d'ingénieur civil 
des Mines et celui d'in- 
génieur des Arts et Manu- 
factures : M. Ancion était 
alors âgé de 22 ans. 

Il commença par être 
fabricant d'armes, ainsi 
que son père et son grand- 
père; en 1873, il aban- 
donna cette industrie à 
son frère pour se consa- 
crer à l'administration de 
nombreuses sociétés in- 
dustrielles du pays et de l'étranger. Plus tard, il contribua 
dans une large mesure au développement de l'industrie 
sucrière — la principale de l'arrondissement dont il est man- 




Phot. Géiaiet (rèni. 



232 La Chambre dès Représentants en 1894-1895 

dataire — en coopérant à la création de sociétés importantes, 
dont les usines travaillent annuellement plus de 3, 000 hec- 
tares de betteraves . 

Il fut élu juge au tribunal de commerce de Liège en 1870. 

En mai 1874, il entra au Conseil provincial de Liège pour 
le canton de Landen et occupa ce siège jusqu'en 1886, époque 
à laquelle il fut élu représentant pour l'arrondissement de 
Waremme, où il avait fondé avec ses amis, en 1876, l'Associa- 
tion conservatrice et constitutionnelle. Réélu sans interruption 
jusqu'à ce jour, il obtint, le 2 1 octobre 1894, 1 1 ,045 suffrages . 

Au Parlement, il mena avec son collègue, M. H. Cartuyvels, 
la campagne en faveur de la protection de l'agriculture, dont, 
mieux que personne, il connaissait les souffrances : ils obtin- 
rent un commencement de satisfaction quand fut votée la 
proposition de loi Dumont relative aux droits d'entrée sur les 
bestiaux et les viandes. Ils ont remporté une seconde victoire 
lors du vote de la loi du 12 juillet 1895, établissant des taxes 
d'entrée sur certaines denrées. 

M. Ancion traite avec une égale compétence les questions 
d'enseignement scientifique et technique, ainsi que les ques- 
tions économiques et industrielles. 

Rapporteur du budget des chemins de fer, postes et télé- 
graphes en 1887, 1889, 1891, 1893 et 1895, du budget extra- 
ordinaire en 1 89 1 et 1 894, de la commission spéciale instituée 
par la Chambre pour rechercher les causes des mécomptes 
survenus dans les travaux des fortifications de la Meuse, 
M . Ancion a fait preuve dans ces études et dans les débats 
parlementaires auxquels elles ont donné lieu des plus grandes 
qualités scientifiques et administratives. 

Lors de la revision de la Constitution, M . Ancion a fait 
partie de la Commission des XXL 

Il est membre du Conseil supérieur du commerce et de 
l'industrie, de la Commission permanente pour l'étude des 
questions monétaires, de la Commission de surveillance de 
l'Observatoire royal d'Uccle et de la Commission adminis- 
trative du Conservatoire royal de musique de Liège. 



ÂNCION — AnSEELE 



233 



M. Ancion est officier de l'Ordre de Léopold, décoré 
de la Médaille civique de i^e classe, décoré de 2* classe, avec 
plaque, de TOrdre du mérite militaire d'Espagne, officier 
de l'Ordre de la Légion d'honneur et Commandeur de l'Ordre 
de la Rédemption airicaine. 

Adresse : Boulevard Piercot, 32, à Liège. 



ANSEELE, Edouard-Camille, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l'ARRONDISSEMENT DE LIÈGE. 

Né à (îand, le 26 juillet -1856. 

Fils d'un ouvrier cordonnier, M . Anseele reçut mieux qu'une 
instruction primaire : il fréquenta l'athénée jusqu'en troisième 
et s'y fit remarquer par 
une précoce intelligence. 

Sa vie fut très agitée : 
il est actuellement gérant 
du « Vooruit », après 
avoir été clerc de notaire, 
marchand de journaux et 
typographe. 

Collaborateur au jour- 
nal le Vooruit, il a publié 
diverses brochures de pro- 
pagande socialiste, ainsi 
que deux romans ayant 
pour titre : Voor 't Volk 
geofferd et De Omwente- 
ling van 1830 (Geschied- 
kundige Roman). 

Une lettre ouverte aux 
mères de famille, publiée en i886 dans le Vooruit, valut à 
M. Anseele une condamnation à l'emprisonnement; le tribun 
gantois y suppliait les mères de famille d'écrire à leurs fils 
sous les drapeaux de ne pas tirer sur leurs frères, les ouvriers 
grévistes. 

45 ' 




rhot. Géruiot frères. 



234 ^^ Chambre des Représentants en 1894-1895 

« Soldat d'avant-garde, » comme il se qualifie lui-même, 
M. Anseele a consacré toute son activité à organiser et à 
étendre le parti socialiste gantois et a contribué pour une 
large part à la fondation de la Coopérative le « Vooruit », 
une des plus grandes conceptions du socialisme belge : ses 
opérations se chiffrent annuellement par 5 à 6 millions. 

M. Anseele est Tauteur de ce mot fameux, prononcé, il y a 
quelques années, dans un banquet politique, à ladresse des 
libéraux progressistes : « Ou vous suivrez le drapeau rouge, 
ou vous ne serez rien I » paroles qui ont soulevé les protesta- 
tions immédiates de M. Féron. 

Quoique Flamand, M. Anseele a été élu député par larron- 
dissement wallon de Liège, au ballottage du 21 octobre 1894, 
par 65,585 voix, en opposition avec M. Frère-Orban et la 
liste catholique. 
Adresse : Gand. 

BAILLY, Charles-Maximilien, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE 
POUR 

l'arrondissement de THUIN. 

Né à Morlanwelz, 
le 5 février 4854. 

Industriel à Morlan- 
welz, M. Bailly a été 
nommé membre de la 
Chambre des représen- 
tants, en remplacement 
de M. Anspach- Puissant, 
démissionnaire, au bal- 
lottage du 19 mai 1895, 
par 22,210 voix, contre 
22,i85, données à son 
concurrent socialiste, 

PLot.Gé,«.et£n^. ^^ ^^^^^ ^^ féSUltat 

du premier tour de scrutin était celui-ci : il y avait quatre 




Bailly — Bastien 



235 



candidats en présence. M. Lekeu obtint i8,iii voix; 
M. Bailly, i6,o83 voix; M. Canon, 9,460 voix, et M. Hage, 
g 37 voix. 

M. Bailly est chevalier de TOrdre du Christ de Portugal et 
commandeur de l'Ordre d'Isabelle la Catholique. 
Adresse : Morlanwelz. 



BASTIEN, Arthur-Charles-Adolphe, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l'aRRONDISSEMENT DE MONS. 

Né à Ghlin-lez-Mons, le 27 janvier 1855. 

Négociant à Mons, M. Bastien a beaucoup contri- 
bué à la diffusion du socialisme dans les environs de 
cette ville en collaborant 
au journal Le Suffrage 
universel et en fondant 
de nombreux cercles de 
propagande socialiste à 
Mons, à Quiévrain, à 
Nimy, à Obourg et à 
Havre. Il est actuellement 
secrétaire du Cercle de 
propagande socialiste de 
Mons, trésorier du Syn- 
dicat général des mineurs 
borains et membre du 
Comité de la Fédération 
socialiste boraine. 

M. Bastien a été élu 
représentant par 1 arron- ^ ' 

dissement de Mons le i'i>.t. Génuct frères. 

14 octobre 1894 : il obtint 42,31 3 suffrages, contre 19,500, 
donnés au plus favorisé de la liste libérale, M. Houzeau de 
Lehaie, et 17,230 à M. Corbisier, le plus favorisé de la 
liste catholique. 

Adresse : rue Chisaire, 6, à Mons. 




236 



I.A Chambre dfs Représentants en 1894-1893 



ment de Louvain le 



BEECKMAN, Joseph-Adrien, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L'aRRONDISSEMENT DE LOUVAIN. 

Né à Termoîide, le 12 avril 1819. 

M. Beeckman est l'un des vétérans de la Chambre. 
Élu conseiller provincial pour le canton de Diest en 1849, 
M. Beeckman occupa ce poste jusquen 1859; larrondisse- 
nomma cette année membre de la 

Chambre des représen- 

I tants et renouvela son 

) mandat sans interruption 

jusqu'à ce jour. Il obtint, 

le 14 octobre 1894, 

42,226 voix. 

L'élection du 14 juin 
i859,quiamenaM. Beeck- 
man à la Chambre, fut 
contestée par la minorité 
libérale; elle donna lieu 
à une enquête parlemen- 
taire qui passionna l'opi- 
nion publique. 

La majorité libérale de 
la Chambre prononça 
l'annulation du scrutin, 
......t. ,...r.u..t frern. j^gigré Jcs éloquentes 

protestations de MM. Dumortier, Dechamps, Nothomb et 
d'autres membres de la droite. Les réclamations étaient 
basées sur des faits de pression et de corruption électorale : 
on reprochait surtout alix catholiques l'organisation des 
stokslagei's — garde de sûreté destinée à protéger les électeurs 
ruraux obligés de se rendre à Louvain pour y voter. Les 
députés invalidés furent réélus en janvier 1 860 à une imposante 
majorité. 

M. Beeckman s'occupe spécialement à la Chambre des 
questions concernant les travaux publics et leur exécution. 




Beeckman 



Bekrnaeut 



237 



Il est Tun des membres fondateurs d'un Cercle catholique de 
Diest : la Gilde Sainte-Barbe, et en 1894 il a célébré son 
cinquantième anniversaire de président de cclte société. 

M. Beeckman est officier de l'Oidro de Léopold, décoré de 
la Croix civique de i^e classe et couiniandeur de l'Ordre de 
la Rédemption africaine. 

Adresse : rue de la Station, à Louvain. 



BEERNAERT, Auguste-Marie-François, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE TIllELT, 
PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE. 

MINISTRE d'État. 
Né à Ostende, le 26 juillet 18:>9 

M. Beernaert fit des études moyennes privées et suivit 
ensuite les cours de l'Uni- 
versité de Louvain, où, à 
peine âgé de 20 ans, il 
conquit brillamment le 
grade de docteur en droit. 
Il compléta ses éludes par 
un séjour à Paris et aux 
universités de Berlin et de 
Heidelberg. 

Inscrit au tableau de 
l'ordre des avocats près la 
Cour d'appel de Bruxelles, 
le 22 novembre i853, il 
fut nommé avocat à la 
Cour de cassation, le 
II avril 1859. 

Le 4 août 1874, M. Beer- 
naert a été élu représen- 
tant par l'arrondissement de Thielt. Il avait auparavant 
vainement brigué un siège dans larrondissement de Soignies. 
Il a toujours été réélu sans interruption jusqu'aujourd'hui. 




l'Ilot, livruiet frÎTcs. 



238 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

L'élection du 14 octobre 1894 lui donna 1 5, 38 1 voix, tandis 
que ses adversaires en recueillaient 3, 000. 

Appelé par le Roi à diriger le Département des travaux 
publics, le 23 octobre 1873, il conserva ces fonctions jusqu'en 
juin 1878, époque à laquelle les élections amenèrent une 
majorité libérale. 

Après la chute du cabinet dont il faisait partie, il lutta avec 
la droite réduite en minorité contre la politique du nouveau 
ministère. 

Lorsqu'en 1884 les élections du 10 juin^ donnèrent aux 
catholiques une majorité considérable, M. Beernaert était 
tout désigné pour occuper Tune des plus hautes fonctions 
publiques : il fut placé à la tête du Ministère de lagri- 
culture, de l'industrie et des travaux publics, créé par arrêté 
royal du 16 juin 1884. 

Peu de temps après la constitution du nouveau cabinet, 
le Roi redemanda à MM, Woeste et Jacobs leurs portefeuilles 
ministériels; M. Malou, chef du cabinet, les suivit dans 
leur retraite. 

Le 26 octobre, M. Beernaert remplaça Téminent homme 
d'État comme ministre des finances et comme chef du 
gouvernement. Il devait conserver ces fonctions jusqu'au 
26 mars 1894. Un arrêté royal, signé deux jours plus tard, 
lui conféra la dignité de ministre d'État. 

Le 3o janvier 1895, il fut nommé président de la Chambre 
à la suite de la démission de M. De Lantsheere. 

L'œuvre de M. Beernaert, chef du cabinet et ministre des 
finances, est complexe. 

M. Beernaert a été l'un des collaborateurs de Léopold II 
dans l'œuvre de civilisation entreprise au Congo. C'est à 
lui qu'est due la proposition, faite à la Chambre et acceptée 
par elle, d'autoriser le Roi des Belges à devenir le Souverain 
de l'État indépendant du Congo. Il défendit aussi devant les 
Chambres la convention intervenue entre la Belgique et l'État 
indépendant, approuvée par la loi du 4 août 1890. Aux termes 
de cet accord, l'État belge pourra s'annexer en 1900 les terri- 



Beernaert 239 



toires du Congo et tout ce qui en dépend, sans devoir assumer 
de ce chef d'autres charges que celles qui existeraient vis-à-vis 
des tiers . 

Les additions apportées, lors de la revision, à l'article i®' de 
la Constitution ont eu pour but d écarter toute espèce de 
doute au sujet de la procédure à suivre éventuellement pour 
l'annexion de colonies et du régime sous lequel il faudrait 
placer les territoires annexés et leurs habitants. 

C'est à M. Beernaert que la Belgique doit les forts delà 
Meuse, destinés à compléter son système de défense contre 
les attaques possibles de puissants voisins ; c'est encore à lui 
qu'elle est redevable de ces lois sociales, sages et modérées, 
qui ont produit les plus beaux résultats et qui ont ouvert la 
voie à un plan général de réformes ; nous ne citerons que pour 
ménioire la loi sur les habitations ouvrières à bon marché, la 
loi relative à l'insaisissabilité et à l'incessibilité des salaires des 
ouvriers, l'abolition du truck-system, la loi sur le travail des 
femmes et des enfants et, parmi les projets de loi que la 
Chambre sera appelée à discuter, ceux relatifs au contrat de 
travail et à la personnification civile accordée aux unions 
professionnelles. 

La revision de la Constitution qu'il a osé entreprendre et 
qu'il a su mener à bonne fin constitue l'œuvre principale 
accomplie par M. Beernaert pendant la période 1884-1894. 

Quand, le 18 novembre 1890, MM. Fléchet, Buis, Janson, 
Fagnart, Grosfils et Broquet proposèrent à la Chambre la 
revision des articles 47, 53 et 56 de la Constitution, M. Beer- 
naert, rompant avec tous les précédents, se rallia à la prise en 
considération^ qui fut votée, le 27 novembre suivant, à l'una- 
nimité des cent dix-huit députés présents. 

A l'ouverture de la session de 1891 -1892, M. Beernaert 
donna lecture d'une déclaration signée du Roi et de tous ses 
ministres : le gouvernement se montrait favorable à la revi- 
sion et indiquait certains articles auxquels, à son avis, il 
importait également d'apporter des modifications ; c'étaient 
les articles i^r, 26, 34, 48, 52, 54, 58, 60, 61 et 67. L'ar- 



240 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

ticle 36 y fut ajouté sur la proposition de M. de Hemptinne, 
députédeGand,et le Sénat demanda que les articles 27 et Sy 
y fussent également compris; mais cette dernière proposition 
ne fut point admise. 

L'historique de la revision des articles 47, 53 et 56 est 
exposé ailleurs; nous n'avons donc pas à y revenir ici. 

De grands efforts durent être faits pour obtenir la déclara- 
tion de revision de l'article 26 par laquelle le gouvernement 
comptait introduire le référendum : l'opposition comprenait 
des membres de droite et de gauche. Au vote, cette déclaration 
obtint septante-huit voix contre cinquante; mais, lors des 
débats à la Constituante, le chef du cabinet se vit obligé d'a- 
bandonner son dessein primitif en présence de l'opposition que 
rencontrait cette réforme au sein du parti conservateur. Pré- 
sentée à la Chambre par MM. Féron, Janson et consorts, une 
proposition ayant le même objet fut rejetée par quatre-vingt- 
sept voix contre dix- sept. 

On croyait pouvoir tirer de l'article 48, tel qu'il était primi- 
tivement conçu, des objections à l'introduction, dans la légis- 
lation électorale, de la représentation proportionnelle ou de 
la représentation des intérêts. M. Beernaert, sans mécon- 
naître le bien-fondé de ces objections, voulut profiter de 
l'occasion qui s'offrait à lui pour leur ôter tout prétexte. La 
Chambre s'opposa d'abord à la déclaration de revision de cet 
article; mais, après un vote favorable du Sénat et la question 
de confiance ayant été posée, elle revint sur sa décision. Après 
de nouvelles luttes, M. Beernaert obtint de la Chambre le 
vote d'un article laissant au législateur de l'avenir toute lati- 
tude pour l'introduction de la représentation proportionnelle; 
mais la Chambre refusa d'aller plus loin. Lors de l'examen 
des propositions de loi faites par le chef du cabinet pour 
organiser les élections générales aux Chambres législatives, 
les sections repoussèrent la représentation proportionnelle. 
Cet échec, joint aux divergences de vues existant entre lui et 
la majorité catholique sur la question économique, détermina 
M. Beernaert à quitter le pouvoir. 



Begerem 



241 



L'honorable ministre d'État est grand-cordon des Ordres de 
Léopold, de la Légion d'honneur, de la Maison de Hohen- 
zollern, du Saint-Sépulcre, de l'Éloile brillante, de l'Étoile 
africaine, -de l'Aigle rouge, de la Tour et de l'Épée, de TOs- 
manié, du Danebrog, d'Albert le Valeureux, de l'Étoile de 
Roumanie, du Lion et du Soleil, de Pie, de la Couronne 
royale de Prusse et de la Couronne de Fer d'Autriche. 
Adresse : rue d'Ârlon, ^1, à Bruxelles. 



BEGEREM, Victor-Charles-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRR0ND1SSE3IENT DE GAND, 
MINISTRE DE LA JUSTICE. 

Né à Yprcs, le 25 février ^855- 

M. Begerem fit ses études au Collè^'e épiscopal d'Ypres; 
plus tard, l'Université de Louvain lui décerna avec la plus 
grande distinction le di- 
plôme de docteur en droit 
et celui de docteur en 
sciences politiques et ad 
ministratives . 

Avocat près la Cour 
d'appel de Gand, ancien 
membre du Conseil de 
discipline de l'ordre, 
M. Begerem débuta dans 
la vie publique comme 
, conseiller provincial de 
la Flandre orientale; il 
remplit ce mandat pen- 
dant deux ans. 

Le 10 juin 1886, il fut 
élu membre de la Cham- 
bre des représentants 
pour Tarrondissement de Gand, renversant avec ses collègues 
de la liste conservatrice l'ancienne députation Ubérale gan- 




Pliut. GéruMt tiixv*. 



242 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

toise. Son mandat lui a été continué jusqu'aujourd'hui sans 
interruption. Le 14 octobre 1894, il passait en tête de liste 
avec 6o,oo3 voix. 

Dès son entrée à la Chambre, M. Begerem y occupa une 
situation considérable. 

11 prit une part importante aux travaux portant sur des 
questions sociales et juridiques. Cest ainsi qu'il participa 
notamment à la discussion des projets de loi relatifs à la 
revision du Code de procédure pénale, à la protection des 
enfants employés dans les professions ambulantes, à la 
libération et aux condamnations conditionnelles, à la collation 
des grades académiques, au contrat de transport, à la compé- 
tence civile, etc. 

Il fut entre autres rapporteur du budget de l'intérieur et de 
l'instruction publique, des projets de loi sur l'incessibilité 
et l'insaisissabilité des salaires des ouvriers et sur la simpli- 
fication de la procédure pour l'expulsion de locataires de 
ma isons ou appartements de faible loyer. 

La science juridique et sociale qu'il déploya en ces multiples 
discussions le désigna tout naturellement au choix du Roi 
lorsqu'il fallut remplacer à la tête du Départenient de la jus- 
tice M. Le Jeune, qui suivit dans sa retraite le chef du 
cabinet, M. Beernaert. M. Begerem fut nommé ministre de 
la justice par arrêté royal en date du 26 mars 1894. 

M. Begerem a signalé son entrée au ministère par une 
circulaire, très favorablement accueillie, qui avait pour but 
d'accélérer la marche tardigrade de la justice. Il a pris aussi 
des mesures efficaces pour assurer la stricte observation 
des lois sociales. Parmi les projets de loi qu'il a déposés, 
mentionnons ceux concernant la réhabilitation, la protection 
de l'enfance, le contrôle du payement des salaires ouvriers. 

M . Begerem s'est toujours montré un ardent défenseur des 
droits des Flamands. Il fait partie du Comité directeur 
gantois de la Société littéraire Het Davidsfonds, 

Le Roi-Souverain l'a nommé membre du Conseil supérieur 
de l'État indépendant du Congo. 



Berloz 



243 



M. Begerem est chevalier de TOrdre de Léopold, grand- 
cordon de rOrdre de la Conception-de Noire-Dame de Villa- 
Viçosa, grand-commandeur de l'Ordre princier de la Maison 
de Hohenzollern et commandeur de TOrdre dlsabelle la 
Catholique. 

Bruxelles : rue de la Loi, ^6. 

Province : rue Basse, 36, à Gand. 



Adresses 



BERLOZ, Nicolas-Eugàne, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR L'ARRONDISSEMENT DE THUIN, 

Né à Huy, le 25 février 1853. 

Instituteur à Seraing de iSyS à 1880, puis à Morlanwelz, 
M. Berloz exerça ces fonctions jusqu'au jour où les ouvriers 
lui offrirent un mandat 
parlementaire. Il fut élu 
le i3 janvier 1895. 

L'élection de Thuin fut 
des plus disputées. Le 
14 octobre, trois listes se 
trouvaient en présence : 
MM. Anspach-Puissant, 
L. Cambier et Waroc- 
qué, pour la liste libé- 
rale; MM. Derbaix, Hu- 
bert et Lehardy, pour 
la liste catholique; 
MM. Berloz, Delporte et 
Lekeu, pour la liste so- 
cialiste. Les socialistes 
furent éliminés et les libé- 
raux passèrent au ballot- 
tage du 21 octobre avec 5, 000 voix de majorité. Survint le 
décès de M. L. Cambier, le 8 décembre 1894. M. Berloz fut 
de nouveau le candidat des socialistes et l'emporta sur 
M. Derbaix, bourgmestre de Binche et ancien représentant, 
par 22,861 voix, contre 20,983, données à ce dernier. 




l'iiot. Gi-riuet frères. 



244 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



Avant son entrée à la Chambre, M. Berloz, à raison de sa 
situation,. ne s'occupa guère de politique; durant la période 
électorale cependant, il fit une propagande assez active dans 
le Centre et surtout dans l'arrondissement de Thuin. 

M. Berloz a fondé une boucherie coopérative à Seraing et 
fait partie de la Coopérative de Jolimont. 

Il a publié une brochure de propagande : Le Suffrage uni- 
versel et collabore au Peuplent h La Défense. 
Adresse : rue du Gazeiier, à Morlanvvelz, 



BERTEN, Félix-Joseph, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT d'yPRES. 

Né à Poperinghe, le 2 avril 1812. 

M.Berten a été nommé notaire à la résidence de Poperinghe 

en 1845. Trois ans après, 
un arrêté royal l'appela 
aux fonctions d'échevin. 
Il occupa ce poste jusqu a 
sa nomination de bourg- 
mestre de sa ville natale, 
le 29 juillet 1871. Ce der- 
nier mandat lui a été 
renouvelé sans interrup- 
tion jusqu'à ce jour. 

11 fut élu sans lutte 
membre de la Chambre 
des représentants par lar- 
xondissement d'Ypres, le 
27 juillet 1871, en rem- 
placement de M. Van 
Renynghe, décédé. De- 
puis lors, il fut toujours 

réélu et pour la huitième fois le 14 octobre 1894, à une très 

grande jnajorité, en opposition aux libéraux. 




ritot. Gériuet frèrea. 



Berten — Rrrtr\nd 245 



Dès son entrée au Parlement, il défendit avec énergie et 
persévérance les intérêts de l'arrondissement d'Ypres et 
-notamment ceux de lagriculture; il préconisa et obtint des 
réductions du coût de transport, ainsi que Tamélioration de la 
voirie ; il prit également une part importante à la discussion 
de la loi sur le notariat pendant la session de 1 874-1875. 

Bientôt, il se vit forcé d'abandonner son étude notariale, à 
cause de l'impossibilité où il se trouvait de concilier ses fonc- 
tions de notaire, exigeant sa présence au lieu de la résidence, 
avec lexercice régulier de son mandat législatif et lassistance 
assidue aux séances de la Chambre des représentants. 

Devenu doyen d'âge de la Chambre à la suite de la mort 
de Mê"" de Haerne, il présida la séance d'ouverture de la 
session de 1890-1891 et celles des sessions de 1892- 1893 et 
de 1893-1894. 

M« Berten est officier de l'Ordre de Léopold et décoré de la 
Croix civique de i»"® classe. 

Adresse : Poperinghe, , 



BERTRAND, Louis-Philippe, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l'arRONDISSEMENT DE SOIGNIES. 

Né à Molenheek-Sai lit- Jean, le 45 janvier 1856. 

M . Bertrand fut d'abord ouvrier marbrier; il entra ensuite 
dans le journalisme. 

En 1 885, il fonda le journal Le Peuple, organe quotidien de 
la démocratie socialiste, dont il est devenu le rédacteur en 
chef après la retraite de Jean Volders ; il dirige également la 
revue Les Coopérateurs belges, collabore à la Revue socia- 
liste, de Paris, à La Société nouvelle, à la Revue de Bel- 
gique et fut pendant deux ans le correspondant parlementaire 
de La Flandre libérale, succédant à Franz Mahutte. 

M. Bertrand a publié une foule d'opuscules de propagande 
socialiste et quelques ouvrages plus importants, parmi les- 
quels nous citerons : Les Hommes du jour, Essai sur le 



246 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

salaire^ Le Logement de V ouvrier et du pauvre en Belgique^ 
Léopold II et son règne, La Coopération, etc. 

Son rôle dans les asso- 

^ ;; dations ouvrières a été 

^^^^V important : c'est lui qui 

^^^^ ^^""""^^ présidait le Congrès d'An- 

^^^ mf! vers (août i885), où a été 

^B ^Ê' ^^^ ^ constitué définitivement 

^R BPl s ^^y ^ le parti ouvrier. Il fait 

^ft ^ "^^BL partie depuis dix ans du 

^B "^^^^^Êj^Êt Conseil général du parti 

fl|l xH^^^^f ouvrier, après avoir été 

secrétaire du Comité de 
la Fédération bruxelloise. 
M, Bertrand représente 
à la Chambre l'arrondis- 
sement de Soignies ; il a 
été élu au ballottage du 
21 octobre 1894 par 

PLotGéruxct frère. 26,047 VOiX, COtttrC 

24,278, données au plus favorisé des catholiques. Au premier 
tour de scrutin, les catholiques avaient obtenu 18,623 voix, 
les socialistes 16,915 et les libéraux 14,661. 
Adresse : rue James Watt, 4i, à Schaerbeek. 



BIART, Edouard-Charles, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L' ARRONDISSEMENT D*ANYERS. 

Né ù Anvers, le 23 mai 1838. 

M. Biart obtint en 1862 le diplôme de docteur en droit à 
rUniversité de Louvain. Il est inscrit au tableau de Tordre 
des avocats à Anvers, mais a complètement abandonné la 
pratique du barreau. 

M. Biart entra au Conseil communal de Cappellen en 1880 



BlART BiLAUT 



et accepta la présidence du Comité cantonal des écoles 

catholiques du canton 

d'Eeckeren. 

Il a été nommé bourg- 
mestre de Cappellen en 
1884 et conseiller pro- 
vincial pour le canton 
d'Eeckeren en i885. Il 
exerça ce dernier mandat 
jusqu'à son entrée à la 
Chambre des représen- 
tants. Il fut élu pour 
la première fois le 14 Juin 
1892 et réélu le 14 oc- 
tobre 1894 avec 60,997 
suffrages. 

Au Parlement, M Biart 
s'occupe spécialement des 
intérêts de ses commet- 
tants; il y a pris maintes fois la défense des humbles, et ses 
judicieuses observations ont rarement manqué leur but. 

Membre du Comité d'inspection des Colonies agricoles de 
bienfaisance d'Hoogstraeten depuis 1887, il a siégé comme 
vice-président du Conseil de milice d'Anvers de 1884 a 1892. 

M. Biart est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : Cappellen près Anvers. 




Pliot. Geruzet frères. 



BILAUT, Jean-François, 

REPRÉSENTANT INDÉPENDANT POUR l'aRRONDISSEMENT DE BRUXELLES. 

Né à Bodeghem-Saint-Martin, le 5 août 1827. 

M . Bilaut est avocat à la Cour de cassation et ancien 
bâtonnier de l'ordre. Il fut membre du Conseil provincial 
du Brabant pour le canton de Lennick- Saint -Quentin 



248 



La Cham«re des Représentants en 1894- 1895 



de 1871 à 1884 et fit partie de la députation bruxelloise à la 
Chambre des représentants de 1884 à 1892. 

Dès le mois d'août 1884, il défendit dignement lattitude 
qu'auraient à la Chambre les députés indépendants de la 
capitale, soupçonnés par la gauche d'être inféodés au parti 

catholique,et se prononça 
IK -^- :-. énergiquement en faveur 

^B de la nouvelle loi sur 

K l'instruction primaire. 

H 11 participa activement 

W t ''^ux travaux parlemen- 

taires; il fut désigné 
comme rapporteur de di- 
vers projets de loi, entre 
autres du budget de la 
justice; il prit également 
part à un grand nombre 
de discussions juridiques, 
ainsi qu'à l'élaboration 
de la loi sur la collation 
des grades académiques, 
et est l'auteur d'un remar- 
quable rapport relatif 
au chapitre premier du Gode rural. 

M. Bilaut fut réélu au ballottage du 21 octobre 1894, 
en opposition aux libéraux sortants, par 107,51 5 suffrages. 
M. Bilaut est officier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : Avenue Louise, i 21, à Bruxelles. 




riiot. K. FAbronius. 



BOUCHER, Auguste - Charles - Joseph, 

REPRÉSENTANT LIBI<^RAL PROGRESSISTE POUR l'aRRONDISSEMENT DE NIVELLES. 

Né à Grand-Rosière-Holtomoiit, le 14 décembre 1853. 

M. Boucher est brasseur et fermier à labbaye de Melle- 
mont. 
: Il fut élu conseiller communal à Thorembais-les-Béguines 



Boucher — > Brenez 249 



en octobre 1878 et, peu à près, nommé échevin de cette 
commune. ^ — .. , -^ — ... . ..-_ 

Il préside depuis 1884 i 
le Comice agricole de 
Perwez, dont il avait été 
antérieurement vice-pré- 
sident pendant sept ans. 

M. Boucher a été élu 
membre de la Chambre 
des représentants au bal- 
lottage du 21 octo- 
bre 1894; il obtint 
29,092 suffrages, contre 
28,674, accordés à M. de 
Burlet, alors ministre 
de l'intérieur et de Tin- 
struciion publique, le 
plus favorisé des candi- 
dats catholiques non élus. 
La liste socialiste avait été éliminée 'au premier tour de 
scrutin avec un maximum de 6,719 voix, données à 
M. Demblon. 

Adresse * Thorcmbais-les-Béguines. 




Pliot. Génizet fréros. 



BRENEZ, Alphonse, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l'aRRONDISSEMENT DE MONS. 

Né à Hornti, le 7 novembre 1862. 

Ouvrier mineur, M. Brenez est Tun des agents les plus 
actifs du parti socialiste dans le Hainaut; il est secrétaire 
d*un syndicat de mineurs. 

Il fut élu représentant par larrôndissement de Mons au 
scrutin du 14 octobre 1894 par 41,722 voix, contre 19,509, 
accordées au plus favorisé de la liste libérale, M. Houzeau 

46 



La Chambre dfs Représentants en 1894-1895 



de Lehaie, et 17,21030 plus favorisé de la liste catholique, 

M. Corbisier. 

Lors de son élection, 
M. Brenez était détenu à 
la prison de Mons en 
exécution d*un arrêt de 
la cour d appel de Bru- 
xelles du i3 mai i8q3 qui 
le condamnait à cinq an- 
nées d emprisonnement 
pour avoir pris part à une 
émeute à la tête d*une 
bande armée. La Cham- 
bre des représentants, 
dont il était appelé à 
faire partie^ ordonna sa 
mise en liberté, sur la 
proposition de ses col- 
l'hot. Gèruiot frèn^. lègues, MM. A- Dc 

Fuisseaux, L. De Fuisseaux, Roger, Denis, Maroiile et 

Bastien . 

Adresse : route de Wasmes à Hornu. 




BROERS, François-Jean-Marie-Gislain, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L'aRRONDISSEMENT DE MALI NES. 

Né à Malines, le 5 novembre 1837. 

M. Broers a été d abord conseiller communal de sa ville 
natale de 1876 à 1881. Les élections communales d'oc- 
tobre 1881, favorables à la série catholique sortante, furent 
annulées par un arrêté de M. Rolin-Jaequemyns, en date du 
19 avril 1882. Renommé conseiller communal en 1884 et 
échevin en i885, M. Broers se vit appelé aux fonctions de 
bourgmestre en 1889, en remplacement de M. Eug. de 
Kerckhove, démissionnaire. 11 occupe ce poste depuis lors 
sans interruption. 



BaoERS — Brouwier 



231 



La ville de Malines devra à son adminisi ration les grands 
travaux d'assainissement réclamés depuis longtemps et 
reconnus de nécessité absolue au point de vue de la salubrité 
publique. 

Il fut élu conseiller provincial en 1890 et député en 1892. 
A Téleclion du 14 octo- 
bre 1894, les suffrages 
exprimés dans l'arrondis- 
sement de Malines se 
répartissaient comme 
suit : 2,o3o aux socia- 
listes; 1 5,200 aux libé- 
raux; 33,000 aux catho- 
liques. 

M. Broers est avocat, 
président du Cercle 
catholique de Malines, 
vice-président de la Com- 
mission provinciale des 
bourses detude de la 
province d'Anvers et an- 
cien président de l'Asso- 
ciation catholique, qui 
le compte encore dans son sein comme membre du comité. 

M. Broers est chevalier des Ordres de Léopold et de Saint- 
Grégoire le Grand et commandeur de l'Ordre de Pie. 
Adresse : Vieille rue de Bruxelles, '14, à Malines. 




Pkot. Géruaet frèru. 



BROU'WIER, Lôon-Hubert-Joseph, 

REPRÉSENTANT LIBÉRAL PROGHESSISTE POUR L'aRRONDISSEMENT DE LIÈGE. 

Né à Aubel, le i 8 décembre i 8^7. 

M. Brouwier obtint le diplôme de médecin vétérinaire 
en 1872 et fut nommé vétérinaire militaire de 3* classe le 
14 février de l'année suivante. Il ne tarda pas à jouir d'une 
grande considération au point de vue professionnel et fut 



252 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



promu à la 2® classe de son emploi par arrêté royal du 
14 mai 1875. 

Le Conseil communal de Liège, dans sa séance du 
3 mars 1882, appela M. Brouwier aux fonctions de direc- 
teur de Tabattoir public de la ville ; il accepta ces nouvelles 
attributions et donna sa démission à larmée. 

M. Brouwier a été successivement membre du comité, puis 

secrétaire du Cercle libé- 

»ral de l'Est de la ville 
de Liège, membre de 
JlÊ^^^^^^ l'Association libérale de 

l'arrondissement de Liège 
et membre de l'Associa- 
tion libérale progressiste 
du même arrondisse- 
ment; il fut délégué 
au Congrès progressiste 
de 1894. 

Le 22 mai 1892, le 
canton de Liège lelut 
au Conseil provincial et 
l'année d'après il fut nom- 
mé administrateur du 
fonds d'agriculture des- 
tiné à l'assurance du 
bétail ; il resta en fonctions jusqu'à la chute de cette insti- 
tution. 

M. Brouwier remplit encore diverses fonctions publiques : 
ancien président de la Société médico-chirurgicale de Liège 
(médecins, pharmaciens et vétérinaires), ancien secrétaire du 
Cercle médical liégeois et ancien président de la Société 
vétérinaire de Liège, il est actuellement secrétaire général de 
cette dernière société et préside la Fédération médicale vété- 
rinaire de Belgique; il fut secrétaire général de la Fédération 
des éleveurs belges jusqu'au jour de sa fusion avec la Société 
nationale des éleveurs belges, qui le compte aujourd'hui 




Phot. P. Berger. 



Brouwier 253 



parmi les membres de sa commission executive; il fait encore 
partie du Comité de publication du Stud-Book et est secré- 
taire-trésorier du Comice agricole de Liège. 

M . Brouwier collabore à L'Écho vétérinaire et est l'auteur 
de plusieurs ouvrages ayant trait à la médecine vétérinaire : 
La Viande de cheval dans r alimentation de l'homme ; 
Altération curieuse de la viande d'un taureau, la phtisie 
tuberculeuse dans ses rapports avec la boucherie; Les 
Trichines au point de vue de f hygiène alimentaire; Obser- 
vations recueillies dans le service de f abattoir de Liège; 
Trois cas de tumeurs sarcomateuses ; Deux cas d'actino- 
mycose généralisée ; Dégénérescense graisseuse de la viande 
d'un bœuf Durham ; Corps étranger arrêté dans la partie 
supérieure de l'œsophage d'un cheval; Altération singulière 
des os, mélanose du cheval^ odontome du cornet postérieur 
droit che:[ un cheval ; Considérations sur le service d'inspec- 
tion des viandes obligatoire pour toutes les communes, basées 
sur le projet de loi de M. Simons. A signaler encore son 
troisième voXuvaeàxxStud-Book de la Fédération des éleveurs 
belges et les quatre premiers volumes du Stud-Book de la 
Société nationale des éleveurs belges, ceux ci en collaboration 
avec M. Vandermies, médecin vétérinaire à Hal. 

M. Brouwier fut élu membre de la Chambre par l'arron- 
dissement de Liège, au ballottage du 21 octobre 1894, à la 
suite d'une alliance du parti progressiste avec le parti ouvrier ; 
il recueillit 67,761 suffrages, tandis que la liste catholique 
n'en obtenait que 40,000. M. Frère -Orban, ministre d'État, 
représentant sortant, seul candidat de la liste libérale arrivé 
au ballottage, recueillit 26,625 suffrages. 

Le résultat de l'élection du 14 octobre était celui-ci : socia- 
listes et radicaux, 59,000 à 63,ooovoix; libéraux, 27,000 
à 29,000; démocrates chrétiens, 23,ooo; catholiques conser- 
vateurs, 29,000. 

M. Brouwier est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : quai de TA battoir, 8, à Liège* 



254 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



CAELUWAERT, Jean, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l'aRRONDISSEMENT DE GHARLEROl. 

Né à Marcliieniic-au-Pont, le i2 juin 1846. 



M. Gaeluwaert est un enfant du peuple : fils aîné d*humbles 
journaliers, il fut obligé, dès sa plus tendre enfance, d'aider 
par son travail aux besoins d'une nombreuse famille. A l'âge 
de 9 ans, il trouva à s'occuper chez un entrepreneur de déchar- 
gement de minerais de 
M fer ; mais, la besogne 

H étant de beaucoup au- 

K ^HB^^ dessus de ses forces, il 

H ^^^^^^^k quitta son patron et entra 

H l ^H nu Charbonnage du Nord 

H B ^^ wt^ ^^ Charleroi comme 

^f^ W^ ramasseur de pierres ; il 

^Hh ^^^^^ T y devint bientôt manœu- 

^^V' ^^^ ^^ \ vre. Il s'engagea ensuite 

comme hiercheur au 
Charbonnage de Ro- 
chelle-et-Charnois, puis 
comme ouvrier à veine 
au Charbonnage de Sa- 
cré-Madame; il fit peu 
après partie de la brigade 
des bauveleurs et des 
avaleurs et acquit bientôt une habileté reconnue par tous ses 
compagnons de travail. Ouvrier de mérite, ses chefs le 
désignèrent à plusieurs reprises pour occuper des fonctions 
mieux en rapport avec ses dispositions; mais il refusa toute 
faveur, ne désirant pas exercer une autorité quelconque sur 
ses pairs : c'est ainsi qu'il resta simple mineur pendant 
vingt-six ans. 

Quoique n'ayant guère de loisirs, M. Caeluwaert parvint 
cependant, à force d'énergie et de persévérance, à se faire un 




Phot. Géruirt frini. 



CIakluwaert 



léger bagage de connaissances : sans presque l'aide de per- 
sonne, il apprit à lire, à écrire, à calculer, fit de la musique, 
s'occupa de lamélioration du sor: de l'ouvrier et fonda la 
Société coopérative Eurêka de JumetGohyssart, Union des 
mineurs, dont il devint directeur-gérant. 

Il fonda l'Association libérale de Roux en 1881; il s'en 
relira en 1889. Il fonda également la Fédération démocratique 
de l'arrondissement de Charlerôi et l'Union démocratique 
socialiste de Jumet. , 

Il a rempli les fonctions d'administrateur délégué du 
journal Les Chevaliers du travail, qui a cessé de paraître 
tout récemment, et collabore à plusieurs journaux, notam- 
ment au Journal de Charlerôi, 

M. Gaeluwaert est l'un des socialistes les plus influents du 
pays de Charlerôi : il doit cette situation à la présidence de 
l'Ordre des Chevaliers du travail belge, qu'il occupe depuis sa 
fondation. Il déconseilla la grève de 1886, alors qu'il travail- 
lait au Charbonnage du Centre de Jumet, mais il ne fut pas 
écouté; lorsque les ouvriers reprirent enfin le chemin delà 
mine, M. Caeluwaert, soupçonné d'avoir poussé à la grève, fut 
congédié et signalé dans tous les charbonnages comme un 
fauteur de désordres. Par la suite, il fut l'instigateur de plu- 
sieurs grèves importantes. Il perdit de son prestige après la 
grève de 1889, dans laquelle les ouvriers prétendirent qu'il les 
avait entraînés alors qu'il leur était impossible d'obtenir satis- 
faction. Il eut à répondre dans de nombreuses et orageuses 
discussions aux reproches qu'on lui adressa à cet égard. 

En 1887, M. Caeluwaert a été nommé membre etfectif du 
Conseil de prud'hommes de la circonscription de Charlerôi; 
il donna sa démission en 1894. 

Il fut élu membre de la Chambre des représentants pour 
l'arrondissement de Charlerôi au ballottage du 2 1 octobre 1894, 
par 68,552 suffrages. 

Adresse : Jumet-Bayemont. * 



256 



T-A Thamère des Représentants en 1894-1895 



CAMBIER, Léon-Adolphe, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L*ARRONDISSEMENT d'aTH. 

Né à Ath, le 24 octobre 1842. 

M. Cambier a introduit en Belgique une industrie nouvelle : 

la fabrication des meubles en bois courbé. Il a établi dans sa 

ville natale d'importantes usines, où il travaille non seulement 

. les bois courbés, mais 

encore tous les objets 
d'ameublement- Il occupe 
des centaines d'ouvriers 
et assure la prospérité de 
la ville d'Alh. Rien de 
ce qui intéresse la classe 
ouvrière ne lui est étran- 
ger ; c'est un homme 
d'action : il prend la part 
la plus grande aux œu- 
vres qui ont en vue la 
rénovation sociale. 

M. Cambier a été élu 
représentant pour l'ar- 
rondissement d'Ath, au 
scrutin de ballottage du 
21 octobre 1894, par 
17,091 voix, contre 16,047, données au député sortant, 
M. de Kerchove de Denîerghem, ancien gouverneur du Hai- 
naut. 

Au premier tour de scrutin, les plus favorisés de chaque 
liste avaient obtenu le nombre de voix suivant : liste catho- 
lique, 15,924; liste libérale, 14,724; liste socialiste, 3,o36. 
M. Cambier est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : Ath, 




Pliot. GéruxFt frèras. 



Cambier — Carbon 237 



CARBON, Paul-Joseph-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l' ARRONDISSEMENT D*OSTENI>E. 

Né ù Ostende, le 14 novembre 1860. 

M .Carbon, négociant à Osîende, a été élu^ pour la première 
fois membre de la Chambre le 12 juin 1888, en remplacement 
de M. de Stuers, député sortant. 11 ne fut pas réélu en 1892 et 
ne comptait guère plus 
rentrer au Parlement, 
lorsque la mort vint 
lui enlever son frère, 
M. Jules Carbon, dé- 
puté d'Ostende depuis 
le 14 octobre 1894. 
L'Association catho- 
lique s'empressa dof- 
frir à son ancien 
représentant le siège 
devenu vacant. M.Car- 
bon refusa d'abord ; 
mais, en présence de 
l'insistance de ses amis 
et de l'intensité de la 
lutte qui allait accom- 
pagner les élections, phot..Gort«ct fr^«. 
son dévouement à la cause catholique eut raison de son 
opposition première et il accepta la candidature II fut réélu 
le 28 juillet 1895, l'emportant sur ses sept compétiteurs à 
une énorme majorité; voici les chiffres : M. Carbon, catho- 
lique, 10,047 voix; M. Buyl, libéral, 3, 034; M. Plancquaert, 
démocrate chrétien, 1,682; M. Hardyns, socialiste, i,265; 
M. Verdonck, démocrate chrétien, 768 ; M. De Schuytter, 5oo ; 
M. Sanders, 3o6; M. De Graeve, 286. 
Adresse : rue Saint-Georges, i2, à Ostende. 




258 



La Chambre des Représent ani s en 1894-1895 



CARTUYVELS, Marie-Guillaume-Clôment, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L' ARRONDISSEMENT DE HASSELT. 

Né ù Sainl-Trond, le 26 février 1842. 

M. Clément Carluyvels a été membre de la Dépuration per- 
manente du Conseil pro- 
l- vincial du Limbourg de 

J 1872 à 1875. Nommé à 

cette époque juge de paix 
pour le canton de Saint- 
Trond, il occupa ces der- 
nières fonctions jusqu'au 
moment où les électeurs 
de l'arrondissement de 
Hasselt l'envoyèrent sié- 
ger au Parlement : M Car- 
luyvels fut élu le 14 oc- 
tobre 1894, en opposition 
aux libéraux et aux indé- 
pendants, par 18,742 voix. 
Il participa aux discus- 
sions des budgets de la 
justice et de l'agriculture, 
de l'industrie, du travail et des travaux publics et prononça 
des discours très écoutés lors de l'élaboration du projet de loi 
portant exemption du droit de fanal, établissement d'un droit 
d'accise sur la margarine et modification du tarif des douanes, 
ainsi qu'à l'occasion des débats relatifs à la loi organique de 
l'instruciion primaire. 
Adresse : Saint Trond. 




Phot. GéruMt fràrM. 



CARTUYVELS, Hyacinthe-Eugène-Joseph, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE PO UR l'aRRONDI SSEMENT DE WAREMME. 

Né Ù Leiis-Saint-Remy, le 5 novembre 4849. 

M. Hyacinthe Cartuyvels est industriel et représente 
l'arrondissement de Waremme depuis le 8 juin 1886. 



CLÉMENt CaRTÛYVELS HYACINTHE CaRTUVVELS — CaVROT 259 

Avec son collègue, M. Ancion, il a toujours été, au Parle- 
ment, un des plus vaillants défenseurs de la cause agricole. 
Il contribua puissamment à faire adopter par la Chambre les 
droits d'entrée sur les viandes et les bestiaux étrangers; il a 
traité avec grande com- 
pétence la question d.e j 
législation sur les sucres ; { 
chaque fois qu elle est 
venue en discussion. 

Il compte parmi les 
signataires de la propo- 
sition de revision qui est 
devenue le nouvel ar- 
ticle 47. 

Il fut réélu au ballot- 
tage du 2 r octobre 1894 
par 11.045 voix, contre 
10,000, accordées à la 
liste libérale. Au j)remier 
tour de scrutin, les voix 
se réparrissaient de la ma- 

. s > . l'Lot. Goriuct frèrea. 

niere suivante : soaa- 

listes, 1,582; libéraux, 9,399; catholiques, 10,319. 

M. Cartuyvels est chevalier de l'Ordre de Léopold et officier 
de rOrdre de la Légion d'honneur. 
Adresse- : WalefFes, par Fallais. 




CAVROT, Ferdinand-Joseph, 

représentant socialiste pour l'arrondissement de charleroi. 
Né à Erbisœul, le 6 mai i846. 

Ouvrier inineur aux Charbonnages de Mariemont et ancien 
membre de l'Internationale, M. Gavrot a mis une infatigable 
activité au service de la propagande socialiste en fondant, 
depuis 1871, une foule de Sociétés ouvrières et en collaborant 
aux journaux du parti. Il a assisté, en qualité de délégué, au 
premier Congrès international des mineurs, tenu à Londres 



aôo 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



en 1888, ei a, fondé, en 188g et 1890, les- Fédérations nationale 
et internationale des mineurs, au bureau desquelles il siège 
encore. 

Membre du Conseil de prud'hommes de La Louvière depuis 
sa fondation (1886) et du Conseil communal de La Hestre 
depuis 1888, il a été nommé vice-président du Conseil supé- 
rieur du travail. Il est 
également vice-président 
du Conseil d'arbitrage des 
Charbonnages de Marie- 
mont» 

M. Cavrot représente 
à la Chambre l'arrondis- 
sement de Charleroi; il a 
été élu au ballottage du 
21 octobre 1894, en oppo- 
sition aux catholiques, 
par 69,410 voix, contre 
46,3 14, accordées au can- 
didat le plus favorisé de 
la liste catholique, 
M. Drion, représentant 
sortant. 

Le 14 octobre, les so- 
cialistes avaient obtenu de 56,ooo à 58, 000 voix; les catho- 
liques, de 32,000 à 36, 000, et les libéraux, de 20,000 
à 23,000. 

Adresse : I.a Hestre. 




Phot. Gériuet frères. ' 



COLAERT, René-Fidèle, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT D*TPRES. 

Né ù Poperinghe, le 10 mars 4848. 

Avocat-avoué à Ypres, M. Colaert entra au Conseil com- 
munal de cette ville en 1887 à la suite d'un ballottage: il 
en fut le premier conseiller catholique depuis cinquante ans. 



COLAERT 



261 



M. Colaert est aujourd'hui premier échevin chargé de 
Tinstruction publique et des beaux-arts. Il est aussi président 
de la Commission administrative de l'Académie et de l'École 
industrielle et de l'École de musique d'Ypres. 

M. Colaert fait partie de la Chambre des représentants 
depuis le 20 février 1884. Il fut élu par l'arrondissement 
d'Ypres, en remplacement de M. Biebuyck. Aux élections 

du 14 octobre 1894, il „ , -^ 

obtint 24,367 suffrages. 

Outre la discussion des 
budgets des différents dé- 
partements, M. Colaert a 
participé activement à 
l'élaboration de nom- 
breuses lois. 

Il fut rapporteur des 
deux projets de loi appor- 
tant des réductions à l'ac- 
cise sur le tabac, des 
projets relatifs à la répres- 
sion des abus commis par 
les administrations pu- 
bliques de bienfaisance, 
à la réduction du taux de 
l'intérêt légal et à la 
protection de l'enfance, du projet de loi sur la recherche de 
la paternité et du projet de loi portant modifications à la loi 
de 1891 sur le vagabondage. 

M, Colaert intervint également dans la discussion de la loi 
sur la propriété littéraire et artistique, du Code rural, des lois 
sur la collation des grades académiques, sur le contrat de 
transport, sur les plaidoiries devant les tribunaux de première 
instance et du nouveau Code électoral. Il est membre de la 
Commission de revision du Code civil et du Code de procédure 
civile. 

Partisan de la protection agricole, il répondit, lors de la 




202 



La Chambre des Représentants en 1894-' i8g5 



discussion du droit d entrée sur les bestiaux et les viandes, 
à un discours antiprotectionniste de M. Pirmez. 

Il est Fauteur d'une proposition de revision de l'article 53 
de la Constitution. Aux termes de cet^e proposition, 1 électoral 
sénatorial était réservé aux seuls électeurs qui possédaient un 
ou deux votes supplémentaires conformément à l'article 47 
nouveau, chaque citoyen n'émettant qu'un suffrage. Elle fut 
retirée par son auteur. 

M. Colaert est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : Ypres. 



GOLFS, Henri-Louis-François-Jules, 

REPRÉSENTANT DÉMOCRATE CHRÉTIEN POUR L* ARRONDISSEMENT DE RRUXELLES. 

Né à Anvers, le 1er décembre 1864. 

M. Golfs, correcteur d'imprimerie,a été élu représentant pour 

larrondissement de Bru- 
xelles, le 21 octobre 1894. 
Il figurait sur la liste de 
l'alliance conservatrice, 
indépendante et ouvrière 
comme membre du 
groupe ouvrier avec 
MM. Moussetet Lauters, 
Il obtint 106,880 suf- 
frages, contre 95,000, 
donnés à la liste libérale. 
Lors de la discussion 
de la loi électorale com- 
munale, M. Golfs a dé- 
posé un amendement — 
devenu l'article 10 de 
la loi — tendant à main- 

PLot. G«u.ct frère.. jgj^Jj, ^j^ ^^^.g ^^^ ^|g^. 

teurs capacitaires qui figuraient sur les listes précédemment 




COLFS — COOMANS 



263 



en vigueur. Cette disposition transitoire a eu pour effet 
d'augmenter sensiblement le nombre des électeurs et valut 
à son auteur les applaudissements de tous les démocrates. 

Il a publié, en collaboration avec M. J.-F. Golfs père, 
un ouvrage intitulé : La Filiation généalogique des écoles 
gothiques, 

M. Golfs est porteur de la Médaille civique de seconde 
classe. 

Adresse : Chaussée de Wavre, 1t56, à Bruxelles. 



COOMANS, Jean-Baptiste-Nicolas, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L'aRRONDISSEMENT DE TURNHOUT. 

Né à Bruxelles, le G décembre 1813. 

Après M. Berten, M. Goomans est le plus âgé des 
membres du Parlement. 
La présidence provisoire 
de la Ghambre lui a été 
dévolue au début de la 
session de 1894- 189 5. Il 
est aussi le plus ancien 
des membres de la 
Ghambre : il fut élu pour 
la première fois après la 
dissolution de 1848; de- 
puis lors, il n a cessé de 
représenter l'arrondisse- 
ment de Turnhout. Le 
14 octobre 1894, il obtint 
25,221 suffrages. 

M. Goomans fit ses 
études à Gand et à Paris, 
où il se rendit avec son 
ami, M. P. De Decker. Il s'y lia avec Gharles Nodier et 
bon nombre d'illustrations littéraires françaises de l'école 




Phot. Gcruxit frères. 



264 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

romantique. Il conquit son diplôme de docteur en droit à 
21 ans. 

Il appartient à une famille d'écrivains et d'artistes : son 
père, son frère et un de ses fils ont laissé des écrits remar- 
quables, lia été lui-même d'une rare fécondité : il a publié 
plus de trente volumes d'histoire, de philosophie, de ro- 
man, elc . , dont plusieurs ont été traduits en diverses langues. 

Ses principaux ouvrages sont les suivants : Histoire de la 
Belgique; Richilde, épisode de l'histoire de la Flandre au 
XI® siècle, dont M. Mathieu a tiré l'opéra du même nom; 
liaudouin Bras de Fer ou les Normands en Flandre ; Vonck^ 
roman politique, réimprimé sous le titre : Episodes de la 
Révolution brabançonne ; les Communes belges ; Études sur 
les questions d'intérêt matériel à V ordre <i2/ jowr (1848); 
Jean le Victorieux, comédie historique en trois actes; Jeanne 
Goetghebuer, chronique brabançonne du XIV® siècle; La 
Bourse et le Chapeau de Fortunatus ; Une Académie de 
fous^ trois séries; Le Portefeuille d'un flâneur, sept volumes, 
collection d articles parus dans le journal La Paix. 

On a encore de M. Coomans une foule de brochures, entre 
autres une brochure sur Le Duel, où l'auteur préconise des 
mesures destinées à mettre un terme à cette funeste passion. 

M . Coomans a donné Tappui de sa plume incisive et vail- 
lante à de nombreux journaux : dès 1834, il devint rédacteur 
en chef du Journal des Flandres; en 1845, il fonda Le 
Courrier d Anvers et collabora à La Belgique, au Journal 
de Bruxelles, à V Émancipation, au Messager des sciences 
historiques, aux Belges illustres. De 1837 à 1842, il écrivit 
dans La Revue de Bruxelles, 

Il fonda, en 1862, le journal La Paix, dans lequel il a tou- 
jours défendu les droits du bon sens et de la raison contre 
toutes les illusions et tous les entraînements. Il la rédige 
aujourd'hui encore à lui seul. 

Les qualités d'écrivain et de publiciste qui distinguent 
M. Coomans sont des plus remarquables : avec une complète 
indépendance d'appréciation et une grande originalité dans 
ses aperçus, il possède une impeccable correction de forme. 



COOMANS 205 

Comme orateur, M. Coomans ne le cède en rien aux meil- 
leurs, et les questions les plus graves se résolvent chez lui 
par un bon sens impitoyable et une verve soutenue. Il est 
peut-être l'interrupteur le plus spirituel, le plus sensé aussi, . 
de notre Parlement. Qui ne connaît notamment ce mot 
vingt fois heureux qu il lança au libéralisme représentatif : 
« Vous avez fait des baes d'estaminet les bases de votre loi 
électorale! d 

Depuis près de cinquante ans qu'il siège à la Chambre des 
représentants, il a fourni un travail parlementaire étonnant. 

Dès ses débuts, il défendit le droit pour l'agriculture d'être 
traitée sur le même pied que l'industrie et demanda pour elle 
la protection des pouvoirs publics. Dans cet ordre d'idées, il 
combattit avec persévérance les octrois qui imposaient de 
lourdes charges à l'agriculture et il déposa, le i^^ juillet i85i, 
une proposition de loi tendant à les abolir, ainsi conçue : 
« A dater du i" janvier i852, aucune taxe communale ne 
pourra plus être'perçue sur les viandes de boucherie, les pois- 
sons, les céréales, le bois à brûler, les charbons de terre et les 
engrais. » Le projet de M. Frère-Orban, qui fut voté par la 
Chambre, est postérieur de près de dix ans à cette proposition. 

Antimilitariste convaincu, il fit autant d'opposition aux 
fortifications d'Anvers qu'aux forts de la Meuse; il crut tou- 
jours que l'exagération des charges militaires constituait un 
danger pour l'indépendance de la Belgique et ses institutions. 
Il combattit sans cesse la conscription, dont il réclama l'abo- 
lition dès 1848. C'est lui qui fit majorer l'indemnité pour le 
logement des troupes en marche : elle fut portée de 74 centimes 
à I fr. 25 par homme et par jour. 

Flamingant actif et érudit, malgré son beau talent d'écri- 
vain français, M. Coomans demandait en i85i une traduc- 
tion flamande des Annales parlementaires. 

L'extension du droit de suffrage à un plus grand nombre 
de citoyens lui paraissait une nécessité; il la considérait 
comme le seul moyen, avec le vote à la commune, de mettre 
fin aux fraudes électorales. Il n'aura pas manqué d'éprouver 



206 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

une vive satisfaction en voyant les Chambres sanctionner, 
en 1893, les vœux qu'il émettait en iSSy et en 1864. 

Il fit révoquer l'empêchement légal mis à la construction 
de routes pavées sur la frontière néerlando- belge, proposa 
de mieux garantir la liberté de la presse, etc. 

Mais ce furent principalement les intérêts de la Campine — 
cette pauvresse si longtemps délaissée — qu'il prit toujours à 
cœur : il provoqua en sa faveur d'utiles et heureuses mesures 
législatives, y fil exécuter des canaux irrigaleurs et fertilisa- 
teurs, transforma une grande partie de ces landes désertes en 
terres fertiles, donna, en un mot, la vie à cette contrée si 
mal partagée jusqu'alors au point de vue agricole; il obtint 
la construction de la chaussée de Turnhout à Tilbourg et du 
chemin de fer de Lierre à Turnhout et à Tilbourg ; ce fut 
également sur ses instances que la ligne ferrée d'Anvers au 
Bas-Rhin sillonna notre province sablonneuse. 

A la fin du mois de mai de l'année 1857, des troubles écla- 
tèrent à Bruxelles à l'occasion de la discussion de la loi dite 
a des couvents ». L'honorable représentant de Turnhout, 
qui était alors propriétaire-directeur de L Émancipation et de 
La Ga:{ette de Bruxelles, ayant donné sa démission de rap- 
porteur de la section centrale pour les crédits supplémentaires 
des fêtes du vingt-cinquième anniversaire de l'indépendance 
nationale, fut en butte de ce chef aux accusations malveil- 
lantes des journaux libéraux et vit sa maison attaquée à 
différentes reprises : la foule ameutée, poussant des cris, 
proférant des menaces, jeta des pierres dans les fenêtres, tout 
en s'efiforçant d'enfoncer la porte. Un fils de M. Coomans, 
Casimir, alors âgé de 12 ans, croyant la maison envahie et 
ses parents menacés, fut pris de peur et sauta du troisième 
étage dans le jardin d'une maison de la rue Fossé-aux- Loups. 
Cette chute, qui aurait pu être funeste, ne lui causa heu- 
reusement aucun mal. La veille de ce jour, le nonce du 
Pape avait été insulté à Bruxelles. A Anvers, à Gand, la 
foule s'en prenait aux maisons religieuses. Tous ces faits ame- 
nèrent l'ajournement indéfini des Chambres le 29 mai 1857. 



COREMANS 



267 



La grande modestie de Thonorable député de Turnhout lui 
a toujours fait décliner toute distinction honorifique. Néan- 
moins, TEspagne, sous le gouvernement d'Isabelle II, la un 
jour, sans crier gare, créé comte. Ses parchemins dorment 
leur sommeil tranquille sous un épais linceul de poussière 
et de paperasses journalistiques. 

Adresse : Chaussée de Haecht, 224, à Schacrbeek. 



COREMANS, André-Edouard, 

REPRÉSENTANT « MEETINGUISTE » POUR l'aRRONDISSEMENT d'aNVERS. 

Né à Anvers, le 1er février 1835. 

M. Coremans, avocat et docteur en philosophie et lettres, 
qui est aujourd'hui le leader de la députaiion anversoise et 
Tun des chefs les plus ^ 

autorisés et les plus dé- 
voués du mouvement 
flamand, entra de bonne 
heure dans la vie pu- 
blique. Dès 1860, il 
publiait de nombreux 
articles dans la presse 
anversoise, tant française 
que flamande. 

Il fut élu conseiller 
provincial en 1 864 et oc- 
cupa ce siège jusqu'en 
1868. De 1866 à 1872, 
il fit partie du Conseil 
communal d'Anvers et, 
le 23 mars 1868, il rem- 
plaça à la Chambre des 
représentants M. du Bois d'Aissche. 
lui a été renouvelé sans interruption, 
bre 1894, 61,142 voix, contre 44,000 suffrages socialistes et 
libéraux . 




i'but. ueruMit frùre«. 



Depuis, son mandat 
Il obtint, le 14 octo- 



208 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

La naissance à la vie parlementaire de M. Coremans fut 
marquée d'un incident assez rare dans nos annales. Le par- 
quet le poursuivit, en 1869, du chef de contravention à la loi 
électorale pour s'être fait attribuer des contributions . aux- 
quelles on prétendait qu'il n'avait pas droit, et la demande 
d'autorisation pour continuer les poursuites adressée à la 
Chambre des représentants par M. de Bavay, procureur 
général près la cour d'appel de Bruxelles, donna lieu à de 
très intéressants débats sur la portée de l'article 45 de la 
Constitution. M. Coremans fut, du reste, le premier à récla- 
mer de la Chambre l'autorisation sollicitée. Inutile de dire 
qu'il fut acquitté. 

Depuis plus de vingt-sept ans qu'il siège sans interruption 
au Palais de la Nation, M. Coremans s'y est fait remarquer 
par son éloquence humoristique, par ses saillies, par une 
fougue et une solidité de conviction que rien n'a jamais 
pu ébranler. La première fois qu'il se fît entendre dans 
l'hémicycle parlementaire (1868), ce fut pour combattre 
certaines dispositions de la loi de i835 sur les étrangers. 

Il passa sa vie parlementaire à lutter contre le milita- 
risme et à défendre les droits nationaux du peuple flamand 
et les droits de la langue flamande. Il a pris une part consi- 
dérable à l'élaboration et à la discussion de toutes les lois 
relatives à l'emploi du flamand en matière judiciaire, admi- 
nistrative, scolaire, militaire, etc. Il a été plusieurs fois prési- 
dent du Nederduitsche Bond, dont il fut un des fondateurs. 

Démocrate de bon aloi, M. Coremans a constamment 
réclamé l'abolition des charges qui pèsent sur les classes popu- 
laires, les impôts de consommation, la conscription militaire, 
et a préconisé l'extension de toutes les libertés publiques et du 
droit électoral. 

De même qu'il combattit jadis ce qu'il appelait « l'embas- 
tillement de la Belgique et autres folies militaristes », de 
même il combat aujourd'hui ce qu'il appelle les « aventures 
congolaises ». 

Ses discours parlementaires contre le général Brialmont 
sont inoubliables, mais ont été vivement critiqués. 



Daens 



369 



Il a pris aussi une part très importante aux débats relatifs 
à la revision de la Constitution. M. Coremans déposa une 
proposition de modification de l'article 47 consistant à attri- 
buer le droit de vote à tous les citoyens âgés de 25 ans, avec 
double vote à 40 ans. E'ie ne fut pas admise. 

M. Coremans fut chargé par la Commission des XXI de 
faire rapport sur les diverses propositions de revision sou- 
mises aux Chambres par M. Nyssens et d'autres représen- 
tants, après le rejet par les Chambres, les 1 1 et 12 avril \Sg3y. 
de toutes les propositions présentées auparavant. 
Adresse : rue Montebello, 27, à Anvers. 



DAENS, Augustin-Adolphe, 

REPRÉSENTANT DÉMOCRATE CHRÉTIEN POUR l'aRRONDISSEMEiNT d'aLOST. 

Né à Alost, le 18 décembre 1839. 

M . l'abbé Daens fit de brillantes études au collège de sa 
ville natale et appartint 
durant plusieurs années 
à la Compagnie de Jésus. 
Il occupa pendant douze 
ans la chaire de rhétorique 
dans l'un des collèges 
épiscopaux du diocèse de 
Gand. Il a publié quel- 
ques ouvrages religieux : 
Geluk des Hemels, 
Leven van den H, Anto- 
nius, et collabore aux 
journaux démocratiques 
Land van Aalst et De 
Werkman, 

M. Daens a été élu, 
comme démocrate chré- 
tien , par l'arrondisse- 
tnent d'Alost, ,en opposition aux conservateurs catholiques. 
La lutte a été marquée par de vifs incidents. 




Pkot. Géruiet frère*. 



270 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

Le 14 octobre 1894, trois listes étaient en présence : les 
socialistes, les démocrates chrétiens et les catholiques conser- 
vateurs. Le plus favorisé des socialistes, M. Anseele, n'obtint 
que 2,674 voix. Par suite d'une erreur du bureau principal, 
qui oublia de compter dans le total des suffrages les voix de 
tout un canton, la liste conservatrice fut proclamée élue. On 
saperçut plus tard qu'on s'était trompé. La Chambre, lors de 
la validation des pouvoirs, rétablit la vérité des chiffres : 
MM. Woeste et Van Wambeke, de la liste conservatrice, 
arrivaient en ballottage avec MM. Daens et De Backer, de 
la liste démocratique, les premiers avec 25,493 voix, les 
seconds avec 23,498 et 21,373 voix respectivement. 

Le ballottage fui fixé au 9 décembre. MM. Daens et 
Woeste furent élus : le premier, avec 26,853 voix; le second, 
avec 27,524 voix. 
Adresse : Alost. 



DAUVISTER, 
Jean-Joseph, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE 
POUR 

l'arrondissement de VERVIERS. 

Né à Dison, 

le 24 octobre 1858. 

M. Dauvisier est tisse- 
rand et fait partie du 
Syndicat des tisserands 
depuis 1888; de ce chef, 
il a été présenté comme 
candidat au Conseil de 
l'industrie et du travail, 
dont il fait partie depuis 
sa création. 

Il est membre du bu- 
reau de bienfaisance de 
Dison et administrateur d'une société de secours mutuels. 




l'Ilot. Uéruxet frère*. 



Dauvister — Debontridder 



271 



Fondateur de la Ligue ouvrière et commerciale de Dison, 
il a été son candidat aux élections du 14 octobre. M. Dau- 
vister a été élu représentant pour Tarrondissement de Ver- 
viers au ballottage du 21 octobre 1894. Il obtint 27,402 voix, 
contre 22,458, accordées au plus favorisé de la liste catho- 
lique, sur laquelle figurait M. Tabbé Poltier. Au premier tour 
de scrutin, quatre listes étaient en présence; elles obtinrent 
respectivement : catholiques, 18,000 voix en moyenne; 
socialistes, i5,ooo; libéraux, io,coo; progressistes, 7,000. 
Adresse : rue du Corbeau, ^6, à Dison. 



DEBONTRIDDER, Frédéric-François-Emile-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L'ARRONDISSEMENT DE BRUXELLES. 

Né à Vilvorde, le 24 février 1851. 

Industriel à Vilvorde, M. Debontridder est le beau-frère 
de M. Liebaert, repré- 
sentant de Courtrai, et 
le neveu, par sa mère, de 
M. J. Portaels, directeur 
de l'Académie royale des 
Beaux-Arts de Bruxelles, 
le célèbre artiste peintre 
que la Belgique vient de 
perdre tout récemment, 
et de M. Portaels, lan- 
cien bourgmestre de Vil- 
vorde . 

Il a été élu membre 
de la Chambre des re- 
présentants pour l'ar- 
rondissement de Bru- 
xelles au ballottage du 
21 octobre 1894, par 
106,898 voix, contre 96,000, données à la liste libérale. 
. . i Bruxelles : rue Royale, 88. 

f Province : rue des Moulins, 49, à Vilvorde. 




l'ùo.. Gv-rxtet frèrea. 



La Chambre des Représentants en 1894 1895 



de BORGHGRAVE, Jules-Émile-Désiré, 

REPRÉSENTANT INDÉPENDANT POUR l'aRRONDISSEMENT DE BRUXELLES, 
SECRÉTAIRE DE LA CHAMBRE. 

Né à Olsene, le i\ janvier 1850. 

Avocat près la cour d appel de Bruxelles, M. de Borch- 

grave a été élu pour la 
première fois avec la liste 
des nationaux indépen- 
*dants, le 10 juin 1884; 
il vit son mandat renou- 
velé par les électeurs de 
larrondissement de Bru- 
xelles jusqu'en 1892 et fut 
réélu au ballottage du 
21 octobre 1894 avec la 
liste de Talliance conser- 
vatrice indépendante et 
ouvrière : il obtint 1 07, 1 82 
suffrages. 

L œuvre principale qui 
marqua son premier man- 
dat parlementaire a été 
i'i.ot. G.ru«t frèn... Télaboration de Ja loi sur 
le droit d'auteur, dont il fut nommé rapporteur. 

Le premier, croyons nous, il défendit à la Chambre, en 
18R7, le principe de la libération conditionnelle, réalisée 
depuissous le ministère de M. Le Jeune. 

Il mena avec les députés liégeois la campagne qui devait 
aboutir à rendre à l'industrie nationale les millions jetés 
jusque-là à l'étranger pour la fourniture de notre matériel de 
guerre . 

Partisan du service personnel, il prit une part remarquée 
à la discussion du projet d'Oultremont. 
. Parmi les nombreux 'rapports dont il fut chargé, il y a 
lieu de rappeler celui du projet de loi relatif à la réorganisation 




DE BORCHGRAVE — DE BrOQUEVILLE 



273 



des conseils de prud'hommes et celui concernant le nouveau 
Code de procédure pénale militaire. 

De plus, il a pris une part très active au mouvement qui 
a eu pour effet de faire décider la création des installations 
maritimes à Bruxelles. 

En «895, enfin, il combattit énergiquement lorientation 
économique nouvelle inaugurée par M. de Smet de Naeyer. 

Le 16 novembre 1894, ses collègues de la Chambre le 
nommèrent secrétaire. 

En 1895, M. de Borchgrave fut appelé à la direction poli- 
tique du Journal de Bruxelles, auquel il avait collaboré 
naguère, ainsi qu'à la Revue générale, alors que celle-ci se 
trouvait sous la direction de M. de Haulleville. 

Il est chevalier de l'Ordre de Léopold et officier des Ordres 
de la Légion d'honneur et de la Couronne royale de Prusse. 
Adresse : rue d'Idalie, 2i. à Ixellcs. 



de BROQUEVILLE, 

Charles- 
Marie - Pierre -Albert, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE 
POUR 

l'arrondissement de TURNHOUT. 

Né à Postel (Moll). 
le 4 décembre 1860. 

M. de Broqueville a été 
élu représentant par lar- 
rondissement de Turn- 
hout le 14 juin 1892; il 
a succédé à M. Alphonse 
Nothomb, ministre d'É- 
tat et membre du Sénat. 
Il fut réélu le 14 octo- 
bre I 894 par 25,514 voix. Pbot. Géra.et frffM. 

Ses discours en faveur des congrès de la paix et de l'arbitrage 
international lont fait remarquer à la Chambre. 




274 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



Il a représenté le canton de MoU au Conseil provincial 
d'Anvers de 1886 à 1892 et a été élu conseiller communal 
à MoU en 1893. 

M. de Broqueville est un homme d'œuvres. Il est président 
de la Fédération des Cercles militaires de Belgique. 

Bruxelles : rue Montoyer, 7^ . 
Province : Postel, par Rethy. 



Adresses 



DE BRUYN, Léon, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L*ARRONDISSEMENT DE TERMOXDE, 
MINISTRE DE l' AGRICULTURE ET DES TRAVAUX PUBLICS. 

Né à Terraonde, le 7 octobre 1838. 

M. De Bruyn fit ses études au Collège de la Paix à Namur; 

en quittant cet établisse- 
h ment, il s'occupa, sous 

m la direction de son père, 

I ^^^^^ d'industrie et de com- 

■ .^K^^^^ merce. 

r_ W m Secrétaire adjoint et, 

B * ^9WM ' ^^^ après, secrétaire 

^B ^ 'i * ^ * ' ^^^^^^^ ^^ ^^ Chambre de 

^H^ \^JkÊ commerce' de Termonde, 

^H ^^^flP^C ^^ publia une foule de 

^^ -— ^^''^ ^^^ rapports et de brochures 

sur des questions éco- 
nomiques. 

Elu conseiller commu- 
nal à Termonde en 1872, 
après l'abaissement à 10 
francs du cens électoral 
communal, il fut immé- 
diatement nommé bourgmestre de cette ville et occupa ce 
poste jusqu'au jour où il prit possession de l'hôtel ministériel 
de la rue de la Loi. 




l'Lot. Gériuot frèrei. 



De Bruyn 275 



Il fit partie du Conseil provincial de la Flandre orientale 
de 1873 à 1879. 

Le Comité central de la Fédération des Cercles et des 
Associations catholiques le compte parmi ses membres. 

Entré le 27 février 1879 à la Chambre des représentants, 
où il remplaça M. Van Cromphaut, décédé, il fut toujours 
réélu par l'arrondissement de Termonde. Il obtint, le 
14 octobre 1894, 23,8 10 voix, contre 8,000, accordées à la 
liste libérale. 

Il prit part à toutes les discussions économiques qui se 
produisirent au sein du Parlement et fut plusieurs fois rap- 
porteur des budgets des finances et des chemins de fer. Dès la 
première heure, il s est déclaré partisan des railways à voie 
étroite pour desservir les localités secondaires. Il fut nommé 
en 1884 administrateur de la Société nationale des chemins 
de fer vicinaux, puis président du conseil d'administration. 

Enfin, le 26 août 1888, il remplaça à la tête du Département 
de l'agriculture, de l'industrie et des travaux publics M. le 
chevalier de Moreau, devenu directeur à la Banque Nationale. 

Il serait trop long d'énumérer ici toutes les réformes intro- 
duites dans le domaine agricole par M. De Bruyn. Nous 
citerons parmi les principales la réorganisation de l'ensei- 
gnement agricole à tous les degrés, la création de l'enseigne- 
ment agricole professionnel, l'organisation des cours du soir 
et des cours d'agriculture pour les militaires, la création de 
l'enseignement agricole pour jeunes filles et notamment 
rétablissement d'écoles de laiterie volantes et permanentes. 

On doit également à M. De Bruyn la transformation du 
service vétérinaire et l'organisation de l'inspection vétérinaire, 
l'institution du corps des agronomes de l'Etat destinés à pro- 
pager les données scientifiques par des conférences, des 
consultations écrites, etc. Des mesures ont été prises pour 
mettre sous les yeux des cultivateurs, au moyen de champs 
d'expériences, les résultats de l'emploi judicieux des engrais 
chimiques, de la sélection des semences et d'une culture 
appropriée au sol. La falsification des engrais chimiques a été 



2^6 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

réprimée efficacement ; l'assurance du bétail a été favorisée ; 
les expositions et les concours agricoles encouragés. 

Dans le domaine législatif, il y a lieu de signaler la loi sur 
la vente des animaux destinés à Tabatage, l'augmentation de 
l'indemnité accordée aux propriétaires d'animaux abattus pour 
cause de maladie contagieuse, la loi réduisant l'impôt sur les 
échanges de biens ruraux non bâtis, les droits sur les 
baux, etc. Le service de l'hygiène a reçu une grande extension 
et prévient la falsification des denrées alimentaires. 

De nombreuses mesures ont également été prises en faveur 
de l'industrie, et le sort des travailleurs a fait l'objet des solli- 
citudes de M. De Bruyn, qui a pris une part importante 
à l'élaboration des lois sociales présentées par le gouverne- 
ment. L'inspection du travail a été créée. 

En novembre 1894, il a été institué au département de 
l'agriculture un Office du travail, sur le modèle des institutions 
similaires existant en France et en Angleterre. Il a pour mis- 
sion de recueillir, de coordonner et de publier tous les rensei- 
gnements relatifs au travail, au salaire, à la condition des 
ouvriers, aux accidents, aux grèves, aux chômages, tant en 
Belgique qu'à l'étranger ; de concourir à l'étude des mesures 
législatives nouvelles et des améliorations à introduire dans 
la législation existante ; de veiller à l'application des lois rela- 
tives au travail. A la suite de cette extension des attributions 
du département de l'agriculture, sa dénomination fut complé- 
tée par un arrêté royal du 12 novembre 1894 : il s'appela 
Ministère de l'agriculture, de l'industrie, du travail et des 
travaux publics. Mais les développements successifs, les exi- 
gences tous les jours croissantes de ses services nécessitèrent 
bientôt la division de ce département : il était matériellement 
impossible à un homme, fût-il aussi actif que M. De Bruyn^ 
de diriger à lui seul ce vaste réseau d'administrations diverses. 
Il fut donc créé deux ministères : le premier ayant dans ses 
attributions l'agriculture, l'hygiène, les travaux publics et les 
beaux-arts, avec M. De Bruyn comme chef; le second, sous 
la direction de M. Nysscns, comportant l'industrie, le travail 



De Clercq 277 

et les mines. L'Office du travail, dont il est question ci-dessus, 
a servi de base à ce nouveau ministère. Cette réforme, datée 
du 25 mai iSgS, fut heureuse et recueillit dans le pays une 
approbation unanime. 

M. De Bruyn est officier de l'Ordre de Léopold, grand- 
cordon de rOrdre de Notre-Dame de la Conception de Villa- 
Viçosa et de l'Ordre de la Couronne de Fer, grand-officier de 
rOrdre de la Légion d'honneur et officier de l'Ordre de Takovo. 



c Bruxelles : rue de la Loi, ^0. 
Adresses j 



Province : Termonde. 



DE CLERCQ, Adolphe- Victor, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE BRUGES. 

Né à Moorseele, le (er novembre 1848. 

M . De Clercq- fit ses études à l'Université de Louvain, où 
il conquit le diplôme de 
docteur en droit en 1871. 
Il est actuellement bâton- 
nier de l'ordre des avocats 
à Bruges . 

Nommé auditeur mili- 
taire suppléant le 19 mars 
1876, il donna sa démis- 
sion le 6 mai 1878. Il 
remplit depuis le 23 fé- 
vrier 1876 les fonctions de 
membre du bureau admi- 
nistratif de TAthénée royal 
et des Écoles moyennes de 
rÉtat. n a été juge sup- 
pléant au tribunal de pre- 
mière instance de Bruges 

de 1887 à 1890. Pl.at.:Géru.et.frèro.. 

Élu membre du Conseil communal de Bruges le 29 oc- 
tobre 1878, il a vu son mandat renouvelé Jusqu'à ce jour 




278 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

sans interruption. Le 26 mai 1879, désigné par le canton de 
Bruges, il entra au Conseil provincial de la Flandre occiden- 
tale. Il donna sa démission en 1888 pour occuper un siège à la 
Chambre des représentants. Il a été élu pour la première fois 
le 27 février 1888, en remplacement de M. Emile De Clercq, 
décédé. Il fut successivement réélu le 12 juin 1888, le 
14 juin 1892 et le 14 octobre 1894. Il obtint à cette dernière^ 
élection 26,65o voix, contre 12,000, accordées à la liste 
libérale, et 5oo, à la liste socialiste. 

Il a présenté, à la fin de la session de 1894- 1895, un 
remarquable rapport, au nom de la section centrale, sur le 
budget extraordinaire décrétant pour 100 millions de travaux. 
Le projet de Bruges port de mer a trouvé en lui un éloquent 
et chaleureux champion . 

M. De Clercq est chevalier de l'Ordre de Léopold et com- 
mandeur de l'Ordre du Christ de Portugal . 
Adresse : rue des Chevaliers, 8, à Bruges. 



de CORSWAREM, Adrien-Jean-Lambert (chevalier), 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'arRONDISSEMENT DE HASSELT. 

Né à Hasselt, le 7 mars 1849. 

Docteur en droit et en sciences politiques et administra- 
tives, M. de Corswarem fut conseiller provincial du Lim- 
bourg de 1876 à 1890 et membre de la Députalion perma- 
nente de la même province de 1878 à 1890. Il fait partie 
du Conseil de perfectionnement de renseignement moyen 
depuis 1884. 

M. de Corswarem est. rédacteur en chef de la revue de 
droit administratif : Het Vlaamsch Bestuur et, outre un 
certain nombre de brochures sur des questions juridiques ou 
sociales, il est l'auteur des ouvrages suivants : Uitleggin g der 
militiewet, Uitlegging der wetten en der koninklijke besluù 
ten over het lager onderipijs, Uitleggingen der jpetten en 



DE ("ORSWAREM — DE FaVEREAU 



279 



dekreten over de kerkfabrieken, Commentaire de la loi du 
27 novembre 1891 sur 
l'assistance publique , 
Des Électeurs et de la 
revision annuelle des 
listes électorales, Expli- 
cation raisonnée des 
titres I^ et III du nou- 
veau Code électoral. 

L'arrondissement de 
Hasselr élit M. de Cors- 
warem membre du Par- 
lement le 10 juin 1890; 
il fut réélu en 1892. 
Le 14 octobre 1894, il 
obtint 19,684 suffrages, 
contre 6,i5o, accordées 
aux libéraux, et 2,096, 
au plus favorisé des can- 
didats indépendants. 

M. de Corswarem est chevalier de l'Ordre de Léopold et 
de rOrdre de Pie. 

Adresse : rue de Maestricht. à Hasselt. 




Pliot. Cénuet frères. 



de FAVEREAU, Paul-Louis-Marie-Célestin, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE MARCHE. 

Né à Liège, le 45 janvier 4856. 

M. de Favereau est docteur en droit. Il représenta le 
canton de Durbuy au Conseil provincial du Luxembourg 
de 1882 à 1884. Le 10 juin de la même année, il fut élu 
membre de la Chambre par l'arrondissement de Marche 
Depuis lors, il a siégé au Parlement sans interruption. 

Il s'occupe surfont de questions agricoles et a pris part 



28o 



La Chambre des Représentants eu 1894-1893 



à Télaboration de la loi sur la collation des grades acadé- 
miques. 

Il signa avec M. Hellepulte la. proposition de revision 

de larticle 58 de la 
Constitution , proposi- 
' tion ayant pour but de- 
. tendre aux Princes de 
la branche de la Famille 
royale appelée à régner 
le droit — accordé jus- 
qu'alors au seul Héritier 
présomptif de la Cou- 
ronne — de prendre 
part aux travaux du 
Sénat. 

L'arrondissement de 
Marche l'a renvoyé à la 
Chambre le 14 octobre 
1894 par 8,4 fi voix, 
contre 6,471, accordées 
à son compétiteur libéral. 
Adresse : Château de Jenneret, par Ocquier. 




PLot. Géruzet frères. 



DEFNET, Gustave-Jean-Baptiste-Noël, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR L'ARRONDISSEMENT DE NAMUR. 

Né à Namup, le 25 décembre 1858. 

M. Defnet est fils d'artisan : son père était cordonnier. Il 
fut d abord typographe, puis correcteur d'imprimerie. 

Ancien secrétaire de la Ligue ouvrière bruxelloise et de 
l'Association libre des typographes, ancien président de 
la Fédération typographique belge, fondateur et membre 
du Conseil général, puis secrétaire du parti ouvrier et fonda- 
teur de la Fédération internationale corporative des mineurs 
d'Europe, M. Defnet a joué un rôle politique non sans impor- 



Defnet — Alfred De Fuisseaux 



281 



tance en participant à l'organisation de nombreux congrès 
socialistes internationaux à Paris, à Londres et en Belgique. 

M . Defnet est conseil- 
ler communal à Saint- 
Gilles depuis le 19 oc- 
tobre 1890; il fut nommé 
échevin de cette com- 
mune le 5 octobre 1893. 

Le nouveau représen- 
tant de Namur collabora 
au journal Le Peïiple, 
à VAvant'Garde^ à 
L'Écho du Peuple, ainsi 
quau Labour Tribune, 
organe de la Fédération 
des mineurs et des métal- 
lurgistes de la Grande- 
Bretagne. 

M. Defnet a été élu 
membre de la Chambre 
des représentants par sa ville natale le 14 octobre 1894, par 
32,780 voix, renversant, avec ses collègues progressistes, les 
représentants catholiques sortants, MM. de Moreau, Dohet, 
Doucet de Tillier et Melot. 

. , c Bruxelles : rue de Suède, 44. 

Adresses ] r» • ^ i- «A • xt 

( Province : rue de 1er, 59, a Namur. 




riiot. (Juruzpt frèreg. 



DE FUISSEAUX, Alfred-Eloi-Nicolas, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE P UR l' AR RO N D I SSE M E N T DE MONS. 

Né à Mons, le 9 décembre 1845. 

M. Alfred De Fuisseaux a pris une pari très active aux 
manifestations socialistes et républicaines qui eurent lieu 
en Belgique et fut délégué à tous les congrès internationaux 
des mineurs. 

48 



282 La Chambre des Représentants fn 1894-1895 

Au cours de sa carrière, il a été condamné, pour des 
causes politiques et autres, à trente-trois années de prison, 
dont quinze de réclusion à raison d'un complot contre la sûreté 
intérieure de TÉtat. Avant le prononcé de cette dernière con- 
damnation, il se rendit à l'étranger et passa neuf années en 
France. Rentré en Belgique à la fin du mois de septembre 1 894, 
il fut arrêté, puis relâché. Le parquet reprit une instruction à 

sa charge du chef de 
complot contre la sûreté 
iniérieure de l'État, la 
condamnation qu'il avait 
encourue ayant été pro- 
noncée par contumace. 
Jl fut acquitté le 1 1 oc- 
tobre 1895 par la Cour 
d'assises du Hainaut. 

Docteur en droit et 
ingénieur de l'École des 
Arts et Manufactures, 
M. Alfred De Fuisseaux 
a fait de nombreuses pu- 
blications politiques et 
littéraires. Ses princi- 
" pales œuvres politiques 

piwt. Géruiet frère. sottt i Lc CatéchisiTie du 
Peuple^ Le Grand Catéchisme du Peuple^ La Femme de 
l'ouvrier j Contes moraux à l'usage du Peuple, La Journée 
de huit heures pour les mineurs; en outre des brochures sur 
La Pension des vieux houilleurs, sur Les Accidents, etc. 
Ses ouvrages littéraires sont : Le Scopit (roman-étude sur la 
religion des castrés en Orient), Terre et Liberté (\qs nihilistes 
en Russie). Il a également collaboré aux Journaux : En 
Avant, Le Combat, La République belge. Le Travail, 
Le Cri du Peuple, Le Suffrage universel. 

M. Alfred De Fuisseaux fut élu par l'arrondissement de 
Mons par 44,152 voix, contre 17,000, données aux catho- 
liques, et i6,5oo, aux libéraux. 




LÉON De Fuisse aux 



283 



Dès son entrée à la Chambre, il signa avec MM. Léon De 
Fuisseaux, Roger, Denis, Maroiile et Bastien une proposition 
tendant à requérir la mise en liberté de M. Brenez, député de 
Mons, détenu en exécution d'un arrêt de la cour d appel de 
Bruxelles du i3 mai 1893 qui le condamnait à cinq années 
d'emprisonnement du chef de rébellion en bande avec armes 
par suite d'un concert préalable et avec cette dernière cir- 
constance aggravante qu'il était un des chefs de la rébellion 
oa l'avait provoquée. 
Adresse : Frameries. 



DE FUISSEAUX, Léon, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l' ARRONDISSEMENT DE MONS. 

Né à Mons, le 17 décembre 1841. 

M. Léon De Fuisseaux est avocat et frère de M. Alfred 
De Fuisseaux. 

Il a publié un volume 
ayant pour titre : Hontes 
du suffrage censitaire et 
a collaboré aux journaux 
La Liberté, Le Peuple, 
La République belge. En 
Avant, La Bataille, 

Il fut élu une première 
fois représentant pour 
l'arrondissement de Mons 
aux élections qui eurent 
lieu après la dissolution 
de 1870. 

De tout temps, M. De 
Fuisseaux se montra un 
ardent défenseur du suf- 
frage universel et il est 
de ceux qui se dépensèrent le plus pour assurer lavènement 
de ce régime. 




bot. Gdnurt iwrflB 



284 



La Chambre des Représenta Nts en 1894-1895 



Avec ses amis de l'extrême gauche, il combattit diverses 
mesures proposées par le gouvernement libéral. 

Il donna sa démission le i3 juillet 1881, à la suite de 
dissentiments avec le chef du cabinet d'alors, M. Frère-Orban, 
ministre des affaires étrangères, sur le terrain du droit élec- 
toral. 

Il rentra à la Chambre en octobre 1894, élu à la fois à 
Mons, au premier tour de scrutin, par 44,360 suffrages et à 
Liège, au scrutin de ballottage, par 60,437 voix. Il opta pour 
l'arrondissement de Mons. 

Adresse : rue des Éburons, 59, à Bruxelles. 



DE GUCHTENAERE, Eugène, 

REPRÉSENTANT DÉMOCRATE CHRÉTIEN POUR l'aRRONDISSEMENT DE GAND. 

Né à Gand, le 13 avril 1852. 

Secrétaire de la Ligue ouvrière antisocialiste de Gand et 

collaborateur au journal 
antisocialiste Het Volk, 
M. De Guchtenaere fut 
élu le 14 octobre 1894 
par 59,307 voix, contre 
25,000, obtenues par les 
libéraux, et 16,000, par 
les socialistes. 

M. De Guchtenaere a 
été de tous les débats 
importants de la session 
de 1894-1895. Il est l'au- 
teur d'un projet de loi 
sur l'assurance ouvrière. 
L'organisation proposée 
par l'honorable député 
de Gand est basée sur les 
associations profession- 
nelles, avec faculté pour les ouvriers de fixer le chiffre de la 




PLot. GtTuxi-t frèrra. 



De Guchtenaere — de- Hemptinne 



285 



pension qu'ils se réservent dans les limites d'un maximum et 
d'un minimum déterminés. 

Adresse : rue de Bruges, 46, à Gand. 



de HEMPTINNE, Louis-Paul-Ghislain, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE GAND. 

Né à Gand, le 5 août 4855. 

M . de Hemptinne est un de nos grands industriels gantois. 

Il fut élu pour la première fois par l'arrondissement |'de 
Gand le 8 juin i886 et son mandat lui a été conservé sans 
interruption jusqu'à ce 
jour. 

Partisan d'une protec- 
tion sage et modérée s'é- 
tendant à tous les pro- 
duits nationaux, il se 
prononça dans ce sens 
lors des discussions des 
budgets de l'agriculture, 
de l'industrie et des tra- 
vaux publics, des voies et 
moyens, des recettes et 
dépenses extraordinaires, 
et participa à l'élabora- 
tion des projets de loi 
relatifs aux conseils des 
prud'hommes, au droit 
de licence, concernant les 
habitations ouvrières, réglementant le travail des femmes et' 
des enfants dans les établissements industriels, ainsi qu'aux 
débats provoqués par les traités de commerce conclus avec 
l'Allemagne et l' Autriche-Hongrie, les tarifs douaniers, etc. 

Le 17 novembre 1887, il avait interpellé le gouvernement 




Pliot. Génuet frère*. 



286 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

au sujet d'événements survenus dans le port d'Ostende : il 
s'agissait de vives altercations entre pêcheurs ostendais et 
anglais suivies de voies de fait. Tout en jugeant sévèrement 
ceux qui s étaient livrés à ces regrettables écarts, M. de 
Hemptinne s'apitoya sur le sort malheureux de ces pauvres 
pêcheurs, livrés à la merci d'une concurrence désastreuse, 
source de misère et de rancunes haineuses. Afin d'amoindrir 
l'intensité de la crise, il proposa la revision de la convention 
internationale signée, à La Haye le 6 mai 1882, préconisa la 
création à Lowestoft ou à Great-Yarmoulh d'un poste de 
consul rétribué et l'institution à Ostende d'une école de pêche. 

M. de Hemptinne est l'auteur de la proposition de revision 
de l'article 36 de la Constitution. Il prit également part à 
l'élaboration du Code électoral . 

Aux élections du 14 octobre 1894, il obtint 59,53i voix, 
contre i5,ooo, données aux socialistes, 25, 000 aux libéraux, 
2,5oo aux deux candidats progressistes isolés et 1,200 aux 
candidats commerçants . 

M. de Hemptinne est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : Gand. 



DE JAER, Camille-Jean-Joseph-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l' ARRONDISSEMENT DE BRUXELLES. 

Né à Louvain, le 40 octobre 1847. 

Avocat à la Cour d'appel de Bruxelles et ancien membre 
du Conseil de discipline de l'ordre des avocats, M . De Jaer 
est le fils de l'ancien professeur de l'Université de Louvain, 
décédé récemment. 

Il figura comme candidat de l'Association conservatrice sur 
la liste de l'alliance conservatrice, indépendante et ouvrière 
de Bruxelles et fut élu au ballottage du 21 octobre 1894 par 
ijo6,8o5 voix. 

M. De Jaer prit part à différentes discussions et fit rapport 
sur divers projets de loi, concernant notamment l'interpré- 



De Jaer — DE JoNGHE d'Ardove 287 

* 

tation de lartide 9 de la loi du 3i mai 1888 établissant la 
iTbéralion et les condamnât ions conditionnelles, le complément 
des articles i3 et 14 de la 
loi du 20 avril 1884 sur 
la détention préventive, 
l'augmentation de deux 
conseillers du personnel 
de la Cour d appel de Bru- 
xelles et la modification 
de la loi du 18 juin 1869. 

Il a publié un discours 
sur La Réserve légale et 
la liberté testamentaire, 
prononcé, le 7 novem- 
bre 1876, à la séance de 
rentrée de la Conférence 
du jeune barreau, dont il 
devint plus tard président. 

M. De Jaer est vice- 
président de l'Association ''"'" ''''""" '""''• 
constitutionnelle et conservatrice de l'arrondissement de 
Bruxelles et secrétaire de l'Association des anciens étudiants 
de l'Université de Louvain ; il est également membre du 
Conseil supérieur de l'État indépendant du Congo. 
Adresse : boulevard de Waterloo, 56, à Bruxelles. 




de JONGHE d'ARDOYE, 

Fernand-Louis-Ghislain-Marie-Joseph (vicomte), 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L*ARR0NDIS8EMENT DE ROULERS, 
QUESTEUR DE. LA CHAMBRE. 

Né à Bruxelles, le 18 février 4850. 

M. de Jonghe d'Ardoye est issu d'une des plus anciennes 
familles de la Flandre. Il est petit-fils de feu M. Auguste de 



288 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



Jongbe 1a Ardoye, ancien membre du Congrès national et 
ancien sénateur pour l'arrondissement de Thielt. 

M. de Jonghe d'Ardoye fut élu pour la première fois le 
6 août 1878, en remplacement de M. Barthélémy Dumortier, 
décédé, et réélu depuis sans interruption. Le 14 octobre 1894, 

il obtint 2i,o3i voix, 

contre 7,359, données à 
la liste libérale. 

M. de Jonghe a pris 
la parole dans de nom- 
breuses discussions ; il a 
surtout combattu la poli- 
tique scolaire du dernier 
ministère Frère-Orban et 
la loi de 1879 sur l'ensei- 
gnement primaire. 

Le 7 février 1887, i^ 
fut nommé questeur de 
la Chambre des repré- 
sentants; il a continué 
à remplir ces fonctions 
jusqu'à ce jour. 

M, de Jonghe d'Ar- 
doye est officier de l'Ordre de Léopold et chevalier de l'Ordre 
de l'Étoile polaire de Suède. 




Phot. Gémvst frère» 



Adresses 



Bruxelles : rue Bosquet, 4. 
Province : Ardoye, par Roulers. 



DE KEPPER, Philippe-Antoine-aiarie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L*ARRONOISSEHENT DE TERHONDE. 

Né à Hamme, le 7 novembre 4824. 

M. De Kepper a éié nommé échevin de sa ville natale 
en 1861. 

Il fit partie du Conseil provincial de la Flandre orientale 



De Kepper — De Lantsheere 



289 



depuis le 12 juillet 1848 jusqu'au jour où, M. Vermeire, 
député de Termonde , 
étant décédé, les électeurs 
le choisirent pour leur 
mandataire : il fut élu 
pour la première fois le 
II janvier 1875 et son 
mandat lui a été continué 
sans interruption jus- 
qu'aujourd'hui. Le 14 
octobre 1894, il fut réélu 
par 26,006 voix, contre 
8,000, accordées à la liste 
libérale. 

M. De Kepper est 
notaire et commandeur 
de rOrdre de Léopold. 




Phot. Géraxet frèn>*. 



- . i Bruxelles : Avenue des arts, 21. 

Atlresses J ^ . „ 

f Province : Hamme. 



DE LANTSHEERE, Théophile -Charles -André, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L* ARRONDISSEMENT DE DIXHUDE, 

MINISTRE d'État. 
Né à Assche, le 4 novembre 1853. 

M. De Lantsheere fit ses études au Petit-Séminaire de 
Malines et au Collège des Pères jésuites d*Alost; il entra 
ensuite à TUniversité de Louvain, où il conquit brillamment 
les diplômes de docteur en droit et de docteur en sciences 
politiques et administratives. 

Inscrit au tableau de Tordre de la Cour d'appel de Bruxelles 
en i858, M. De Lantsheere ne tarda pas à acquérir une situa- 
tion très en vue, grâce à sa science profonde du droit et à sa 
grande aménité. 



290 La Chambre des Représentants en 1894-1895 



En 1860, les électeurs du canton d'Assche lui offrirent un 
siège au Conseil provincial du Brabant; il y fut leur manda- 
taire pendant douze années consécutives. 

Lorsque M. Malou, après les événements de 1871, fut 
chargé de constituer un nouveau cabinet, M. De Lantsheere 
fut appelé aux affaires en qualité de ministre de la justice, 
le 7 décembre 1871; il conserva son portefeuille jusqu'au 
19 juin 1878. Six mois après son avènement au pouvoir 

(11 juin 1872), il fut élu 
■^. ' député par l'arrondisse- 

^m I ment de Dixmude, qui, 

^K ^^^ I depuis, lui a toujours 

^V • 0^ renouvelé son mandat. 

^B S ^ Aux élections du 14 oc- 

^^^- _ f >^ » ^^^"^^ ^^94» ^^ recueillit 

^^^Bt V y^H 1 1,323 suffrages. 

^^^ ^ / ^JÊf Comme garde des 

^F A^ Jt^^Ê sceaux, M De Lantsheere 

fît voter par les Chambres 
un grand nombre de pro- 
jets de loi, dont nous 
citerons les principaux : 
Code de commerce revisé, 
lois sur les protêts, sur le 
régime des aliénés, sur 
remploi du flamand en 
matière répressive, sur les extraditions, sur la détention pré- 
ventive, sur la compétence des consuls belges dans les 
pays hors de la chrétienté, sur le domicile de secours, 
lois exemptant de divers droits les sociétés coopératives, 
punissant loffre ou la proposition de commettre un crime 
entraînant la peine de mort ou les travaux forcés à perpé- 
tuité, relative au port d armes de guerre, portant augmen- 
tation du traitement des juges d'instruction, divisant les 
chambres de la Cour d appel en sections pour le jugement 
des affaires électorales, modifiant l'organisation des Cours 




riutt. Oériuet trèrw. 



De Lantsheere 291 



d'assises et le Code d'instruction criminelle, Codes de pro- 
cédure civile et pénale, etc. 

M. De Lantsheere fut naturellement mêlé à une foule de 
débats portant sur les points les plus divers : outre la discus- 
sion de son budget et des propositions dues à l'initiative 
privée, il eut à répondre à quelques interpellations qui eurent 
un certain retentissement dans le pays, entre autres celles 
relatives au scandale de la maison d'aliénés d'Evere, à l'enter- 
rement de l'évêque de Tournai dans sa cathédrale, aux abus 
des visites corporelles, aux extraditions et expulsions, à la 
police des étrangers, à l'enterrement de Léopold l^' dans 
la crypte de Laeken, etc. 

Lorsqu'en 1878 le cabinet conservateur fut renversé, M. De 
Lantsheere tourna toute son activité vers le barreau. Ses 
confrères relevèrent en 1887 à la dignité de bâtonnier de 
l'ordre. 11 ne cessa pas cependant de s'intéresser vivement aux 
travaux législatifs : il fut au contraire de presque toutes les 
discussions, surtout les discussions juridiques, et sut toujours 
défendre énergiquement les droits de ses commettants. 

Revenue au pouvoir en 1884, la majorité catholique 
nomma M. De Lantsheere deuxième vice-président, puis 
président de la Chambre. Il occupa ces dernières fonctions 
jusqu'au 25 janvier 1895, époque à laquelle il abandonna la 
présidence à la suite d'un regrettable malentendu. 

Le Roi l'a placé au nombre de ses ministres d'État le 
9 juin 1890. 

M. De Lantsheere a été nommé directeur à la Banque 
Nationale le 19 mai 1891. 

Il est grand-cordon de l'Ordre de Léopold, grand'croix des 
Ordres de la Couronne de Chêne et de Notre-Dame de la 
Conception de Villa-Viçosa, grand-cordon de l'Ordre de Pie 
et de l'Ordre de l'Aigle blanc de Russie. 
Adresse : rue du Trône, 24 6, à Bruxelles. 



292 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



DELBEKE, Auguste-Charles, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L* ARRONDISSEMENT D*ANYERS. 

Né à Courtrai, le 12 août 1855. 

M. Delbeke fit de brillantes études à TUniversité de Lou 
vain et y obtint le diplôme de docteur en droit en 1874; il fut 
inscrit la même année au tableau de Tordre du barreau 
d'Anvers. 

Il s'est également occupé de presse : il a été le dernier 

rédacteur en chef du 

Journal dA nvers, décédé 
dans la soixante-douzième 
année de son existence. 
Comme rédacteur.M . Del- 
beke fit partie de la Con- 
férence des journalistes 
catholiques qui siégeait 
vers 1879- 1880 au Cour- 
rier de Bruxelles, 

Après avoir, de 1884 
à 1888, représenté le 
canton d'Anvers au Con- 
seil provincial, l'arron- 
dissement d'Anvers le 
choisit, le 14 juin 1892, 
comme l'un de ses onze 
mandataires et l'envoya 
siéger au Parlement. 

Dès son entrée à la Chambre, il interpella le gouvernement 
sur le service d'émigration 

Il a été rapporteur de la loi sur les rassemblements en 
plein air autour du Palais de la Nation et prit une part 
active à l'élaboration du Code électoral nouveau, ainsi qu'aux 
discussions des diverses lois transitoires rendues nécessaires 
par la transformation de notre régime constitutionnel. Il fut 
aussi le rapporteur pour la proposition de loi électorale 
relative à la représentation proportionnelle, reprise par 




Pbot. Ucmzet frères- 



Delbeke — Delvaux 



293 



M. Féron, après son reirait par le gouvernement. C'est 
lui , enfin, qui prit la parole au nom du groupe anversois, 
lorsque ce dernier, voulant faire échec aux projets du gou- 
vernement detablir des droits d'entrée sur certains produits 
agricoles, déclara qu*il considérerait son mandat comme 
terminé après le 12 juin 1894 et se verrait en conséquence 
forcé de suivre la gauche dans sa retraite. 

Il a vivement combattu le projet de loi économique voté 
récemment par les Chambres et dont une des clauses décidait 
la création à Bruges d'un port de mer. 

M. Delbeke a été réélu, le 14 octobre 1894, par 
6o,865 voix. 

Il est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : rue Bourla, 15, à Anvers. 



DELVAUX, 

Paul-Marie- Joseph, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE 

POUR 

l'arrondissement de DINANT. 

Né à Rochefort, 
le 14 octobre 1839. 

M. Delvaux est docteur 
en médecine et bourg- 
mestre de sa ville natale 
depuis 1870 jusqu'à ce 
jour, sauf une interrup- 
tion de six ans : de 1884 
à 1890; il est aussi pré- 
sident de l'Association 
conservatrice du canton 
de Rochefort. 

Il fut élu une première tois membre de la Chambre des 
représentants par l'arrondissement de Dinantle 24 mars 1892, 




PLot. Gcruzet frèrei. 



294 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



en remplacement de M.Thibaut; il fut réélu le 14 octobre 1894 
par 17,660 voix, contre 14,956, obtenues par la liste libérale. 

M. Del vaux ne néglige aucune occasion de défendre les 
intérêts de ses commettants : les cantons de son arrondis- 
sement lui sont déjà redevables de maints travaux de grande 
utilité, notamment de voies ferrées focilitant les communi- 
x:ations avec le chef-lieu. 

M. Delvaux est officier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse • Rochefort. 



DE MALANDER, Ephrem-Prudent-Louis, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT d'AUI>ENARDE. 

Né à Renaix, le 18 septembre 1843. 

Après avoir rempli à Renaix les fonctions de notaire de 

1871 à 1887, M. De Ma- 
lander est aujourd'hui 
industriel et s'occupe 
spécialement du tissage 
mécanique. 

Entré au Conseil com- 
munal de Renaix le 2 juil- 
let 1872 et nommé bourg- 
mestre de cette ville le 
20 août de la même 
année, il a rempli ces 
fonctions sans interrup- 
tion jusqu'à ce jour. Il 
fut également juge sup- 
pléant de 1876 à 1887 
et, à diverses reprises, 
membre effectif du Con- 
seil de milice de larron- 

dissement d'Audenarde. 

M. De Malander est président ;de l'Association et du 

Cercle catholiques f de Renaix, premier vice-président de 




PLot. Génuet frèrei. 



De Màlander 29^^ 



TAssociation conservatrice de larrondissement d'Audenarde 
et membre du bureau de la Fédération des Associations et des 
Cercles catholiques de Belgique. 

Il fut élu représentant pour larrondissement d'Audenarde 
le 3o avril 1887, en remplacement de M. Magherman, 
démissionnaire. Sa nomination donna lieu à des incidents 
nombreux : elle fut suivie de la démission de son collègue, 
M. Devolder, alors ministre de la justice, aujourd'hui sénateur 
pour Neufchâteau. M. Devolder expliqua à la Chambre que 
cette démission n'avait pas pour motif la personnalité de 
M. De Màlander, dont il loua le caractère, les qualités et les 
services considérables rendus à sa ville natale et à la chose 
publique. Des débats violents s'engagèrent à la Chambre sur 
une proposition de loi déposée par M. Bara et tendant à 
exclure du Parlement le nouvel élu. Cette agitation avait 
pour cause la condamnation encourue par M. De Màlander 
dans l'affaire Grawitz. Pour arracher des mains de la foule 
ameutée cet industriel, dont les revendications mettaient 
en péril le gagne-pain d'une grande partie de la population 
renaisienne, M. De Màlander, après avoir mis, à différentes 
reprises, sa vie en danger, avait écrit la convention intervenue 
entre Grawitz et les fabricants de Renaix, ayant pour but la 
suspension de toutes revendications, en attendant décision judi- 
ciaire, et, bien que cette convention dût être ratifiée le lende- 
main à Audenarde, la Cour d'appel de Gand vit dans ce fait 
une extorsion de signature. Une décision postérieure d'un 
tribunal français ayant prononcé la nullité des brevets sur 
lesquels Grawitz appuyait ses réclamations, M. De Màlander 
attend que la réforme du Code de procédure pénale lui per- 
mette de demander la revision de l'arrêt qui l'a condamné. 

M. De Màlander a pris une part importante aux travaux 
parlementaires, notamment à la discussion des lois sur les 
conseils de prud'hommes et sur l'assistance publique. 

Il est l'auteur d'un projet de loi récemmeat déposé sur le 
bureau de la Chambre et tendant à organiser l'assurance 
ouvrière obligatoire : il préconise l'établissement d'un droit 



296 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



d'entrée sur les céréales, dont le produit servirait à couvrir les 
dépenses occasionnées par [lassurance ; celle-ci procurerait 
des pensions d'invalidité et de vieillesse. 

Il vient de publier, sous le titre suggestif: Un Mariage de 
raison, une étude et un projet de loi tendant à concilier le 
régime majoritaire avec la représentation proportionnelle 
intégrale des minorités. 

Adresse : Grand' Place, à Renaix. 



DEMBLON, Pierre-Joseph-Célestin, 

représentant socialiste pour l'arrondissement de liège. 
Né à la Neuville-en-Condroz, le 19 mai 4859. 

M. Demblon avait 19 ans lorsque l'École normale de Huy 

lui décerna avec distinc- 
tion le diplôme d'institu- 
teur. 

1 1 exerça successivement 
ses fonctions à Herstal, 
à Horion-Hozémont, 
puis à Liège. En i883, 
il fut révoqué pour avoir 
critiqué la dotation votée 
par les Chambres à loc- 
casion du mariage de 
S. A. R. la Princesse 
Stéphanie de Belgique et 
avoir déclaré que le 
peuple saurait prendre le 
suffrage universel. 

Il s'occupait surtout 
de littérature et publia les 
ouvrages suivants : Mes Croyances, recueil de discours, etc., 
Contes mélancoliques. Le Roitelet, poème naturaliste-roman- 
tique en prose, Noël d'un Démocrate tl Les Émerveillements, 




PliOt. Géruiet frères. 



Demblon — DE Merode Westerloo 297. 

morceaux détachés parus dans diverses revues. Ces quatre 
dernières publications formeront un volume portant le titre de 
Aurora. Il a écrit dans Le Peuple une série d'articles sur 
VHistoire de la littérature belge et a collaboré à la Revue 
de Belgique, la Jeune Belgique, La Basoche, La Société 
nouvelle, La Wallonie, les Tablettes françaises, Floréal, 
la Revue wallonne, la Revue de V Époque, etc. 

Il est actuellement chargé du cours d'histoire de la littéra- 
ture française à l'Université nouvelle de Bruxelles. 

M. Demblon a été élu représentant par l'arrondissement de 
Liège le 14 octobre 1894. Il a passé en tête de liste au pre- 
mier tour de scrutin par 63,562 voix. Trois de ses collègues 
furent élus avec lui; les sept autres triomphèrent au ballot- 
tage. M. Frère-Orban n'obtint que 29,377 voix. 
Adresse : place Cockerill, 2, à Liège. 



de MERODE W^ESTERLOO (comte), 

Henri-Charles-Marie-Ghislain, 

marquis de Westerloo, 

prince de Rubempré et de Grimberghe, 

REPRÉSENTANT INDÉPENDANT POUR l'aRRONDISSEMENT DE RRUXELLES. 

Né à Paris, le 28 décembre 1856. 

M. de Merode acheva ses études latines au Collège Saint- 
Michel et fil ses études philosophiques à Tlnslitut Saint- Louis; 
reçu candidat en philosophie avec grande distinction, il entra 
ensuite à l'Université catholique de Louvain, où il obtint 
le diplôme de docteur en droit le 19 juillet 1879. 

Trois ans après, le canton de Westerloo le choisit comme 
conseiller provincial, fonctions qu'il occupa jusqu'au jour où 
l'arrondissement de- Bruxelles l'envoya siéger au Parlement 
(10 juin 1884). 

M. de Merode remplit les fonctions de secrétaire provisoire 
à l'ouverture de la session extraordinaire de 1884-1885. 

49 



298 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



Le 28 mai i885, il fît rapport sur le projet de loi portant 
que les funérailles de Charles Rogier seraient célébrées aux 
frais de TÉtat. Il fut aussi rapporteur des projets de loi de 
MM. Paternoster et consorts et du gouvernement relatifs à la 
revision de la législation en matière de vices rédhibitoires 
et prit part aux; discussions qui suivirent. 

Le II novembre 1886, M. de Merode fut nommé secré- 
taire de la Chambre. 

Il fut encore rappor- 
teur de divers projets de 
loi et notamment de la 
loi portant augmentation 
du nombre des notaires 
dans les faubourgs de 
Bruxelles, des lois sur 
la répression de l'ivresse 
I ^^^^^ publique, sur la falsifi- 

cation des denrées ali- 
^^^^^^^^^^^^^ mentaires, etc. 

k^^H^^^^^^^^I Les décorés de la Croix 

^^^^^^K^1|^H commémorative de i83o 
^H^^^^^^H lui doivent la pension 
^^^^BVl^H qu'ils touchent et qui est 
en partie réversible sur 

Phot. E. Fabtoniut. i /• i t 

le chef de leurs veuves . 
M. de Merode consacra à la défense de ses vieux amis de 
nombreux et longs efforts parlementaires. 

Il prit part, en outre, à diverses reprises, aux discussions 
des budgets de l'agriculture et des affaires étrangères. 

On connaît le brillant discours qu'il prononça, le 28 jan- 
vier 1887, lorsqu'il traita la question de l'émigration et dans 
lequel il préconisa l'institution d'un service de renseignements 
gratuits à l'usage des émigrants, aux fins « de les instruire, de 
les préparer à l'œuvre qu'ils entreprennent et de les mettre en 
garde contre les mille embûches auxquelles ils sont en butte » . 
Depuis lors, il a été fait droit à ces sages observations par la 




DE Me&ode Westerloo 299 

création de bureaux spéciaux de renseignements pour l'émi- 
gration. 

M. de Merode fut réélu en 1888 par l'arrondissement de 
Bruxelles . 

Il fut délégué par le Roi, en 1889, pour le représenter à 
Athènes aux fêtes du mariage du Duc de Sparte, Prince 
héritier de Grèce. 

A la mort de son père, ministre d'État et président du 
Sénat, le 6 avril 1892, M . de Merode fut nommé bourgmestre 
de Westerloo. 

Le II juin 1892, M. de Merode perdit son siège parlemen- 
taire. Le 3 1 octobre de la même année, le Roi lui confia la 
direction du Département des affaires étrangères, en rempla- 
cement du Prince de Chimay, décédé. 

Il s'y occupa, entre autres, de réorganiser notre régime 
consulaire et d'étendre les services du Musée commercial. 

Il négocia plusieurs traités de commerce importants . 

La question africaine fit l'objet constant de ses études ; il 
fut toujours partisan d'une politique coloniale en harmonie 
avec les besoins, les ressources et la neutralité de la Belgique. 

M. de Merode estimait que le pays devait se prononcer 
sans retard sur le projet déposé par le cabinet et portant 
annexion du Congo par la Belgique. Mis dans l'impossibilité 
de faire prévaloir ses convictions, il donna sa démission de 
ministre des affaires étrangères, le 25 mai 1895. 

M. de Merode avait été réélu député de Bruxelles au 
scrutin de ballottage du 21 octobre 1894; il avait obtenu 
107,487 suffrages. 

M. de Merode est chevalier de l'Ordre de Léopold, grand - 
cordon des Ordres du Sauveur de Grèce et de l'Étoile de 
Roumanie, décoré de la Croix d'honneur de i^e classe de 
l'Ordre de HohenzoUern . 

Adresse : rue aux Laines, tlj à Bruxelles. 



3oo 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



de MONTPELLIER d'ANNEVOIE, 
Jules-Augustin-Paul-Ghislain, 

représentant catholique pour l*arrondissement de dînant. 
Né à Annevoie, le 18 août 4838. 

M. de Montpellier est docteur en droit. Il a fait ses études 
à l'Université de Liège et a conquis tous ses grades avec 
distinction. 

Il s'intéressa de bonne heure à la politique: il fait partie 

du comité central de TAs- 
^' sociation constitution- 

I nelle et conservatrice de 

Dinant depuis i865. 

En 1872, il fut élu sans 
lutte membre du Conseil 
communal et nommé 
bourgmestre d' Annevoie, 
en remplacement de son 
père, qui avait occupé 
les mêmes fonctions pen- 
dant cinquante-huit an- 
nées sans interruption. 
S'étant fixé en i883 au 
château de Denée, il ne 
sollicita pas le renouvel- 
lement de ce mandat, qui 
venait d'expirer; mais il 
devint conseiller communal et échevin à Denée en 1884 et 
bourgmestre en 1887. 

Élu conseiller provincial pour le canton de Dinant, le 
25 mai 1874, par 5 12 voix, contre 357, pour achever le 
mandat de M. Didot, décédé, et réélu plusieurs fois à 
une grande majorité après des luttes acharnées, il fui 
nommé vice-président du Conseil provincial en 1888. 

Il a été élu membre de la Chambre des représentants par 
l'arrondissement de Dinant, en remplacement de M. de Liede- 




Pliot. Géruzet frèrci. 



DE Montpellier d'Annevoie — De Néeff 



3oi 



kerke-Beaufort, le 29 janvier 1890. Réélu membre de la 
Constituante en juin 1892, il s'y montra favorable au 
principe de l'extension du suffrage et se prononça énergique- 
ment, lors de la revision de l'article 48 de la Constitution, en 
faveur du vote à la commune. Il fut réélu le 14 octobre 1894 
avec 17,616 voix, contre 14,956, obtenues par la liste libérale. 

Au Conseil provincial comme à la Chambre, il s'est toujours 
principalement occupé des intérêts agricoles, des questions 
sociales et de toutes les questions économiques pouvant 
développer la prospérité de son arrondissement. 

M. de Montpellier est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : Château de Dcnée. 



DE NÉEFF, Edouard-Guillaume-Emile, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L'ARRONDISSEMENT DE LOUVAIN. 

Né à Louvain, le 27 décembre 4835, 

M. De Néeff appartient à une famille qui a rendu des ser- 
vices signalés à la cause 
nationale : son a'ieul , 
M. Jean De Néeff, fut un 
des promoteurs du mou 
vement qui amena notre 
indépendance politique ; 
il avait siégé au Congrès 
national et fut bourg- 
mestre de Louvain. 

Membre du comité 
directeur de l'Association 
catholique de l'arrondis- 
sement de Louvain 
depuis i865, M. De 
Néeff a occupé différentes 
fonctions publiques. Élu 
conseiller communal à 

Louvain en 1869, il f^t Phot. Cénuet frère.. 

nommé échevin en 1871 ; il conserva ce mandat jusqu'à la 




3o2 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

chute de radministration communale catholique en 1872. 
M. De Néeff, comme échevin, était spécialement chargé du 
soin des intérêts financiers de la ville. Il entra au Conseil 
provincial pour le canton de Louvain en 1876 et fut nommé 
membre de la Chambre des représentants le 10 juin 1884' 
Réélu sans interruption jusqu'à ce jour, il obtint, le 14 oc- 
tobre 1894, 42,198 voix, contre 5,ooo, accordées à la liste 
socialiste, et 20,000, à la liste libérale. 

Il défend surtout au Parlement les intérêts agricoles; il a 
également traité avec compétence diverses questions spéciales, 
notamment la question monétaire. 

Lors des inondations de 1891, M. De NéefiF, se faisant 
l'écho des milliers de victimes de l'épouvantable désastre, 
fit appel à la sollicitude du gouvernement pour qu'elles 
fussent secourues le plus généreusement et le plus prompte- 
ment possible. Il demanda une enquête pour connaître les 
causes de la catastrophe, en même temps que l'étude des 
moyens d'en prévenir le retour. 

M. De Néeff est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : château de Waenrode (Diest. 



DENIS, Hector-Achille, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l'aRRONDISSEMENT DE LIÈGE. 

Né à Braine-le-Comte, le 29 avril 1842, 

M. Denis est un savant distingué, qui poursuit depuis 
trente ans des travaux économiques, sociologiques et philo- 
sophiques très remarqués. 

Il entra à l'Université de Bruxelles à 19 ans et, après des 
études scientifiques et juridiques, conquit le diplôme de doc- 
teur en droit en i865 et celui de docteur en sciences naturelles 
en 1868. Comte et Proud'hon exercèrent une influence consi- 
dérable sur son intelligence, et encore aujourd'hui M. Denis 
aime à se proclamer le disciple reconnaissant du grand 
socialiste français. 



Denis 



3o3 



Il fut l'un des organisateurs du Congrès international des 
étudiants qui se tint à Liège en i865 et à Bruxelles en 1866, 
en même temps que Tun de ses principaux orateurs. 
- Il collabora à La Rive gauche ^ journal hebdomadaire créé 
à Bruxelles par quelques étudiants français, et fui l'un des 
rédacteurs de La Liberté, qui avait compté parmi ses fon- 
dateurs MM. Buis, Graux, Vanderkindere, Olin, Robert, 
Janson et Splingard et 
qui fut reprise alors par 
un groupe socialiste. 
C'est par la voie de ce 
journal que M. Denis 
répandit ses idées dans 
le pays et qu'il défendit 
la Commune de Paris 
avec une fermeté de 
conviction restée iné- 
branlable. 

En 1871, M. Denis 
publia ses études sur l'or- 
ganisation représentative 
du travail, sur les ten- 
dances actuelles du pro- 
létariat européen, sur 
l'origine et l'évolution du 
droit économique, etc. 

En 1878, il fut chargé des cours d'économie politique et de 
législation industrielle à l'École polytechnique; en 1886, il 
occupa la chaire de philosophie de la Faculté des sciences ; 
en 1889, il enseigna l'histoire des systèmes sociaux au 
XIX" siècle à l'École des sciences sociales: il donne en outre 
le cours public d'écononjie politique de la ville de Bruxelles 
et le cours de géographie à l'École normale de jeunes filles. 
On connaît la méthode de M. Denis : elle consiste « à faire 
concourir tout le savoir expérimental à l'explication de plus 
en plus complète et méthodique des phénomènes sociaux ». 




Phot. Gvriuot frcroa. 



3o4 1-A Chambre des Représentants en 1894-1895 

M. Denis est encore un laborieux et patient statisticien et 
notre pays lui est redevable de maints travaux, parmi 
lesc^uels il convient de citer le rapport qu'il présenta au 
Congrès des économistes tenu à Anvers en iSqS et concer- 
nant la création d'un Office international du travail qui 
recueillerait tous les faits intéressant la production, les 
salaires, la durée et les conditions du travail et préparerait 
ainsi les matériaux indispensables à la solution rationnelle des 
problèmes relatifs à l'organisation du travail. Il faut encore 
mentionner dans le même ordre d'idées son grand Allas éco- 
nomique de la Belgique ; son étude sur les rapports de la 
maternité avec le prix du grain et de la houille; ses mémoires 
sur la ration alimentaire et la force de travail. 

Le i5 juin 1892, ses collègues de l'Université le nommèrent 
recteur. M. Denis démissionna lorsque, à la suite de la sus- 
pension du cours d'Elisée Reclus, dont il est l'ami, le conseil 
le mit ^n demeure de sévir contre les étudiants qui avaient 
protesté de leur indignation contre une mesure qu'ils quali- 
fiaient d'arbitraire et d'illégale. 

Durant ces dix dernières années, les autorités associèrent 
M. Denis à tous les comités et organisations officiels qui 
furent créés en vue d'étudier les questions ouvrières, ce qui 
lui fournit l'occasion de faire divers rapports intéressants. 

Tout récemment encore, le 25 mai iSgS, un arrêté royal 
vient d'approuver l'élection de M. Denis en qualité de 
membre titulaire de la Classe des lettres et des sciences 
morales et politiques. 

D'abord conseiller provincial du Brabant, M. Denis fut élu 
membre du Parlement, au ballottage du 21 octobre 1894, 
par l'arrondissement de Liège, en opposition aux catholiques 
et aux libéraux; il recueillit 66,994 suffrages. 
Adresse : rue de la Croix, 42, à Ixelles. 



DE RaMAIX 



3o5 



de RAMAIX, Maurice-Paul-François 
(écuyer, comte romain), 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l' ARRONDISSEMENT d'aNVERS. 

Né à Saint-Josse-ten-Noode, le 2 mars 1850. 

M. de Ramaix, docteur en droit et conseiller de légation 
honoraire, débuta dans la carrière diplomatique en 187 1 ; il fut 
successivement attaché, secrétaire et conseiller de légation de 
S. M. le Roi des Belges à Paris, Constantinople, Vienne, 
Berlin et La Haye. Nommé ministre résident à Téhéran, 
il dut, pour cause de 
santé, renoncer à cette 
carrière (1890). Il fut, en 
outre, attaché à plusieurs 
reprises au Ministère des 
affaires étrangères, où, 
en 1888-1889, il prit une 
part très grande à Tinsti- \ 
tution du Bureau de Lé- j 
gislation. qui rend déjà 
de très sérieux services 
et commence à être ap- 
précié dans le pays et à 
l'étranger. 

M. de Ramaix a publié 
divers ouvrages d'ordre 
économique, parmi les- ' 
quels nous citerons : La 
Néerlande industrielle considérée au triple point de vue de 
la production, de l'exportation et de l'importation ; La 
Réforme sociale et économique en Europe et dans les États- 
Unis de l'Amérique du Nord, qui obtint une médaille dar- 
gent dans la section d'Économie sociale à TExposition uni- 
verselle de Paris en 1889; La Question sociale en Belgique 
et le Congo, qui valut à son auteur la médaille d'or à TEx- 




Phot. Géruzet frères. 



3o6 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

position universelle d'Anvers en 1894; Beschaving en Rijk- 
dom in Belgisch- Congo, en collaboration avec M. Edouard 
Poffié. 

Depuis qu'il a quitté la carrière diplomatique, M. de 
Ramaix s'est beaucoup occupé de la question sociale dans 
la province d'Anvers : il est à la tête de nombreuses associa- 
tions ouvrières, sociétés pour la construction de maisons 
ouvrières, etc. 

Il a été élu pour la première fois membre du Parlement le 
12 juin 1892 et réélu le 14 octobre 1894, avec une majorité 
d'environ 18,000 voix, en opposition aux libéraux et aux 
socialistes. 

A la Chambre, il a pris une part très active à la discussion 
du budget des affaires étrangères, s'occupant surtout de la 
réforme des consulats ; il a encore proposé et fait voter diverses 
mesures en faveur de l'agriculture, et notamment la majora- 
tion du crédit destiné à indemniser les propriétaires d'ani- 
maux abattus pour cause de maladies contagieuses. 

M . de Ramaix a été secrétaire général de l'Exposition 
universelle d'Anvers en 1894 et commissaire général adjoint 
des sections étrangères; il fut aussi commissaire général de 
la section belge à l'Exposition internationale et universelle 
de Bordeaux en 1895. Il lutta vivement et avec succès, en 
1892, pour la cause de l'Exposition d'Anvers contre M. Le- 
monnier, député de Bruxelles, qui défendait l'Exposition 
projetée dans cette dernière ville. 

M. de Ramaix est officier de KOrdre de Léopold, grand- 
officier de l'Ordre du Lion et du Soleil de Perse, comman- 
deur des Ordres de Pie et du Christ, officier des Ordres de 
l'Aigle rouge de Prusse, de Sainte-Anne de Russie, du Lion 
de Brunswick, du Faucon de Saxe-Weimar, delà Couronne 
de Chêne de Luxembourg et du Medjidié de Turquie. 
Adresse : boulevard Léopold, 155, à Anvers. 



DE Rouillé Soy 



de ROUILLÉ, Edouard- Jean-Marie (comte), 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l' ARRONDISSEMENT d'aTH, 
SECRÉTAIRE DE LA CHAMBRE. 

Né à Ormeignies, le 6 octobre 1865. 

M. de Rouillé, auquel est dû en grande partie la réorgani- 
sation du parti catholique dans larrondissement d*Ath, a été 
élu pour la première fois 

membre de la Chambre | ^ ! 

des représentants le I 
14 juin 1892. • 

Il défend au Parle- ' 
ment les intérêts de Tagri- 
culture, s'est énergique- 
ment prononcé en faveur 
des droits d'entrée sur les 
produits agricoles et est 
Tun des promoteurs du 
(( groupe agricole », dont 
ses collègues Tout nommé 
secrétaire. 

Il fut réélu au ballot- 
tage du 21 octobre 1894 
par 18,276 voix, contre 

>. , ^ 1 Phot. Gérazet fc^ni. 

16,047, obtenues par le 

plus favorisé de la liste libérale. Au premier tour de scrutin, 
il avait recueilli 15,924 voix, les libéraux 14,000 environ et 
les socialistes 3, 000. 

M. de Rouillé fut nommé secrétaire de la Chambre le 
16 novembre 1894. 

Il est porteur de la Croix civique de i^^ classe. 

Bruxelles : Avenue des Arts, 44 . 




^ Province : Château d*Ormeignies. 



3o8 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



DE SADELEER, Louis-Marie-Joseph, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L* ARRONDISSEMENT D*ALOST, 
SECRÉTAIRE DE LA CHAMBRE. 

Né à Haeltert, le 6 octobre 1852. 

M . De Sadeleer fit de brillantes humanités au Collège des 
Pères jésuites d'Alost et sortit premier de rhétorique en 1872 ; 
il fit ses études supérieures à TUniversité catholique de Lou- 
vain, où il conquit, en 1876, avec la plus grande distinction, 

le diplôme de docteur 
en droit, après avoir 
obtenu le même grade 
dans tous ses examens. 
Il prêta serment devant 
la Cour d appel de Gand 
et se fit inscrire au ta- 
bleau de l'ordre des avo- 
cats de Bruxelles. 

M. De Sadeleer avait 
25 ans lorsque les élec- 
teurs du canton d*Her- 
zele le déléguèrent au 
sein du Conseil provin- 
cial de la Flandre orien- 
tale; il fut réélu en 
mai 1882, mais n'exerça 
plus son mandat, Tar- 
rondissement d'Alost venant de TéHre député. Depuis cette 
époque, il conserva toujours la confiance de ses électeurs. 

Le 14 novembre 188 3, ses collègues le nommèrent secré- 
taire de la Chambre. 

Un des premiers discours du nouveau député — il était 
alors le plus jeune membre du Parlement — fut une défense 
éloquente des droits du peuple flamand ; ses partisans ne lui 




Pbot. Gériuet frèrea. 



De Sadeleer 309 



ménagèrent pas leurs applaudissements, et ce succès encou- 
ragea M. De Sadeleer à entrer plus avant dans une voie où il 
se distingua par la suite de fort brillante façon. 

M. De Sadeleer apporte une grande activité dans ses tra- 
vaux parlementaires. Il n*est pas une loi d'intérêt social à la 
discussion de laquelle il n ait pris une part importante : telles 
sont les lois sur le concordat préventif, sur l'incessibilité et Tin- 
saisissabilité des salaires, la réglementation du payement des 
salaires, la loi sur la libération et les condamnations condi- 
tionnelles, la loi sur l'assistance judiciaire, sur l'assistance pu-* 
blique, sur l'organisation du service hospitalier, sur la sup- 
pression du timbre des polices d'assurance, etc., sans oublier 
la part considérable qu'il prit à l'élaboration du Code rural et 
du Code de procédure pénale, ainsi qu'aux divers débats que 
souleva sa proposition de loi relative à l'abolition du droit 
d'accise sur les tabacs indigènes. 

11 fut maintes fois désigné comme rapporteur de la section 
centrale ; outre les rapports de plusieurs des projets de loi 
ci-dessus désignés, il déposa les rapports sur divers budgets, 
sur la convention conclue le 12 février i885 avec la Banque 
de Belgique pour l'indemniser conformément à la loi du 
28 juillet 1884, sur la proposition de loi due à l'initiative de 
MM. Tack et consorts relative à la modification de la loi 
d'accise sur les bières du 2 août 1822, sur le projet de loi 
concernante réorganisation des traitements des juges de paix 
et des greffiers, etc. 

Lors de la discussion de la revision de l'article 48, M. De 
Sadeleer s'est déclaré adversaire de la représentation propor- 
tionnelle, en tant qu'elle devait amener le bouleversement et 
l'extension des circonscriptions électorales. 

Pendant ces neuf dernières années, il fut chargé du rapport 
sur le budget des voies et moyens. 

Les élections du 14 octobre 1894 donnèrent 27,067 suffrages 
à M De Sadeleer, qui passa au premier tour avec M. Diericx, 
celui-ci ayant recueilli 26,584 votes, tandis que MM. Woeste, 
Van Wambeke, Daens et De Backer étaient soumis au ballot- 



3io 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



tage. On connaît le résultat final : MM. Woeste et Daens 
furent élus le g décembre avec 27,524 et 26,853 voix. 

M. De Sadeleer est officier de l'Ordre de Léopold et com- 
mandeur de rOrdre de François-Joseph, 
Adresse : rue Royale, %34, à Bruxelles. 



DESMAISIÈRES, Camille -Charles- Joseph -Ghislain , 

représentant catholique pour l'arrondissement de tongres. 
Né à Bruxelles, le 11 avril 1862. 

M. Desmaisières, docteur en droit, représenta le canton 

de Looz au Conseil pro- 
vincial du Limbourg de 
1888 à 1894. 

Il fut élu membre de 
la Chambre des représen- 
tants le 21 octobre 1894 
par 14,976 sufifrages. La 
lutte était principalement 
engagée entre les catho- 
liques des différents can- 
tons de l'arrondissement 
de Tongres. L'Associa- 
tion conservatrice du 
chef-lieu voulait disposer 
des deux mandats et les 
cantons tenaient à ce que 
le siège délaissé par 
M. Schaetzen leur fût 
abandonné : M. Desmaisières est l'élu des cantons. 
^ Bruxelles : place du Champ de Mars, 4 . 




Phot. Génuet frèrea. 



Adresses 



( Province : Heers par Looz. 



Desmaisières — DE Smet de Naeyer 3ii 

de SMET DE NAEYER, Paul-Joseph, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l' ARRONDISSEMENT DE GAND, 
MINISTRE DES FINANCES. 

Né a Gand, le 13 mai 1843. 

M. de Smet de Naeyer est un de nos principaux industriels 
gantois. Il a été nommé pour la première fois membre de la 
Chambre des représentants le 8 juin i886; réélu depuis sans 
interruption, il obtint, le 14 octobre 1894, 59,702 suffrages. 

Il fit preuve dans len- 
ceinte parlementaire 
d'une grande activité. 
Il soutint le projet de loi 
Dumont établissant des 
droits d'entrée sur la 
viande et les bestiaux, 
prit part à de nombreuses 
discussions de budgets et 
de lois, parmi lesquelles 
il y a lieu de citer : la 
loi apportant des modi- 
fications aux lois provin- 
ciale et communale, la 
loi sur les habitations 
ouvrières et sur la con- 
tribution personnelle, la 
loi portant réglementa- phot. céru..* !«,«. 

tion du travail des femmes et des enfants. Il fut désigné 
comme rapporteur du projet de loi sur la collation des grades 
académiques et de celui qui créait une taxe sur les débits de 
boissons alcooliques . 

La Commission de revision de la Constitution instituée 
par la Chambre ayant adopté un système électoral basé sur 
l'occupation et l'habitation, M . de Smet de Naeyer fut chargé 
de rédiger le rapport sur cette proposition ; il y apporta un 
amendement subsidiaire modifiant la valeur du revenu 




Bi2 La Chambre des Représentants en 1894-180') 

cadastral exigé par la Commission des XXI pour Tattribution 
du droit électoral. Proposition et amendement furent 
repoussés par la Chambre. 

M . de Smet de Naeyer remplaça M . Beernaert à la tête du 
Département des finances le 26 mars 1894. 

En cette qualité, il fut Tauteur de la conversion de la rente 
belge 3 1/2 p. c. en 3 p. c. et fit voter la revision de la loi 
du 3 avril i85 1 sur les sociétés mutualistes et différentes modi- 
fications à la loi du 16 mars i865 organisant la Caisse 
générale depargVie et de retraite sous la garantie de l'État. 

Dès le début de la session de 1894- 1895, il exposa à la 
Chambre le plan de réformes fiscales dont il espère poursuivre 
la réalisation. 

Repoussant ridée de Timpôt progressif que réclament les 
socialistes, M. de Smet de Naeyer n'est pas hostile à l'impôt 
dégressif qui exonère les petits patrimoines et qui a déjà été 
appliqué, notamment dans la loi sur les habitations ouvrières. 
Il reconnaît la nécessité d'une nouvelle péréquation cadas- 
trale qui aboutira à un dégrèvement de la contribution fon- 
cière. Ce projet sera complété par une disposition limitant le 
nombre des centimes additionnels que pourront établir à 
leur profit les provinces et les communes. En ce qui concerne 
la contribution personnelle, des modifications seront apportées 
à ses bases dans le but d'y introduire plus de proportionnalité. 

M. de Smet de Naeyer se propose aussi de réduire les droits 
de mutation pour l'acquisition delà petite propriété rurale et 
d'apporter des modifications aux lois successorales et aux 
licitations dans le but de préserver la petite propriété. 

M. le ministre des finances a défendu avec beaucoup de 
talent tt d'habileté le projet de loi portant abolition des 
droits de feux et fanaux et établissement de certains droits 
d'entrée. Il est aussi l'auteur d'un projet de loi réformant 
l'accise sur l'alcool et favorisant la création de distilleries 
agricoles, moyennant un contrôle sérieux assurant la pureté 
-des alcools rectifiés. Enfin, il a élaboré un projet portant 
modification de l'accise sur le tabac. 



Destrée 



3i3 



M. de Smei de Naeyer est chevalier deTOrdre de Léopold, 
grand-cordoa des Ordres de TOsmanié de Turquie el du 
Sauveur de Grèce, grand-officier de la Légion d'honneur 
et commandeur de l'Ordre de Notre-Dame de la conception 
de Villa-Viçosa. 

Adresse : rue de la Loi, i%k Bruxelles. 



DESTRÉE, Jules-Olivier-Charles-Auguste- 
Jean-Joseph, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l'aRRONDISSEMENT DE CHARLEROI. 

Né ù Marcinellc, le 21 août 1865. 

M. Destrée fît ses éludes de droit à TUniversité de 
Bruxelles; il avait à peine 20 ans lorsqu'il fut reçu avocat au 
barreau de Charleroi. 

Il est l'auteur de plu- 
sieurs publications juridi- 
ques, littéraires et artis- 
tiques. Nous citerons : 
La Reforme électorale; 
Manuel de rélecteur ; — 
L'Assistance judiciaire ; 
Du Concordat préventif ; 
Code des lois, règlements 
et arrêtés sur les boissons 
et denrées alimentaires; — 
Lettres à Jeanne ; Jour- 
nal des Destrée; Trans- 
positions : Imagerie 
japonaise; Les Chi- 
mères; Paradoxes pro- 
fessionnels; Odilon Re- 
don : Catalogue de V œuvre lithographique; Une Cam^ 
pagne électorale au Pays noir; Notes sur les Primitifs 
italiens; Les Écrivains belges contemporains, etc. 

20 




Pliot. Génuet frèret. 



3 14 La Chambre des Représentants en 1894-1893 

Il collabore aussi à divers journaux et revues, entre autres : 
La Justice, Le Peuple, le Journal de Charleroiy le Journal 
des tribunaux, VArt moderne, La Jeune Belgique ^ La 
Société nouvelle, La Nervie , La Wallonie y La Revue 
moderne, La Revue artistique. Le Magasin littéraire, 
ainsi qu'à la plupart des publications de droit et de litté- 
rature fondées en ces dernières années. 

M. Destrée a plaidé dans les grands procès politiques 
qui ont intéressé le pays de Charleroi, notamment en 1886 
pour Falleur et en 1889 pour Maroille dans l'affaire du 
« grand complot » . 

Vers 1882, il fonda à TUniversité de Bruxelles le Cercle 
des étudiants progressistes ; il constitua également, en 
mai 1893, la Fédération démocratique de Charleroi, dont 
il fut président, et il assura en cette qualité la concentration 
des forces démocrates-socialistes (Parti ouvrier, Chevaliers 
du travail, Fédération démocratique) de larrondissement de 
Charleroi pour les élections d octobre 1894. 

M. Destrée est chargé de cours à TÉcole libre d enseigne- 
ment supérieur (Université nouvelle), à l'Institut des hautes 
études, où il disserte sur les Primitifs italiens, et à l'Exten- 
sion universitaire de Bruxelles. 

Il a été élu membre de la Chambre au ballottage du 
21 octobre 1894, passant en tête de liste avec 70,465 voix sur 
1 1 1,000 votes exprimés. 

\ Bruxelles: rue Van Elewyck, 42. 

( Province : rue du Pont-Neuf, 44, à Charleroi. 



de THEUX de MEYLANDT, Albert-Marie-Joseph 
(comte), 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L*ARRONDISSEMENT DE HASSELT. 

Né à Bruxelles, le 22 novembre 1853. 

M. de Theux de Meylandt est bourgmestre de Heusden 
et a été pendant dix-sept ans conseiller provincial du Lim- 
bourg . 



DE Theux de Meylandt 3i5 

Il a été nommé membre du Parlement par Tarrondissement 
de Hasselt, le 14 juin 1892. 

11 insista vivement aussitôt auprès du gouvernement pour 
voir doter enfin le Limbourg d'installations provinciales con- 
venables. 

Le 12 avril 1893, M. de Theux de Meylandt signa avec 

MM. Nyssens et con- ._ 

sorts la proposition de 
revision de l'article 47 de 
la Constitution basée sur 
le vote plural. 

Lors de la discussion 
du budget des chemins 
de fer, il fit valoir les 
réclamations de son ar- 
rondissement quant au 
manque de correspon- 
dances par voie ferrée et 
préconisa la reprise par 
TEtat des chemins de 
fer dont la concession est 
arrivée au terme prévu 
par la clause de rachat. 

Phot. Gériuet frèrei. 

11 fut rapporteur de la 
proposition modifiant le § 3 de larticle 12 du règlement de 
la Chambre, du projet de loi ayant pour objet d'élever à la 
deuxième classe le tribunal de première instance de Hasselt 
et du projet de loi portant délimitation des communes de 
Rumpst et de Terhaeghen. 

Aux élections du 14 octobre 1894, M. de Theux de Mey- 
landt fut réélu par 19,058 voix. 

Il est chevalier de TOrdre de Léopold. 
Adresse : Château de Meylandt par Hasselt. 




3i6 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

de TROOZ, Jules-Henri-Ghislain-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L*ARRONDISSEIIENT DE LOUVAIN. 

Né à Louvain, le 21 février 1857. 

Conseiller communal de Louvain, M. de Trooz est prési- 
dent du Cercle catholique et secrétaire de l'Association 
conservatrice de l'arrondissement de Louvain, président du 
Comiié de patronage des condamnés détenus et libérés et 

vice-président de la Com- 
mission administrative 
des prisons de Louvain, 
vice- président du Co- 
mité de patronage des 
habitations ouvrières des 
cantons de Louvain, 
Aerschot et Haecht, mem- 
bre de la Commission 
royale des patronages de 
Belgique, etc. 

Le gouvernement vient 
de lui confier la prési- 
dence de la Commission 
instituée pour étudier les 
améhorations à apporter 
au canal de Louvain au 
.hot. o.n«..t frir.. R^ipel, dont 11 s'était fait 
l'avocat au Parlement. 

La ville de Louvain lui doit l'organisation de nombreuses 
fêtes et solennités qui ont eu du retentissement dans le pays, 
notamment la célébration du cinquantième anniversaire de 
l'Université. 

Ancien membre du Conseil provincial du Brabant, où il a 
joué un rôle très actif, M. de Trooz a été élu membre de la 
Chambre des représentants le 26 décembre 1889, en rempla- 
cement de M. Delcour, décédé. Il participa aux discussions 
des différents budgets ministériels, prit part à la discussion de 
la loi électorale et de la loi scolaire et fut rapporteur du 




DE Trooz — De Vriendt 



3i7 



budget de la gendarmerie pour Texercice 1894 et du projet 
de loi fixant le contingent de l'armée pour iSgS; il fait 
notamment partie de la Commission des XXI du Congo et 
de la Commission des naturalisations. 

Le 14 octobre 1894, il a obtenu 42,248 voix, contre 5, 000, 
données à liste socialiste, et 20,000, à la liste libérale* 

M. de Trooz est chevalier de l'Ordre de Léopold, comman- 
deur de rOrdre du Lion et du Soleil, commandeur de seconde 
classe de TOrdre de Wasa de Suède, chevalier de TOrdre de 
Pie, décoré de la Croix « Pro Ecclesia et Pontifice » et de 
la Croix de i"*® classe des mu'iuellistes. 
Adresse : rue de Tirlemont, à Louvain. 



DE VRIENDT, Juliaan-Joseph, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDJSSEMENT DE BRUXELLES. 

Né à Gand, le 20 août 1842. 

M. De Vriendt est un de nos grands artistes peintres. Il 
débuta au Salon d'Anvers 
en 1 864 par La Madeleine 
enterrée par les Anges; 
puis parurent successive- 
ment, à des intervalles 
relativement courts : La 
Sainte Godelieve ; Le 
Cantique de Noël; Le 
Saint Ménage à Naza- 
reth ; La Jeunesse de 
Charles-Quint ; Sainte 
Cécile et Valérien ; Com- 
ment sainte Elisabeth de 
Hongrie fut repoussée 
par les habitants d'Eise- 
nach (Musée de Liège) ; 
Sainte Elisabeth chassée 
de la Wartbourg; Cen- 
drillon ; La Justice de Baudouin à la Hache; Griseldis; La 




Phot. K. Decleroq. 



3i8 I.A Chambre des Représentants en 1894-1895 

Veillée de sainte Cécile; Les Derniers Jours de la Vierge à 
Jérusalem ; deux grandes peintures décoratives ornant la 
salle de la Cour d'assises du palais de justice d'Anvers et 
représentant des scènes tirées des annales de la province 
d'Anvers; La Fille de Jàire (Musée d'Anvers); Chant de 
Noël flamand, qui lui valut le grand-diplôme d'honneur, 
décerné à l'unanimité du jury international à l'Exposition 
universelle d'Anvers 1 894. 

Il est encore l'auteur de nombre de fort beaux portraits, 
parmi lesquels nous citerons celui de M. J. De Lehaye, ancien 
président de la Chambre des représentants; celui de M. Van 
Wambeke, ancien député et bourgmestre d'Alost; celui de 
M. le chevalier Hyndrickx, de Gand ; ceux de M. le baron et 
de M"*® la baronne V... L..., de Gand; enfin, celui de M. le 
chevalier Ed. Descamps, sénateur pour l'arrondissement de 
Louvain . 

M. De Vriendt est membre de la Commission directrice des 
Musées royaux de peinture et de sculpture, membre du comité 
des correspondants de la Commission royale des monu- 
ments pour la province de Brabant et membre de la Com- 
mission de surveillance de la section de la peinture décorative 
des Musées du Cinquantenaire. Il est aussi membre effectif 
du Corps académique d'Anvers et de l'Académie royale des 
Beaux-Arts de Berlin. 

Il occupa les fonctions de professeur- directeur d'atelier à 
l'Institut supérieur de l'Académie royale des Beaux-Arts 
d'Anvers du 27 septembre 1886 au 12 novembre 1894; il dut 
les abandonner à la suite de son élection, mais il fut auto- 
risé, par arrêté royal du 12 novembre 1894, à conserver le 
titre honorifique de ses fonctions. Il a été remplacé par son 
frère, M. Albrecht De Vriendt. 

Pendant la période triennale de 1886- 1889, il a été président 
du corps professoral de l'Institut supérieur des Beaux- Arts 
d'Anvers. 

Le peu de loisirs que lui laissent ses multiples travaux, 
M . De Vriendt les consacre à la littérature : en 1870, il publia. 



De \'RrENDT 3 19 

SOUS le pseudonyme « J . Floris » une étude en flamand sur 
La Nécessité d'un mouvement artistique flamand, où étaient 
résumées quelques idées des frères De Vriendt sur Fart ; le 
Journal des Beaux-Arts, dirigé par Adolphe Siret, repro- 
duisit en entier cet intéressant travail. Au Congrès néerlan- 
dais de 1873, il prononça un discours Sur le Nationalisme et 
le cosmopolitisme dans les arts, et y fit des propositions de 
modifications spécialement dans le sens national du règlement 
sur les concours de Rome. A signaler encore son discours au 
grand Landdag de Bruxelles de 1890 Sur V Enseignement, 
discours reproduit avec éloge dans la presse belge, fran- 
çaise et allemande. 

M. De Vriendt fut élu membre de la Chambre des repré- 
sentants pour l'arrondissement de Bruxelles, le 21 oc- 
tobre 1894, par 106,789 suffrages. 

Partisan dévoué de la cause flamande, il ne parle pour 
ainsi dire que sa langue maternelle à la Chambre, en dépit 
des vives protestations qu'y a soulevées cette manière de 
faire. Il participa aux discussions des divers budgets et 
aux débats relatifs aux projets de loi concernant le tarif 
des douanes et modifiant la loi organique de l'instruction 
primaire . 

Le 12 mars 1895, il déposa sur le bureau de la Chambre 
une proposition de loi tendant à faire voter, sanctionner et 
promulguer toutes les lois en flamand comme en français, les 
deux textes étant ainsi officiels . 

M. De Vriendt est actuellement président d'honneur du 
« Vlaamsche Katholieke Bond » de l'arrondissement de 
Bruxelles, dont il a été président effectif. 

11 est oflScier de l'Ordre de Léopold, commandeur de 
rOrdre de Saint-Michel de Bavière et chevalier de l'Ordre 
du Saint-Sépulcre. 

Adresse : rue De Locht, 38, à Bruxelles. 



320 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



DE WINTER, Jeun-Baptiste, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT D*ANVER8. 

Né à Anvers, le 27 décembre 1831. 

M. De Winter est un industriel de notre Métropole com- 
merciale. 

Ancien membre de la Chambre de commerce et des 
fabriques d'Anvers, ancien conseiller communal sous l'ad- 
ministration du « Meeting />, membre de la Commission 

administrative de l'Insti- 
tut supérieur de com- 
merce d'Anvers, il fait 
partie du Parlement de- 
puis le 10 juin 1884; 
son mandat lui a été con- 
tinué jusqu'à ce jour sans 
interruption. Aux élec- 
tions du 14 octobre 1894, 
il obtint 60,714 voix. 

A la Chambre, il prit 
part notamment à la dis- 
cussion du projet de loi 
relatif à la répression 
d'abus commis par les 
administrations de bien- 
faisance et du projet de 
loi réglementant le con- 
trat de transport. Il s'est énergiquement prononcé, dans la 
session de 1884-1885, contre le droit d'entrée sur les céréales 
et a été rapporteur du projet de loi portant extension, aux 
territoires des cantons d'Anvers et de Borgerhout, de la 
juridiction des notaires de résidence à Berchem, Borgerhout, 
Deurne, Hobokenet Merxem. Dans la session de 1 893- 1894, 
il développa une proposition de loi relative à la destruction 
des lapins et prit part, en 1894- 1895, aux discussions sou- 
levées à l'occasion de l'examen du projet de loi portant 




l'iiot. Géruïct frère». 



De Winter — DiERCKx 32 1 

exemption du droit de fanal, établissement d'un droit d'accise 
sur la margarine et modification au tarif des douanes 
M. De Winter est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : avenue Marie-Thérèse, 7, à Anvers. 



DIERCKX, Pierre- Joseph-Marie- Antoine , 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE TURNBOIIT. 

Né à Turnhout, le 10 juin 1828. 

Élu conseiller communal à Turnhout, le 21 décembre i865, 
M. Dierckx a été nommé premier échevin le 17 décembre 1866 
et bourgmestre le 21 mars 1889. 

Le 3 mars 1887, il 
entra à la Chambre des j 

représentants, où il rem- - s 

plaça M. de Zerezo de 
Tejada, décédé. Réélu 

depuis lors sans inter- ^_ _ _ ^ 

ruption, il obtint, au scru- ^ ^S" ^^^ 

tin du 14 octobre 1894, 
24,220 suffrages, contre 
11,000, donnés au seul 
libéral opposé à la liste 
catholique. 

Il a principalement 
défendu les intérêts agri- 
coles dans l'enceinte par- j 
lementaire; il y a aussi X 
énergiquement combattu 

, • 1 n» 1 Tx Pliot. Génuet frère». 

la cession de Baerle-Duc 

à la Hollande. Il fut rapporteur du budget des recettes et 
des dépenses extraordinaires pour l'exercice 1893 et pour 
l'exercice 1895. 

M. Dierckx est officier de l'Ordre de Léopold et comman- 
deur de rOrdre de Saint- Grégoire le Grand. 
Adresse : Turnhout. 




322 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



DIERICX, Vincent-Marie-Hubert, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L ARRONDISSEMENT d'ALOST. 

Né à Giammont, le \\ octobre ^862. 

M. Diericx est conseiller communal et capitaine de la 
garde civique de Grammont. 

Il a été élu membre 
de la Chambre des repré- 
sentants par larrondis- 
^^^ , sèment d'Alost le 14 oc- 

^^^^^^ tobre 1894, au premier 

^E \ tour de scrutin, par 

V Jf H I 26,584 voix, tandis que 

MM. Woeste et Van 
Wambeke, n'ayant réuni 
que 25,493 voix, arri- 
vaient au ballottage avec 
deux candidats de la liste 
des démocrates chrétiens, 
MM. Daens et De Bac- 
ker, qui avaient obtenu 
respectivement 28,498 et 
21,373 suffrages. 

M. Diericx a publié 
diverses brochures flamandes pour la classe ouvrière, entre 
autres : Vrag^en en Antwoorden over « De Heerd », 
Wee^enbond, eic. Comme industriel, M. Diericx prêche 
d'ailleurs d'exemple : il favorise l'ouvrier en toutes occasions 
et fait droit à ce que ses revendications ont de juste et de 
réalisable. 

Adresse : rue de la Paix, à Grammont. 




riiut. Céruiet frèret. 



DiERIGX — DUQUESNE 



323 



DUQUESNE, Henri-Louis-Joseph-Lucien-Druon, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE TOURNAI. 

Né à VauIx-lez-Tournai, le 14 janvier 1864. 

Propriétaire et industriel à Vaulx, M. Duquesne a été 
nommé en 1889 conseiller communal à Tunanimité des 
votants ; peu de temps 

après, il fut appelé aux \ 

fonctions de bourg- 
mestre. 

Il fait partie de la 
Commission des habita- 
tions ouvrières, est pré- 
sident de l'Association 
conservatrice de Tour- 
nai et a créé dans son 
arrondissement de nom- 
breuses sociétés ayant 
pour but le bien-être 
des travailleurs : secours 
mutuels, caisse de re- 
traite, etc. 

Il a été élu membre 
de la Chambre le 
21 octobre 1894 par 27,327 voix; au premier tour de 
scrutin, il avait obtenu 24,804 suffrages, contre 22,578, 
accordés au plus favorisé des libéraux, et 3,900, à la liste 
socialiste. 

M. Duquesne est commandeur de l'Ordre du Saint- 
Sépulcre. 

Adresse : Château de Vaulx. 




Phot. Géruset frères. 



324 I-A ChaMbije des Représentants en 1894-1895 

d'URSEL, Marie-Hippolyte-Adrien-Ludovic 
(comte), 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE RRDXELLES. 

Né à Bruxelles, le 17 novembre ^850. 

M. d'Ursel esr docteur en droit. Il est président de la 
Société royale belge de géographie, secrétaire de la Société 
antiesclavagisie de Belgique et membre du Comité de patro- 
nage des habitation'^ ouvrières à Bruxelles depuis son ori- 
gine. Il a rempli les fonc- 
tions de commissaire gé- 
néral du gouvernement 
à l'Exposition universelle 
d'Anvers en 1894. 

Il a publié un remar- 
quable travail sur 
U Œuvre du Roi au 
Congo et a collaboré à 
plusieurs périodiques, 
notamment à La Revue 
générale, au Mouvement 
antiesclavagiste et au 
Bulletin de la Société 
de géographie, 

M. d'Ursel a été élu 
représentant pour l'arron- 
dissement de Bruxelles 
au ballottage du 21 octobre 1894; il obtint 106,936 suffrages. 
Le 12 décembre 1894, il appela l'attention du gouverne- 
ment sur la situation faite à certains électeurs, obligés à des 
déplacements entraînant parfois des frais considérables, et 
préconisa leur transport gratuit sur les lignes de l'État : cette 
proposition donna naissance à l'article 63 de la loi du 12 sep- 
tembre 1895 relative aux élections communales. Il prit part 
aux débats des budgets de la justice, de l'agriculture, de l'in- 
dustrie, du travail et des travaux publics, de l'intérieur, des 




l'hot. (jiéruzct frèros. 



d'Ursel — Keman 



325 



projets de loi portant formation des listes des électeurs com- 
munaux, exemptant du droit de fanal, établissant un droit 
d'accise sur la margarine et modifiant le tarif des douanes, 
créant un canton de justice de paix à Saint-Gilles (Bra- 
bant), etc., et fit rapport sur le projet de loi prorogeant le 
délai accordé aux sociétés mutualistes par l'article 33 de la loi 
du 23 juin 1894. 

M. d'Ursel est chevalier de l'Ordre de Léopold et grand- 
officier de l'Étoile de Roumanie. 
Adresse : Boitsfort. 



EEMAN, Achille-Albert, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUH l'aRRONDISSEME:NT 

Né à Gand, le Ti septembre 1852. 

Avocat et juge suppléant à la justice de paix 
canton de Gand, M. Ee- 
man est depuis sept ans 
membre du Conseil de 
discipline de l'ordre des 
avocats près la Cour 
d'appel de Gand; l'an 
dernier, il a été choisi 
par ses confrères comme 
bâtonnier, quoique ne 
comptant pas vingt an- 
nées de barreau : c'est, 
croyons -nous, le plus 
jeune bâtonnier élu jus- 
qu'à ce jour en Belgique. 
Il n'a eu d'ailleurs qu a 
suivre les traditions et les 
exemples de son père, 
M. Achille Eeman, qui a 
laissé d'une carrière de plus de soixante ans 
d'estime et de sympathie toujours vivants. 



du deuxième 




Pbot. GéroMt frwM. 

des souvenirs 



326 La Chambre des Représentants en 1894-1893 

M. Eeman devint député de Gand en 1886 et fut réélu 
depuis sans interruption; aux élections du 14 octobre 1894, 
il obtint 59,584 suffrages. 

Depuis qu'il siège au Parlement, il ne cessa de s occuper 
des affaires du pays et prit une part spéciale aux discus- 
sions juridiques. Tour à tour rapporteur des projets de loi 
sur le concordat préventif à la faillite, portant approbation de 
certains contrats relatifs à des biens domaniaux, soumettant 
à un droit d'enregistrement fixe provisoire les actes sous seing 
privé passibles d'un droit supérieur, portant abrogation de 
l'article i3 de la loi du 18 juin 1842, relative aux modifica- 
tions à apporter au décret du 10 vendémiaire an V sur la 
police intérieure et la responsabilité des communes, modi- 
fiant le § 2 de l'article 568 du Code de commerce, ainsi que 
des budgets de la justice pour les exercices 1893, 1894, 1895 
et 1896, il intervint encore à différentes reprises dans les débats 
relatifs à la réorganisation des traitements des juges de paix 
et des greffiers, à la réglementation du travail des femmes et 
des enfants dans les établissements industriels, à la collation 
des grades académiques, aux contrats de transport, à la 
revision de la loi du i5 avril 1843 sur la police des chemins 
de fer, à la provocation à commettre des crimes et délits non 
suivie d'effet, aux modifications à la loi du 18 juin 1869 sur 
l'organisation judiciaire, à la pêche maritime dans les eaux 
territoriales, à l'hypnotisme, — dont il fut rapporteur après que 
le Sénat eût amendé le projet, — aux effets de la dissolution des 
Chambres à l'égard des projets de loi antérieurement pré- 
sentés, au tarif des droits et honoraires des avoués, à la for- 
mation des listes des électeurs pour les Chambres législatives, 
au Code électoral, aux enquêtes en matière sommaire, etc., 
sans oublier les débats que souleva la discussion des divers 
budgets ministériels. 

M. Eeman est chevalier de l'Ordre de Léopold et porteur 
de la Croix civique de 2^ classe, lui délivrée pour acte de cou- 
rage et de dévouement. 

Adresse : rue du Harcng-Pec, 37, à Gand. 



Fagnart 



:)27 



FAGNART, Léopold-Emile- Alexandre -Joseph, 

REPRÉSENTANT LIBÉRAL RADICAL POUR L'ARRONDISSEMENT DE CHARLEROI. 

Né à Pry (Entre-Sainbre-et-Meuse), le 29 juin 1849. 

M. Fagnart a été président de l'Association générale des 
étudiants de TUniversité de Bruxelles, président de TAsso- 
ciation libérale de Charleroi, secrétaire de la Libre-Pensée, 
présidée par M. Emile 
Féron, et membre du 
Conseil général de la Fé- 
dération progressiste. 

Il occupa un siège au 
Conseil provincial du 
Hainaut de 1882 à 1890. 

Il a été élu pour la 
première fois membre du 
Parlement par l'arron- 
dissement de Charleroi 
le 10 juin 1890. Il fut 
l'un des signataires de la 
proposition de revision 
des articles 47, 53 et 56, 
déposée le 18 novem- 
bre 1890. M. Flechet et 
lui sont les seuls, parmi 
les six auteurs de cette proposition, que le suffrage plural 
ait renvoyés à la Chambre. 

Son mandat parlementaire subit une interruption de 
deux années : il échoua le 14 juin 1892 sur la question du 
suffrage universel pur et simple. Il fut réélu par l'arrondis- 
sement de Charleroi le 14 octobre 1894 par 58,648 voix. Il 
passa seul au premier tour de scrutin; tous les autres candi- 
dats de la liste socialiste furent soumis au ballottage. 

M. Fagnart est Fauteur d'une proposition de loi portant 




Phot. Géruïfit frùres. 



328 



I.A Ch'mabre des Représentants en 1894-1895 



abrogation de la loi du 3 juillet 1894 relative aux vices rédhi- 
bitoires en matière de vente ou dechange danimaux domes- 
tiques. 

Adresse : Charleroi. 



FIGHEFET, Eugène-Josepl^, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE BRUXELLES. 

Né ù Court-Saint-Ktienne, le 44 juillet 4854. 

Entrepreneur de travaux publics, M. Fichefet est aussi un 

de nos plus intrépides 
voyageurs; ses pays de 
prédilection semblent être 
les deux Amériques, qu'il 
a parcourues en tous 
sens : différents journaux 
de la capitale ont publié 
de très intéressantes rela- 
tions de ses voyages, 
notamment de ceux qu'il 
fit au Kentucky et à la 
Nouvelle-Orléans, sans 
oublier celles, plus 
curieuses, relatives à sa 
traversée des Montagnes 
Rocheuses et à sa visite 
des mines d'or de la Cali- 

Phot. Géruiet Wim. fomie. 

M. Fichefet a été élu membre de la Chambre des représen- 
tants au ballotiage du 21 octobre 1894; il recueillit 
106,743 suffrages. 

Adresse : boulevard du Hainaut, 43, à Bruxelles 




FiCHEFET FlECHET 



329 



FLECHET, Jean-Remi-Lambert-Ferdinand, 

REPRÉSENTANT LIBÉRAL PROGRESSISTE POUR l' ARRONDISSEMENT DE LIÈGE. 

Né à Warsage (Liège), le 26 février 1842. 



Ingénieur honoraire des mines, M. Flechet dirigea'pendant 
de longues années, en Allemagne et en Espagne, d'importants 
établissements miniers et métallurgiques. Rentré en Belgique, 
il devint bourgmestre de Warsage en 1 887. En janvier de la 
même année, il fut élu 
membre de la Chambre 
des représentants par l'ar- 
rondissement de Liège, 
en remplacement de 
son père, M. Guillaume 
Flechet. 

Il fit opposition aux 
forts de la Meuse, s'éleva 
contre la réglementation 
du payement des salaires 
et s'abstint au vote de la 
loi portant réglementa- 
tion du travail des 
femmes et des enfants. 

Le premier, à la Cham- 
bre, il demanda qu'on 
réservât une voie cy- 
clable sur les routes de l'État. 

M. Flechet a signé les propositions de revision de la 
Constitution faites à la Chambre le i5 juillet 1887 et 
le 18 novembre 1890. Cette dernière fut prise en consi- 
dération et aboutit à la transformation de nos institutions 
politiques . 

Après la revision, M. Flechet [s'est retiré de l'Association 
libérale et est entré à l'Association progressiste de Liège. 




l'iiot. GiTtuet frères. 



33o 



La Chamwe des Représentants en 1894-1895 



Réélu sans interruption jusqu'à ce jour, il fut nommé au 
premier tour de scrutin, le 14 octobre 1894, par 62,173 
suffrages . 

^ Bruxelles : rue du Marché, 74. 



Adresses 



( Province : Warsage (Liège). 



r 



FRIS, Victor-Émile-Pierre-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L* ARRONDISSEMENT DE MALINES. 

Né ùMaiines, le 10 janvier 1845. 

Avocat et ancien conseiller provincial, M. Fris représente 

à la Chambre l'arrondissement de Malines depuis le 

10 juin 1884. 

11 a été nommé pré- 
sident du Conseil d'ad- 
ministration de la Société 
Nationale des chemins 
de fer vicinaux, en rem- 
placement de M. De 
Bruyn, appelé par le Roi 
à diriger le département 
de l'agriculture, de l'in- 
dustrie et des travaux 
publics. 

M. Fris s'est acquis 
une compétence spéciale 
dans tout ce qui concerne 
l'administration et l'ex- 
ploitation des voies fer- 
rées et des tramways 

Plusieurs fois, il tut rapporteur du budget des chemins de 

fer, postes et télégraphes. 

M. Fris a vivement combattu les droits d'entrée sur le 

bétail, à raison des intérêts de son arrondissement engagés 

dans cette question. 




Pbot. Géruïct trèrei. 



Fris — Furnemont 



33 1 



Antiproportionnaliste de la première heure, il a voté la 
revision de Tarticle 48 de la Constitution, mais s'est abstenu 
au vote de la proposition Feron relative à cette réforme. 

Aux élections du 14 octobre 1894, M. Fris a obtenu 
32,186 voix, contre 1,900 accordées aux socialistes et près 
de 1 5,000 à la liste libérale. 

M. Fris est officier de TOrdre de Léopold, commandeur 
avec plaque de TOrdre de Pie et chevalier de TOrdre de Saint- 
Grégoire le Grand. 
Adresse : Mali nés. 



FURNEMONT, Léon-Louis, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR L*ARRONDISSEMENT DE GHARLEROl. 

Né à Charleroi, le il avril 1861 . 

M. Furnemont fit ses études au Collège communal de 
Nivelles. Il fréquenta 
ensuite les cours de 
rÉcole des Mines de 
Liège et y conquit le 
diplôme d'élève ingé- 
nieur. Peu après, il étu- 
dia le droit à l'Univer- 
sité de Bruxelles, qui le 
reçut docteur en 1884. 

M. Furnemont fut dé- 
légué au premier Congrès 
progressiste de 1887 et 
s'y prononça pour le 
suffrage universel pur et 
simple. Il organisa plu- 
sieurs conférences en fa- 
veur du rachat par la 
collectivité de tous les 
charbonnages ; il défendit aussi la nation armée . 

Il collabora à L'Observateur et à La Tribune et dirigea 




Phot. Géruzet frèrei. 



332 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

La Raison, bulletin de la Libre-Pensée; il collabore encore 
aujourd'hui à V Étudiant, La Justice, le Journal de Charleroi, 
Le Peuple, ainsi qu'à la Repue socialiste et à la revue espa- 
gnole : Las Dominicales del Libre Pensamiento, 

En janvier 1891, M. Furnemont fut élu conseiller com- 
munal de Bruxelles ; il avait échoué une première fois en 1887. 

Ancien président de la Fédération des jeunes gardes et 
cercles libéraux belges, ancien président de l'Association pro- 
gressiste communale et cantonale de Bruxelles, ancien membre 
et vice-président de l'Association libérale, M. Furnemont 
abandonna ces fonctions en 1894 lorsque fut conclue l'alliance 
avec les doctrinaires; il se tourna vers le parti socialiste, qui 
l'envoya siéger au Parlement, le 21 octobre 1894, par 
70,356 suffrages. 

Dans la séance du 27 novembre 1894, M. Furnemont 
déposa une proposition de loi, signée avec MM. Léon De 
Fuisseaux, Bertrand, Anseele, Gierkens et Defnei, accordant 
amnistie pleine et entière pour tous les faits qualifiés crimes 
ou délits politiques, faits de grèves ou faits connexes, pour 
les délits de presse, de parole et de réunion commis depuis 
le i«r septembre 1884. La droite tout entière s'éleva contre 
cette proposition et en repoussa la prise en considération. 

M. Furnemont présida le Cercle des soirées populaires 
rationalistes et la Libre- Pensée de Bruxelles; il a été vénérable 
de la Loge des Amis philanthropes et professe à l'Université 
nouvelle le cours d'histoire contemporaine. 
Adresse : rue de la Putterie, 61, à Bruxelles. 



GIERKENS, Adolphe-Joseph, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l' ARRONDISSEMENT DE YERYIERS. 

Né à Verviers, le 9 avril 4855. 

M. Gierkens connut de bonne heure la lutte pour la vie : 
à peine âgé de 10 ans, il travailla à la fabrique comme encol- 



GlERKENS 



333 



leur de chaînes, puis comme tisserand; de bonne heure aussi, 
il entra dans le mouvement socialiste. 

Incorporé dans Tarmée, il fut caporal au régiment des 
grenadiers. 

Membre de Tlnternationale, des Francs Ouvriers, du Cercle 
d éludes et d'instruction mutuelle, il créa diverses coopéra- 
tives et mutualités et fut délégué au Congrès de Bruxelles 

où fut créé le parti ou- 

vrier belge. 

En i885, il a été 
appelé aux fonctions de 
conseiller prud'homme . 
Il est également mem- 
bre-visiteur des prisons 
pour le Comité de patro- 
nage des condamnés, 
dont il fait partie depuis 
la fondation. 

Il travailla en 1889 à 
la célébration du cente- 
naire de la Révolution 
française . 

Il fut candidat aux 
élections communales et 
provinciales en 1884, 
1887 et 1890, mais échoua. Il a été élu représentant par 
l'arrondissement de Verviers au ballottage du 21 octobre 1894 
par 27, 1 36 suffrages, contre 22,000, donnés à la liste catho- 
lique. Au premier tour de scrutin, il avait obtenu 1 5,320 voix; 
le plus favorisé des catholiques, M. Loslever, député sortant, 
en avait recueilli 19,071, les libéraux 10,000 et les progres- 
sistes 7,000 environ . 

Adresse : Place du Martyr, à Verviers. 




riiot. (iéru/ct frères. 



334 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



GILLARD, Léopold-Joseph, 

représentant libéral progressiste pour l'arrondissement de namdr. 
Né à Namui', le 16 décembre 4843. 

Docteur en médecine, chirurgie et accouchements, M. Gil- 

lard a été médecin de ba- 
taillon de l'armée belge et 
est actuellement médecin 
des hôpitaux et hospices 
de Namur. 

La Société anatomo- 
pathologique le reçut 
membre pour son travail 
sur les névroses des car- 
tilages du larynx surve- 
nant dans le cours des 
fièvres typhoïdes graves. 
Président de l'Associa- 
tion libérale de Namur, 
M. Gillard remplit du- 
rant sept années le man- 
dat de conseiller provin- 
cial. L'arrondissement de 
Namur Tenvoya siéger au Parlement le 14 octobre 1894 par 
32,884 ^oï\, contre 29,500, accordées à la liste catholique. 
Adresse . rue de Bruxelles, à Namur. 




Pliot. Gcruiet frères 



GILLIAUX, Edouard-Alexandre-Benoît-Désiré, 

REPRÉSENTANT INDÉPENDANT POUR l'aRRONDISSEMENT DE BRUXELLES. 

Né à Sflrt-Dame-Avclines, le 21 octobre 1853. 

Pharmacien et administrateur de diverses sociétés indus- 
trielles, M. Gilliaux est également président de la Fédération 
belge des sociétés pharmaceutiques et collaborateur assidu du 
Réveil pharmaceutique, organe de la Fédération. 



GiLLARD — GiLLIAUX — HaMBURSIN 335 

M. Gilliaux est adversaire de la coopération appliquée 
à la mutualité lorsqu'elle 
étend ses opérations au 
public en général. 

Il est membre de la 
Commission de revision 
de la loi de 1818 sur 
l'art de guérir et délégué 
de la Chambre des repré- 
sentants à la Commission 
permanente des sociétés 
mutualistes. 

Il a été nommé mem- 
bre du Parlement pour 
l'arrondissement de 
Bruxelles , au scrutin 
de ballottage du 21 oc- 
tobre 1894, par 106,640 

-'^ * ^ Pliot. n.Tuirt frère». 

VOIX. 

M. Gilliaux est porteur de la Médaille civique. 
Adresse : rue Fonsny, 20, à Bruxelles. 




HAMBURSIN, Eugène-Emile, 

représentant libéral progressiste pour l'arrondissement de namur. 
Né à Seneffe, le 26 avril 1859. 

M. Hambursin fréquenta tout d'abord lecole primaire de 
Grand-Manil-lez-Gembloux, petite commune de la province 
de Namur, qu'administrait son grand-père paternel; il y 
obtint, à Tâge de 10 ans, un second prix au concours 
cantonal. Il suivit ensuite pendant six années les cours de 
TAthénée de Namur et passa avec grande distinction, au mois 
d'août 1876, Texamen de gradué es lettres, — supprimé 
depuis par la loi sur l'enseignement supérieur et facultatif 
alors pour la dernière fois. Un an après son entrée à TUni- 



336 



i.A Chambre des Représentants en 1894-1893 



versité de Liège, il/ut reçu candidat en philosophie et lettres, 
également avec grande distinction. Il entra alors à l'Institut 
agricole de Gembloux et, dans les différents examens qu'il 
dut y subir, il obtint toujours Tune des premières places : il 
sortit au mois d'août 1880 en tête de sa promotion. 

En janvier 1882, M. Hambursin partit pour la Colombie 
en qualité de professeur à l'Université de Bogota et y séjourna 

pendant quatre ans. 

A sa rentrée en Bel- 
gique, il suivit les cours 
^^g^^^ de droit à l'Université de 

^f^^^^ Bruxelles et passa succes- 

^K sivementtoussesexamens 

mm ^«^ m avec distinction : il obtint 

^ le diplôme de docteur 

en 1888. 

Durant son séjour à 
Gembloux, M. Hambur- 
sin a été président de l'As- 
sociation libérale des étu- 
diants de l'Institut de 
Gembloux, dont il est 
actuellement président 
d'honneur. Il y a égale- 

Jhot Gor„z..t frCr... ^^^^ f^^^^^, ^^ présldé \Q 

Vestiaire des écoles officielles. Aujourd'hui, il est président de 
l'Association des ingénieurs et anciens élèves de l'Institut agri- 
cole de l'État, à Gembloux, président de l'Association libérale 
du canton de Gembloux depuis plusieurs années, vice-prési- 
dent de l'Association libérale de l'arrondissement de Namur 
et président du Cercle des étudiants libéraux d'Ixelles. 

M. Hambursin s'occupe du barreau et de culture. Il a pris 
une part très active à la campagne en faveur de la revision 
constitutionnelle et du suffrage universel. 

Candidat aux élections du 14 octobre 1894, il fut élu par 
32,987 voix. 

Adresse : rue de l'Ouvrage, à Namur. 




H AMMAN 337 

. I 

HAMMAN^ Auguste-Michel- Bernard-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE PO U R l' A R RO N D I SSE M E N T d'oSTEN DE. 

Né à Ostende, le 29 avril 1860. 

M. Hamman est armateur à la pèche maritime nationale, 
membre du Comité belge de mariculture et juge au tribunal 
de commerce d'Ostende. 

Il s'est toujours principalement occupé des intérêts maté- 
riels et moraux de la 

population de pêcheurs 
qui vit le long des côtes 
belges. Grâce à son ef- 
ficace intervention, les 
conflits entre pêcheurs 
belges et anglais, si 
graves en 1887, 1888, 
1889 et 1890, se sont 
souvent terminés par des 
solutions amiables, à la 
grande satisfaction des 
autorités des deux pays. 

Plusieurs fois, il fut 
envoyé en mission par 
le gouvernement aux 
congrès tenus en pays 
étrangers, notamment ihot. Genu.t frèr... 

aux Conférences de Londres sur la pêche maritime et à 
l'Exposition de pêche de Cornouailles en 1892, et il publia à 
son retour d'intéressants rapports. 

En Belgique, il a fait partie, en 1888, de la Commission 
d'enquête sur la pêche maritime; en 1891, il fut membre de 
la commission chargée de donner son avis sur les travaux 
maritimes projetés à Ostende. Dès le début, il a préconisé 
énergiquement, malgré la vive opposition qu'il rencontrait, 
le raccordement des anciens bassins à flot aux nouveaux . 
Cette solution, qui donnait satisfaction à l'ancienne ville, fut 
cependant rejetée. Mais lorsque, en 1894, à la demande de 




338 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

MM. les ministres De Bruyn et de Smet de Naeyer, les plans 
furent remaniés, on adopta le projet qu'avait défendu 
M. Hamman depuis la première heure. 

11 a siégé comme vice-président de la section de pisciculture 
et de pêche à TExposition d'Anvers, ainsi que comme président 
du jury de ce groupe et comme membre du jury supérieur. 

M. Hamman a été élu représentant pour l'arrondissement 
d'Ostende, le 14 octobre 1894, par les deux tiers des suffrages 
exprimés, en opposition à la liste libérale, composée de 
M. Pieters, bourgmestre d'Ostende, et de M. le chevaHer de 
Stuers, tous deux députés sortants. 
Adresse : Ostende. 



HEGQ, Joseph-Ferdinand-Louis, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE TOURNAI. 

Né à Templeuve, le 5 avril 4 854.. 

Après avoir terminé ses humanités au Collège des Pères 

jésuites de Tournai, 
j • M . Hecq entra au Collège 

^ de la Paix, à Namur, et 

V .^0^^^^ suivit peu après les cours 

H i^^ ^^^^ de l'Université de Lou- 

^ m ^H vain, où il ne tarda pas 

à conquérir successive- 
ment le diplôme de doc- 
teur en droit et celui de 
docteur en sciences poli- 
tiques et administratives : 
il était âgé alors de 
21 ans. 

Avocat au barreau de 
Bruxelles, M. Hecq fut 
attaché pendant quelque 
temps au Ministère des 
affaires étrangères, mais 
à titre purement transitoire et tandis qu'il faisait son stage. 




Fliot. (itTUiet (rirea. 



Hecq" — Helleputte 339 



Il fit paraître dans La Revue générale de 1878 à i885 
de nombreuses études sur la politique internationale. 

M. Hecq est membre de la Maison des Ouvriers de 
Bruxelles, membre du bureau de la Société centrale d'Agri- 
culture et de la Société d'Émulation de Bruxelles, dont il est 
Tun des conférenciers les plus écoutés • 

Il a mené avec énergie et persévérance la lutte contre le 
libéralisme dans l'arrondissement de Tournai. Après trois 
échecs consécutifs, il fut élu au ballottage du 21 octobre 1894 
par 26,790 suffrages . 



. , ( Bruxelles : place Houwaert, 8. 

Adresses { ^ . Z , 

( Province : Templeuve. 



HELLEPUTTE, Georges-Augustin, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE HAESEYCK. 

Né à Gand, le 51 août 1852. 

L'Ecole du génie civil de l'Université de Gand décerna, 
en 1872, à M. Helleputte le diplôme d'ingénieur honoraire 
des ponts et chaussées : il était premier de sa promotion. 

M. Helleputte fut attaché à la Direction des voies et 
travaux du chemin de fer de l'Etat de 1873 à 1876. 

Professeur à l'Université de Louvain depuis vingt- deux 
ans, il y donne les cours de constructions du génie civil 
et d'architecture. 

M. Helleputte a beaucoup contribué au mouvement qui 
s'est dessiné en faveur de l'architecture flamande ; il a donné 
les plans de nombreuses constructions conçues dans ce style. 
Outre plusieurs églises paroissiales, écoles et maisons parti- 
culières, nous citerons parmi les plus importants de ses tra- 
vaux l'Ecole supérieure de philosophie, Institut Léon XII 1, 
à Louvain, l'établissement des Salésiens, à Liège, l'Eglise 
du pensionnat de Bois-l'Évêque, etc. 



340 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



11 fut nommé membre de la Commission royale des monu- 
ments en i885 et vice-président en 1895, après le décès de 
M. Balat. 

M. Helleputte a été appelé à faire partie du Parlement le 
i5 juillet 1889, en remplacement et pour achever le mandat 
de M. Cornesse, déptrté de Maeseyck, décédé; depuis, il fut 
toujours réélu. Le 14 octobre 1894, il obtint 10,454 suffrages, 

tandis que son compéti- 
•1 teur libéral progressiste 
en recueillait 2,295. 

M . Helleputte a pris 
une large part à tous les 
débats concernant les 
budgets, ainsi qu'aux dé- 
libérations relatives à la 
loi sur la collation des 
grades académiques. 

Lors de la discussion 
de la revision constitu- 
tionnelle, il signa avec 
MM. Loslever et Jans- 
sens une proposition de 
revision de l'article 47 
basée sur le suffrage uni- 
versel et la représentation 
des intérêts, et une autre, signée avec MM. Woeste, 
de Smet de Naeyer, Melot, Meeûs et de Favereau, revisant 
l'article 58 relatif à la participation aux travaux du Sénat 
des membres de la Famille royale. 

Il contribua également à l'élaboration du Code électoral, 
déposa une proposition de loi tendant à porter de 10 à 
3o francs la rémunération en matière de milice et une autre 
sur la limitation des heures de travail et le repos dominical . 
M. Helleputte est l'auteur de nombreuses brochures ; il 
collabore aussi à des revues techniques. 

Fondateur et ancien président de la Ligue démocratique 




Hemeleers 



J41 



belge, il préside encore aujourd'hui le « Boerenbond » (Ligue 
des Paysans), qu'il érigea avec M. labbé Mellaerts. 

M. Helleputte est le beau-frère de M. SchoUaert, député de 
Louvain et ministre de l'intérieur et de l'instruction publique. 

Il est chevalier de l'Ordre de Léopold, commandeur avec 
plaque de l'Ordre de Pie, décoré de la Croix de i'« classe 
« Pro Ecclesia et Pontifîce » et officier de l'Ordre de la Rose 
du Brésil. 

Adresse : Vlierbeek, Kessel-Loo (Louvain). 



HEMELEERS, Alphonse, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE BRUXELLES. 

Né à Bruxelles, le 6 février 1855. 

M. Hemeleers est négociant et consul du Paraguay, prési- 
dent de la Chambre syn- 
dicale des négociants en 
bois affiliée à l'Union 
syndicale de Bruxelles, 
vice-président du Syndi- 
cat général des voya- 
geurs, employés et pa- 
trons, trésorier du Cercle 
des installations mari- 
times de Bruxelles et l'un 
des vétérans parmi les 
promoteurs de cette 
grande œuvre. 

Candidat pour l'arron- 
dissement de Bruxelles 
aux élections législatives 
de 1892, il échoua avec 
toute la liste des indépen - 
dants. Il fut élu au scrutin de ballottage du 21 octobre 1894 
par 106,606 suffrages. 

M. Hemeleers participa à dififérentes discussions et fut à 




riiut. Géruicet {rères. 



342 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



diverses reprises rapporteur de la section centrale; il fit 
notamment rapport sur les projets de loi approuvant les 
traités de commerce et de navigation conclus entre la Bel- 
gique, la Suède et la Norwège et sur le projet de loi portant 
abolition de la patente pour les bateaux d'intérieur. 
Adresse : rue du Marché-aux-Porcs, 41, à Bruxelles. 



HENRIGOT, Emile-Edouard, 

REPRÉSENTANT LIBÉRAL PROGRESSISTE POUR L* ARRONDISSEMENT DE NIVELLES. 

Né à Ham-surSambre, le 29 janvier 1838. 

Élève de l'Université de Liège, M. Henricot est porteur 
du diplôme d'ingénieur honoraire des mines et de celui d'ingé- 
nieur civil des arts et 
manufactures. 

Il fait partie depuis 
vingt-neuf ans du Con- 
seil communal de Court- 
Saint-Etienne sans que 
son mandat ait subi la 
moindre interruption. Il 
entra au Conseil provin- 
cial du Brabant en 1882 
et n'abandonna ces fonc- 
tions que pour devenir, 
en 1888, membre de la 
Chambre des représen- 
tants. 

Élu par l'arrondisse- 
ment agricole de Nivelles 
et réélu jusqu'à ce jour 
malgré plusieurs échecs partiels éprouvés par la liste dont 
il faisait partie, il s'est occupé particulièrement des questions 
intéressant l'agriculture. Au ballottage du 21 octobre 1894, il 
recueillit 29,412 voix. 

Il est partisan du système de bail à fermage variant suivant 




Pbot. Génuet frèrei. 



Henricot — Heuse 



343 



le prix de vente des denrées agricoles ; il formula une propo- 
sition de loi tendant à appliquer ce système de location aux 
biens appartenant aux administrations publiques. 

Industriel à Court-Saint-Etienne, M. Henricot a été prési- 
dent de la Bourse des métaux à Bruxelles pendant les 
années i88g et 1890; il est actuellement administrateur de la 
Société anonyme des Glaces d'Auvelais, de la Société ano- 
nyme des Forges d'Aiseau et de l'Association sucrière de 
Genappe. 

Il dirigea, également comme président, l'Association libé- 
rale de l'arrondissement de Nivelles. 

M. Henricot a été majoi: de la garde civique de Florefife. 

Il est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : Court-Saint-Etienne . 



HEUSE, Mathieu-Xavier-Joseph-Paul, 



REPRÉSENTANT LIBÉRAL 

PROGRESSISTE 

POUR 

l'arrondissement de liège . 
Né à Liège, le 18 août 1851. 

Secrétaire du premier 
Congrès progressiste, 
M. Heuse a joué un rôle 
des plus actifs dans les 
associations politiques 
liégeoises ; il fut successi- 
vement président de la 
Ligue des censitaires et 
capacitaires réunis, pré- 
sident du Cercle progres- 
siste, vice- président de 

l'Association progressiste *''"•* ^^''"°* ^^ 

et membre du Conseil général de la Fédération progressiste. 




344 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



Avocat à la Cour d'appel de Liège, M. Heuse a collaboré à 
La Belgique judiciaire, au Journal des Tribunaux, au 
Palais et au Bulletin général des conférences du jeune 
barreau de Belgique; il a, en outre, publié divers ouvrages 
de droit, parmi lesquels il y a lieu de citer son Recueil des 
usages locaux en vigueur dans le ressort de la Cour d'appel 
de Liège, 

M. Heuse a été élu député aux élections du 14 octobre 1894, 
au premier tour de scrutin, en opposition aux catholiques 
et à la liste Frère-Orban, par 61,953 suffrages . 
Adresse : rue des Clarisses, 28, à Liège. 



HEUVELMANS, Joseph-Théodore-Florimond- 
Wilhelmine, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEHENT D'ANVERS. 

Né ù Anvers, le 12 janvier 1858. 

M. Heuvelmans fit ses études à TUniversité catholique de 

Louvain. 

11 est avocat, juge 
suppléant à la Justice de 
paix du deuxième canton 
d'Anvers et représentant 
pour l'arrondissement 
d'Anvers depuis le 
14 juin 1892. Aux élec- 
tions du 14 octobre 1894, 
il a été réélu par 60,806 
suffrages. 

M. Heuvelmans col- 
labora à plusieurs revues 
littéraires avec Max Wal- 
1er, Ivan Gilkin, Albrecht 
Rodenbach, Pol de 
Mont, etc. 

Flamingant convaincu, 
de la Conférence flamande du 




Pliot. Géruzct frères. 



il a été Tun des fondateurs 



Heuvelmans 



Hèynen 



345 



jeune barreau, dont il est actuellement vice-président. 
Pendant le court espace de temps qu'il a passé à ]a Chambre, 
il a demandé Télaboration d'un code industriel et a réclamé 
des mesures de protection contre les établissements dangereux 
en Campine; il est Tun des auteurs de la loi fixant un minimum 
de traitement pour les secrétaires communaux ; il obtint la 
création d'une troisième chambre au Tribunal de commerce 
d'Anvers et, dans le grand débat économique, il traita spécia- 
lement la question de la margarine. 
Adresse : Anvers. 



HEYNEN, TVinand-Mathieu, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L* ARRONDISSEMENT DE NEUFCHATEAU. 

Né à Foupon-Ie-Comte, le 7 juin i855. 

Docteur en médecine, chirurgie et accouchements, M. Hèy- 
nen entra dans la vie 
politique en 1870. 1 

Il occupa pendant plu- 
sieurs années les fonc- 
tions de président du 
Conseil provincial du 
Luxembourg. 

Élu pour la première 
fois membre du Parle- 
ment par l'arrondisse- 
ment de Neufchâteau le 
3 juin 1890, il fut réélu 
en 1892 et obtint, le 
14 octobre 1894, 9,849 
suffrages, contre 5,8 1 3, 
accordés au candidat li- 
béral. 

Une des particularités 
de cette élection fut l'abstention d'un canton, faute de bulletins 
dévote. La majorité ne se trouvant pas déplacée, même en 

22 




Phjt. Gériuet frères. 



346 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

attribuant toutes les voix de ce canton au concurrent de 
M. Heynen, la Chambre valida l'élection. 

Tout en s occupant parliculièrement des intérêts agricoles 
et industriels de sa province, M. Heynen contribue dans une 
large mesure aux divers travaux de la Chambre. Ses idées en 
matière d'enseignement ont attiré l'attention. 

Membre de la Commission des XXI, il prit une part active 
aux débats relatifs à la revision de la Constitution . Dans un 
discours patriotique des plus intéressants, il motiva, entre 
autres, la suppression, dans le texte de notre Loi fonda- 
mentale, de la mention rappelant les relations du Luxembourg 
avec la Confédération germanique (art. i®"")- 

M. Heynen est officier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : Bertrix (Neufchâteau). 



HOYOIS, Joseph-Eleuthère-Marie-Sophie- 
Napolôon, 

REPRËSENTANT CATHOLIQUE POUR l' ARRONDISSEMENT DE TOURNAI. 

Né à Tournai, le 14 juin 1861. 

M. Hoyois fît de brillantes études à TAthénée royal de 
Tournai et à l'Université de Louvain, où il conquit tous ses 
grades avec la plus grande distinction : il est docteur en droit, 
docteur en sciences politiques et administratives et candidat 
notaire. 

Après avoir fait son stage chez feu M. Jacobs, ancien 
ministre de l'intérieur et de l'instruction publique, il se fit 
inscrire au tableau de l'ordre des avocats à la Cour d'appel 
de Bruxelles. 

M. Hoyois est à la tête de plusieurs journaux démocra- 
tiques. Il collabore, en outre, à diverses revues, entre autres 
à La Revue générale^ de Bruxelles, au Magasin littéraire et 
scientifique, de Gand, et à La Revue internationale d'admi- 
nistration^ de La Haye. 

Il est l'auteur d'un certain nombre de publications ayant 



HOYOIS 



347 



un caractère social ou littéraire, parmi lesquelles nous 
citerons : Dix Mots sur le travail des femmes à Bruxelles ; 
Les Bourses du travail pour femmes ; La Bourse bruxelloise 
du travail pour femmes ; Assurance obligatoire et bienfai- 
sance libre ; Liberté, tolérance ou répression en matière de 
mœurs ; A propos du /F* Congrès international de moralité 
publique; Tournai au XIIP siècle; Les Lettres tournai- 
siennes, ou Histoire 
complète de la littérature 
à Tournai; Autour de 
la Presse. 

M. Hoyois est membre 
fondateur et ancien vice- 
président de la Société 
juridique de Louvain et 
membre de la Société 
belge d'économie sociale. 

Il fut Tun des promo- 
teurs du mouvement 
indépendant à Bruxelles, 
en i883 et 1884, et 
contribua largement, 
avec MM. Theodor, 
Cuylits, Lejour, Van 
Oye, etc., aux succès ii..t.Gôru«3t frère». 

électoraux des indépendants^ 

Il défendit, en 1884, ^^ cause des cochers fédérés de l'agglo- 
mération bruxelloise contre le « Monopole » et fit ensuite 
campagne, à Molenbeek-Saint-Jean, en faveur de la liberté de 
conscience, contre l'établissement, par l'administration com- 
munale, des corbillards laïques, obligatoires même pour les 
croyants . 

Dès son entrée dans la vie politique, M. Hoyois fit montre 
de sentiments nettement démocratiques, qu'il traduisit fré- 
quemment en actes tout en faveur de la classe ouvrière; il a 
du reste toujours déployé une grande activité sur le terrain 




34B La Chambre des Représentants en 1894-1893 

des œuvres sociales ; il fut notamment Tun des promoteurs 
de^ Bourses du travail en Belgique et il s*est constamment 
appliqué à propager les sociétés mutualistes ; il est porteur de 
la décoration mutuelliste. 

Membre du Conseil central de la Ligue démocratique belge 
et président de la Section de mutualité de cette ligue, il a pris 
une grande part aux discussions de plusieurs de ses Congrès. 

11 est membre du Comité officiel de patronage des habita- 
tions ouvrières de Saint-Gilles, Anderlecht, Laeken, Molen- 
beek-Saint-Jean, etc. 

En 1892, il alla plaider à Ostende une affaire de presse 
qui y eut beaucoup de retentissement et qui amena la révo- 
cation, quelques jours après, du bourgmestre de cette ville. 

En juin 1892, il posa sa candidature pour la Constituante 
à Tournai, se présentant plus particulièrement comme can- 
didat des ouvriers et de la petite bourgeoisie du Tournaisis ; 
il échoua au ballottage à une infime minorité. Plus heureux 
en 1894, il triompha après une campagne des plus acharnées 
contre son concitoyen, M. Bara, ministre d*État et représen- 
tant de Tournai depuis trente ans. La liste catholique passa 
tout entière dans cet arrondissement, qu'on s'était accoutumé 
à regarder comme un des fiefs du doctrinarisme. 

Dès son entrée au Parlement, M. Hoyois a été mêlé à de 
violents incidents soulevés par la gauche socialiste, à laquelle 
il reprochait certains moyens de polémique électorale. 

Pour réaliser le programme agricole qu'il avait promis de 
défendre, il a déposé un projet de loi réduisant de 7 p. c. 
à 5 p. c. le taux de l'impôt foncier, a signé avec plusieurs de 
ses collègues celui portant suppression de l'accise sur le tabac 
indigène et a énergiquement défendu le projet économique du 
gouvernement. 

Il prit une part active à la discussion de la loi sur Télectorat 
communal et déposa, lors de l'élaboration de la loi scolaire, 
un contre-projet, dont le but était de mettre l'enseignement 
libre sur un pied d'égalité absolue vis-à-vis de l'enseignement 
officiel et qui rencontra beaucoup de sympathie dans les 



HUYSHAUWER 



349 



rangs catholiques. Le projet du gouvernement fut voté et le 
contre-projet de M. Hoyois renvoyé à lexamen des sections, 
qui en sont encore saisies. 

Bruxelles : chaussée de Gand, 54 . 

Province : Place Verte, 4 3, à Tournai. 



Adresses 



HUYSHAUTVER, Auguste, 

REPRÉSENTANT DÉMOCRATE CHRÉTIEN POUR l'aRRONDISSEMENT DE GAND. 

Né à Gand, le 29 janvier 1862. 

Contremaître typographe, M. Huyshauwer siège à la 
Chambre comme démocrate chrétien et consacre ses moindres 
loisirs à combattre le so- 
cialisme par la plume et ^ 
par la création de sociétés ' 
antisocialistes. Dans cet 
ordre d'idées, il collabore 
au journal gantois Het 
Volk et est le fondateur 
de nombreuses ligues : 
« De Algemeene Bond 
van Werklieden en Bur- 
gers van Cent », « De 
Vrije Bond van zieken- 
beurzen », « De Metaal- 
bewerkersbond », « De 
Katoenbewerkersbond », 
« De Schildersbond », 
« DeVlasbewerkersbond» 
et de la Société de secours 
mutuels dite : « Broederliefde ». Il est en outre secrétaire de 
plusieurs de ces sociétés. 

M. Huyshauwer a été élu membre du Parlement, le 
14 octobre 1894, avec 59,217 voix, en opposition aux libé- 
raux et aux socialistes. 

Adresse : Place Marie-Thérèse, 4 4, à Gand. 




Pbot. GéruMt frères. 



35o 



I.A Chambre des Représentants en 1894-1895 




INDEKEU, Joseph-Philippe-Mathieu-Martin- 
Guillaume, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L*ARRONDISSEHENT DE TONGRES. 

Né à Necroclcren, le 20 janvier 1861. 

Avocat à la Cour d'appel de Liège, M. Indekeu fut nommé 

conseiller communal de 

Tongres en 1890 et éche- 
^^^ vin en 1892. 

^Ê0^f^ £n 1894, il a été dési- 

^m gné comme candidat à la 

^Mêê^ ^ ^ Chambre, en remplace- 

W^^ -^^ ' ment de M. Schaetzen, 

^ qui déclinait le renou- 

vellement de son mandat. 
Il fut élu au ballottage 
du 21 octobre par 
II, 160 voix; le candidat 
libéral en obtint 7,985. 
M. Indekeu prit part 
aux discussions des bud- 
gets de la justice, de la 
gendarmerie, de l'instruc- 
tion publique, des re- 
cettes et des dépenses extraordinaires, ainsi qu'aux débats 
soulevés à loccasion de l'élaboration de la loi modifiant la 
loi organique de l'instruction primaire. 
Adresse : rue de la Monnaie, à Tongres. 




IMiot. (iéruxet frères. 



IWEINS d'EECKHOUTTE, Henri -François -Joseph- 
Paul, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT D*TPRES. 

Né à Yprcs, le 16 mars ^837. 

Président du Cercle catholique, vice-président de l'Asso- 
ciation conservatrice, membre du bureau de la Fédération 
des Associations catholiques et constitutionnelles de l'arron- 
dissement d'Ypres et président du Conseil particulier des 



Indekeu — IwEiNS d'Eeckhoutte 



3!)i 



Conférences de Saint- Vincent de Paul, M. Iweins d'Eeckhoutte 
s adonna de bonne heure à la politique. 

Dès 1864, il prit la direction du bureau électoral de TAsso- 
ciation conservatrice et se consacra au travail de la revision 
des listes électorales. Ses efforts ne tardèrent pas à produire 
leurs effets : successivement, les représentants et sénateur 
(1870 et 1876), les conseillers provinciaux (1872) et les 
conseillers communaux 
{1891) libéraux de Tar- 
rondissement, du canton 
et de la ville d'Ypres 
furent remplacés par des 
catholiques. Aux élec- 
tions législatives de 1 894, 
les catholiques obtinrent 
en moyenne 24,500 voix, 
sur 35,000 suffrages. 

M. Iweins d'Eeckhoutte 
fit partie du Conseil pro- 
vincial de la Flandre oc- 
cidentale de 1872 à 1894; 
il y a rempli les fonctions 
de secrétaire depuis 1879. 
11 fait également partie 
du Conseil communal 
d'Ypres, de l'Administration des hospices civils et de la Com- 
mission administrative de l'Institution royale de Messines. 

Il a été élu représentant pour l'arrondissement d'Ypres, le 
14 octobre 1894, par 24,421 suffrages. 

M. Iweins d'Eeckhoutte a donné une grande impulsion aux 
œuvres sociales dans sa ville natale, où elles sont florissantes. 

Il est chevalier de l'Ordre de Léopold, commandeur de 

l'Ordre de Saint-Grégoire le Grand, commandeur avec plaque 

de l'Ordre du Saint-Sépulcre, décoré de la Croix « Pro Eccle- 

sia et Pontifice » et de la Croix civique pour acte de courage. 

i Bruxelles : Hôtel de France, 
resses j pj.Qyi„çg . ypres et Villa San Domenico à Hcyst-sur-Mer. 




Phot. Géruiet frère». 



352 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



JANSSENS, Alphonse-Joseph-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l' ARRONDISSEMENT DE SAINT-NICOLAS. 

Né à Saint-Nicolas, le 16 octobre 1841. 

Ancien industriel et ancien président du Tribunal 4e com- 
merce et de la Ligue du commerce et de Tindustrie du pays 
de Waes, M. Janssens est le candidat des ouvriers de larron- 
dissemeni de Saint-Nicolas ; il fait partie de la Chambre des 

représentants depuis le 
14 juin 1892. Il fut réélu 
le 14 octobre 1894 avec 
33,264 voix. 

A différentes reprises, 
il défendit énergiquement 
les droits de ses commet- 
tants, faisant prévaloir 
leurs justes griefs et récla- 
mant pour eux des amé- 
liorations de situation. 

Lors de la revision 
de la Constitution, il 
signa avec MM. Helle- 
putte et Loslever, une 
proposition de revision 
de l'article 47 tendant à 
établir la représentation 
des intérêts. Il défendit la représentation proportionnelle 
et lelectorat communal sur la base de Télectorat pour la 
Chambre. 

Il a été rapporteur de la section centrale sur le budget de 
la dette publique pour les exercices 1895 et 1896. 

M. Janssens est un poète flamand des plus distingués ; ses 
publications : Gedichten et Roseken's Eerste Communie^ sont 
très goûtées ; il collabore à la revue Het Belfort el l'Académie 
flamande le compte parmi ses membres correspondants . 




VUut. Uvruzvt t'rcreji. 



Janssens — Jeanne 



353 



M . Janssens est chevalier des Ordres de Léopold et de 
Saint-Grégoire le Grand. Il porte en outre la Médaille mili- 
taire a Bene Merenti », qu'il a obtenue en servant dans le corps 
des zouaves pontificaux. 
Adresse : Saint-Nicolas. 




I 



JEANNE, Nicolas-Marie-Émile, 

REPRÉSENTANT LIBÉRAL PROGRESSISTE POUR l' ARRONDISSEMENT DE LIÈGE. 

M à Liège, le 30 juin 1840. 

Avocat et membre du Conseil de discipline de Tordre, 
M. Jeanne a siégé au Conseil provincial de Liège pour le 
canton de Hollogne-aux- 
Pierres de 1878 à 1890, 
époque à laquelle il a été 
nommé membre de la 
Chambre des représen- 
tants; ce dernier mandat 
lui a été renouvelé sans in- 
terruption jusqu'à ce jour 
et, lors des élections du 
14 octobre 1894, il triom- 
pha au premier tour avec 
61,897 voix, en opposi- 
tion aux libéraux doctri- 
naires et aux catholiques, 
grâce à l'alliance radico- 
socialiste. 

M. Jeanne est conseil- 
ler communal de Monte- 
gnée depuis 1887 ; il fut nommé échevin en 1888. 

Il est membre de l'Association progressiste de Liège. 

On lui doit uhe brochure sur La Liberté de la profession 
de l'avocat. 

Adresses : rue du Midi, 16, à Liège, ou chaussée de Montegnée, 70, 
par Ans. 




Pli»t. Uoruxet fcôrci. 



334 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

JOUREZ, Léon-Léopold-Joseph, 

représentant libéral progressiste pour l'arrondissement de nivelles. 
Né à Braine-rÂllcud, le 12 décembre 1857. 

M. Jourez est avocat et conseiller communal à Btaine- 
rAlleud. 

Il fit ses humanités au Lycée de Douai et à l'Athénée 

royal de Bruxelles; il sui- 
vit ensuite les cours de 
rUniversité de Bruxelles 
et fut reçu docteur en 
droit en 1881. 

Il siégea au Conseil 
provincial du Brabant 
depuis le 20 mai i885 
jusqu'au jour de la disso- 
lution des conseils pro- 
vinciaux, avenue en 1894; 
il y fut rapporteur du 
budget en 1888, 1889, 
1 890 et 1 89 1 . 

M. Jourez a été élu 
membre de la Chambre 
au ballottage du 21 oc- 
tobre 1894 par 29,134 
voix. Il avait obtenu au premier tour de scrutin 24,839 suf- 
frages, contre 25,534 accordés à la liste catholique et 6,5oo à 
la liste socialiste. 

Au Parlement, M. Jourez participa aux discussions qui 
se produisirent à Toccasion de Texamen des budgets minis- 
tériels et prit part aux débats relatifs aux élections commu- 
nales et à la loi organique de l'instruction primaire. 

( Bruxelles: rue de Livourne, 25. 
1 Province : Braine-rAllcud, 




ri:ot. Gôrilict frères. 



JOUREZ — KOCH 355 



KOCH, Julien-Jacques-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L ARRONDISSEMENT d'aNVERS. 

Né à Anvers, le 25 avril 1842. 

Président de la Section anversoise pour la protection des 
animaux et vice-président du Comité de patronage des con- 
damnés détenus et libé- 
rés, M. Koch est un 
des grands industriels 
de la place d* Anvers; 
son nom est associé à 
la « Firme Koch et 
Reis ». 

Il remplit, en i885, 
les fonctions d'adminis- 
trateur du Comité exécu- 
tif de l'Exposition uni- 
verselle d'Anvers. 

11 fut élu représentant 
pour l'arrondissement 
d'Anvers le 14 juin 1892 
et réélu le 14 octobre 1894 
avec 60,686 suffrages. 

Au Parlement, M . Koch M"» <>"■'««» &*'«• 

participe notamment aux discussions des budgets de la justice, 
des finances et des recettes et dépenses extraordinaires; mais 
il s'y occupe principalement des questions d'intérêt commer- 
cial et industriel. 

Il est chevalier des Ordres de Léopold et de Charles III 
d'Espagne et officier de l'Ordre de la Couronne d'Italie. 

Adresse : boulevard Léopold, 94 , à Anvers. 




356 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



LAMBIOTTE (*), Pierre-Joseph, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l'aRRONDISSEMENT DE GHARLEROI. 

Né à Jumet, le 16 novembre 1852. 

M. Lambiotte fiéquenta Técole primaire jusqu'à l'âge de 
1 2 ans . 
Après avoir fait son apprentissage dans les verreries à 

bouteilles, il exerça la 
profession de verrier à 
vitre, puis celle de souf- 
fleur. En 1887, travail- 
lant aux Verreries 
Lejeune-Hiernaux, il fut 
assez grièvement blessé 
et se vit obligé de renon- 
cer au métier qu'il s'était 
choisi . 

11 fait partie deTUnion 
verrière depuis i883, et 
lorsque, le i5 août 1888, 
Falleur fut contraint de 
quitter le pays, M. Lam- 
biotte le remplaça comme 
secrétaire de cette asso- 
, ciation. 

Nommé en 1889 secrétaire général pour la Belgique de 
rOrdre des Chevaliers du travail, il fut choisi par les ouvriers 
mineurs pour les représenter aux d ifférents Congrès socialistes. 
Candidat des ouvriers verriejs, M. Lambiotte a été élu 
membre de la Chambre des représentants au ballottage du 
21 octobre 1894 par 69,647 suffrages, en opposition aux 




(*) L'honorable député de Charlcroi nous a fait observer que son nom 
est LAMBILLOTTK; nous en prenons acte, tout en nous permettant 
de lui faire remarquer que nous avons fidèlement reproduit son extrait 
de naissance, qui porte « Lambiotte » et non « Lambillotte ». 



Lambiotte — Lauters 357 



catholiques. Il avait obtenu au premier tour de scrutin 
57,002 voix, contre 36,238 accordées au plus favorisé des 
catholiques et 23,593 au plus favorisé des libéraux. 

Dans la séance du 10 janvier 1895, se faisant l^interprète 
de ses mandants, il interpella le gouvernement à Teffet 
d'obtenir une mesure métrique uniforme pour la confection 
des manchons à souffler, et ce dans le but d'empêcher le 
constant agrandissement de la mesure en pouces et d en- 
rayer ainsi la concurrence entre patrons. 
Adresse : Jumet. 



LAUTERS, François-Georges, 

REPRÉSENTANT DÉMOCRATE CHRÉTIEN POUR l'aRRONDISSEMENT DE BRUXELLES. 

Né à Bruxelles, le 20 janvier 1857. 

Président de la Maison des Ouvriers de Saint-Gilles et 
de la Section de secours 
mutuels La Concordia, ^ 
établie à la Maison des 
Ouvriers de Bruxelles, 
ancien membre du Con- 
seil de l'industrie et du 
travail et membre du 
Conseil supérieur du tra- 
vail, M. Lauters, ouvrier 
tailleur, a été désigné, 
avec MM. Colfs et Mous- 
set, pour figurer comme 
candidat ouvrier sur la 
liste de l'alliance conser- 
vatrice, indépendante et 
ouvrière. Il fut élu au 
ballottage du 21 octobre 

1894 par 106,582 voix. PUot. Géru«ct frère. 

M. Lauters participa à maints débat?, notamment à la 




358 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



discussion des budgets de la justice et des finances, et prit 
part à 1 élaboration du projet de loi portant exemption du 
droit de fanal, établissement d'un droit d'accise sur la mar- 
garine et modification du tarif des douanes. Il fut rappor- 
teur du projel de loi portant extension du ressort du Conseil 
de prud'hommes de Charleroi. 

M. Lauters collabore, pour les articles flamands, au 
Bulletin bi-mensuel des Maisons des Ouvriers. 

Il est porteur de la Décoration industrielle de i'* classe. 
Adresse : Chaussée de Forest, HS, à Bruxelles. 



LEFEBVRE, Albert-Alexandre-Jacques-Marie- 
Ghislain, 

représentant catholique pour l'arrondissement de malines. 
Né à Bruxelles, le 25 mars 1854. 

Avocat, bourgmestre de la commune de Blaesvelt et ancien 

conseiller provincial, 
M. Lefebvre est petit- 
fils de lancien membre 
du Congrès et fils de Tan- 
cien questeur de la 
Chambre. 

Il a été nommé mem- 
bre du Parlement pour 
l'arrondissement de Ma- 
lines le 24 septembre 
1889, en remplacement 
de son père, décédé. Il 
fut réélu en 1892 et, 
aux élections du 14 oc- 
tobre 1894, il obtint 
32,891 voix. 

Dès son entrée à la 
Chambre, M. Lefebvre 
se mêla à de nombreux débats, entre autres à la discussion 
des projets de loi sur le service hospitalier des communes. 




l'bot. Géruxet front. 



LeFEBVRE — LÉONARD 



359 



sur les indemnités pour servitudes militaires, sur les modifi- 
cations au tarif des douanes, et rédigea différents rapports 
au nom de la section centrale : nous citerons entre autres le 
rapport sur le projet de loi relatif aux services publics et 
réguliers de transports en commun par terre, le rapport 
sur le budget des finances pour Texercice 1892 et le rapport 
sur le projet de loi exemptant de l'enregistrement les mandats 
à ordre. Il participa encore à rélabpration du Code électoral. 
M. Lefebvre est chevalier de TOrdrc de Léopold. 
Adresse : Blaesvelt. 



IjÉONARD, Henri-Joseph-Ghislain, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR L*ARRONDISSEMENT DE CHARLEROI. 

Né à Seneffe, le 22 mars 1862. 

M. Léonard travailla aux Usines de Beaume-et- M arpent 
en qualité d'aide-riveur, 
puis à celles de Haine- 
Saint-Pierre comme for- 
geron. Il devint plus tard 
caissier-comptable de la 
Société coopérative Le 
Progrès, de Jolimont. 

Il a suivi non sans 
succès les cours de 
l'École industrielle de 
Morlanwelz, où il a 
obtenu le diplôme de 
chauffeur -mécanicien et 
celui de dessinateur-mé- 
canicien, ainsi qu'un bre- 
vet de mathématicien. 

M. Léonard est prési- 

<• ^ 1 1 T • * ^ PLot. Géruzet frères. 

dent de la Ligue ouvrière 

et secrétaire de la Fédération de l'arrondissement de Charleroi, 




36o La Chambre des Représentants en 1894-1895 

Il a été élu conseiller communal à La Hestre en 1890 et 
député pour Tarrondissement de Charleroi au ballottage du 
21 octobre 1894 par 69,384 sufiFfages, en opposition aux 
catholiques, les libéraux ayant été éliminés au premier tour 
de scrutin. 

M. Léonard collabore au journal Le Peuple, 
Adresse : rue de la Place, à La Hesire. 



LE SERGEANT d'HENDEGOURT, Octave-Marie- 
Gornille-Joseph (vicomte), 

représentant catholique pour l'arrondissement de BRUXELLES. 

Né à Bruxelles, le 10 janvier 1859. 

M . Le Sergeant d'Hendecourt conquit son diplôme de doc- 
teur en philosophie et 
lettres à l'Université de 
"•''^^ Louvain et celui de li- 

cencié en droit à Paris. 

Président du conseil 
général de la Maison des 
Ouvriers, il est le fon- 
dateur de plusieurs so- 
ciétés de secours mutuels 
et se consacre entière- 
ment aux œuvres so- 
ciales. 

Il a été élu membre 
du Parlement par l'arron- 
dissement de Bruxelles au 
ballottage du 21 octobre 
1894 par 106,5 10 voix; 
au premier tour de scru- 
tin, il avait recueilli 92,436 suffrages. 

M. Le Sergeant d'Hendecouri est porteur de la Décoration 
mutuelliste de i^^ classe. 

Adresse : place Stéphanie, 6, à Bruxelles. 




l'Lot. Gôriizt't frère 



Le Sbrgbant d*Hendecourt — Liebaert 



36i 



LIEBAERT, Julien-Auguste-Marie-Joseph, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L* ARRONDISSEMENT DE COURTRAI. 

Né à Courtrai, le 22 juin 1848. 

Ancien conseiller provincial et ancien député permanent de 
k Flandre occidentale, M. Liebaert est avocat et représente 
au Parlement l'arrondissement de Courtrai depuis le 
21 avril 1890; il a été 
élu en remplacement de 
Mgr de Haerne, le der- 
nier des membres du 
Congrès national qui 
aient siégé au Palais de 
la Nation. 

Son mandat lui a été 
renouvelé sans interrup- 
tion jusqu'à ce jour. Il 
obtint, le 14 octobre 1894, 
34,932 suffrages, contre 
3,600 accordés à la liste 
socialiste et 10,000 à la 
liste libérale. 

M. Liebaert a pris une 
part active à d'impor- 
tants débats au sein du ^'^^- <^«-«' «'««. 
Parlement, notamment à la discussion des projets de loi 
relatifs à îassistance publique, à la contribution person- 
nelle des habitations ouvrières, aux secrétaires communaux, 
ainsi qu'à la discussion de la revision constitutionnelle, et a 
contribué à l'élaboration du nouveau Code électoral. 11 fut 
aussi rapporteur du projet de loi augmentant d'un substitut 
le personnel dj parquet du tribunal de Courtrai. 

En 1895, lors de la démission du comte de Merode et de la 
nomination de M. de Burlet comme ministre des affaires 




^^ 



:)»i2 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



étrangères, le portefeuille de Tintérieur lui fut offert ; mais des 
divergences de vues avec les membres du cabinet sur diverses 
questions ne lui permirent pas d'accepter ces fonctions. 
M. Liebaert est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : Courtrai. 



LIGY, Arthur-Liévin-Josephy 

^^ [représentant catholique pour l'arrondissement de gand. 
Né ù Ypres, le 5 septembre 4854. 

Avocat à la Cour d'appel de Gand, M. Ligy n'avait pas 
20 ans lorsqu'il obtint en 1874 le diplôme de docteur en 

droit. Candidat notaire le 

r3 2 avril 1875, il conquit 
1 l'année suivante le di- 
plôme de docteur en 
sciences politiques et ad- 
ministratives. 

M . Ligy a été élu mem- 
bre de la Chambre le 
10 juin 1892 et réélu le 
14 octobre 1894 par 
59,370 suffrages. 

Rapporteur du projet 
de loi électorale déposé 
par le gouvernement au 
lendemain de la revision 
de l'article 47 de la 
Constitution, il prit une 
part très active à l'éla- 
boration de celte loi, et tous ses collègues ont rendu hom- 
mage à l'intelligence et au dévouement dont il a fait preuve 
à cette occasion. 

M. Ligy fut également le porte- voix de la section centrale 
dans la discussion 'des projets de loi relatifs à la revision des 
listes électorales, à la foimalion des listes des électeurs com- 
munaux, aux élections communales, aux cotisations fiscales 




Pliot. Géruiet frère». 



LiGY — LORAND 363 



en matière d'impôts directs, modifiant la loi du 2 juin 1884 
relative au mode d'élection des membres des tribunaux de 
commerce, apportant des modifications à la législation sur la 
contribution personnelle, portant règlement définitif du 
budget de 1 891, ainsi que du budget de la gendarmerie pour 
l'exercice 1895. 

M. Ligy est officier dans la milice citoyenne depuis 1875; 
en Janvier 1894, il fut promu au grade de major de la 
2* légion de la garde civique de Gand . 

Il est membre de la Commission administrative du Con- 
servatoire royal de Gand depuis 1887. Secrétaire adjoint, 
en 1880, de l'Association catholique de l'arrondissement de 
Gand, M. Ligy en est secrétaire depuis i885. 

IL est chevalier des Ordres de Léopold et de Pie et com- 
mandeur de l'Ordre de l'Étoile de Roumanie. 
Adresse : rue des Meuniers, 457, à Gand. 



LORAND, Louis-Georges-Auguste^ 

REPRÉSENTANT LIRÉKAL PROGRESSISTE POUR l'aRRONDISSEMENT DE VIRTON. 

Né à Namur, le 14 mai 1860. 

M . Lorand fit ses humanités à l'Athénée de Bruxelles et 
suivit les cours de philosophie et de droit de l'Université de 
Bologne. Il obtint le diplôme de docteur en droit, alors 
qu'il n'était âgé que de 20 ans. 

D'abord stagiaire de M. Hector Denis, puis de M. Paul 
Janson, M. Lorand ne fit guère parler de lui avant 1884, 
lors du procès de l'anarchiste Cy voct : à partir de ce moment, 
son nom est mis en évidence. 

Au début de cette même année, le 17 février, se fonda La 
Réforme y dont M. Lorand fut nommé rédacteur en chef au 
mois d'avril. 11 y publia longtemps un bulletin politique très 
remarqué; il traite les questions les plus diverses, et son 
appréciation raisonnée, ses rapprochements, ses déductions 
font de ses plus graves articles de fond, comme de ses 



3fi4 



La Chambre des Repbésentants bn 1894-1895 



■^ 



causeries les plus familières, une œuvre toute personnelle, 
certes, mais curieuse et instructive en même temps. 

Propagandiste des plus actifs, M. Lorand est l'organisateur 
dé toutes les conférences qui se sont données, qui se donnent 
encore, en province pour l'exposition et la défense du pro- 
gramme progressiste, qu'il avait élaboré en majeure partie 
dans les Congrès ; il est secrétaire général de la Fédération 

progressiste depuis sa 
fondation. 

M. Lorand a publié 
plusieurs brochures, 
entre autres : La Nation 
^Ë m \ armée, Le Referendumet 

^^^^ i^ 4iii3P P|[| Démission ! Dissolution ! 

^^^P ^ ^^ J à la suite du procès du 

Hr^ 'i^|i|^^BÉ « grand complot ». 

W^ W^^^^r II est le correspondant 

belge du Secolo de Milan, 
de la Revue politique et 
parlementaire de Paris 
et de plusieurs autres 
journaux étrangers. 

M. Lorand est l'un 
des adversaires les plus 
décidés des entreprises 
coloniales et de la protection douanière en matière agricole. 
Il vient d'abandonner le poste de rédacteur en chef de La 
Réforme, dont il reste néanmoins collaborateur, pour se 
consacrer entièrement à la défense de la politique progres- 
siste, que d'aucuns appellent le « Lorandisme d. 

Il a été élu membre de la Chambre des représentants pour 
l'arrondissement de Virton le 14 octobre 1894. Il obtint 
8,698 voix, contre 8, 145, accordées à M. de Briey, représen- 
tant catholique sortant. 

Depuis qu'il siège au Parlement, il n'est guère de discussion 
à laquelle il n'ait pris une part importante : nous citerons les 




Pliot. Géruiet frèref. 



Maenhaut 



365 



budgets en général et le projet de loi économique, le projet 
modifiant la loi organique de Tinstruction primaire et celui 
relatif aux élections communales en particulier. Il est l'auteur 
des propositions de loi relatives à Tabolition du droit de licence, 
tendant à l'établissement d'une enquête relative à Texécution 
du contrat de travail et d une autre modifiant la loi commu- 
nale. Il interpella différentes fois le gouvernement au sujet 
de la politique extérieure . 

Adresse : rue Belliard, 94, à Bruxelles. 



MAENHAUT, Jules-Gonstant-Marie-Joseph, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L^RRONDISSEMENT DE GAND. 

Né à Gand, le 21 mai 1862. 

Élu conseiller communal à Lemberge en octobre 1887, 
M. Maenhaut a été nommé bourgmestre de cette commune 
en janvier 1888. Il fut 
aussi, de 1892 à 1894, 
conseiller provincial 
pour le canton d'Ooster- 
zeele. 

M. Maenhaut est avo- 
cat, mais se consacre 
tout entier aux intérêts 
des classes ouvrières et 
des populations agricoles. 
Il s'occupe spécialement 
de la création de sociétés 
de secours mutuels, d'as- 
surances sur le bétail, 
d'achats en commun, et 
fut l'un des grands pro- 
moteurs du mouvement 
mutuelliste dans la phot. Gérmet frtn». 

Flandre orientale : il y établit la première Caisse Raiflfeisen. 




366 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

La Société « Eigen Heerd is Goud Weerd », établie à Gand 
pour la construction et Tachât de maisons ouvrières, dont 
il est actuellement commissaire, le compte parmi ses fon- 
dateurs. 

M. Maenhaut est un des organisateurs et secrétaire du 
« groupe agricole » à la Chambre ; il est président du « Land- 
bouwersbond » de l'arrondissement de Gand et du a Land- 
bouwersbond » provincial, président d'honneur du Cercle 
ouvrier Saint-Joseph de Gand, président des sociétés de 
secours mutuels du canton d'Oosterzeele et du « Boerenbond » 
cantonal, etc. 

Depuis le 14 octobre 1894, il représente l'arrondissement de 
Gand à la Chambre. Il fut élu par 59,283 suj9Frages en oppo- 
sition aux libéraux, socialistes, progressistes et anticoopéra- 
teurs. 

Adresse : Lemberge (canton d'Oosterzeele), Gand. 



MAGNETTE, Charles, 

représentant libéral progressiste pour l'arrondissement de liège. 
Né à Virton, le 5 février 1863. 

Avocat et collaborateur aux journaux VÉtudiant, La 
Nation, L'Express, dont il est fondateur et administra- 
teur, M. Magnette était aux côtés de feu Max Waller 
quand celui-ci fonda La Revue littéraire et La Jeune Bel- 
gique. 

M. Magnette a été lauréat du concours universitaire 
de droit civil de i885 pour l'obtention de bourses de voyage 
et, après un séjour à Paris, a fréquenté les Universités de 
Berlin et de Lausanne. 

Son rôle dans les associations politiques a été actif : 
secrétaire, puis président de la Société des étudiants libéraux 
de l'Université de Liège de 1881 à i885 et président du 



Magnette — Malempré 



367 



comité de propagande et dorganisation de bibliothèques 
populaires, il fut ensuite 
membre du comité de ; 
l'Association libérale et 
Tun des premiers scis- 
sionnaires au sein de 
cette société ; il contribua 
à la fondation de l'As- 
sociation progressiste, et 
la Ligue des Capaci- 
laires, créée pour l'obten- 
tion de la revision consti- 
tutionnelle, Je compta 
parmi ses premiers adhé- 
rents. En 1889, il repré- 
senta au Congrès des œu- 
vres d'enseignement, tenu 
à Paris, l'Œuvre du Ves- 
tiaire libéral, dont il fut 
secrétaire général et au nom duquel il fit rapport. 

M. Magnette a été élu par l'arrondissemenl de Liège au 
ballottage du 21 octobre 1894, en opposition aux libéraux 
doctrinaires et aux catholiques, par 67,764 voix. 
Adresse : rue Grétry, 4, à Liège, 




l'hot. Géru/ct frireg. ^ J 



MALEMPRÉ, Jean-Julien, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l' ARRONDISSEMENT DE YERVIERS. 

Né à Ensival, le 24 septembre 4S59. 

M. Malempré, qui exerce la profession de tisseur, fait 
partie du Conseil communal d'Ensival depuis 1887. 

Il est rédacteur du Parti ouvrier et correspondant de divers 
journaux socialistes. 



368 



La Chambre des REPRésENTANTs en 1894-1895 



Membre de plusieurs associations politiques, il est notam- 

ment secrétaire de la 
Fédération des travail- 
leurs du pays de Fran- 
chimont et, comme tel, 
a été mêlé à l'organisa- 
tion de la grève générale 
pour l'obtention du suf- 
frage universel ; il a pris 
une part très active à la 
campagne électorale dans 
l'arrondissement de Ver- 
viers. 

11 a été élu membre 
de la Chambre des repré- 
sentants par l'arrondis- 
sement de Verviers, au 
ballottage du 21 octobre 
1894, par 28,225 voix, 
en opposition aux catholiques, qui comptaient sur leur liste 
M. l'abbé Pottier, le prêtre démocrate de Liège. 




Pliot. GéruiPt frèrpi. 



Adresses 



Bruxelles : rue Zérézo, 4, 

Province : rue Dupont, 2^, à Ensival. 



MANSART, Jules, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUH l'aRRONDISSEMENT DE SOIGNIES. 

Né à Bois-d'Haine, le 29 mai 1862. 

Socialiste de la première heure — il l'était dès 1876! — 
M. Mansart contribua, en 1886, à la création du parti ouvrier 
et aux nombreuses manifestations faites en faveur de la 
revision de la Constitution et du suffrage universel* 



Mansart — Maroille 



369 



Il est le fondateur de la Coopérative de Joli mont et de la 
Fédération mutuellistedu 
Centre. 

La part qu'il prit au 
mouvement gréviste d'a- 
vril 1893 lui valut de 
passer en Cour d'assises 
et de comparaître devant 
le tribunal correction- 
nel; mais il fut acquitté 
devant les deux juridic- 
tions. 

M. Mansart travailla 
dans les laminoirs et les 
charbonnages ; il servit 
dans l'armée belge 
comme sous-ofïîcier du 
génie. 

L'arrondissement de ^^^- ^""** '""»• 

Soignies l'élit au ballottage du 21 octobre 1894 par 25,598 suf- 
frages, en opposition aux catholiques ; au premier tour de 
scrutin, il avait recueilli 16,395 voix. 

Adresse : La Louvière. 




MAROILLE, Aurèle-Désiré, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l' ARRONDISSEMENT DE MONS. 

Né à Frameries, le 23 novembre i 862. 

Conseiller communal à Frameries depuis 1890, M. Ma- 
roille est l'un des propagandistes les plus actifs que compte 
le parti socialiste dans le Borinage. Il fut impliqué dans 
Tafifaire du a grand complot » et fit de ce chef une détention 
préventive de six mois . 

Il a collaboré à un grand nombre de journaux socialistes, 



370 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



et un article sur le suffrage universel publié en 1898 lui valut 
un nouvel emprisonnement de trois mois. 

Outre plusieurs bro- 
chures traitant de ques- 
tions d'actualité, M. Ma- 
roille est l'auteur des 
ouvrages suivants : La 
République, Le Droit du 
peuple, La Vie du peu- 
ple, La Bataille, etc. 

Parmi les coopératives 
qu'il a créées dans le pays 
de Mons, nous mention- 
nerons notamment celle 
de Frameries, dont il est 
secrétaire-comptable de- 
puis sa fondation, la- 
quelle remonte à 188 5; 
il remplit, en outre, les 
i»hot. Gérazot frère.. fottctlons de secrétaire de 
différentes associations ouvrières et notamment de la Fédé- 
ration nationale des mineurs belges. 

Il représente à la Chambre l'arrondissement de Mons, où 
la liste socialiste fut élue au premier tour par 43,000 voix en 
moyenne, contre 17,000 données aux catholiques et 19,000 
aux libéraux. 

Adresse : Frameries (Hainaut). 




MEEÙS, Eugène-Jean-Pierre-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L* ARRONDISSEMENT d' ANVERS. 

Né à Anvers, le 5 février 1830. 

Docteur en droit et industriel, M. Meeûs a été conseiller 
provincial pour le canton d'Eeckeren de 1866 à 1872. A 
cette époque, il fut nommé sans lutte membre de la Chambre 



Mebôs 371 

des représentants, en remplacement de M. Hayez, démis- 
sionnaire. 

Président de l'Associalion constitutionnelle conservatrice 
d'Anvers, M. Meeûs fut membre de la Commission des hos- 
pices civils d'Anvers de 1867 à 1875 et en devint président. 

Vice-président de la Banque de commerce et directeur de 
la Sucrerie de Schooten, il a traité au Parlement, à diverses 
reprises et avec une com- 
pétence toute particulière, 
les questions relatives au 

régime fiscal des produits -V; 

sujets à des droits d'ac- 
cise. Tout récemment 
encore, la section cen- 
trale la chargé de faire 
rapport sur le projet de 
loi portant modification 
à la législation sur les 
sucres . 

Rapporteur de plu- 
sieurs projets de loi exi- 
geant des connaissances 
commerciales spéciales, 
il a aussi pris part à de 

I • . . Pbot. Géruxet frères. 

nombreuses discussions, 

réclamant, entre autres, la suppression des Chambres de 
commerce officielles, l'abolition des droits de feux et fanaux 
(dès 1876), les mesures propres à développer le mouvement 
maritime du port d'Anvers, etc . Le gouvernement le nomma 
successivement président de la Commission chargée d'étudier 
les projets d'extension des établissements maritimes d'Anvers 
et de la Commission des droits maritimes. Il a encore éner- 
giquement combattu la loi scolaire de 1879. En 1894, il 
proposa d'enlever aux administrations communales le droit 
de reviser les listes électorales ; cette proposition fut rejetée 
par parité de voix . 




372 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



Depuis qu'il siège au Parlement, M. Meeûs a toujours été 
réélu. Il obtint, le 14 octobre 1894, 60,641 sufirages. 

M. Meeûs est officier de l'Ordre de Léopold et commandeur 
des Ordres de Pie, de la Légion d'honneur et de Notre-Dame 
de la Conception de Villa-Viçosa. 

Adresse : avenue du Commerce, 209, à Anvers. 



MESENS, Louis-Edmond, 

REPRÉSENTANT INDÉPENDANT POUR L*ARRONDISSEHENT DE BRUXELLES. 

Né à Woluwe- Saint-Lambert, le 20 décembre 4842. 

L'arrondissement de Bruxelles élit pour la première fois 
M. Mesens membre du Parlement le 19 juin 1888, en rem- 
placement de M. Hen- 
rard. Renversé avec la 
dépuration nationale-in- 
dépendante en 1892, son 
mandat fut interrompu 
jusqu'au 2 1 octobre 1894; 
il obtint ce jour 106,800 
sufifrages. 

M. Mesens a pris à la 
Chambre la défense des 
intérêts des communes 
rurales de l'arrondisse- 
ment de Bruxelles. La 
Commission des pétitions 
le chargea de faire un 
rapport général sur les 
abus du cumul des fonc- 
tions rétribuées par 
l'État; la section centrale le nomma rapporteur de la propo- 
sition portant modifications à la loi relative à la contribution 
personnelle et du projet de loi fixant le contingent de l'armée 
pour 1890. 




Pbot. Gaérln. 



Mesbns — Mineur SyS 



M. Mesens a été avec M. Plissart, aujourd'hui sénateur 
pour Tarrondissement de Bruxelles, l'un des promoteurs de 
rUnion communale indépendante fondée à Etterbeekau mois 
d'octobre 1878, et qui a acquis en peu de temps assez de 
puissance et d'influence pour permettre à ses partisans de 
renverser l'administration communale libérale. 

A la suite de cette victoire, M. Mesens se trouva désigné 
pour être bourgmestre d'Etterbeek; il en remplit les fonctions 
depuis le 2 décembre 1881 jusqu'au mois de juin 1884, 
époque à laquelle il fut nommé définitivement à cette charge 
par le gouvernement catholique. 

Il est chevalier de l'Ordre de Léopold, commandeur de 
rOrdre de Charles III d'Espagne et chevalier de l'Ordre de la 
Branche d'Ernestine de Saxe. 

Adresse : rue des Rentiers, 69, à Etterbeek. 



MINEUR, Stéphany-Joseph, 

REPRÉSENTANT LIBÉRAL POUR l' ARRONDISSEMENT DE PHILIPPEVILLE. 

Né à Fraire (Namur), le 16 janvier 1829. 

A peine âgé de 16 ans, M. Mineur s'occupa d'industrie; il 
devint par la suite un de nos premiers maîtres de forges. 

Après avoir travaillé à la fabrication de la fonte au bois, 
puis de la fonte au coke, il dirigea des usines à Couvin, 
Annevoie - Bouillon et Marche - les - Dames . Actuellement 
encore, il est administrateur de diverses sociétés belges et 
françaises. 

M. Mineur est le doyen d'âge de la gauche; il fut élu 
pour la première fois membre du Parlement par l'arrondisse- 
ment de Philippeville le 1 1 juin 1872 et conserva son mandat 
jusqu'en 1884. Le même arrondissement le renvoya à la 
Chambre le 14 octobre 1894 par 13,944 suffrages. 

Depuis toujours, les adversaires politiques de M. Mineur 
lui reprochaient d'imiter de Conrart le silence prudent; il 



374 La Chambre des Représentants en 1S94-1895 

fallut la discussion du projet de loi scolaire pour faire sortir 
le député de Philippeville de son mutisme habituel : lorsque, 
après avoir rappelé les paroles prononcées par M. Van Hum- 
beeck dans un convent maçonnique, lesquelles revenaient à 
dire que « le catholicisme n'était plus qu'un cadavre barrant 

la route du progrès et 

' -8 V^^9 ^® cadavre, ses amis 

et lui ravalent soulevé de 
façon à le rapprocher 
bien près de la fosse d, 
M. Helleputte concluait : 
« Voyez les résultats! 
L'opposition comptait 
alors soixante-sept dé- 
putés libéraux ; comp- 
tons, messieurs, il en 
reste encore trois! » 
M . Mineur , indigné , 
s'écria : « D'autres sont 
venus! Les députations 
de Liège, de Verviers, de 
tout le Hainaut, de Bru- 
xelles, de Nivelles sont 
revenues après avoir voté la loi de 1879 ! » La gauche applau- 
dit, tandis qu'un membre de la droite lança cette interruption : 
C'est le premier discours de M. Mineur ! 

M. Mineur est conseiller communal de Namur depuis 1872. 
Il y fit partie de la Chambre de commerce et est encore aujour- 
d'hui membre de la Commission administrative des prisons. 
Il est chevalier de l'Ordre de Léopold. 

Adresse : Namur. 




Pbot. Géruzot frèrei. 



MOUSSET 



375 



MOUSSET, Charles-Louis-Télesphore, 

REPRÉSENTANT DÉMOCRATE CHRÉTIEN POUR l'ARRONDISSEHENT DE BRUXELLES. 

Né à Bruxelles, le 28 janvier 1858. 

M. Mousset est typographe et secrétaire de l'Association 
typographique de Bruxelles . 

Il a été rédacteur au journal L'Union démocratique, au- 
jourd'hui disparu, et col- 
labore actuellement au 
XX^ Siècle. 

Il est aussi membre du 
Conseil supérieur du tra- 
vail et président de la 
Maison des Ouvriers 
« Concordia », établie à 
Bruxelles et qui compte 
plus de 1,200 membres. 

M. Mousset représente 
au Parlement, avec ses 
collègues MM. Golfs et 
Lauters, l'élément ouvrier 
de l'arrondissement de 
Bruxelles ; il a été élu le 
21 octobre 1894 au scru- 
tin de ballottage : il ob- 
tint 106, 5 58 voix. 

M. Mousset a pris part à la Chambre aux diverses discus-^ 
sions soulevées par l'examen des budgets, celui des dotations 
et celui de la justice notamment. 

Adresse : rue Jennart, 43, à M olenbeek- Saint- Jean « 




Pltot. Géruzet frères. . 



376 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



MOUTON, Emile-François, 

REPRÉSENTANT LIBÉRAL PROGRESSISTE POUR L' ARRONDISSEMENT DE HUY. 

Né à Liège, le 29 janvier 1847. 

M. Mouton est un de nos grands meuniers. 
Il a ^té élu en 1872 conseiller communal à Ombret-Rausa; 
désigné en 1882 pour remplir les fonctions d'échevin, il fut 
nommé bourgmestre de cette commune en 1884. 

M. Mouton s'est acti- 
I V- ^ vement occupe de poli- 

^ tique : membre à diffé- 
rentes reprises et vice- 
président pendant trois 
ans du Comité de l'As- 
sociation libérale de Huy, 
il est actuellement vice- 
président de la Fédéra- 
tion libérale démocrati- 
que de l'arrondissement 
de Huy. Il est l'un des 
fondateurs de UExpress, 
de Liège. 

Depuis 1887, il a par- 
ticipé, en qualité de délé- 
gué, au Congrès libéral 
progressiste. 

M. Mouton a posé sa candidature sur le terrain agricole, 
comme adversaire du protectionnisme. Il fut élu au ballot- 
tage du 21 octobre 1894, par 18,899 voix, en opposition aux 
catholiques, les socialistes ayant été éliminés au premier tour. 
Il prit part à la Chambre aux débats que provoqua le projet 
de loi portant exemption du droit de fanal, établissement d'un 
droit d'accise sur la margarine et modification au tarif des 
<iouaiKs. 




Fhot. Géiunt tràrM. 



Adresse : Ombret par Amay. 



Mouton — Movart 



377 



MOYART, Edmond-Prosper, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE TOURNAI. 

Né à Celles, le 16 novembre 1857. 

Brasseur et agriculteur, M. Moyart a été appelé aux fc ne- 

tions de bourgmestre de 

la commune de Celles 
en 1890; la même année, 
il fut nommé conseiller 
provincial pour le can- 
ton de Celles, renversant 
les conseillers libéraux 
sortants, qui, de temps 
immémorial, détenaient 
ces sièges. 

M. Moyart a été élu 
membre de la Chambre 
des représentants au bal- 
lottage du 21 octobre 
1894, en opposition aux 
libéraux et aux socialis- 
tes; il recueillit 26,863 
suffrages. 

Au Parlement, ^M. Moyart participa aux discussions des 
budgets de la gendarmerie, de Tagriculture, de l'industrie, du 
travail et des travaux publics, ainsi qu'aux débats relatifs 
au projet de loi portant exemption du droit de fanal, établis- 
sant un droit d'accise sur la margarine et modifiant les tarifs 
des douanes. 

Adresse : Celles. 




l'iiot. (léruzet frèrei. 



n 



378 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



NERINCX, Edmond-Charles, 

REPRÉSEiNTANT CATHOLIQUE POUR l' ARRONDISSEMENT DE BRUXELLES. 

NéàHal, le 11 mai 1846. 

Avocat à la Cour d'appel de Bruxelles et membre du Conseil 

de Tordre, M. Nerincx 
a été nommé conseiller 
provincial pour le canton 
de Hal en 1872 ; il fut 
réélu jusqu'en 1888, 
époque à laquelle il aban- 
donna ce siège pour en- 
trer à la Chambre des 
représentants comme dé- 
puté de Bruxelles. Son 
mandat subit, à partir de 
Tannée 1892, une inter- 
ruption de deux ans; il 
fut réélu le 21 octobre 
1894 par 106,637 voix. 
M. Nerincx participa 
.entre autres aux discus- 
sions du contingent de 
Tarmée, |des budgets de la justice et de la guerre, ainsi qu*à 
l'élaboration du projet modifiant la loi organique de Tinstruc- 
tion primaire et de celui relatif aux élections communales ; il 
fit rapport sur le projet de loi portant augmentation du per- 
sonnel des tribunaux de commerce de Bruxelles, Gand et 
Liège. 

M. Nerincx est vice-président de l'Association constitu- 
tionnelle et conservatrice de l'arrondissement de Bruxelles. 
Il est chevalier de l'Ordre de Léopold. 




Fliot* Génuo» Jnni* 



A dresses 



Bruxelles : rue Bosquet, 8, à Saint-Gilles. 
Province : Hal. 



NeRINCX — NlEZETTE — NySSENS 



379 



NlEZETTE, Thomas-Henri-Joseph, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l' ARRONDISSEMENT DE VERVIERS. 

Né à Henri-Chapelle, le 29 novembre 4857. 

Cultivateur et cabaretier à Dolhain, M . Niezette a été élu 
membre de la Chambre 
des représentants au scru- 
tin de ballottage du 2 1 oc- 
tobre 1894, par 27,060 
voix, en opposition aux 
catholiques. Au premier 
tour, il avait obtenu 
15,374 suffrages; les ca- 
tholiques, 19,000; les li- 
béraux, 9,000, et les 
progressistes, 7,000. 

Membre fondateur et 
administrateur de la Ban- 
que agricole de Goé-Lim- 
bourg, M. Niezette est 
Tauteur d'une proposi- 
tion de loi portant or- 
ganisation d'une repré- 
sentation professionnelle de l'agriculture 
Adresse : Dolhain- Limbourg. 




Phot. Géruset frères. 



NYSSENS, Albert-Jean-Gérard, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L* ARRONDISSEMENT DE LOUVAIN, 
MINISTRE DE l'iNOUSTRIE ET DU TRAVAIL. 

Né à Ypres, le 20 juin 1855. 

M. Nyssens fit à l'Université de Gand des études brillantes, 
qu'il compléta par deux années passées à l'étranger, la pre- 
mière à Paris, la seconde dans les principales universités ita- 
liennes. 

Dès son retour, il se distingua par plusieurs publications 
poRtiques et juridiques. Ses travaux sur L Église et l'État et 
sur Les Traitements des ministres des cultes, sous le ministère 



38o 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



Frère-Orban, firent sensation et lui valurent deminentes 
approbations. A la même époque, il collaborait au journal 
L'Impartial^ de Gand, aujourd'hui disparu, dont la politique 
modérée fut pour beaucoup dans les victoires électorales 
remportées par les catholiques gantois. 

De cette époque datent aussi son Commentaire législatif 
du Code de commerce publié en collaboration avec M. H. de 

Baets, et divers articles 
de revue, notamment sur 
la procédure pénale. 

En 1 881, il fonda, avec 
MM. Jules de Smedt, 
Beernaert, Pirmez, 
E. Anspach, Pethy de 
Thozée, Victor D'Hondt 
et plusieurs autres, la 
Ligue pour la représen- 
taticm proportionnelle . 
11 en fut le premier secré- 
taire, en même temps 
qu'il était l'un des prin- 
cipaux rédacteurs de la 
revue créée pour soutenir 
cette réforme. 

C'est la même année 
qu'il fut appelé à l'Université de Louvain pour y professer 
le droit commercial, le droit notarial et le droit fiscal. 

En 1 885, il abandonna ces deux derniers cours pour occu- 
per les chaires de droit pénal et de procédure pénale, laissées 
vacantes par l'entrée au ministère de notre criminaliste natio- 
nal Thonissen. 

Il acquit rapidement, surtout dans le domaine du droit 
commercial, une solide réputation, due à la précision et à 
la clarté de son enseignement non moins qu'à ses nombreuses 
publications et à sa participation active aux travaux -des 
sociétés savantes et des congrès internationaux. Esprit hostile 




Pliot. Gérazet frères. 



Nyssens 58 1 

à la routine, épris d'un intelligent et fécond modernisme, il 
rompit plus d'une lance en faveur de la réforme des pro- 
grammes et, lors de la revision de la loi sur l'enseignement 
supérieur, il entama contre labus de Tétude des antiquités 
et des pandectes une énergique campagne, dont les milieux 
universitaires ont conservé le souvenir. 

Parmi les publications de cette période, citons son Avant- 
Projet de loi sur les sociétés commerciales, rédigé à la de- 
mande du grand-duché de Luxembourg, sa Revue pratique 
des sociétés, son Traité des sociétés commerciales , etc. 

Mentionnons encore le livre qu'il a publié, en iSgS, sur 
M. Eudore Pirmez, ministre d*État, avec qui il avait des 
relations d'amitié. « On retrouvera dans ce livre, dit M. Nys- 
sens, l'homme politique, non pas comme l'eussent souhaité 
ses adversaires, ni comme l'eussent voulu ses amis, mais tel 
qu'il m'est apparu après une longue et attentive étude de ses 
discours et de ses actes. Peut-être le portrait ne satisfera-t-il 
complètement ni ceux qui, pour l'apprécier, se placeront à 
droite, ni ceux qui le regarderont de gauche; mais pourrait- 
on voir dans ce fait autre chose qu'une preuve de la ressem- 
blance avec le modèle, qui, dans sa longue et brillante carrière . 
poUtique, n'a recueilli les applaudissements sans réserve 
d'aucun des deux partis? » La biographie, nous devrions dire 
l'histoire, que M. Nyssens consacre à M . Pirmez est la magis- 
trale réalisation des lignes que nous venons de citer. 

En 1892, les électeurs de Louvain l'appelèrent à les repré- 
senter à la Chambre constituante Dès son entrée au Parle- 
ment, il se distingua par un discours très remarqué sur la 
revision des impôts, notamment par sa thèse en faveur de 
l'impôt sur les valeurs mobilières et de la perception plus 
rigoureuse des droits de succession. Il fut depuis lors nommé 
régulièrement rapporteur du budget des finances et de plu- 
sieurs projets financiers se rapportant à ce ministère. 

Tout le monde a encore présent à l'esprit la grande et 
décisive part que M. Nyssens prit à la revision de l'article 47, 
à laquelle son nom demeurera lié. Dès 1890, il avait pré- 



?82 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



oonisé le vote plural dans une brochure intitulée : Le Suffrage 
universel tempéré. Après le rejet des multiples systèmes 
présentés, et au moment où la situation paraissait sans issue, 
il proposa la formule transactionnelle qui, à l'exception de 
quelques abstentions et de douze votes hostiles, rallia les 
divers partis et fut patriotiquement votée par cent dix-neuf 
voix, dans la séance historique du 18 avril 1893 

A la Chambre, M. Nyssens appartient à la nuance catho- 
lique modérée, à tendances démocratiques. La confiance qu'il 
inspirait aux classes laborieuses, jointe à sa réputation 
d'homme d'étude, l'a désigné comme premier titulaire et 
organisateur du nouveau ministère du travail, créé le 
23 mai iSgS. 

M. Nyssens est officier de l'Ordre de Léopold et grand- 
cordon de l'Ordre de la Couronne de Chêne. 
Adresse : rue Latérale, \ , à Bruxelles. 



OZERAY, Camille, 

REPRÉSENTANT 

LIBÉRAL PROGRESSISTE 

POUR 

l'arrondissement D*ARL0N. 

Né à Arlon, 

le 24 septembre 1856. 

Avocat et conseiller 
communal à Arlon, 
M. Ozeray a été élu 
membre du Parlement, 
le 14 octobre 1894, par 
5,779 ^o^^j contre 5,244 
obtenues par le candidat 
catholique, M . Nothomb, 
ministre d'État et séna- 
teur provincial du Lu- 
xembourg. 

Le résultat de cette 
élection surprit beaucoup de monde, et particulièrement le 




PLot. Géruiet frèrag. 



OZERAY PaLANTE 



383 



nouvel élu, qui ne désirait nullement entrer dans la vie 
parlementaire : il fallut les nombreuses sollicitations de ses 
amis politiques pour avoir raison de ses hésitations et pour 
le décider à accepter le siège qui venait de lui être attribué. 

A la Chambre, M. Ozeray défend le programme démocra- 
tique. 

A l'occasion de la discussion des budgets, il a combattu les 
privilèges dont jouissent les diplômés universitaires au point 
de vue de leur entrée dans nos administrations publiques ; il 
s'est occupé, d'autre part, de certaines questions de voirie. 

Il collabora pendant un certain temps à VÉcho du Luxem- 
bourg, 

Adresse : rue Royale Sainte- Marie, 420, à Bruxelles. 



PALANTE, Félix-Joseph-Marie, 



REPRÉSENTANT LIBÉRAL 

POUR l'arrondissement de 

PHILIPPEVILLE. 

Né ù Miavoye-Anthée, 
le 16 décembre 1849. 

Ancien officier de cava- 
lerie et conseiller com- 
munal d'Anthée, M. Pa- 
lante a été élu membre 
de la Chambre des repré- 
sentants le 14 octobre 
i894par i3,494suffrages, 
contre 10,000, accordés 
aux représentants catho- 
liques sortants. 

Dans la séance du 
3 juillet 1895, M. Pa- 
lante fut nommé secrétaire de la Chambre, en remplacement 




Phot. Géruwt trèrM. 



384 



l.A Chambre des Représentàïits en 1894-1895 



de M. Anspach-Puissant : il obtint 71 suffrages sur 107 vote^ 
valables. Mais il crut ne pouvoir accepter ces fonctions ei 
adressa le lendemain une lettre an président lui faisâni 
connaître sa résolution. 



Adresses 



Bruxelles : rue du Prince- Royal, 35. 
Province : Miavoyc-Anthée. 



PAQUAY, Oscar-François-Benoît, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR L*ARR0ND1SSEMENT DE SOIGNIES. 

Né à Lessines, le 5 décembre 1851. 

M. Paquay fit ses humanités au Collège d'Enghien et passa 
son examen de gradué en lettres à Anvers . 

_ __ Après avoir séjourné 

] successivement en Fran- 
! ce, où il fut étudiant en 
théologie au Séminaire 
des Missions étrangères, 
en Allemagne et en An- 
gleterre, en qualité de 
professeur et de traduc- 
teur, M. Paquay est 
rentré en Belgique en 
1889 et a établi à Les- 
sines la Ligue du tra- 
vail, syndicat d'ouvriers 
carriers, et la Société 
coopérative de consom- 
mation La Sociale; il est 
aussi le créateur du Cer- 
cle de propagande. 
M. Paquay a publié divers ouvrages, entre autres Le Pro- 
gramme social et Les Mœurs, Il collabore au journal 
Le Peuple. 




Phot. Géruzet frères. 



Paquay — Raemdonck 



385 



Il fait partie de la Chambre des représentants depuis le 
21 octobre 1894; il fut élu au ballottage, par 25,223 voix, 
en opposition aux catholiques. 
Adresse : Lessines. 



RAEMDONCK, Atigttste-S^ançois-Egide-Marie, 

représentant catholique pour l'arrondissement de SAINT-NICOLAS. 

Né à Lokeren, le 40 mars -1863. 

Docteur en droit et en sciences politiques et administra- 
tives, M. Raemdonck est conseiller communal de Lokeren 
depuis 1890. 

Il fonda et préside le Comice agricole de son canton. 

M. Raemdonck a été 
élu pour la première fois ^ 

membre du Parlement le | \ 

16 février 1889, en rem- 
placement de M. Théo- 
dore Janssens, décédé; 
il fut réélu jusqu'à ce 
jour. Le 14 octobre 1894, 
il obtint 33,3 12 voix, 
tandis que la liste libé- 
rale en recueillait 7,800 
et la liste socialiste i ,900 

Il participa principa 
lement aux débats rela- 
tifs aux budgets des che- , 
mins de fer, postes et 1 
télégraphes, de Tagricul- i 
ture, de l'industrie, du 
travail et des travaux publics, au projet de loi concernant 
les indemnités à allouer aux propriétaires d'immeubles grevés 
de servitudes militaires, et fut rapporteur du projet de loi 




Pbot. Génuet frère*. 



386 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



modifiant la loi de i885 sur les vices rédhibitoires en matière 
de vente et d'échange d'animaux domestiques (loi du 3 juil- 
let 1894), ainsi que du projet de loi demandant l'abrogation 
delà dite loi. 

Adresse : Lokeren. 



RAEPSAET, Paul-Julien-Henri-Emmanuel, 

représentant catholique pour l'arrondissement d'addenarde. 
Né à Audenarde, le 15 avril 1845. 

M. Raepsaet est Tarrière- petit-fils du grand patriote Jean- 
Joseph Raepsaet, jurisconsulte et historien. 

Élu conseiller com- 
munal par sa ville natale 
le 26 octobre 1875, 
M . Raepsaet fut nommé 
échevin des beaux-arts et 
des travaux publics le 

20 janvier 1879 et bourg- 
mestre le 29 août 1890. 

Il entra à la Chambre 
des représentants comme 
député d'Audenarde le 

21 mai 1887, en rem- 
placement de M . de Bleec- 
kere, décédé. Depuis, il 
fut réélu sans interrup- 
tion. Aux élections du 
14 octobre 1894, il passa 
en tête de liste avec 

18,81 5 voix. 

Ancien notaire, les questions relatives au notariat et au 
droit fiscal l'ont particulièrement préoccupé : il fut rapporteur 
du projet de loi portant réduction des droits d'enregistrement 
des baux et prit une part importante à la discussion du pro- 




Phot. Génuet frères. 



Raepsaet — Reynaert 



387 



gramme des études notariales, lors de l'élaboration de la loi 
sur la collation des grades académiques. Pendant la session 
de 1894- 1895, il fit rapport sur le budget des dotations pour 
Texercice 1895. 

M. Raepsaet est président de l'Association constitutionnelle 
et conservatrice d'Audenarde. 

Il a publié un très intéressant volume, plein de jolies 
pages : Au Cap Nord, Vacances d'un notaire, récit d'une 
excursion dans la partie septentrionale de l'Europe. 11 colla- 
bore au Magasin littéraire, de Gand. 

M. Raepsaet est chevalier de l'Ordre de Léopold et com- 
mandeur des Ordres de Saint-Grégoire le Grand et du Saint- 
Sépulcre. 

Adresse : Âudenarde. 



REYNAERT, 


Auguste-Ghislain, 


REPKÉSENTAI^T CATHOLIQUE ! 


1 




— - ' -. 


POUR 


l 




1 


l'arrondissement de COURTRAl . | 




1 

j 


Né à Anseghem, | 


1 






le 14 novembre 1853. 


1^ 




J 


M. Reynaert est avo- 






^*i- , 


cat et bourgmestre de 






t^ 


Courtrai. 


:- 




WL^ 


Il a été nommé pour la 








première fois membre de 






^ ^^k 


la Chambre des représen- 


' — 


m 


^^^fc^^^^^^^ 


tants le II août 1864, 


M 


■ 


^^Hb^^^^^^^^ ' 


en remplacement de 


m 


■ 


^I^^^^^^^^^B 


M. H. Dumortier. Réélu 


■ 


1 


^^Hj^^^^^^^B 


sans interruption jusqu'à 


■ 


1 


H^^I^IBV 


ce jour, il passa en tête 






^ " 


de liste aux élections du 






l-hot. Uériuet rrère». 


14 octobre 1894, avec 35, o3 


I voix. 




Dès son entrée au Parlem 


ent, 


il 


prit part à' de nombreuses 



388 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

discussions : loi électorale, affaires provinciales, etc. Il com- 
battit comme inconstitutionnel le projet de loi relatif à la 
mise à la retraite des magistrats et la loi de 1879 sur rensei- 
gnement primaire . 

Il soutint vigoureusement la pétition des journalistes catho- 
liques belges protestant contre les perquisitions faites au domi- 
cile des éditeurs des journaux Jaer 30 et Katholijke Zondag, 
à Bruges, à Toccasion des affaires de Saint-Génois. Il se 
voua à la réhabilitation des victimes du célèbre procès qui 
eut lieu à cette occasion. 

Nommé secrétaire de la Chambre le 23 octobre 1867, 
M. Reynaert remplit ces fonctions jusquen 1878. 

Il est l'auteur d'une Histoire de la discipline parlemen- 
taire, ouvrage consciencieux et savant qui traite des règles 
et usages des assemblées politiques des deux mondes, de 
Tenquêie du Foreign Office sur la clôture, le serment, les 
modes de vota lion, de la réforme du règlement de la Chambre 
des communes, etc. 

M. Reynaert est commandeur de l'Ordre de Léopold et 
chevalier de l'Ordre de la Légion d'honneur. 
Adresse : Courtrai. 



ROGER, Henri-Charles-Nicolas-Amédée, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l' ARRONDISSEMENT DE MONS. 

Né à Bruxelles, le 25 juillet 1861. 

Ancien instituteur communal à Bruxelles, M. Roger donna 
sa démission à la suite d'un conflit d'ordre privé. Il alla 
s'établir à Mons, où il devint le lieutenant de M. Alfred 
De Fuisseaux. 

Il prit une part très active à l'organisation du parti socialiste 
dans le Borinage et le Couchant de Mons. 

Publiciste et organisateur de meetings, il acquit une grande 
influence sur les ouvriers mineurs ; il doit à cette popularité 
d'avoir été élu membre de la Chambre des représentants. 



Roger — Ronse 



389 



L*arrondissement de Mons le choisit comme député le 
14 octobre 1894 par 42,018 voix, contre 17,000 catholiques 
et 19,000 libérales. 

Au Parlement, M. Ro- 
ger participa notamment %■ 
aux débats relatife aux 
projets de loi concernant 
la formation des listes 
des électeurs commu- 
naux, portant exemption 
du droit de fanal, établis- 
sèment d'un droit d'accise 
sur la margarine et modi- 
fication du tarif des 
douanes, approuvant la 
convention conclue avec 
rÉtat indépendant du 
Congo et autorisant un 
prêt hypothécaire de 
5 millions de francs en 
faveur du chemin de fer 
du Congo, modifiant la loi organique de l'instruction primaire 
et portant approbation de divers contrats relatifs à des biens 
domaniaux et autorisation d'aliéner des immeubles. 
Adresse : Quaregnon. 




l'iiot. Géruzet trùrcs. 



RONSE, Alfred-Pierre-Jean, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE BRUGES. 

Né à Bruges, le 4 mars 1835. 

Échevin de la ville de Bruges, M. Ronse a été nommé 
membre de la Chambre des représentants le 8 juillet 1884, 
en remplacement de M. le baron Ruzette, nommé gouver- 
neur de la Flandre occidentale. Il fut réélu depuis sans 
interruption. Au scrutin du 14 octobre 1894, il obtint 
26,559 suffrages. 



390 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



M. Ronse a pris une part active aux travaux parlementaires, 

principalement comme 
rapporteur de la section 
centrale; il participa à la 
discussion de divers pro- 
jets de loi, notamment 
à la loi sur les habita- 
tions ouvrières et à la 
nouvelle loi électorale. 

La ville de Bruges — 
« la Venise du Nord » — 
doit à son initiative la 
plupart des restaurations 
architecturales qui font 
aujourd'hui de cette an- 
tique cité une merveille 
artistique, un admirable 
musée affirmant glorieu- 
sement les beautés de 




F1m>(. Génuet firèrei. 



Tart gothique et flamand. 

M. Ronse est officier de l'Ordre de Léopold. 

Adresse : rue du Fil, 7, à Bruges. 



RONVAUX, Louis-Joseph, 

REPRÉSENTANT LIBÉRAL PROGRESSISTE POUR L* ARRONDISSEMENT DE NAMUR. 

^'é à Noville-Ies-Bois, le 50 juin 1856. 

M. Ronvaux fut reçu docteur en médecine, chirurgie et 
accouchements en 1861. Deux ans après, il était lauréat de la 
Société des sciences médicales et naturelles pour un ouvrage 
traitant de Thydropisie; en i865, une étude sur le rôle de 
l'humidité de Tair dans les maladies lui valut la même dis- 
tinction de la Société chirurgicale de Liège. 

Successivement médecin à Thon-Samson et à Namur, il 



RONVAUX — ROSSEEUW 



391 



devint professeur d'hygiène à TÉcole normale de cette der- 
nière ville, organisa des cours publics et fut nommé chirur- 
gien de Thôpital civil. Il a éîjalemenr été attaché aux chemins 
de fer de TÉtat et fui 
Tun des fondateurs du 
Cercle artistique et litté- 
raire et de la Banque- 
populaire. 

Il a publié un Traité 
sur Vart de se bien por- 
ter et un Cours cT hy- 
giène à Tusage de l'en- 
seignement primaire. 

Président de l'Union 
libérale de l'arrondisse- 
ment de Namur et mem- 
bre du parti progressiste, 
M. Ronvaux était éche- 
vin de la ville de Namur; 
il fut révoqué à la suite 
d'un discours retentis- 
sant, prononcé en 1884, à propos de la politique scolaire du 
gouvernement et qui contenait, appliqués aux membres du 
personnel enseignant, ces mots à l'adresse du Roi : Ave 
Cœsar, morituri te salutant ! 

Il fut élu membre de la Chambre des représentants, le 
14 octobre 1894, passant en tête de liste avec 33,oo5 voix, 
contre 29,000 environ données à la liste catholique. 
Adresse : rue Pépin, à Namur. 




Pbot. E.-O. Tliiol. 



ROSSEEUW, Léon-Henri-Marie-Joseph-Roch, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE LOUVAIN. 

Né à Gourtrai, le 28 janvier 1854. 

Fils de feu M. Léonard Rosseeuw, représentant pour 
l'arrondissement de Gourtrai au Congrès national, M . Ros- 



392 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



seeuw est docteur en droit, docteur en sciences politiques et 

administratives et depuis le 26 juin 1882, notaire à Tirlemont. 

Il a été élu membre de la Chambre des représentants le 

28 juillet 1891, en rem- 
placement de M. Louis 
Halflants, décédé; ce 
mandat lui a été continué 
sans interruption jusqu'à 
ce jour : il obtint, le 
14 octobre 1894, 41,935 
suffrages, contre 20,000 
accordés à la liste libé- 
rale et 5,000 à la liste 
socialiste. 

M. Rosseeuw s'est 
montré l'adversaire irré- 
conciliable de la repré- 
sentation proportionnel- 
le, qu'il a combattue en 
toute occasion, notam- 
ment lors de la revision 
de l'article 48 de la Constitution. 

M. Rosseeuw est l'un des collaborateurs de la Revue pra- 
tique du notariat belge, fondée par feu M. Maton, profes- 
seur à l'Université de Louvain. 
Adresse : Tirlemont. 




l'bot. Oéruxet frèrei. 



SCHINLER, Jean-Baptiste, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR l' ARRONDISSEMENT DE LIÈGE. 

Né à Aywaille, le \A octobre -1863. 

Depuis l'âge de 18 ans, M. Schinler est ouvrier tailleur de 
pierres. Maintes sculptures du Théâtre de Verviers ont été 
exécutées par lui. 



SCHINLER — SCHOLLAERT 



3^3 



Il a fondé plusieurs sociétés coopératives, ainsi que divers 

syndicats, dans le Con- .. _, ^. . ^ 

droz, notamment le | 

Syndicat professionnel 
du canton de Louvei- 
gnée . 

Différentes grèves fu- 
rent organisées et diri- 
gées par lui parmi les 
ouvriers carriers du pays 
de Liège. Il eut même 
à ce propos plus d'un 
démêlé -avec la justice; 
mais 1 s poursuites 
dont il fu> lobjet se ter- 
minèrent prjr un acquit- 
tement. 

M. Schinler a été nom- 
mé membre du Parlement 

au ballottage du 21 octobre 1894; il obtint 65,755 voix. 
Adresse : Sprimont. 




Pbot. Gérazot frèraa. 



SCHOLLAERT, François-Victor-Marie-Ghislain, 

UEPRÉSENTAXT CATHOLIQUE POUR l'ARRONDISSEMENT DE LOUVAIN, 
MINISTRE DE l'iXTÉRIEUR ET DE L*INSTRUCTION PUBLIQUE. 

Né à Wilsele-lez-Louvain, le i9 août 4851. 

M. Schollaert fait partie du barreau de Louvain depuis 
plus de vingt ans; en 1894, ses confrères le nommèrent bâton- 
nier de Tordre. 

Il fut conseiller provincial du canton de Louvain pendant 
huit ans. 

Élu pour la première fois membre de la Chambre des 
représentants le 19 juin 1888, il a été réélu sans interruption 

«5 



394 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



jusqu aujourd'hui ; le 14 octobre 1894, il passa en tête de liste 
avec 42,320 suffrages, contre 5,ooo donnés aux socialistes et 
20,000 aux libéraux. 

M. Schollaert a pris^une part très active aux travaux légis- 
latifs. Il fut, à diverses reprises, rapporteur de la section 
centrale, notamment en ce qui concerne les projets de loi 
relatifs au Code du timbre, accordant la personnification civile 

aux unions profession- 
nelles, prorogeant la loi 
sur les étrangers, et le 
budget de l'intérieur et 
de l'instruction publique ; 
mais il s'est surtout fait 
remarquer pendant la 
période de la revision 
constitutionnelle. 

Membre de la Com- 
mission des XXI, il fut 
désigné par elle pour 
faire rapport sur les pro- 
positions de revision des 
articles i", 26, 36, 48, 
52, 60 et 61 de la 
Constitution, et prit une 
part importante aux dis- 
cussions qui eurent lieu à ce sujet. 

Le 25 mai 1895, le Roi confia à M. Schollaert le porte- 
feuille de l'intérieur et de l'instruction publique, le chef du 
cabinet, M. de Burlet, prenant la direction du département 
des affaires étrangères, en remplacement de M. de Merode 
Westerloo, démissionnaire. 

Arrivé au Ministère dans des circonstances extraordinai- 
rement difficiles, M. Schollaert défendit avec beaucoup 
d'habileté d'importants projets de loi, parmi lesquels nous 
citerons celui relatif aux opérations électorales communales, 
où il introduisit un premier essai de représentation propor- 




Phot. Géruiet frèrw. 



Smeets 



395 



tionnelle, et celui réglant la question scolaire, où il affirma 
les droits imprescriptibles des catholiques en matière d'ensei- 
gnement. 

M. SchoUaert est chevalier de l'Ordre de Léopold, grand- 
cordon de Saint-Olaf de Norwège et commandeur de l'Ordre 
de Pie. 

. ( Bruxelles : rue de la Loi, 6. 

( Louvain : Place Saint-Antoine, i 0. 



SMEETS, Paul-Hortense-Alfred, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR L'ARRONt>ISSEMENT DE LIÈGE. 

Né à Liège, le 7 juin i8o7. 

M. Léon De Fuisseaux, ayant été élu à la fois par l'arron- 
dissement de Liège et par l'arrondissement de Mons, opta 
pour ce dernier et fut 
remplacé à Liège par 
M. Smeets, ancien ou- 
vrier houilleur et ancien 
conseiller provincial de 
Liège, nommé membre 
du Parlement au ballot- 
tage du 3o décembre 1894 
par 63,709 suffrages. 

Cette élection fit l'objet 
d'une lutte acharnée. Le 
23 décembre, quatre 
candidats se trouvèrent 
en présence : MM. Lam- 
bert, Hanssens, Smeets 
etFrancotte; aucun d'eux 
n'ayant obtenu la majo- 
rité absolue, M. Smeets 
entra en ballottage avec M. Francotte et distança son 
compétiteur de 8,1 55 voix. Le succès des socialistes s'affir- 




Sgô La Chambre des Représentants en 1894-1895 

mait ainsi pour la troisième fois dans un arrondissement 
où le libéralisme se croyait invincible. 

A peine entré à la Chambre, M. Smeets interpella le gou- 
vernement au sujet d'une arrestation faite par la gendarmerie 
de Seraing et à propos d'une grève qui venait d'éclater au 
Charbonnage de Marihaye. 

Il prit part à différentes discussions, notamment au budget 
de la guerre, à l'interpellation de M. Heuvelmans relative à un 
arrêté royal concernant les fraudes dans le commerce du 
beurre et de la margarine, au projet de loi modifiant la loi 
organique de l'instruction primaire, au projet de loi concer- 
nant les élections communales, etc. 

A la veille de la clôture législative, il provoqua des débats 
qui eurent certain retentissement dans le pays et dont la 
presse fit l'objet de vives polémiques : il s'agissait de la distri- 
bution d'une brochure antisocialiste, par un prêtre, dans une 
école communale. 
Adresse : Seraing. 



SNOY, Georges-Idesbalde-Marie-Ghislain (baron), 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEHENT DE NIVELLES, 
SECOND VICE-PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE. 

Né à Paris, le 21 mars 1844. 

M. Snoy a été nommé pour la première fois membre de la 
Chambre des représentants le 17 juin 1884. Il fut réélu depuis 
sans interruption. Arrivé, le 14 octobre 1894, au scrutin de 
ballottage, avec la liste catholique, par 25,577 suffrages, 
contre 25,347 accordés au plus favorisé des libéraux et 6,719 
au plus favorisé des socialistes, il fut élu le 21 octobre, seul 
de la liste catholique, par 28,81 5 voix, contre 28,536, obte- 
nues par M. Xavier Olin, ancien ministre des travaux pubUcs. 

M. Snoy a coopéré à la campagne protectionniste en faveur 
de l'agriculture avec MM. de Burlet, Ancion, H. Cartuy- 



Snoy — Spillebout 



^97 



vels, etc., et a défendu les droits d'entrée sur les bestiaux et 
les céréales. 

Plusieurs fois rapporteur du budget des affaires étrangères 
et de divers projets de 

loi, il a participé à la ^ 

discussion du Code rural 
et des traités de com- 
merce avec TAllemagne 
et TAutriche. Il s*est 
maintes fois prononcé en 
faveur du développement 
de l'enseignement du tra- 
vail manuel dans les éco 
les primaires 

Il fut Tun des signa- 
taires de la proposition 
de revision de l'article 47 
de la Constitution, ayant 
pour objet rétablissement 
du vote plural. l 

M. Snoy a occupé les 
fonctions de secrétaire de la Chambre depuis le 20 no- 
vembre 1888 jusqu'au 14 novembre 1894. A cette dernière 
date, il a été nommé second vice-président. 

M. Snoy est chevalier de l'Ordre de Léopold. 




Pbot. Gcnuet frèrei. 



Adresses 



\ Bruxelles : 
( Province : 



rue de Trêves, 55. 
Brainc rAlleud. 



SPILLEBOUT, Adrien-Jacques-Hippolyte, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L'ARRONDISSEMENT DE ROULERS. 

Né à Rouiers, le 25 avril 4835. 

Industriel et bourgmestre de Rouiers, M. Spillebout a été 
nommé membre de la Chambre des représentants par Tarron- 



398 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



dissement de Roulers le 14 juin 1892; il fut réélu le 14 oc- 

^_ .._ _ _ tobre 1894 par 21,499 

I suffrages, contre 7,359 
obtenus par le candidat 
libéral. 

En 1895, il s'abstint 
au vote sur les projets 
de loi autorisant le gou- 
vernement à avancer une 
somme de 6 millions 
85o,ooo francs à TÉtat 
indépendant du Congo 
et autorisant un prêt 
hypothécaire de 5 mil- 
lions en faveur du che- 
min de fer du Congo ; il 
prit également part aux 
discussions du budget des 
voies et moyens et du 
projet de loi modifiant la loi organique de rinstruction'primaire. 
Adresse : Roulers^ 




Phùt. Géruiet frèrei. 



TACK, Pierre-Amand, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L*ARRONDISSEMENT DE COURTRAI. 
PREMIER VICE-PRÉSIDENT D£ LA CHAMRRE. 

Né à Courtrai, le 18 décembre 1818. 

Ses études supérieures terminées, M. Tack passa ses exa- 
mens devant le jury central de Bruxelles, le 3o août 1844, 
et obtint son diplôme de docteur en droit. De même que son 
éminent ami, M. le Ministre des chemins de fer, postes et 
télégraphes, M. Tack prêta serment devant la Cour d'appel 
de Gand et se fit inscrire au barreau de Courtrai. 

En 1848, il fut nommé secrétaire communal et en i863 
conseiller communal de Courtrai : il compte parmi ceux 
qui coopérèrent le plus aux résultats des élections de 1866, 



Tack 



399 



qui donnèrent à la ville un conseil exclusivement catholique. 
M. Tack fut appelé aux fonctions d'échevin des finances le 
1^^ janvier 1867. 

Le i3 juin 1854, larrondissement de Courtrai le choisit 
comme Tun de ses mandataires et Tenvoya siéger au Parle- 
ment. Depuis cette époque déjà reculée, il sut justifier la con- 
fiance de ses électeurs et son mandat lui fut toujours 
conservé . Au scrutin 
du 14 octobre 1894, il 
recueillit 34,860 voix. 

La longue carrière par- 
lementaire de M. Tack a 
été des plus fécondes : 
toujours sur la brèche, 
il n'est pour ainsi dire 
pas de discussion à la- 
quelle il n'ait pris et ne 
prenne encore part au- 
jourd'hui. La création de 
plusieurs voies ferrées 
indispensables à son ar- 
rondissement, l'agrandis- 
sement de la station de 
Courtrai, les lois sur les 
denrées alimentaires, sur 
le domicile de secours, sur l'enseignement supérieur, moyen 
et primaire, sur le temporel des cultes, sur la fondation des 
bourses d'études, sur les distilleries, sur la brasserie, sur la 
mise a la retraite des magistrats, les lois électorales, fiscales 
et financières, les lois décrétant des travaux publics, instituant 
une caisse générale d'épargne et de retraite, établissant un 
impôt sur le tabac, les traités de commerce, sans oublier les 
questions relatives à la réduction des droits frappant les pro- 
duits agricoles, les industries textiles et les éternelles discus- 
sions concernant l'Espierre, toutes ces diverses matières 
occupèrent tour à tour l'infatigable activité de ce respectable 
vétéran de notre Parlement. 




Phot. Géruaet tnnê. 



400 La Chambre des Représentants en 1894-1893 

Après les élections de 1870, M. le baron d'Anethan, chargé 
par le Roi de constituer un nouveau cabinet, confia à 
M. Tack le portefeuille du département des finances. Il se 
retira bientôt et fut remplacé par M. Jacobs. 

Pendant la session de 1 856- 1857, M. Tack avait été nommé 
secrétaire de la Chambre; i858 ramenant le parti libéral au 
pouvoir, il ne reprit pas ces fonctions. En 1871, il fut 
appelé au bureau en qualité de premier vice-président et 
occupa ce poste jusqu'en 1878. Lors du retour aux affaires du 
parti catholique, en 1884, ses collègues de la Chambre 
rélevèrent à la première vice-présidence. 

M. Tack est depuis de longues années président de TAsso- 
ciation catholique et constitutionnelle de l'arrondissement de 
Courtrai; il est encore membre du Conseil général et du 
Conseil d'administration de la Caisse générale d'épargne et de 
retraite et fait partie de la commission de surveillance de la 
Caisse d'amortissement et des dépôts et consignations. 

M. Tack est grand-oflScier de l'Ordre de Léopold et décoré 
delà Croix civique de i"^^ classe. 

Bruxelles : boulevard Bischoffsheim, 24. 
Province : rue de la Lys, ^9, à Courtrai. 



Adresses 



I 



THEODOR, Louis-Léon, 

UEPRÉSE.NÏAXT INDÉPENDANT POUR l'aRRONDISSEMENT DE BRUXELLES. 

Né à ïirlemoiit, le 10 mars 1853. 

Avocat près la Cour d'appel de Bruxelles, M. Theodor 
suivit successivement les cours de philosophie et de droit aux 
Universités de Louvain, de Bruxelles et de Gand, passa ses 
examens de droit avec la plus grande distinction et fut reçu 
docteur en 1876. Il avait été, à Gand, le condisciple de 
MM. A. Nyssens, J. Vanden Heuvel et H. de Baets. 

La politique ne tenta guère l'honorable député avant Téclo- 
sion du mouvement indépendant de 1884; il se lança alors 



Theodor 401 

dans la mêlée avec une poignée déjeunes : MM. Hoyois, 
Guylits, Lejour, Van Oye, Ninauve et d'autres. 

Nommé vice-président de la Fédération des Nationaux- 
Indépendants, — fonctions qu'il occupe encore aujourd'hui, — 
il se consacra dès lors tout entier au succès de la nouvelle 
cause, la défendant avec passion par la plume et la parole. 

En 1888, il fut appelé à présider le Cercle des intérêts com- 
munaux de Bruxelles, 
en remplacement de 
M. le comte A. d'Oul- 
tremont. 

De cette époque date 
un de ses principaux dis- 
cours. 

On était à la veille des 
élections législatives et 
le nom de M. Theodor 
figurait sur la liste pour 
la Chambre : il fallait 
défendre sa candidature. 
M . Theodor traça le pro- 
gramme du parti indé- 
pendant, définit son prin- 
cipe et sa raison d'être 
et fut amené, par les phot. uéruict irèrc. 

déductions d'une discussion d'ailleurs purement doctrinale, 
à qualifier le parti catholique de : parti « fermé ». Le 
mot souleva un concert de récriminations et M . Woeste le 
releva vivement : ce fut la cause directe de l'échec de 
M. Theodor, qui succomba, seul de toute la liste; M. Buis, 
qui le distançait de treize voix seulement, passa avec les 
candidats catholiques. 

En i8go, M. Theodor fut choisi par la Fédération des 
Nationaux-Indépendants et par l'Association conservatrice et 
constitutionnelle de Bruxelles comme candidat de l'alliance, 
en opposition à M. Graux, ancien ministre des finances, can- 




La Chambre des Représentants en 1894-1895 



didat des libéraux et socialistes unis. M . Theodor succomba 
une deuxième fois. 

Il échoua une troisième fois aux élections de 1892; mais, 
plus heureux en 1894, il fut élu au scrutin de ballottage du 
21 octobre par 106, 633 voix. 

Au Parlement, M. Theodor est bien « indépendant » : il 
n'obéit qu'à sa propre impulsion et n a d'autre guide que lui- 
même. 11 professe des opinions démocratiques modérées, aussi 
éloignées du socialisme collectiviste que du manchestérianisme 
individuahste; il rêve une politique d'union, dégagée de toute 
préoccupation philosophique ou religieuse, défend chaudement 
nos hbertés publiques et considère la tolérance comme l'une 
des qualités essentielles d'un véritable homme politique. 

Il a pris part à maints débats et a fait rapport, au nom de la 
section centrale, sur le budget des affaires étrangères pour les 
exercices 1895 et 1896, sur les projets de loi approuvant les 
traités de commerce et de navigation conclus avec la Grèce, le 
Danemark et le Mexique, ainsi que sur la convention consu- 
laire et la déclaration entre la Belgique et la Grèce pour la 
protection réciproque des marques de fabrique et des modèles 
et dessins industriels. Il est également intervenu dans la dis- 
cussion de toutes les lois politiques présentées par le gou- 
vernement et les a combattues. 

M . Theodor est commandeur de seconde classe de l'Ordre 
du Danebrog. 

Adresse : rue du Luxembourg, 22», à Bruxelles. 



THIENPONT, Louis-Charles-Joseph-Marie, 

représentant catholique pour l'arrondissement d*audenarde. 
Né à Etichove, le 17 avril 4853. 

Avocat-avoué depuis 1878 et membre-rapporteur de la 
Chambre de discipline des avoués à Audenarde, M. Thien- 
pont fut appelé à faire pariie du Parlement le 21 mai 1887, 



Thienpont — t'Kint de Roodenbeke 



4o3 



en remplacement de M. 
démissionnaire , aujour- 
d'hui sénateur pour Neuf- 
châreau. 

Au Parlement, 
M. Thienpont a surtout 
défendu les intérêts agri- 
coles ; il est partisan 
d'une politique économi- 
que protectionniste. 

Il est lauteur d'une 
proposition de loi, votée 
en 1894, apportant des 
modifications aux prin- 
cipes du Code civil en 
matière de garantie dans 
les ventes d animaux des- 
tinés à la boucherie. 

Réélu sans interrup- 
tion jusqua ce jour, M. Thienpont 
tobre 1894, 18,602 voix. 

Adresse : rue Entre-Ponts, à Audenardc. 



Devolder, ministre de la justice, 




Pliot. GériMot frères. 



recueillit, le 14 oc- 



t'KINT de ROODENBEKE, Arnold-François-Marie 

(baron), 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l' ARRONDISSEMENT d'eECLOO. 

Né à Gand, le 1er mai 4855. 

Fils de l'honorable ministre d'État et président du Sénat, 
M. le baron Arnold t'Kint de Roodenbeke est avocat à la 
Cour d'appel de Gand . 

Il a publié de nombreux articles et brochures sur l'ensei- 
gnement primaire en Angleterre, la législation des sociétés 
de secours mutuels, la réglementation internationale du 
iravail, la société indigène en Algérie et en Tunisie, etc. 



404 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



Cest un collaborateur assidu de La Revue générale, de 
Bruxelles, et de La Réforme sociale, de Paris. 

Bourgmestre de la commune de Bachte-Maria-Leerne 
(Flandre orientale), ancien vice-président du Conseil provin- 
cial de la Flandre orientale, ancien membre de la Commis- 
sion du travail en 1886 et rapporteur sur la question de la 
réglementation du travail, délégué de la Belgique au Congrès 

de Berlin (Conférence 
internationale du travail 
en 1890), membre du 
Conseil supérieur du tra- 
vail, ancien président de 
la Société belge d'éco- 
nomie sociale, membre 
de la Société d'économie 
sociale française, membre 
du Comité d'inspection 
des asiles d'aliénés de l'ar- 
rondissement de Gand, 
attaché à la Mission 
extraordinaire envoyée a 
La Haye en 1872 pour 
féliciter le Roi des Pays- 
Bas à l'occasion de son 
vingt-cinquième anniver^ 
saire d'avènement au trône, M. t'Kint de Roodenbeke fut 
élu représentant pour l'arrondissement d'Eecloo le 3 mai 1891, 
en remplacement de M. le baron Kervyn de Lettenhove. 

Il a pris une part active aux travaux parlementaires : il a 
été rapporteur, à diverses reprises, des budgets de l'agricul- 
ture, de l'industrie, du travail et des travaux publics, ainsi que 
d'autres projets de loi importants, notamment ceux concer- 
nant la répression des crimes et délits de la traite des noirs 
et portant revision de la loi du 3 avril i85i sur les sociétés 
mutualistes, qui est devenu la loi du 23 juin 1894. C'est 
à raison de cette circonstance que, dans son discours du 




PLot. Gértuct frères. 



Ullens 4o3 

21 juillet 1894, prononcé lors de la distribution solennelle 
des décorations mutuellistes, M. le ministre De Bruyn a pu 
saluer Thonorable président du Sénat, rapporteur de la loi 
de i85i, du titre de « grand-père de la nouvelle loi », pour 
caractériser, dans la famille du baron t'Kint de Roodenbeke, 
le patriotisme en même temps que le dévouement traditionnel 
aux travailleurs. 

M. t'Kint de Roodenbeke est le seul membre de la Chambre 
des représentants dont la réélection n'ait point été combattue, 
le premier, par conséquent, qui ait profité de la nouvelle 
disposition contenue dans le Gode électoral de 1894, aux 
termes de laquelle les candidats sont proclamés élus sans les 
formalités de l'élection lorsque leur nombre ne dépasse pas 
celui des mandats à conférer. 

Il fait partie de la Commission permanente des sociétés 
mutualistes comme délégué de la Chambre des représentants 
et siège, au sein de cette assemblée, dans la commission 
permanente des finances. 

M. t'Kint de Roodenbeke est chevalier des Ordres de 

Léopold et du Lion néerlandais. 

. . i Bruxelles : rue Ducale, 9. 

Adresses { 

f Province : Château d'Oydonck par Deynzc (FI. orient.}. 



ULLENS, Charles-Marie-Joseph-Aloïs, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT d' ANVERS. 

Né à Anvers, le 20 décembre 1854. 

M. Ullens fit de brillantes études de droit; il prêta serment 
devant la Cour d'appel de Bruxelles en 1877. 

Il fit partie du Conseil provincial de 1884 à 1887 et siégea 
au bureau en qualité de secrétaire. 

Nommé substitut du procureur du roi à Anvers, le 
14 juillet 1887, il quitta la magistrature le jour où les électeurs 
de l'arrondissement d'Anvers lui offrirent un siège au Parle- 
ment : il fut élu le 14 juin 1892 et réélu le 14 octobre 1894 



4o6 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



par 60,704 suffrages, contre 42,000 donnés à la liste libérale 

_^ et 4,5oo à la liste socia- 
liste. 

Il participa aux débats 
provoqués par l'examen 
du projet de loi portant 
exemption du droit de 
fanal, établissement d'un 
droit d'accise sur la mar- 
garine et modification du 
tarif des douanes, et s'ab- 
stint aux votes sur le 
budget des recettes et des 
dépenses extraordinaires 
et sur le projet de loi 
relatif aux élections com- 
munales. 

M. UUens est chevalier 
de l'Ordre de Charles III 

d'Espagne et porteur de la Croix « Pro Ecclesia et Pontifice ». 
Adresse : rue Gérard, 4, à Anvers, 




Phot. Génuat fràrw. 



VAN CAUWENBERGH, Florent-Auguste, . 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L*ARRONDISSEMENT DE MALINES. 

Né à Lierre, le 40 novembre 4841. 

Ancien bâtonnier de l'ordre des avocats, M. Van Cauwen- 
bergh est actuellement notaire à Lierre. 

Il fit partie du Conseil provincial d'Anvers depuis 1870 et 
fut successivement vice-président et président de cette 
assemblée. 

En 1872, il fut élu conseiller communal et nommé bourg- 
mestre de sa ville natale. 

L'arrondissement de Malines l'envoya siéger au Parlement 
le 14 octobre 1894 par 32,5 12 voix. 



Van Cauwenberg — Van Cleemputte 



407 



Il prit part aux discussions des budgets des travaux publics, 
de rintérieur et des re- 
cettes et dépenses extraor- 
dinaires, ainsi qu a l'éla- 
boration des lois modi- 
fiant la loi organique de 
l'instruction primaire et 
relatif aux élections com- 
munales; il déposa le 
rapport sur les proposi- 
tions concernant l'emploi 
de la langue flamande 
dans le vote, la sanction et 
la promulgation des lois. 

M. Van Cauwenbergh 
préside l'Association ca- 
tholique de Malines . 

Il est chevalier de l'Or- 
dre de Léopold et com- 
mandeur de l'Ordre de Saint-Grégoire le Grand. 
Adresse : Lierre. 




Piiot. GéruMt frèrM. 



VAN CLEEMPUTTE, Jus tin- Auguste, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L*ARRONDISSEMENT DE GAND. 

m à Gand, le 25 juillet 1842. 

Avocat près la Cour d'appel de Gand, ancien bâtonnier de 
l'ordre et vice-président de la Fédération des avocats, M. Van 
Cleemputte fut élu pour la première fois membre du Parle- 
ment aux élections du 8 juin 1886, en remplacement de 
M. Wageneer; son mandat lui a été conservé sans inter- 
ruption jusqu'à ce jour. 

Maintes fois rapporteur de la section centrale, on peut 
dire qu'il a pris une part importante à la discussion des 
projets de loi sociaux et juridiques qui ont été soumis aux 
délibérations de la Chambre; ses rapports et ses discours 
sur les lois relatives à la police de l'industrie, au travail des 



4o8 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



enfants et des femmes ont été Tobjet des appréciations les 
plus élogieuses en France, en Allemagne, en Autriche, comme 
en Belgique. Il est premier vice-président du Conseil supé- 
rieur du travail, président de la Commission pour la confection 
des lois relatives aux pensions de retraite, membre de la 
Commission de revision des lois de finance, etc. 

M. Van Cleemputte s occupe aussi des intérêts agricoles : 

il a collaboré à l'élabora- 
tion de la loi relative à la 
fabrication des engrais et 
prit l'initiative des mesu- 
res législatives et admi- 
nistratives assurant aux 
cultivateurs de larges 
indemnités en cas d'aba- 
tage de bétail ou de perte 
de viandes déclarées im- 
propres à la consomma- 
lion, lia prononcé à la 
Chambre, sur le collec- 
tivisme agricole, un dis- 
cours que les catholiques 
ont fait répandre dans 
les campagnes. Cest d'ail- 
leurs à titre de représen- 
tant des intérêts des campagnes que sa candidature a été 
présentée le 14 octobre 1894; il fut réélu par 59,424 voix. 

Le gouvernement le choisit en 1893 et 1894 comme 
délégué à La Haye pour prendre part à la Conférence diplo- 
matique de droit international privé, convoquée dans cette 
ville. Il y remplit les fonctions délicates de rapporteur. 

Il fut aussi membre de la Commission de revision de la 
Constitution. 

M. Van Cleemputte est chevalier de TOrdre de Léopold, 
commandeur avec plaque de TOrdre de Pie et commandeur de 
l'Ordre du Christ de Portugal. 
Adresse : rue aux Draps, 44, à Gand. 




Phot. Génuet irèrM. 



Vanden Bemden 



409 



VANDEN BEMDEN, Jacques-Édouard-Eugène, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L* AR RO N I) I SSEM E NT D*ANVERS« 

Né à Anvers, le 21 fé\ncr 18-8. 



M. Vanden Bemden est un armateur anversois. 

Tout )eune encore, il était employé chez MM. Riche 
et 0% entrepreneurs à Anvers, lorsque ceux-ci furent déclarés 
adjudicataires des tra- 
vaux à effectuer en 1848 
à lancienne enceinte. Il 
ne tarda pas à se faire 
remarquer par son acti- 
vité et son intelligence 
des affaires. 

Afin de mieux com- 
pléter son éducation com- 
merciale M . Vanden 
Bemden s'intéressa aux 
aiSa&s. de sa famille et 
se mit à voyager : en 
i856, il parcourut l'An- 
gleterre et rÉcosse. Ces 
pérégrinations ne man- 
quèrent jamais d'attraits 
pittoresques, bien faits 
pour séduire un esprit aussi primesautier que le sien. 

A Aberdeen surtout, la situation était tendue : M. Vanden 
Bemden ne connaissait pas encore l'anglais et n'avait que 
l'unique secours d'un dictionnaire de poche ; il ne pouvait 
cependant interrompre son voyage et il ne fallait pas songer 
à se faire accompagner d'un interprète. Grâce à certaine 
analogie entre l'accent flamand et le dialecte écossais, il 
put poursuivre sa route, mais non sans encombre. Deux ans 
après, il fit dans des conditions analogues une tournée corn- 
et» 




PLot. Génuet l!KrM. 



410 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

merciale en Norwège. Ces traits révèlent une volonté peu 
commune, et cest à ce titre que nousea faisons mention. 

On lui doit, dans un autre ordre d'entreprises, la construc- 
tion du Grand Théâtre et du Cirque an versois, ainsi que réta- 
blissement d'un atelier de photographie, monté d'après les 
derniers progrès et qui reçut la visite des plus éminentes 
personnalités artistiques, entre autres de Gallait. 

Il débuta dans la vie politique comme flamand et antimili- 
tariste ; il a été membre de la Société « Voor Taal en Kunst » 
en même temps que Conscience, De Laet, Van Ryswyck, 
De Vleeschouwer et d'autres champions du mouvement fla- 
mand; il fut l'un des initiateurs du « Meeting » et flt partie de 
la commission du « Nederduitsche Bond » dès 1861, — cette 
vigoureuse association qui aida si puissamment MM. De 
Laet, Coremans et Gerrits à entrer triomphalement à la 
Chambre. 

A cette époque (1868), M. Vanden Bemden fut élu con- 
seiller communal. 

Il fonda aussi et préside la Société « Niemand gedwongen 
soldaat », qui réclame l'abolition du service militaire forcé 
et le volontariat. 

En 1884, il accepta une candidature pour le Sénat, et dans 
cette assemblée, pour ^^ la première fois depuis i83o, on 
entendit quelques paroles en^flamand par lesquelles il établis- 
sait les droits des Flamands. Il fit partie de la Chambre haute 
jusqu'au 29 janvier 1889. 

M. Vanden Bemden est membre de la Commission direc- 
trice de la Caisse de secours et de prévoyance établie en faveur 
des marins naviguant sous pavillon belge. 

Il fut élu membre de la Chambre des représentants le 
26 février 1889, en remplacement de M. le baron Osy, démis- 
sionnaire. Réélu en 1892, il obtint le 14 octobre 1894, 
60,792 voix. 

Adresse : rue de la Justice, 9, à Anvers. 



Van den Broeck 



411 



VAN DEN BROECK, Louis-Théodore, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l' ARRONDISSEMENT d'ANVERS. 

Né à Willebroeck, le 1er avril 1834. 

Le Meeting anversois fît appel, en 189 1, au dévouement 
de M. Van den Broeck et lui offrit une candidature. 
Occupant une situation très en vue dans le commerce de la 
place d* Anvers, où son 
nom se trouve associé à 
la « Firme van Maenen 
et Van den Broeck, cour- 
tiers et armateurs », le 
futur député désirait fo^t 
peu s'occuper de politi- 
que; il fallut les sollicita- 
tions réitérées de ses amis 
pour lui faire accepter 
un siège au Parlement. 
Il fut nommé aux élec- 
tions du 21 mai. Réélu 
en 1892, il obtint 60,984 
suffrages au scrutin du 
14 octobre 1894. 

A la Chambre, 
M . Van den Broeck s'in- 
téresse particulièrement à tout ce qui concerne notre Métro- 
pole commerciale. Il est l'auteur d'une proposition de loi 
abolissant les droits de patente sur les bateaux d'intérieur. 

Ancien président du « Nederduitsche Bond » il fait partie 
de la Commission directrice de la caisse de secours et de 
prévoyance établie en faveur des marins naviguant sous 
pavillon belge et de la Commission des servitudes militaires. 
M. Van den Broeck a publié maints articles traitant de 
commerce et d'industrie; on a également de lui deux bro- 
chures sur les futures installations maritimes d'Anvers. 




Pliot. Géruiet frère*. 



412 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



M. Van den Broeck est chevalier de FOrdre de Léopold, 
commandeur de l'Ordre de la Rédemption africaine de 
Libéria et chevalier de l'Ordre du Lion et du Soleil de Perse. 
Adresse : rue Quellin, 34, à Anvers. 



VANDENPEEREBOOM, Jules-Henri-Pierre, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'ARRONDISSEMENT DE GOURÎRAI, 
MINISTRE DES CHEMINS DE FER, POSTES ET TÉLÉGRAPHES. 

Né à Courtrai, le 18 mars d843. 

M. Vandenpeerebooom netait âgé que de 22 ans quand 
l'Université de Louvain lui décerna, avec la plus grande 
distinction, le diplôme de docteur endroit. Il prêta serment 

devant la Cour dappel 
de Gand et se fit inscrire 
au barreau de sa ville 
natale en 1869. 

Les électeurs de Gour- 
trai l'envoyèrent siéger 
au Gonseil communal en 
1872 et, six ans plus 
tard, l'arrondissement lui 
offrit un siège au Par- 
lement : il fut nommé le 
II juin 1878. Réélu de- 
puis sans interruption, il 
recueillit 34,364 voix aux 
élections du 14 octobre 
1894. 

Il prit part aux discus- 
sions de nombreux pro- 
jets de loi, entre autres à la loi de 1879 sur l'instruction 
primaire, qu'il combattit de toutes ses forces; aux lois sur la 
pêche fluviale, sur la chasse, sur la procédure gratuite en 
matière de faillite, sur le concordat préventif de la faillite. 




Phot. E. Fabroniui 



Vandenpeereboom 41 3 



sur les modifications à la loi sur la milice, sur les prêts 
agricoles, ainsi qu'à lexamen des divers budgets. 

En 1884, lors de Favènement au pouvoir du parti catho- 
lique, le Roi plaça M. Vandenpeereboom à la tête du 
Département des chemins de fer, postes ei télégraphes, nou- 
vellement créé. 

Parmi les principales réformes introduites par M. Vanden- 
peereboom dans la direction de cette vaste administration, 
il faut mentionner tout spécialement les nombreuses réduc- 
tions des prix de transport, la création d'une ligne régulière 
de transport rapide pour voyageurs d'Ostende à Douvres, 
Finstitution du timbre dominical, la reprise du téléphone par 
rÉtat, l'introduction du repos dominical dans le service de ses 
agents. Cette dernière innovation vaut à juste titre à Thono- 
rable ministre la reconnaissance de ses nombreux sous- 
ordres, dont l'ensemble forme une « armée de fonclionnaires, 
d'employés et de travailleurs de près de 5o,ooo hommes » . 
Le repos dominical est, grâce à la persévérante énergie de 
M. Vandenpeereboom, entré dans les mœurs administratives 
et nationales, et nous doutons qu'on parvienne jamais à faire 
renaître l'ancien état de choses . 

Tout récemment encore, M. Vandenpeereboom a pris 
une décision heureuse, vivement approuvée par toute la 
presse belge et accueillie avec une satisfaction bien com- 
préhensible par tous les intéressés : désormais, le temps que 
les agents auront passé sous les drapeaux ne leur sera plus 
décompté de l'ancienneté; de plus, la mesure aura effet 
rétroactif jusqu'en juin 1884. 

Grand amateur d'antiquités, M. Vandenpeereboom emploie 
ses rares loisirs à collectionner de précieux spécimens de 
l'art flamand : sa maison d'Anderlecht en est remplie. Elle 
renferme également une bibliothèque riche en ouvrages rares, 
en incunables de toute beauté et en documents uniques se 
rattachant à l'histoire de nos antiques provinces, notamment 
à celle de notre vieille Flandre, de ses fières et glorieuses, 
communes. 



4»4 La Chambre des Reprfsentants en 1894-1895 

On connaît la réponse qu'il fit à un sien ami, qui, visitant 
sa maison de campagne, s'élonnait de voir dans les coins des 
instruments de mort des temps passés : massues, goeden- 
dags, etc. Avec sa bonhomie habituelle, M. Vandenpeereboom 
lui dit : ({ Ces instruments sont des symboles : quand on est 
dans la vie publique, qu'on ne travaille que pour le devoir, il 
faut être çans cesse armé d'arguments qui assomment l'adver- 
saire, car il faut toujours avoir raison de lui I » Ce simple 
trait dépeint à suffisance le caractère de Téminent conseiller 
de la Couronne. 

M. Vandenpeereboom est, de tous les ministres qui ont 
depuis i83o figuré au « banc des douleurs », celui qui a le 
plus de longévité ministérielle non interrompue : il y a près 
de douze ans qu'il dirige son département, dont il connaît 
jusqu'aux moindres rouages et aux plus infimes détails. 

Ses détracteurs l'ont chansonné et attaqué avec passion : 
rien n'y a fait; il est devenu et il reste populaire, et c'est 
avec raison que son personnel voit en lui un chef profondé- 
ment dévoué . 

M . Vandenpeereboom est chevalier de l'Ordre de Léopold, 
grand'-croix de l'Ordre de Charles III d'Espagne et de l'Ordre 
du Christ de Portugal et grand-officier de l'Ordre de la 
Légion d'honneur. 

Adresse : Avenue des Arts, 25, à Bruxelles. 



VANDEN STEEN, Gustave-Julien, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L ARRONDISSEMENT DE TERMONDE. 

Né à Termoiîde, le 2 juin 1835. 

Gérant à Termonde de la Compagnie bruxelloise pour 
l'assurance contre l'incendie, M. Vanden Steen siège à la 
Chambre depuis le 2 août 1870; il y remplaça M. le baron 
de Terbecq, décédé. 



VaNDEN StEEN — VAN DER BruGGEN 415 

Il défendit toujours les intérêts de son arrondissement 
à rentière satisfaction de 
ses mandants, qui lui 
renouvelèrent ses pou- 
voirs sans interruption. 
Aux élections du 14 oc- 
tobre 1894, il passa en 
tête de liste avec 27,271 
voix. 

En 1872, il a été nommé 
conseiller communal de 
Termonde. 

Quoique ne se trou- 
vant à la tête d'aucune 
société, M. Vanden Steen 
préside en fait l'Associa- 
tion catholique de lar- 
rondissement, l'Associa- 
tion locale et le Cercle pi...t. Gén...t rr^r^. 

catholique de Termonde. 

Il est officier de l'Ordre de Léopold et décoré de la Médaille 
civique de i reclasse. 

Adresse : Termonde. 




van der BRUGGEN, Maurice-Louis (baron), 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR i/aRRONDISSEMENT DE IlllELT. 

Né àGand, le 6 janvier 1852. 

Bourgmestre de la commune de Wyngene, M. van der 
Bruggen a été nommé membre du Parlement le 12 juin 1888 ; 
depuis lors, il siège à la Chambre sans interruption aucune. 
Aux élections du 14 octobre 1894, ses électeurs lui renou- 
velèrent ses pouvoirs par 15,664 suffrages, contre 3, 000 
xdonnés à, la liste libérale. 



4i6 



La Chambre des Rfpréfentants en 1894-1895 



Rapporteur de la proposition de loi relative à la location 
des biens ruraux appartenant aux établissements qui jouissent 

de la personnification 
civile, M. van der Brug- 
gen est l'auteur d'une 
proposition de loi per- 
mettant d éviter la vente 
forcée des petits héritages 
en cas de décès et d'une 
autre proposition modi- 
fiant le régime successo- 
ral des petits héritages. 
Déposées le 1 2 mars 1 89 1 
et le 3 1 décembre 1892, 
ces propositions, appe- 
lées à faire beaucoup de 
bien, sont tombées par 
suite de la dissolution des 
Chambres ; mais ce n'est 
pas a dire que leur auteur 
les ait abandonnées : confiant dans leur incontestable utilité 
et dans laccueil favorable qu'elles ont reçu dans le pays, 
M. van der Bruggen compte sans nul doute les représenter 
lorsque le moment sera favorable. 

M. van der Bruggen est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : Gand. 




VAN DER LINDEN, Julien-Adolphe-Théodore, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE BRUXELLES. 

Né à Meichlcm, le 8 février 1848. 



Avocat près la Cour dappel de Bruxelles et président 
d'honneur de la Conférence flamande du barreau, M. Van 
der Linden est Turi des plus ardents défenseurs des droits 
des Flamands. ïl collabore à plusieurs revues flamandes : De 



Van der Linden — Vandervelde 



417 



Vlaamsche School^ Nederlandsche Dicht- en Kunsthalle,QK.^ 

ainsi qu'à CArt Moderne, au Journal des Tribunaux 

et aux Annales de la 

Société d'archéologie de j 

Bruxelles, 

Conseiller provincial 
pour le canton d'Assche 
depuis 1874, il fut élu 
membre de la Chambre 
des représentants pour 
l'arrondissement de Bru- 
xelles, au ballottage du 
21 octobre 1894, par 
106,619 voix. 

M. Van der Linden fut 
mêlé à différentes discus- 
sions; il fit rapport au 
nom de la section cen- 
trale sur les projets de loi 
portant réduction des 
droits d'enregistrement et de transcription sur les acquisitions 
des petites propriétés rurales, modifiant les doits successoraux 
pour le conjoint survivant et réduisant la contribution fon- 
cière grevant les terres arables. Il est l'auteur d'une proposi- 
tion de loi relative à l'emploi de la langue flamande devant la 
juridiction militaire. 

M. Van der Linden est chevalier de l'Ordre de Léopold. 
Adresse : rue de la Tribune, i. à Bruxelles. 




Pliot. Gérnzpt frèrei. 



VANDERVELDE, Émile-Guillaume, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR i/aRR0.ND1S8KMENT DE CHARLEHOi. 

Né à Ixelles, le 25 jainicr 1800. 

M. Vandervelde est le plus jeune membre du Parlement et 
l'un des plus écoutés aussi : c'est que les principes philoso- 
phiques, les tendances politiques, les conceptions sociolo- 



4i8 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



giques du groupe de rexlrême gauche, dont il est le leader 
incontesté, sont choses absolument neuves dans cette Chambre 
où jamais, avant Ta vènement du nouveau régime, on n'avait 
entendu développer des thèses du genre de celles qu'y défend 
lecole socialiste. 

M. Vandervelde se consacra de bonne heure aux études du 
droit, des sciences sociales et de l'économie politique. En 

i885, il est nommé doc- 
teur en droit; en 1888, 
il obtient le diplôme de 
docteur en sciences so- 
ciales; en 1892 rUniver- 
sité de Bruxelles le pro- 
clame docteur spécial en 
économie politique : il 
avait alors 26 ans. 

Le futur député de 
Charleroi naquit à la vie 
politique en i885, lors 
de la fondation du parti 
ouvrier; il s'affilia aus- 
sitôt à la Ligue ouvrière 
d'Ixelles. En 1886, il 
participa pour la pre- 
mière fois à une mani- 
festation : celle qui eut lieu à Charleroi, après la grève, en 
faveur du suffrage universel. En 1888, il fonda le Cercle des 
étudiants et anciens étudiants socialistes de Bruxelles, qui 
forma bientôt, avec les groupes de Gand et de Liège, la 
Fédération des étudiants [et anciens étudiants socialistes. 
Créateur, en 1891, de la section d'art et d'enseignement de 
la Maison du Peuple, il organisa des institutions similaires 
à Roubaix et dans le Centre. Il prit, en outre, une part 
prépondérante à la création de l'extension universitaire. 

D'une activité intellectuelle considérable, M. Vandervelde 
a publié une foule de rapports sur les questions sociales, 




riiot. G^ruict frcrM. 



Van Hoorde 419 



dont plusieurs ont été traduits en diverses langues, ainsi 
que des récits de voyages en Norwège, au Monténégro, etc. 
Il collabore aussi à nombre de revues socialistes belges, 
allemandes, françaises, italiennes et aux journaux sui- 
vants : Le Peuple (Bruxelles), Central Dlatt (Berlin), 
Arbeiter^eitung (Vienne), Critica Sopale (Milan), Justice 
(Londres). 

• M. Vandervelde a été nommé membre de la Chambre au 
ballottage du 21 octobre 1894; il obtint 70,1 5o suffrages. 
Il remplit les fonctions de secrétaire du bureau provisoire 
lors de Touveriure de la session législative de 1 894-1895. 

Depuis qu'il siège au Parlement, il n'est guère de discus- 
sion à laquelle il n'ait pris une part importante; nous 
citerons, entre beaucoup d'autres, les budgets des dotations, 
de la dette publique, de la justice, de la guerre, de l'agricul- 
ture, des recettes et des dépenses extraordinaires, ainsi que 
les projets de loi concernant les élections communales, 
relatifs à l'État indépendant du Congo et modifiant la loi 
organique de l'instruction primaire, 

M. Vandervelde est actuellement professeur à l'École des 
Hautes Études de Bruxelles. 



Adresse : Chaussée d'Ixelles, 61, à Bruxelles. 



VAN hoorde; Émile-Antoine-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT DE BASTOGNE. 

Né à Bruxelles, le 12 sepleiiihre 183ri. 

Avocat près la Cour d'appel de Bruxelles, M. Van Hoorde 
est un de nos plus anciens parlementaires : seuls MM. Coo- 
mans, Tack, Verwilghen et Beeckman l'emportent sur lui. 

Il fut élu pour la première fois le 9 juin i863, en remplace- 
ment de M. le ministre d'État, Constant d'Hoffschmidt, an- 
cien ministre des affaires étrangères et des travaux publics et 



420 



La Chambre des Représenta*îts en 1894-1895 



ancien vice-président de la Chambre. Cette élection se vit 
contester; mais l'enquête qui s ouvrit à ce sujet ne fit que 
confirmer les résultats du scrutin et les pouvoirs de M. Van 
Hoorde furent validés. 

t. Par la suite, les électeurs maintinrent son siège à leur 
mandataire, sauf une courre interruption : de 1868 à 1870.. 

Le 14 octobre 1894, il 
remporta sur son compé- 
titeur, M. François, à 
plus de 3,000 voix de 
majorité. 

Au Parlement, M. Van 
Hoorde défend les inté- 
rêts de ses commettants 
à leur entière satisfac- 
tion. Ils lui ont du reste 
prouvé leur sympathie 
non seulement en l'ho- 
norant par dix fois de 
leurs suffrages, mais en 
lui offrant son portrait, 
peint par Cluysenaar, à 
l'occasion du vingt-cin- 
quième anniversaire de 
sa première élection ; il y eut même à ce propos une grande 
manifestation, qui empruntait à l'enthousiasme général un 
caractère de solennelle et franche cordialité. 

M. Van Hoorde est commandeur de TOrdre de Léopold et 
officier de l'Ordre de Takovo. 




Phot. Gcruset frères. 



Adresses 



Bruxelles : rue d'Assaut, 43. 

Province : château de Schepdael (Lennick-Saint-Martin)» 



Van Naemen 



421 



VAN NAEMEN, Joseph-Nicolas-Marie, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSëMENT DE SAiNT-Ni COLAS. 

Né à Saint-Nicolas (Waes), le \i déi'cn:bi-c 1856. 

Ancien conseiller provincial et bourgmestre de Saint- Nico- 
las, M. Van Naemen fut élu pour la première fois membre 
du Parlement le 18 mars 
1886, en remplacement 
de M. Malou, devenu 
sénateur. Réélu successi- 
vement aux différentes 
élections, il obtint, le 
14 octobre 1894, 32,653 
voix. 

M. Van Naemen a pris 
part à la discussion des 
différents budgets que la 
Chambre a eu à exami- 
ner, ainsi qu'à l'élabora- 
tion des projets de loi 
relatifs aux abus commis 
par les administrations 
publiques de bienfai- 
sance, aux habitations 
ouvrières, à lassistance publique, à la répression du vaga- 
bondage et de la mendicité, etc. 

Il a déposé avec M. Doucet de Tillier une proposition de 
revision de l'article 52 de la Constitution, relative à l'indemnité 
allouée aux membres de la Chambre des représentants. 

M. Van Naemen est chevalier de l'Ordre de Léopold et 
porteur de la Médaille civique de i^e classe. 

Adresse : Saint-Nicolas (Waes). 




l'kot. Géruxet frèrM. 



422 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



VER^^ILGHEN, Stanislas-Jean-François, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L^ARRONDISSEMENT DE SAINT -NI COLAS. 

Né à Sailli-Nicolas ,Waes), le 20 avril 1829. 



M. Verwilghen conquit en i855 les diplômes de docteur 
en droit et de docteur en sciences politiques et administratives 
à rUniversité de Louvain. 

Il est avocat, président de la Commission des hospices, 

directeur de la Banque 
de Waes et fait partie 
des conseils d'administra- 
tion des Sociétés de che- 
mins de fer Malines- 
Terneuzen, Anvers-Gand 
et du tramway vicinal 
de Saint - Nicolas - Kiel - 
drecht . 

Très importante a été 
son intervention dans la 
bonne gestion des diffé- 
rentes voies ferrées con- 
struites, sans intervention 
de l'État, par des compa- 
gnies dans l'arrondisse- 
ment de Saint-Nicolas et 
i.,.ot.c«««.»frèr«. q^. jne^ejjt les diverses 

localités du pays de Waes en communication avec les princi- 
pales villes du pays. 

11 préside depuis plus de vingt-cinq ans la Banque populaire 
du pays de Waes, une des institutions les plus anciennes de 
ce genre qui existe en Belgique et à la fondation de laquelle 
il a pris une part considérable. 

Il siège à la Chambre depuis le 21 juillet 1857; ^^ Y ^^^' 
plaça le comte de t'Serclaes, nommé gouverneur du Lim- 




Verwilghen 423 



bourg. M. Verwilghen père avait été membre du Congrès 
national et est mort membre de la Chambre. 

L'honorable député de Saint-Nicolas a été réélu pour la 
neuvième fois le 14 octobre 1894 par 32,702 voix. 

M . Verwilghen a surtout participé aux discussions des 
budgets des voies et moyens, des recettes et dépenses extraor- 
dinaires et des chemins de fer, où l'intérêt de ses commettants 
se trouve le plus directement engagé ; dans de nombreux 
discours, il réclama énergiquement, mais toujours sans 
succès, l'exécution de la loi du 24 avril 1874 qui décrétait 
la construction d'un pont sur l'Escaut en face d'Anvers. Des 
intérêts de diverse nature, dont quelques-uns très particula- 
ristes, parvinrent toujours à entraver lexécuiion de ce travail, 
qui. eût été précieux pour le commerce et l'industrie du pays 
deWaes. 

En 1887, il fut chargé de faire rapport sur l'importante 
proposition de loi de M. Frère-Orban relative à l'institution 
des conseils de l'industrie et du travail. 

Quoique représentant d'un arrondissement essentiellement 
agricole, il s'est toujours montré défenseur convaincu des 
théories libre-échangistes. D'après lui, le salut de l'agricul- 
ture ne se trouve pas dans les mesures protectionnistes. 

L'un des premiers, il se rallia à la proposition de revision 
de la Constitution déposée en 1890 par M. Janson. Il y 
voyait le seul moyen de réaliser l'article du programme con- 
servateur qui promettait une large extension du droit de 
suffrage. Pendant toute la période révisionniste, il resta 
fidèle à la politique préconisée par M. Beernaert, qu'il soutint 
notamment dans la question de la représentation propor- 
tionnelle. 

M. Verwilghen est commandeur de l'Ordre de Léopold et 
décoré de la Croix civique de i"* classe, ainsi que de la 
Décoration de i'* classe des mutuellistes. 



Adresse : Saint-Nicolas (Waes). 



4^4 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



VISART de BOCARMÉ, 
Amédée-Charles-Louis (comte), 

représentant catholique pour l'arrondissement D£ BRUGES. 

Né ù Sainte-Croix, le 4 novembre 1835. 

M. Amédée Visart de Bocarmé fit ses études à TUniversité 
catholique de Louvain, qui lui décerna le diplôme de docteur 
en droit . 

Il fut élu membre de la Chambre pour l'arrondissement de 
Bruges le 12 janvier 1864. Aux élections de i863, M. Soenens, 

seul des candidats ca- 
tholiques, avait obtenu 
la majorité requise. 
M. Visart, soumis au bal- 
lottage , échoua contre 
l'ancien gouverneur de 
la Flandre occidentale, 
M. le baron de Vrière. 
La Chambre — les libé- 
raux détenaient alors le 
pouvoir — annula ces 
deux scrutins sous pré- 
texte de corruption et 
ordonna de nouvelles 
élections. Celles-ci furent 
favorables aux conser- 
vateurs, et la majorité 
libérale, qui était anté- 
rieurement de six voix, se trouva réduite à deux. Cette 
situation provoqua quelques mois plus tard la dissolution 
des Chambres. 

Le mandat de M. Visart lui a été renouvelé sans inter- 
ruption jusqu'à ce jour. Le 14 octobre 1894, il obtint 
27,007 suffrages. 

Il fut nommé conseiller communal de Bruges en 1875 et 
bourgmestre Tannée suivante. 




Phot. GéruMt bimê. 



Amédée Visart de Bocarhé -* Léon Visart de Bocarmé 435 

Il a pris une part active aux travaux parlementaires» notam- 
ment à la discussion des lois sur Tassistance publique» la 
mendicité et le vagabondage, dont il avait été nommé rappor- 
teur, sur les chemins de fer vicinaux, sur la réforme 
électorale, etc. 

Il est Tauteur de la proposition de revision relative à la 
i:éorganisation du Sénat, comportant Tadjonction de sénateurs 
élus par les Conseils provinciaux aux sénateurs élus direc- 
tement par le corps électoral . Votée par les deux Chambres, 
cette proposition est devenue l'article 53 de notre Loi fon- 
damentale. 

Il a également été en grande partie le promoteur de Bruges 
port de mer, se consacrant corps et âme à cette question, 
vitale pour son arrondissement. Il a publié à ce sujet des 
articles très remarqués et il n'est personne qui ignore avec 
quelle conviction et quelle ardeur il a réfuté les discours de 
ses antagonistes* 

M. Amédée Visart de Bocarmé est commandeur de l'Ordre 
de Léopold et officier de l'Ordre de la Couronne de Chêne. 
Adresse : Bruges. 



VISART de BOCARMÉ, Léon-Ghislain-Prudence 
(comte), 

représentant catholique pour l'arrondissement de furnes, 

questeur de la chambre. 

Né à Sainte-Croix lez-Bruges, le 21 décembre 1837. 

M. Léon Visart de Bocarmé est un ancien officier. De 
1864 à 1867, il fit avec la légion belge, comme major, 
la campagne du Mexique, sous le commandement du général 
baron Van der Smissen. Il quitta l'armée le 18 mai 1869 
et fut élu représentant pour l'arrondissement de Fumes le 
2 août 1870, en remplacement de M. Bieswael; son mandat 
lui a été conservé jusqu'à ce jour sans interruption. Aux 
élections du 14 octobre 1894, il réunit 7,431 voix. 

»7 



426 La Chambre des REPRÉSfiNTANTà en 1894-1895 -^ 

Eh ^876, M. Visart fut nommé conseiller comniuiiaily puis 
échevin d'Alveringhemi. Il fut également régisseur de -Itf 
Waleringuedu^Nordde Furnes. \ . .:i 

Au Parlement^ M. Visarx -s'occupe particulièrement de* 
questions concernant l'armée ; il a été rapporteur de différente 
projets relatifs à notre organisation militaire et aux divers sfer- 

vices qui s*y rattachant ,-^ 
Il déposa une propo- 
sition de revision relative 
à l'organisation du Sénat.- 
Elle remettait • le soin de 
nommer les sénateurs, 
dans chaque circoriscrip-^' 
tion électorale, aux dé-^ 
pûtes , aux conseillers- 
provinciaux et commu-> 
naux et aux délégués^ 
élus par le corps électoral 
communal, en propor^ 
tion de la population de 
chaque commune. Cette 
proposition fut amendée, 
puis retirée par son auteur 

Phot. Génwet frères. ^.,^^4. 1^ ,.^«.«. 

; avant le vote. 

M. Visart se vit nommer secrétaire de la Chambre le 
24 novembre 1876; il resta en fonctions jusqu'à la chute du 
parti catholique. 11 a été élu questeur le 12 novembre 1889. 

M. Léon Visart -de Bocarmé est officier des Ordres de 
I^éopold et de Notre-Dame :de la Guadeloupe du Mexique 
et porteur de la Croix civique de i'^ classe, d$ la Médaille dô 
ïnérite militaire et de la Médaille française du Mexique, ; 

Adresses! ^'^^^^^^^ ' rue PMjppe-lç.Boxi, 4. : I 

Province : Alvering^em, par Furnes. j 




Wjirnant 



427 



WABNANTi Joseph, 

REPRÉSENTANT LIBl^RAL PROGRESSISTE POUR l'aRRONDISSEMËNT 0£ HUY, 

Né à Hijy, le 26 avril 1840. 

Avocat et juge suppléant à Huy, M. Warnant a été-élu 
représentant par rarrondissement de Huy le 6 avril 1880, en 
remplacement de M. de 
Lhoneux, démissionnaire. 
Son mandat lui a été 
renouvelé depuis sans 
interruption. Il fut réélu 
le 21 octobre 1894 par 
19,164 suffrages, contre 
12,621, obtenus par la 
liste catholique. 

Il s'est occupé spécia- 
lement de la défense des 
intérêts matériels de son 
arrondissement, sans tou- 
tefois se désintéresser de 
Tétude des grandes ques- 
tions qui étaient soumises 
aux déhbérations de la 
Chambre. 

Avant d'entrejrau Parlement, M. Warnant a fait partie du 
Conseil communal de Huy et du Conseil provincial de Liège; 
il occupa ces dernières fonctions depuis 1867 jusqu'à 1880 et 
fut secrétaire de cette assemblée. Il présida pendant plusieurs 
années le Conseil de milice de Huy. Il fut aussi, à plusieurs 
reprises, secrétaire de l'Association libérale de cette ville. 

M. Warnant est .officier de l'Ordre de Léopold. 

Adresse : Place Verte, à Huy. 



I 




Pliot. GéTuxet firères. 



428 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

WAROCQUÉ, Georges-Abel-Louis, 

représentant libéral pour l^arrondissehemt de THUIM. 
Né à Morlanwelz, le 29 octobre 1860. 

Bourgmestre de Morlanwelz, M. Warocqué est un ancien 
officier sorti de J École militaire. Il est administrateur 

délégué des Charbon- 
nages de Mariemont et 
de Bascoup. 

Élu pour la première 
fois membre de la 
Chambre des représen- 
tants le 8 juin 1886» en 
remplacement de M. t*Ser- 
stevens, son mandat fut 
renouvelé sans interrup- 
tion Jusqu'à ce Jour : il 
a été réélu au ballottage 
du 21 octobre 1894 par 
25,866 suffrages, contre 
20,721 obtenus par la 
liste catholique. Au pre- 
mier tour de scrutin, il 

H.ot. Géru.et frère.. ^^^-^ FeCUeilU I 7,o39 VOlX. 

Au cours de la discussion de la revision de la Constitution, 
il a déclaré se rallier par esprit de transaction à une propo- 
sition qu'il eût désiré pouvoir modifier. Il a signé la proposi- 
tion de revision déposée le i5 juillet 1887. 

M. Warocqué est chevalier des Ordres de Léopold et de la 
Légion d'honneur. 

Adresse : Boulevard du Régent, 40, à Bruxelles. 




Warocqué — Wettinck — Woeste 



429 



WETTINCK, Joseph-Augnstin, 

REPRÉSENTANT SOCIALISTE POUR L*ARRONI)ISSEME.NT DE LIÈGE. 

Né à Liège, le 6 novembre 1852. 

Ouvrier mineur à Jemeppe-sur-Meuse, M. Weltinck est 
un des principaux fonda- 
teurs de la Société coopé- 
rative Les Artisans réunis 
de Jemeppe. Il est actuel- 
lement administrateur de 
cette importante associa- 
tion, qui fait bon an, mal 
an une moyenne daf- 
faires de 200,000 francs. 

M. Wettinck a été 
nommé membre de la 
Chambre des représen- 
tants au scrutin de ballot- 
tage du 21 octobre 1894; 
il recueillit 65, 261 voix. 
Au premier tour, il avait 
obtenu 59,61 5 suffrages. 

M. Wettinck s'abstint 
au vote sur les différents budgets qui furent soumis aux déli- 
bérations de la Chambre. 
Adresse : Jemeppe-sur-Meuse. 




Fhot. tiéniBet tràrw. 



-WOESTE, Charles-Frédéric-Auguste, 

REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR l'aRRONDISSEMENT d'aLOST, 

MINISTRE d'État. 
Né à Bruxelles, le 26 février 1837. 

Avocat à la Cour de cassation depuis le 12 janvier 1873 
et ancien bâtonnier de Tordre, M. Woeste s*est acquis au 
barreau une réputation méritée tant par l'étendue et la solidité 



43ô. 



La Chambre des Représentants en 1894-1895 



de ses connaissances juridiques, q^e par la^claTté et la préci- 
sion de sa parole. 

Nommé pour la première fois membre de la Chambre des 

représentants par larrondissement d^Alost le 9 juin 1874, en 

remplacement de M. de Naeyer, il ia, depuis lors, siégé au 

Palais de la Nation sans interruption. Il fiit réélu au ballot- 

[/ tage du 21 octobre 1894 par 27,524 voix. ^ 

Il remlpilit les fonctions^ 
de secrétaire du bureau 
provisoire de la Chambre- 
au début de la session dé' 
1874-1875. 

Doué d*une infatigable 
activité et d'une facilité 
de travail extraordinaire, 
M. Woeste jouit auprès 
de ses collègues d'une 
grande considération î il 
est l'un des chefs les plus 
écoutés de la droite. 

II est très difficile de 
parcourir, même som- 
mairement, la carrière 
parlementaire de Thono- 
rable député d'Alost : 
c'est qu'on ne remonte pas aisément le cours de vingt années, 
alors surtout, et c'est le cas ici, que ces années ont été 
d'une fécondité étonnante; nous devrons donc forcément nous 
borner et ne citer que les discussions les plus importantes 
auxquelles M. Woeste a pris part. Dans cet ordre d'idées, 
nous mentionnerons : le titre I*' du Livre préliminaire du 
Code de procédure civile (loi du 25 mars 1876); la loi suppri- 
mant les chambres de commerce, dont il fut rapporteur; la 
Ipi destinée à réprimer les offres à commettre certains çrimeT; 
les. lois sur le domicile de secoure, la collation des grades 
académiques, les cours d'eau noa navigables ni flottables,. 




tl.ot. Géruxet frèroa. 



WOESTE 43 1 

la pêche, la chasse, les faux bilans, les livrets d'ouvriers, 
remploi de la langue flamande, les prêts agricoles, le contrat 
de transport, la propriété artistique et littéraire, rétablisse- 
ment de certains droits d'entrée. Pour nous résumer, nous 
dirons que les diverses mesures décrétées en faveur de 
l'industrie, du commerce, de l'agriculture; les diflérents cré- 
dits affectés aux travaux publics, chemins de fer, routes, 
canaux, constructions de toute nature, crédits militaires; 
les questions financières, gouvernementales, provinciales, 
communales, d'enseignement, etc., eurent tour à tour en 
lui un défenseur dévoué ou un adversaire redoutable. 

M. Woeste est Fauteur d'un grand nombre de propositions 
de loi, parmi lesquelles il convient de signaler spécialement 
celles relatives à la simplification des formalités requises pour 
le mariage, à la répression des abus des bureaux de bienfai- 
sance, aux lois scolaires, à la loi communale, etc. 

Il participa à la discussion de tous les budgets, réclamant 
des mesures en faveur de l'agriculture, des ouvriers et 
sauvegardant les droits religieux des populations* 

Il fut l'un des principaux adversaires du cabinet Frère- 
Bara, qui occupa le pouvoir de 1878 à 1884, et il défendit 
avec ardeur les droits de l'enseignement religieux lors de 
la discussion delà loi scolaire de 1879. 

L'opposition qu'il fit au gouvernement libéral le désignait 
pour occuper un poste dans le nouveau cabinet qui fut 
constitué à la suite des élections de 1884. Le 16 juin, le Roi 
lui confia la direction du Département de la justice, qu'il ne 
conserva que pendant quelques mois. 

Ce court passage au ministère permit cependant à 
M. Woeste, entre autres mesures importantes, d'abroger les 
circulaires ministérieUes de M. Bara, qui allaient à l'encontre 
des sentiments des populations catholiques. 

Rentré dans les rangs de la majorité catholique, il continua 
à soutenir le gouvernement contre les violentes attaques de 
la minorité libérale. Tracer son rôle en ces dernières années 
serait reprendre l'histoire de la Chambre que renferme l'Intro- 
duction de ce travail. 



432' La Chambre des Représentants en 1894-1895 

Le i5 iiovembre 1891, M. Woeste fut nommé ministre 
d'État. 

On n'a pas oublié lagreësion brutale dont il fut victinne 
lors de la discussion de la revision, agression qui souleva 
l'indignation générale. 

M. Woeste n'est pas seulement un parlementaire; il est 
surtout un homme de combat. Il prit une part remarquée 
aux travaux des Congrès catholiques de Malines de i863, 
1864, 1867 et 1891, ainsi qu'à ceux des Congrès des œuvres 
sociales de Liège. 

Collaborateur et président du comité de rédaction de La 
Revue générale, M. Woeste est l'auteur de maints ouvrages 
hautement appréciés ; nous citerons : De la Propriété des 
anciennes églises^ des cimetières et des ancie?is presbytères ; 
Vingt ans de polémique; Histoire du Culturkampf en 
Suisse ; Appel au bon sens public : la Question militaire ; 
La Neutralité belge; A Travers dix années (18 > 5-1894), 

Il a succédé à MM. de Cannart d'Hamale et Beernaert 
en qualité de président de la Fédération des Cercles catho- 
liques et des Associations conservatrices du pays. Il est pré- 
sident d'honneur de la Caisse de prévoyance des membres 
du personnel enseignant des écoles libres et adoptées du 
Brabant, président d'honneur de la Fédération des Jeunes 
Gardes, etc. 

M. Woeste est commandeur des Ordres de Léopold et de 
Pie, grand'-croix des Ordres du Christ de Portugal, de 
Saint-Grégoire le Grand et du Saint-Sépulcre; il est aussi 
décoré de la Croix « Pro Ecclesia et Pontifice » et porteur de 
la Décoration spéciale de i^e classe des mutuellistes. 

. , ( rue de Naplcs, ^5, à Bruxelles. 

Adresses tt 1 i- 1 * 
I Uccle-Calcvoet. 



ADDENDA 



Membres de la Chambre des Représentants ayant fait 
partie du Parlement en 1894-1895, mais qui ont démis- 
sionné ou sont décédés dans le cours de la session. 



■>•>•«•<•<- 



Anspach-Puissant 



435 



Llf ANSPACH-PUISSANT, Armand-Louis, 

ANCIEN REPRÉSENTANT LIBÉRAL POUR L*ARRÛNDISSEHENT DE TUUIN, 
^ * "AtiCIEN' SECRÉTAIRE DE LA CHAMBRE. 

Né 'à Bruxelles, le 2 juillet 185C. 

■'-M. Anspach-Puissant il t ses humanités à l'Athénée royal 

de Bruxelles et ses études Supérieures à l'Université libre, où 

il conquit, en ^876, le diplôme de docteur en philosophie et 

lettres, avec disti^ictidn, ^ '^ - 

et, ^en 1879, celui de '^ | 

docteur- en droit, ayec^ p ^ 

la plus grande <listinc- 

tiort. 

D abord membre du 
barreau de la capitale, 
il demanda son inscrip- 
tion au tableau de Tor- 
dre des avocats de Ghar- 
leroi à la suite de son 
mariage avec M^^® Puis- 
sant, fille de M. Albert 
Puissant, grand indus- 
triel de Merbes-le-Châ- 
teau et ancien représen- 
tant de Thuin. 

M. Anspach débuta 
dans la politique à Bruxelles; il y fonda et présida la^ 
Jeune Garde brabançonne, annexée à la Société constitu-, 
tionnelle des électeurs libéraux. Entré en 1878 à rAssocia-, 
tien libérale, il en sortit; pour contribuer à fonder la Ligue, 
libérale en 1884. Deux ans après (8 juin 1886), il fut nommé 
député par l'arrondissement de Thuin, en remplacement de 
son beau- père; il cessa, dès îors, de se mêler à la politique 
bruxelloise. Réélu depuis sans interruption, il recueillit 
25,099 voix au scutîri de ballottage du 21 octobre 1894. 




phot. Géraiet Mtm. 



436 La Chambre des Représentants en 1894*1895 

Dès le début de sa carrière parlementaire, il s*afHrina 
comme antiprotectionniste, combattant les droits d'entrée 
sur les bestiaux et la viande. 

Il prit une part prépondérante dans Taride question des 
sucres et défendit énergiquement, à ce propos, les intérêts des 
cultivateurs. Il fut rapporteur du projet de loi pour la pro- 
tection des enfants employés dans les professions ambulantes 
et déposa diverses propositions de loi, relatives notamment 
à une nouvelle péréquation cadastrale et à la réorganisation 
de la garde civique. Mais l'œuvre principale de M. Anspach- 
Puissant consiste surtout à avoir amené la Chambre à 
reconstituer la section centrale de 1879, la section centrale 
à adopter la convention de milice avec la France, le gouver- 
nement à négocier une nouvelle convention et enfin le Par- 
lement de 1891 à sanctionner cette convention. Il ne se 
ménagea guère en cette circonstance et ses longs efforts furent 
couronnés de succès : à citer à ce sujet ses rapports de 1888 
et 1891. 

M. Anspach- Puissant est aussi lauteur d'une proposition 
de revision de Tarticle 47 de la Constitution qui établissait 
le suffrage universel, mais subordonnait lexercice de ce droit 
à lobligation pour rélecteur de confectionner lui-même son 
bulletin de vote. Il prit également part à la discussion de la 
réorganisation sénatoriale. 

Dans la séance du 3 avril 1895, pendant la discussion de la 
loi électorale communale, M. Anspach-Puissant fit part à 
rassemibléé de rimpossibilité où il se trouvait d'émettre un 
vote à la fois conforme a l-iritérêt du pays et au programme 
quil avait défendu devant ses électeurs. Dans ces conditions, 
déclarâ-t-il, ma conscience me dicte de remettre mon mandat 
aux mains de ceux qui m'ont honoré de leur confiance I 

M. Anspach- Puissant faisait partie du bureau de la 
Chambre en qualité de secrétaire depuis le mois de novem- 
bre 1888. 

Il est membre de plusieurs comités scolaires et charitables 



Louis Cambirh 



437 



de Bruxelles et collaborateur de la Revue pratique de droit 
commercial belge. 

Officier dans la 4* légion de la garde civique de Bruxelles 
de 1878 à 1891, il fut nommé à cette date capitaine, puis 
major commandant le corps des chasseurs belges. 

M. Anspach- Puissant est chevalier des Ordres de Léopold 
et de Charles III. 



CAMBIER, Louis-Nestor-Albert, 

ANCIEN REPRÉSENTANT LIBÉRAL POUR L^ARRONOISSEMENT DE THUIN. 

Né à Mous, le 26 janvier 1851 . 

Notaire et échevin de la ville de Thuin pendant plus de 
trente ans, M. Cambier 
était aussi docteur en 
droit et avait exercé la 
profession d'avocat à 
Mons, 

Membre de la Cham- 
bre des Notaires ^e l'ar- 
rondissement de Gharle- 
roi depuià 1 88 1 , M . Cam- 
bier y exerça les fonctions 
de syndic, de rapporteur 
et de secrétaire. Délégué 
par ses collègues de l'ar- 
rondissement de Charle- 
roi, il faisait partie de 
la Fédération des No- 
taires belges. 

Il a rempli pendant 
vingt-huit ans les fonctions de juge suppléant à la Justice 
de paix de Thuin. 

Il fut élu membre du Parlement le 14 juin 1892 et fit 
partie, à la Constituante, du groupe du suffrage universel. 




rkot. Géruset trèrM. 



438 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

n éjtait. partisan de la représentation proportionnelle ^ et 
prit part aux discussions sur cette question si débattue. U 
fit également une proposition à la Constituante au sujet de 
la révision de^ Tarticle 47; il s occupa aussi des divers prOr 
jets de loi modifiant la législation sur les tribunaux et les 
justices de paix. : 

Déjà alors, le guettait le mal qui devait le terrasser, ef 
comme la dit de lui M. De Lantsheere, alors président de la 
Chambre, il est regrettable qu'il n ait pu prendre part à des 
discussions, où, grâce à sa grande compétence, il eût pu rendre 
de réels services. 

Malheureusement, cet homme énergique, dont la vie entière 
avait été consacrée au travail, fut frappé en octobre 1894 par 
la maladie qui le minait depuis quelque temps déjà. 

Il n en fut pas moins réélu au ballottage du 21 octobre 1894 
par' 25,612 suffrages. Il ne put aller occuper son siège à la 
Chambre et succomba le 8 décembre 1894, 

Une rue de la ville de Thuin porte son nom. 



CARBON, Jules-Marie-Louis-Joseph, 

ANCIEN REPRÉSENTANT CATHOLIQUE POUR L*ARRONDISSEMENT d'OSTENDE. 

Né à Osteiidc, le 24 août 1866, ^ 

M. Carbon rit ses études supérieures à l'Université catho- 
lique de Louvain, où il conquit le diplôme de docteur en 
droit en 1888. 

Président du Cercle catholique d'Ostende, M. Carbon a 
été élu membre de la Chambre des représentants le 14 oc- 
tobre 1894; il obtint 11,840 voix, contre 6,464, accordées au 
candidat le plus favorisé de la liste libérale. 

M. Carbon était Tun des plus jeunes membres du Parle- 
ment et, à ce titre, il siégea au bureau provisoire en qua- 
lité de secrétaire à louveriure de^ la èession. 



Jules Carbon 



439 



De même que feu son père, M. Carbon-Goddyn, le nouveau 
député d'Ostende était un 
travailleur infatigable: en 
toute circonstance, il sut 
défendre vaillamment les 
intérêts de son arrondis- 
sement et s'était particu- 
lièrement occupé du sort 
des pêcheurs, dont il s'ef- 
forçait d'améliorer la si- 
tuation malheureuse. Il 
avait encore pris part aux 
discussions des budgets 
de la justice et de l'agri- 
culture, de l'industrie, du 
travail et des travaux 
publics. 

Il publia tout récem- 
ment le Code des lois et 
arrêtés relatifs à la pêche maritime. 

M, Carbon mourut à Bruges, le 22 juin iSgS. 




Phnt. Verbeko-Sdiodts ftli. 



NOTICE 



PALAIS DE LA NATION 







i 



LE PALAIS DE LA NATION. 



Situé rue de la Loi, le Palais do la Nation occupe le centre du vaMc 
quadrilatère que forment, d*un côté, les ministères de la guerre, de Tinté- 
rieur et de l'instruction publique et des affaires étrangères, de Tautre, les 
ministères de l'agriculture et des travaux publics, des finances et de la 
justice. 

Il fut construit par ordre de la ville d'après les plans des architectes Gui- 
mard et Van der Stracten; commencé en 4779, Téditice fut terminé 
en 4783. Le Conseil souverain de Brabant y tint d'abord ses séances; il 
servit ensuite de palais de justice sous la domination française. En décem- 
bre 4849, un incendie le détruisit en partie; lors de la restauration, on y 
adjoignit un bâtiment, dont la façade donnait rue de l'Orangerie. Les États- 
Généraux y siégèrent par la suite jusqu'en 4830. A partir de cette époque, 
le Congrès national et les Chambres législatives l'occupèrent tour à touiv 
En 4 840, on y a ajouté l'aile gauche, affectée au Sénat. 



Dans la soirée du 6 décembre 4883, pendant que la Chambre siégeait, le 
feu se déclara dans les combles et détruisit les locaux en grande partie. 
Quoique les secours fussent promptement organisés, maintes œuvres d'art 
devinrent la proie des flammes; la bibliothèque, notamment, qui renfer- 
mait des collections d'uq grand prix, fut complètement brûlée, en même 
temps qu'une magnifique statue de Léopold I***^ due au ciseau de Geefa, et 
quatre grandes allégories qui décoraient le vestibule (4). 11 y eut malheureu- 
sement aussi mort d'homnxes : le sergent des grenadiers Raguet et le gazier 
Daekers périrent victimes de leur devoir; le gouvernement leur fit des 
funérailles dignes de leur dévouement et indemnisa leurs familles. 

Le Palais de la Nation fut reconstruit sous l'habile direction de 
M. l'architecte Beyaert, qui y apporta des améliorations notables et y laissa . 
l'empreifite de son bon goût et de son sens pratique. 11 fut inauguré au ; 
début de la session de 4886-4887. 



(1) Kons donnons ici, d'après les photographies de M. Alexandre, nne vue intérieure de la 
Salle des Séances et an grand vestibule an lendemain de la catastrophe. 



Notice sur le Palais de la Nation 447 



LE FRONTISPICE ET LE GRAND VESTIBULE. 

Le rez-de-chaussée est percé de cinq portes cintrées surmontées d'un 
péristyle de huit colonnes ioniques, supportant un fronton triangulaire. Le 
ympan contient un bas-rclief de Godecharle exécuté en \1S% symboli- 
sant la Justice distribuant ses récompenses et ses châtiments ; à ses côtés 
se trouvent groupées la Religion, la Constance, la Sagesse et la Force, 
chassant la Discorde et le Fanatisme, 

L'intérieur présente un immense vestibule soutenu par des colonnes 
doriques et orné de six grandes statues historiques, représentant : Pépin 
ctHerstal, maire du palais d'Austrasie; Thierry cT Alsace, comte de 
Flandre; Baudouin I^y comte de Flandre et de Hainaut, empereur de 
Constantinople ; Jean le Victorieux^ duc de Brabant et de Limbourg ; 
Philippe le Bon, duc de Bourgogne; Charles-Quint, roi d'Espagne et 
empereur d'Allemagne. 

Deux grands escaliers donnent sur ce vestibule et conduisent, celui de 
gauche, aux salons du Sénat (l), celui de droite, aux salons deAa Chambre* 



LA SALLE DES CONFÉRENCES. 

En pénétrant dans ce salon, situé au premier étage, deux beaux por- 
traits pédestres — celui de notre première Reine, peint en 4851 par 
Mme Fanny Geefs, et celui de Léopold I»' en colonel des cuirassiers, une 
reproduction d'une toile qui se trouve au Palais royal — viennent agréa- 
blement frapper les regards ; on y voit encore les bustes du Roi et de la 
Reine, par Vinçotte, et ceux de Lcbeau, du comte de Theux, de 
de Brouckere, de Malou, de Frère-Orban, de Beernaert. A signaler 
aussi une fort belle cheminée en marbre de Carcassonne, surmontée d'un 
Mercure de bronze. 



(i) Non» ne parlerons ici qne des locaux delà Chambre des représentants proprement 
dite; nons nons occuperons du Sénat dans l^ouvrage ftisant suite à celui-ci et traitant 



44^ La Chàmbke des ReprésentaHts en 1894-1895 



LA SALLE DE LECTURE. 

Elle occupe le même emplacement que Tancienne, mais est beaucoup 
embellie. À droite et à gauche, deux splendides tableaux, œuvres de 
M. A. Le Mayeur {Le Port d'Anvers) et de M. Alex. Mariette {Le Quai 
de Ifi Batte, à Liège) ; au fond de la salle et leur faisant face, deux autres 
toi le» tout aussi réussies, œuvres de M . H. Yan den Hecht {Namur et ses 
forts) et de M. F . Stroobant {Bruges avec son beffroi et son canal de 
dérivation), 
. Ici sont précieusement conservés les portraits des anciens présidents de 
la Chambre; nous citons : Baron Surlet de Chokier {\\ novembre 4830- 
24 février 4834), par Albert Roberti; E.-C. de Gerlache, président du 
Congrès national (25 février 4834-24 juillet 4 834)^ président de la Chambre 
(40 septembre 4834-48 juillet 4832), par F.-J. Navez; J. Raikem (40 no- 
vembre 4 83?-24 mai 4 839—9 octobre 4 842-6 avril 4 843), par B. Vieillevoye ; 
J. Fallon (4 8 novembre 4 839-40 septembre 4 842), par L. Mathieu; C. Liedts 
(J7 novembre '4 843-20 mai 4,848), par J. Portaels; P.-T. Verhaegen (28 juin 
4848-30 avril 1852—47 décembre 4857-30 mai 4859), par F.-J. Navez; 
N.-J.-A. Delfosse(26 octobre 4852-24 avril 4855), par B. Vieillevoye; 
J. De L«haye (25 avril 4 855- 13 juin 4 857), par Th. Dcheuvel; A.-E.-P. Orts 
(49 juillet 4 859-4 8 juillet 4860), par J. Portaels; D. Vervoort(23 novembre 
4860-27.mai 4863), par N. De Keyser ; E. Vanden Peereboom (45 décem- 
bre 4863-23 août 4867), par L. De Winne; H. Dolez (23 octobre 4867- 
20 mai 4870), par A. Robert; vicomte Ch. Vilain XIIII(44 août 4870- 
26 juillet 4874), parE.Slingeneyer; X. Thibaut (45aovembre 4874-29 mai 
4878— 23 juillet 4884-2 septembre 4884), par J.-M. Nisen; Ch. Rogier 
(4« août 4878-26 août 4878), par E. Lambrichs; J Guillery (43 novembre 
4878-40 mars 4881 , par L. De Winne; J. Descamps (22 mars 4884-47 inar« 
4 884), par A. Robert ; T. De Lantsheere (4 2 novembre 4 884-26 janvier 1 896), = 
par J. Janssens. ^ « , : 

Tout autour de la salle sont disposés les bustes des membres du 
Gouvernement provisoire : Nicolal, De Coppin, Vanderlinden, Jolly, 
Vanderlinden-d*Hooghvorst, De Potter,Gend.ebien, Rogier, Félix de ^erode 
et Vande Weyer. , , 

Km milieu, deux immenses tables: sur Tune se trouvent desirevuds 



4^0 La Chambre des Représentants en 1894-1895. 

politiques, scièntifit|ues, littéraires» artfstii^ues; sur Tautre, tous les jour* 
naux de Belgique et de Tétranger. 

Trois lustres en bronze doré, une cheminée monumentale en marbre 
de PaWanazo avec colonnes, ornée d*une statuette symbolisant la Lecture, 
et deux bas-reliefs de Rude achèvent très heureusement la décoration 
de cette belle salle, fort admirée des visiteurs. 

LA SALLE DES SÉANCES. 

En forme d*hémicycle de grande envergure, la salle des séances revêt, 
par sa remarquable architecture grecque» un caractère particulièrement 
imposant. Les sièges sont placés en gradin; sur tout le pourtour, une 
colonnade supporte deux rangées de tribunes, reliées entre elles par des 
colonnes soutenant à leur tour une coupole prenant jour par le haut. Le 
cachet sévère de cette splle répond parfaitement à sa destination. 

Au-dessus du bureau présidentiel se trouve la statue de Léopold l^f. 
Exécutée en 1856 par Geefs, elle fut détruite par l'incendie de 4883; 
Fraikin en fit une reproduction parfaite. 

Faisant face au bureau, le visiteur a à sa gauche les tribunes des anciens 
députés et du corps diplomatique; à sa droite, celles des sénateurs et 
des officiers de la maison du Roi. 

A la première galerie sont ménagées les tribunes de la presse, de 
la questure, de la présidence, des dames, des fonctionnaires ministériels, 
la tribune réservée; la seconde galerie est affectée au public. On y a accès 
par deux escaliers, dont l'un, tout en pierre à double évolution muni 
d'une rampe en fer forgé, excite surtout Tadmiration. 

Prenant la travé& centrale, on quitte la Salle des Séances et on arrive au 

FUMOIR 

qui renferme des toiles justement appréciées; nous mentionnerons : 
L'Ancien palais des ducs de Brabant {i61ï), par J. Quinaux; La Cour 
du palais des ducs de Brabant à Bruxelles en 1647, Le Palais des ducs 
de Brabant et les Bailles de la Cour en 1649 (place Royale actuelle), 
L'Hôtel de Nassau et la Cour de Bruxelles aux xivo et xvio siècles 
(emp accment du Musée actuel), tous trois de F. Stroobant; Les Archiducs 
Albert et Isabelle se rendant au tir du Grand-Serment (4599), par 



453 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

J. Vanséverdonck; La Chapelle de Scheut {\%ï^^), par H. Van Scben; 
L'Ancienne porte de Louvain (\6^0)f L'Ancienne enceinte de Bruxelles 
et la démolition du couvent des Bénédictins en 7799, ces deux derniers 
par Victor Vervloct. 

Suivent les Salons de la présidence, de la première et de la seconde vice- 
présidence. On y remarque notamment de très jolis tapis de Smyrne, de 
fort belles décorations, des bronzes; parmi ceux-ci, une pendule repré- 
sentant Charles le Téméraire retrouvé sous les murs de Nancy, 

Ces Salons traversés, on remarque à droite le buste du baron Surlet de 
Chokier, par L. Jéhotte, celui de Guillaume I«' — une œuvre d'art 
magnifique — par Rude, et celui du chef du cabinet actuel, M. de Burlet, 
par le comte de Lalaing; à gauche, le buste de Jean- André Van der 
Meersch. 

LE PARLOIR. 

Trois tableaux ornent celui-ci : d'abord, une toile remarquable de 
Charles Wauters représentant Le Grand Conseil de Malines, présidé par 
Charles le Téméraire; ensuite, L^ Dernière ouverture des Chambres par 
S, M, Léopoldl^y le 40 novembre d863, et la Prestation de serment de 
S. M. Léopold //, le 47 décembre 4865. tous deux de J. Starck. 

ici se trouvent les bustes de d'Anethan, de de Muelcnaere, de Pierre 
De Decker, de Paul Devaux, de Charles de Brouckere, 

Une cheminée en marbre de Carcassonne supporte les deux urnes 
servant aux votes au scrutin secret qui ont lieu au sein de la Chambre. 

LA BIBLIOTHÈQUE, 

richement installée, occupe à peu près tout le second étage. Malgré de 
vaillants efforts, elle marche lentement sur la trace de son aînée, dont 
la perte fut une désolation générale; elle ne compte guère encore 
qu'une soixantaine de mille volumes, reliés pour la plupart avec 
beaucoup de luxe. Afin d'éviter, dans la mesure du possible, des 
d é l Mtr es du genre de celui de 4883, de multiples précautions ont été 
prises : on a notamment substitué aux rayons en bois des rayons en 
&r et, remplaçant les planches, de grosses feuilles de verre supportent 
les ouvrages; c'est essentiellement pratique et d'un fort bel effet. 



Notice sur le Palais de la Nation j. . 453 



LES SALLES DES SECTIONS, 

au nombre de six, se trouvent au rez-de-chaussée et renferment quelques 
tableaux dignes de fixer Tattention. 

La première et la deuxième section . possèdent deux grandes toiles de 
J. Odevaere, . exécutées, l'une en 4817, donnant la Bataille de Wa- 
terloo, l'autre, en 4820, représentant la Bataille de Nieuport. Ces 
tableaux purent être découpés de leurs cadres, lors du sinistre de 4883, et 
doivent à cette intelligente initiative d'avoir été sauvés du feu. A citer 
encore dans la deuxième section L'Abbaye de Villers, fort beau clair de 
lune, peint en 4845 par J. Tavernier» 

La troisième section est plus richement ornée. Une cheminée monu- 
mentale du plus beau marbre, surmontée d*un bronze symbolisant le 
Travail et d'une glace dans laquelle se mire toute la salle, captive un 
moment les regards. 

C'est ici que se trouve la Bataille de Graveiines, due au pinceau 
de J . Vanséverdonck. Cette toile n*eut pas le même sort que les précé- 
dentes. Le danger était imminent : une partie de la salle flambait et le 
plafond menaçait de s*effondrer ; les autorités s'opposèrent à toute tentative 
de sauvetage. Restée en place, la Bataille de Graveiines fut fortement 
endommagée et, pour comble de malheur, il se trouva un misérable — 
resté introuvable jusqu'ici — qui, profitant du désarroi général, lacéra en 
partie le tableau et déroba deux des plus belles figures. Fort heureusement, 
M . Vanséverdonck parvint à restaurer son œuvre de façon si parfaite, qu'il 
ne subsiste plus rien aujourd'hui de ces déprédations. 

Léopold II passant la revue à l'occasion de ses noces d'argent, daté de 
4880 et signé par J. Starck, occupe à lui seul tout un côté de la salle. 

Reste à mentionner spécialement le Monument historique à Sa Majesté 
le Roi des Belges^ dû à l'excellent calligraphe Louis Séghers, d'Anvers. 
Entièrement exécutée à la plume, cette œuvre d'art mérite les plus grands 
éloges pour la grandeur de sa conception d'abord, pour le fini artistique du 
dessin ensuite. 

Les autres sections n'ont rien de bien remarquable, si ce n'est toutefois 
un tableau de Franz Vinck, donnant la physionomie de la séance du 
4« mars 4848, présiJée par M. Liedts, On discutait une interpellation de 
M. Castiau concernant l'attitude que devaient avoir la Belgique et son 



434 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

gouvernement en présence de la révolution française. Le tableau représente 
M. Delfosse, député de Liège, au moment où il prononçait ces paroles 
patriotiques : m LUntérêt de la Belgique est de conserver intactes les 
libertés dont elle jouit. L*honorable M. Castiau a dit tantôt que les idées 
de la révolution française feraient le tour du monde. Je dirai que, pour 
faire le tour du mondes elles n'ojit plus besoin de passer par la Belgique! » 
De chaleureux applaudissements accueillirent cette péroraison, et la 
Chambre se sépara en proie à une vive émotion. 



Est-il besoin de dire, avant de terminer cette trop courte notice, que le 
Palais de la Nation, grâce à ses]transformations modernes toutes de confort, 
est Tune -des meilleures installations du genre et qu'il renferme encore une 
foule de curiosités que nous avons forcément dû passer sous silence pour 
ne pas allonger démesurément ces quelques notes? On pourra s'en con- 
vaincre en le visitant, ce qui se fait dans d*excellentes conditions. 

François Livrauw. 



I^ÈGLEMENT 

DE LA 

CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS 



16 Octobre 1831. — Modifications : 21 Décembre 1843, 

23 Novembre 1860, 30 Avril 1876, 17 Mars 1882, 26 Avril 1883, 28 Janvier, 

18 Novembre 1884, 14 Juin 1889, 26 Juillet et 29 Novembre 1882. 



CHAPITRE I*^'. 
Du bureau provisoire et de la vérification des pouvoirs. 

Art. {^^. — A l'ouverture de la session, le doyen d'âge occupe le 
fauteui] • 

Les quatre plus jeunes représentants font les fonctions de secrétaires. 

Art. 2. — En cas de renouvellement intégral ou par moitié, six com- 
missions de sept membres sont formées par la voie du sort pour vérifier les 
pouvoirs. Tous les membres élus prendront part à cette vérification, à 
l'exception de ceux dont l'admission a été ajournée. 

En tout autre cas, la vérification est faite par une commission de sept 
membres, tirée au sort. 

Art. 3. — Les procès-verbaux d'élection sont, avec les pièces justifica- 
tives, répartis entre les six commissions, et chacune d'elles nomme un 
rapporteur chargé de présenter à la Chambre le travail de sa commission. 

Art. 4. — La Chambre prononce sur la validité des élections, et le pré- 
sident proclame représentants ceux dont les pouvoirs ont été déclarés 
valides . 

CHAPITRE H. 

Du bureau définitif. 

Art. 5. — La Chambre, après la vérification des pouvoirs, procède à 

l'élection d'un président, de deux vice-présidents et de quatre secrétaires. 

Art. 6. — Toutes ces nominations sont faites à la majorité absolue ; il 



456 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

est procédé successivement à v.n &crutin spécial : 4° pour la nomination 
du président ; 2^ pour celle du premier vice-président ; 3" pour celle du 
second vice-président, 

La nomination des secrétaires est faite au scrutin de liste. (Adopté le 
27 novembre i8jo,) 

Cependant» au troisième tour de scrutin, qui est celui de ballottage, la 
majorité relative suffit. 

Dans le cas d égalité de suffrages, le plus âgé est nommé. 

Art. 7. — Les secrétaires vérifient le nombre des votants; des scruta- 
teurs tirés au sort dépouillent le scrutin. 

Art. 8. — Lorsque la Chambre eéi constituée, elle en donne connais- 
sance au Roi et au Sénat. 

Art. 9. — Les fonctions du président sont de maintenir Tordre dans 
rassemblée^ de fsiire observer le règlement, d'accorder la parole, de poser 
les questions, d'annoncer le résultat des suffrages, de prononcer les déci- 
sions de la Chambre et de porter la parole en i»on nom et conformément à 
son vœu. 

Il ne peut prendre la parole dans un débat que pour présenter Tétat de 
la question et y ramener ; s*il veut discuter, il quitte le fauteuil, et ne peut 
le reprendre qu'après que la discussion sur la question est terminée. 

Art. iO. — Les fonctions des secrétaires sont de surveiller la rédaction 
du procès- verbal, d'inscrire pour la parole les députés suivant J*ordre de 
leur demande, de donner lecture des propositions, amendements et autres 
pièces qui doivent être communiquées à la Chambre, de tenir note des 
résolutions, de faire Tappcl nominal, de tenir note des votes, en un mot, de 
faire tout ce qui est du ressort du bureau. 

Les secrétaires peuvent parler dans les discussions, mais en prenant 
chaque fois place parmi les députés. 

Art h . — Tous les membres du bureau sont nommés pour une 
session, sauf les cas de vacances extraordinaires. 

- A défaut du président et des vice-présidents, le doyen d'âge préside la 
Chambre ou ses députations. A défaut de secrétaires, les membres les plus 
jeunes les remplacent. (Adopté le 3o avril i8yj,) 

CHAPITRE IIL 

De la tenue des séances. 

Art. 4 '2. — Le président fait l'ouverture et annonce la clôture des . 
séances. - 

• II indique à la fin de chacune d'elles, après avoir consulté la Chambre, 
le jour de la séance suivante et l'ordre du jour, lequel sera affiché dans la 



RÈGLEMENT 457 



3alle. Sauf résolution contraire, dictée par l'urgence de certains travaux 
législatifs, la Chambre ne siège ni le lundi ni le sameJi. 

Si la Chambre n'en a pas décidé autrement, le commencement de la 
séance est fixé à -1 heure 45 minutes. {^Adopté le 2Ç novembre i8ç2.) 

Art. 43. — Une liste de présence est mise une demi-heure avant la 
séance à la disposition des membres pour être signée par eux. 

A rheure fixée pour la séance, le président prend connaissance de cette 
liste ; il peut soit ouvrir immédiatement la séance, soit faire procéder à 
l'appel nominal des membres qui n'ont point signé la liste de présence. 

Il n'y a point de réapptl, mais le président invite les membres qui seraient 
présents avant la clôture de l'appel et qui n'ont point répondu à se faire 
inscrire. 

Si l'on n'est pas en nombre, le président déclare qu'il n'y a pas de séance 
et fixe la prochaine séance à l'un des quatre jours suivants. 

La liste des membres présents est portée au procès- verbal. Si la Chambre 
n'est pas en nombre, la liste des membres présents et des membres absents 
est insérée aux Annales parlementaires; elle est suivie de l'indication des 
membres qui ont déclaré être absents pour cause de maladie. {Adopté le 
yo avril 187S.) 

Art. ii. — Le procès- verbal de la dernière séance est déposé sur le 
bureau une demi-heure avant la séance . 

Tout membre a le droit, pendant la séance, de réclamer contre sa 
rédaction . 

S'il s'élève une réclamation contre la rédaction, l'un des secrétaires a la 
parole pour donner les éclaircissements nécessaires. 

Si, nonobstant cette explication, la réclamation subsiste, le 4[0csident 
prend l'avis de la Chambre . 

Si la réclamation est adoptée, le bureau est chargé de présenter, séance 
tenante, ou au plus tard dans la séance suivante, une nouvelle rédaction 
conforme à la décision de la Chambre. 

Si la séance s'écoule sans réclamation contre le procès- ver bal, il est 
ïidopté. {Adopté le 3o avril 187 j,) 

Art. 45. — Les secrétaires font chaque jour insérer aux Annales parle- 
mentaires, dans le compte rendu de la séance, l'analyse sommaire des péti- 
tions adressées à la Chambre depuis sa dernière séance ; ils proposent soit 
le renvoi pour examen, soit le dépôt sur le bureau de la Chambre, soit le 
renvoi à M le Ministre de la justice s'il s'agit d'une demande de naturali- 
sation 

Chaque membre a le droit, dans Tune des trois séances suivantes, de 
faire une autre proppsition; s'il n'en est pas fait, la proposition des secré- 
taires est adoptée. [Adopté le yo avril 187S,) 

Art. 40. — Le président donne connaissance à la Chambre-des messages. 

29 



458 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

lettres et autres envois qui la concernent, à l'exception des écrite anonymes 
(Adopté le 3o avril 18 j S,) 

ART. M. — Il y a dans la salle des places exclusivement réservées aux 
ministres et aux commissaires du Roi. 

Art. 48. — Aucun député ne peut parler qu'après s'être fait inscrire ou 
qu'après avoir demandé de sa place la parole au président et lavoir 
obtenue. 

La parole est accordée suivant l'ordre des demandes ou inscriptions. 

Il n'est dérogé à cet ordre que pour accorder la parole alternativement 
pour^ sur et contre les propositions en discussion . 

La parole sur est exclusivement réservée aux orateurs qui auraient des 
amendements à proposer, lesquels amendements ils devront déposer sur le 
bureau en quittant la tribune . 

L'orateur ne peut s'adresser qu'au président ou à l'assemblée. Les 
députés parlent de leur place ou de la tribune et debout. Les rapports, les 
exposés de propositions ou d'amendements et les lectures de pièces se font 
à la tribune. 

Art. 49. — Toute imputation de mauvaise intention, toute autre per- 
sonnalité, tout signe d'approbation ou d'improbation sont interdits. 

Art. 20. — Dans les discussions précédées du rapport de la section cen- 
trale ou d'une commission, les orateurs ne peuvent se faire inscrire qu'après 
la lecture ou le dépôt de ce document. (Adopté le 70 avril iSj^.) 

Art. 21. — Nul n'est interrompu lorsqu'il parle, si ce n'est pour un 
rappel au règlement. Si un orateur s écarte de la question, le président seul 
l'y rappelle. Si un orateur, après avoir été deux fois, dans le même 
discours, rappelé ù la question, continue à s'en écarter, le président doit 
consulter la Chambre pour savoir si la parole ne sera pas interdite à l'ora- 
teur pour le reste de la séance sur la même question. 

Art. tt. — Nul ne parle plus de deux fois sur la même question, à moins 
que l'assemblée n'en décide autrement. 

Art. 23. — Il est toujours permis de demander la parole sur la position 
de la question, pour rappeler au règlement ou pour répondre à un fait per- 
sonnel . 

Art. 24. — Les réclamations d'ordre du jour, de priorité et de rappel 
au règlement ont la préférence sur la question principale et en suspendent 
•toujours la discussion. La question préalable, c'est-à-dire celle qu'il n'y a 
pas lieu à délibérer, la question d'ajournement, c'est-à-dire celle qu'il y a 
lieu de suspendre la délibération ou le vote pendant un temps déterminé, 
sont mises aux voix avant la proposition principale. (Adopté le jo avril 

Art. 25. — L'ordre de la mise aux voix des questions posées doit se faire 
de manière que toutes les opinions puissent le mieux se produire. 



RÈGLEMENT 469 



On suit à cet eftet les règles suivantes i 

Dans une proposition renfermant plusieurs questions, la division est de 
droit lorsqu'elle est demandée. 

Lorsque plusieurs propositions sont faites sur un même point, les pro- 
positions qui peuvent être mises aux voix sans exclure le vote des autres 
ont la priorité ; entre les propositions dont le vote des unes exclut la mise 
aux voix des autres, la priorité est attribuée à celles qui ont le plus 
d'étendue. {Adopté le yo avril 187^.) 

Art. S6. — Si dix membres demandent la clôture d'une discussion, le 
président la met aux voix ; il est permis de prendre la parole pour et contre 
une demande de clôture. 

11 n'est pas permis de prendre la parole entre deux épreuves. 

Avant de fermer la discussion, le président consulte la Chambre pour 
savoir si elle est suffisamment instruite ; dans le doute, après une seconde 
épreuve, la discussion continue. {Adopté le yo avril i8']5,) 

Art. 27. — Sauf le vote sur l'ensemble des lois, qui a toujours lieu par 
appel nominal et à haute voix, la Chambre exprime son opinion par assis 
et levé, à moins que cinq membres ne demandent le vote par appel nominal 
et à haute \oix. 

Le vote par assis et levé n'est complet que par l'épreuve" et la contre- 
épreuve; le président et les secrétaires décident du résultat de l'épreuve et 
de la contre-épreuve, qui peuvent se répéter; s'il y a doute après la répé* 
tition, il est procédé à l'appel nominal. 

Après l'appel nominal, le président invite les membres qui n'auraient 
point voté à prendre part au vote. (Adopté le yo avril i8yj,) 

Le compte des votes est arrêté par le président et les secrétaires. 

Chaque jour, avant de procéder au premier vote par appel nominal, on 
tirera au sort le nom du membre par lequel on commencera cet appel ; si 
d'autres appels nominaux ont lieu dans la même séance, ils se feront de la 
même manière. {A doptéHii décembre i84y . ) 

Art. 28. — Lorsque plusieurs propositions de lois relatives à des irtérêts 
particuliers ou locaux, présentées ensemble et comprises dans un seul 
rapport, ne donnent lieu à aucune réclamation, il sera voté sur l'ensemble 
par un seul appel nominal. 

Art. 29. — Tout membre qui, présent dans la Chambre lorsque la 
question est mise aux voix, s'abstient de voter, sera invité par le président, 
après l'appel nohiinal, à faire connaître les- motifs qui l'engagent à ne pas 
prendre part au vote. 

Art. 30 . — Les députés qui demandent que la Chambre se forme en 
comité secret rédigent leur demande par écrit et la signent. 

Leurs noms sont inscrits au procès-verbal . 

Art. 31 . — Le membre qui se propose d'interpeller le gouvernement 



460 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

fait connaître son intention et Tobjct de son interpellation soit par motion 
:d'ordre, soit par une déclaration écrite au président, qui en donne lecture 
à la Chambre. 

La Chambre fixe, par assis et levé, immédiatement ou à la séance 
suivante si le gouvernement le demande, le jour où Tinterpellation 
aura lieu. 

Elle ne peut en aucun cas être remise à plus de huit jours sans le consen- 
tement du membre qui a fait la motion. (Adopté le 14 juin i88(^,) 

Art. 32. — Si un membre trouble Tordre, il y est rappelé nominative- 
ment par le président ; en cas de réclamation, le président consulte rassem- 
blée. Si celle-ci maintient le rappel à l'ordre, il en est fait mention au 
procès-verbal . 

Si l'assemblée devient tumultueuse, le président annonce qu'il va sus- 
pendre la séance. Si le trouble continue, il suspend la séance pendant 
-une heure, durant laquelle les députés se réunissent dans leurs sections 
respectives. L'heure écoulée, la séance est reprise de droit. [Adopté le 
14 juin 1889.) 

CHAPITRE IV. 

Des propositions. 

Art. 33. — Les propositions de loi adressées à la Chambre par le Roi 
et par le Sénat, après que la lecture en a été faite dans la Chambre, sont 
imprimées, distribuées et transmises soit aux àcctions, soit à une commis- 
sion, pour y être discutées suivant la forme établie au chapitre V. 

La discussion ne pourra commencer dans les sections qu'au moins trois 
jours après la distribution, sauf les cas d'urgence, dont la Chambre décide. 

Art. 34. — Chaque membre a le droit de faire des propositions et de 
présenter des amendements. 

Aucune proposition ni ^aucun amendement ne peuvent être signés par 
plus de six membres. {Adopté le yo avril i8y^,) 

Art. 35. — Chaque membre qui voudra faire une proposition la signera 
et la déposera sur le bureau pour être communiquée immédiatement dans 
les sections de la Chambre. 

Si une section au moins est d'avis que la proposition doit être développée, 
elle sera lue à la séance qui suivra la communication dans les sections. 

Le président de chaque section transmettra l'avis de sa section au prési- 
dent de la Chambre. 

Art. 36. — Après la lecture de la proposition suivant l'ordre dans lequel 
elle a été déposée, son auteur proposera le jour où il désire être entendu. 

Au jour que la Chambre aura fixé, il exposera les motifs de sa propo- 
sition . 



RÈGLEMENT 46 l 

Art 37 — Si la proposition est appuyée par cinq membres au moins, 
la discussion est ouverte, et le président consulte la Chambre pour savoir 
si elle prend en considération la proposition qui lui est soumise, si elle 
Tajourne ou si elle déclare qu'il n'y a pas lieu à délibérer. 

Art. 38. — Si la Chambre décide qu'elle prend la proposition en consi- 
dération, cette proposition est renvoyée à une commission ou h chacune 
des sections, qui la discutent et en font rapport. 

Art. 39. — La discussion qui suivra le rapport de la section centrale ou 
de la commission est divisée en deux débats : la discussion générale et celle 
des articles . 

Art. 40. — La discussion générale portera sur le principe et sur Ten- 
semble de la proposition. Outre la discussion générale et la discussion des 
articles, la Chambre pourra ordonner une discussion sur l'ensemble de 
chacune des divisions d'une proposition. 

Art. 44. — La discussion des articles s'ouvrira successivement sur 
chaque article, suivant son ordre, et sur les amendements qui s'y rapportent. 

Art. 42. — Les amendements sont rédigés par écrit et déposés sur le 
bureau 

Art. 43. — La Chambre ne délibère sur aucun amendement si, après 
avoir été développé, il n'est appiiyé au moins par cinq membres. Si la 
Chambre décide qu'il y a lieu de renvoyer l'amendement dans les sections 
ou à une commis^i )n, elle peut suspendre la délibération. 

Art. 44. — Si la discussion est renvoyée à une autre séance, les amen- 
dements, avec le nom des proposants, sont imprimés et distribués aux 
membres. 

Art. 45. — Lorsque des amendements auront été adoptés, ou des 
articles d'une proposition rejetés, le vote sur l'ensemble aura lieu dans une 
autre séance que celle où les derniers articles de la proposition auront été 
votés. 

Il s'écoulera au moins un jour entre ces deux séances. 

Dans la seconde, seront soumis à. une discussion et à un vote définitif 
les amendements adoptés et les articles rejetés. 

Il en sera de même des nouveaux amendements qui seraient motivés sur 
cette adoption ou ce rejet. Tous amendements étrangers à ces deux points 
sont interdits. 

Art. 40. — [Par dérogation aux dispositions générales du présent règle- 
ment, il sera procédé de la manière suivante à la discussion et au vote du 
projet de loi réglant le budget général de l'État : 

4° Après la discussion sur l'ensemble du projet de loi, chaque tableau 
du budget sera mis en délibération conformément au règlement, depuis 
la discussion générale du tableau jusqu'au second vote inclusivement ; 



462 La Chambre des Représentants en 1894-1895 

2» La Chambre sera ensuite appelée n voter par assis et levé ou par appel 
nominal, s'il est régulièrement demandé, sur la partie du texte du projet 
de loi qui correspond au tableau ; 

3» Avant de faire l'appel nominal sur l'ensemble du projet de loi, il sera 
procédé, s'il y a lieu, à un vote de revision portant exclusivement sur les 
propositions qui auraient pour objet de mettre en concordance les votes 
définitifs partiels.] /^^^o;7/é le 2Ç janvier 1884,) 

Art. 47. — [Lorsque les budgets présentés forment des projets de loi 
distincts, les articles 46 et 58 du présent règlement n'y sont plus appli- 
cables.] (Adopté le 18 novembre 1884,) 

Art. 48. — Quoique la discussion soit ouverte sur une proposition, 
celui qui Ta faite peut la retirer; mais si un autre membre la reprend, la 
discussion continue. 

Art. 49. — Toute résolution est prise à la majorité absolue des suffrages, 
sauf ce qui est établi par ce règlement à l'égard des élections et présenta- 
tions. En cas de partage des voix, la prtjposition mise en délibération est 
rejetée. 

La Chambre ne peut prendre de résolution qu'autant que la majorité de 
ses membres se trouve réunie. 

Le résultat des délibérations de la Chambre est proclamé par le président, 
en ces termes : La Chambre adopte, o'à : La Chambre n* adopte pas. 

Art. 50. — Les élections et présentations de candidats se font au scrutin 
secret. 

CHAPITRE V. 
Des sections et des commissions, 

Art. 5L — Lors de la présentation d'une propositron de loi, le président 
propose à l'assemblée, suivant ce qu'il juge le plus convenable, qu'elle soit 
renvoyée aux sections ou à une commission. 

Art. 52. — L'assemblée se partage par la voie du sort en six sections. 

Art. 53. — Le renouvellement des sections a lieu chaque mois par la 
voie du sort. 

Chaque section nomme, à la majorité absolue des votants, un président, 
un vice-président et un secrétaire. (Adopté le 14 juin i88ç.) 

Art. 54. — Chaque section examine les propositions et amendements 
qui lui sont envoyés, suivant l'ordre indiqué par la Chambre. 

Après leur examen, elle nomme un rapporteur, à la majorité absolue des 
votants. 

Art. 55. — Lorsque les deux tiers des sections auront terminé l'examen, 
les rapporteurs qu'elles auront nommés en donneront avis au président de 
a Chambre, qui les réunit, sous sa présidence, en section centrale, après 
avoir prévenu les sections qui seraient encore en retard. 



RÈGLEMENT 403 



Art. 56. — La section centrale nomme, h la majorité absolue, un de ses 
membres pour faire le rapporta l'assemblée. 

Art, 57. — Ce rapport contient, outre Tanalyse des délibérations des 
sections et de la section centrale, des conclusions motivées. 

II sera imprimé et distribué au moins deux jours avant la discussion en 
assemblée générale, sauf les cas où la Chambre en décide autrement. 

Art. 58. — [Pour Texamen du projet de loi contenant le budget 
général de l'État, le nombre des rapporteurs nommés par chaque section 
sera de trois. 

La section centrale chargée de cet examen comprendra en outre, avec 
le président de la Chambre, conformément à l'article 55, les deux vice- 
présidents. 

Kllc nommera, à la majorité absolue, ceux de ses membres qui seront 
chargés de faire rapport à la Chambre sur Tensemblc et sur les diverses 
parties du budget. 

Les demandes de crédits supplémcnlaires-ou extraordinaires seront tou- 
jours directement renvoyées à la section centrale qui aura examiné le bud- 
get de Texercice auquel ces crédits se rattachent.] (Adopté le 2 y avril i88y,' 

Art. 59. — La Chambre forme dans son sein, pour le cours de chaque 
session, deux commissions permanentes] savoir : 

Une commission des finances et des comptes ; 

Une commission de l'agriculture, de l'industrie et du commerce. 

Art. 60, — Ces commissions sort composées de sept membres ou d'un 
plus grand nombre, si la Chambre le juge convenable. 

Art. 6< . — Les membres de chaque commission sont nommés au scrutin 
et par bulletin de liste à la majorité absolue, conforméirtr.t à ce qui est 
prescrit par l'article 6. 

Art. 62. < — Les deux commissions permanentes sont chargées, chacune 
dans les matières qu'indique sa dénomination : 

4" De fournir à la Chambre tous les renseignements qu'elle les charge 
de recueillir sur une proposition ; 

2" D'examiner les propositions que la Chambre leur renvoie ; de faire 
rapport et présenter des conclusions motivées sur ces propositions; 

30 De préparer des projets de résolutions, s'il y a lieu, sur des pétitions 
assez importantes pour que la Chambre juge à propos de les leur renvoyer; 

40 De présentera la Chambre des projets de résolutions. 

Art. 63. — Tous les mois, chaque section nomme un de ses membres 
pour former la commission des pétitions. Cette commission est chargée 
de l'examen et du rapport des pétitions. 

Art. 64. — Indépendamment des commissions permanentes et de la 
commission des pétitions, il peut en être formé pour Texamen d'une ou de 



4t)4 La Chambre des Représentants en 1894-189!) 

plusieurs propositions, soit par élection au scrutin et à la majorité absolue 
ou relative, soit par la voie du sort, soit à la demande de la Chambre, par 
le président. 

Art. 6o. — Chaque commission nomme dans son sein, à la majorité 
absolue, un président, un secrétaire et pour chaque affaire un rapporteur. 

[f.e président ou, sur sa délégation, un des vice-présidents préside les 
commissions quand il le juge convenable.] (Adopté le 14 juin 188^,) 

Art. 6l>, — Les rapports des commissions seront imprimés et distribués 
au moins trois jours avant la discussion en assemblée générale, si la 
Chambre n'en décide autrement. 

Art. G7. — Dans le cas où l'auteur d'une proposition ne serait pas 
membre de la commission chargée de l'examiner ou de la section centrale, 
il aura le droit d'assister aux séances de cett2 commission ou de cette sec- 
tion, sans voix délibérative. 

Art. G8. — [La commission des pétitions fait rapport sur les pétitions 
arrivées dans le mois, pour lesquelles elle le juge utile ou pour lesquelles 
un membre le lui a demandé j>ar écrit, dans les trois jours de leur publi- 
cation . 

Les rapports seront déposés sur le bureau et imprimés aux Annales 
parlementaires t à la suite de la séance du jour où ils auront été déposés. 

La Chambre statue le premier et le troisième vendredi de chaque mois 
sur les conclusions des rapports relatifs à des pétitions portées dans un 
feuilleton, qui sera imprimé et distribué trois jours au moins avant la 
séance à laquelle la discussion doit avoir licu. 

Le feuilleton indique le nom et le domicile du pétitionnaire, l'objet de 
la pétition, le numéro d'ordre et la conclusion du rapport. 

Toutefois, lorsque la commission décide qu'il y a urgence, la Chambre 
fixe l€ jour de la discussion au moment où le rapport est déposé. 

La commission statue sur les pétitions sur lesquelles elle ne fuit pas de 
rapport. 

Les décisions sont publiées, le 40 du mois suivant, dans un feuilleton 
spécial, qui indique, en outre, les pétitions sur lesquelles elle n'a ni statué 
ni fait rapport. 

La commission du mois suivant examine les pétitions arriérées] (^^ojt?/é 
le 27 mars 1882.) 

CHAPITRE VI. 

Des députations et des adresses. 

Art. 69. — Les députations sont nommées par la voie du sort; la 
Chambre détermine le nombre de membres qui les composent. Le prési- 
dent ou un des vice-présidents en fait toujours partie et porte la parole. 



RÈGLEMENT 465 



Art. 70. — Les projets d'adresse sont rédigés par une commission com- 
posée du président et de six membres choisis h la majorité absolue par la 
Chambre ou par les sections. Ces projets sont soumis à Tapprobation de la 
Chambre et transcrits, dès qu'ils sont approuvés, aux procès- verbaux des 

séances . 

CHAPITRE VII. 
./>« greffier, des procès'verbaux et des impressions, 

A.RT. 7*. — Un greffier est nommé par la Chambre ; il est toujours révo- 
cable. 

On observe pour cette nomination les mêmes règles que pour celle du 
bureau . 

Le greffier est nommé pour six ans. 

Art. 72. — Le greffier est chargé de rédiger, sous la surveillance du 
bureau, les procès-verbaux et le feuilleton des pétitions, de conserver les 
archives de la bibliothèque de la Chambre. 

Art. 73. — Le procès-verbal n*est déposé sur le bureau qu'après avoir 
été approuvé par l'un des secrétaires. 

Art. 74. — Les procès- verbaux, tant des séances publiques que des 
comités secrets, immédiatement après que la rédaction en a été adoptée, 
sont transcrits sur deux registres et signés du président et de l'un des 
secrétaires. 

Art. 75. — La Chambre peut décider qu'il ne sera tenu aucun procès- 
verbal de son comité secret. 

Art. 7ô. — Pour toute résolution votée par appel nominal, chaque 
membre peut exiger que son vote soit inséré au procès- verbal, sans que, 
dans aucun cas, il puisse être fait mention au procès-verbal des motifs du 
vote. 

Art. 77. — Le greffier assiste aux séances publiques; il se retire quand 
la Chambre se forme en comité secret, à moins qu elle ne décide le con- 
traire. 

Art. 78 . — Le greffier soigne les impressions ordonnées par la Chambre. 
La correction des épreuves, l'expédition des impressions ordonnées, l'en- 
voi des convocations et feuilletons se font par le greffier ou sous sa sur- 
vcil lance. 

Le greffier surveille les commis attachés au greffe et à la bibliothèque. 

Art. 79. — En cas de maladie ou d'empêchement du greffier, un des 
secrétaires en remplit les fonctions. 

Art. 80. — La Chambre, quand elle le juge utile, fait imprimer à ses frais 
les propositions qui lui sont soumises, les rapports des sections et commis- 



466 La CH\MBftEi>zs Représentants en 1894-1895 

sions, les autres documents relatifs à ses travaux» les exposés des motifs, 
les développements de propositions et, en général, les discours dont elle 
ordonne Timprcssion. Elle peut se borner à faire insérer Tune ou Tautre 
de ces pièces dans le Journal officiel. 

CHAPITRE VIII. 
De la questure et de la commission de comptabilité. 

Art. 81. — Deux représentants, ou un plus grand nombre, si la 
Chambre le juge convenable, remplissent les fonctions de questeurs. 

Art. 82. — Ils sont nommés par bulletin de liste, et de la même manière 
que le bureau, pour le terme de deux ans. 

Art. 83. — Les questeurs sont chargés de toutes les mesures relati^res 
au matériel, au cérémonial et aux dépenses de la Chambre. 

Art. 84. — Ils se concertent avec les personnes désignées à cet ciïct par 
le Sénat pour les mesures qui concernent l'entretien du palais et pour 
toutes celles qui intéressent en commun les deux Chambres. 

Art. 85. — Une commission de six membres, présidée par le président 
ou Tun des vice-présidents qu*il délègue, est chargée de Texamen de la 
comptabilité des fonds de la Chambre. {Adopté le 14 juin j88ç.) 

Les membres de cette commission sont nommés par la Chambre en 
assemblée générale ou en sections, au commencement de chaque session. 

Art. 86. — La commission vérifie et apure tous les comptes, même les 
comptes antérieurs non réglés ; elle fait un récolemcnt général du mobilier 
appartenante la Chambre et le soumet à son approbation. 

CHAPITRE IX. 
De la bibliothèque. 

Art. 87. — Le budget delà Chambre contient chaque année une allo- 
cation de fonds pour la bibliothèque. 

Les questeurs achètent sur ce fonds, au fur et à mesure des besoins de la 
'Chambre, les livres et documents qui peuvent être le plus utiles à ses 
travaux. 

Art. 88. — Aucun livre ne peut être emporté de la bibliothèque que sur 
un reçu. Chaque membre ne pourra conserver chez lui un livre que pen- 
dant deux fois vingt-quatre heures. 

Art. 89. — Un catalogue des ouvrages qui composent la bibliothèque 
' est mis à la disposition de la Chambre . 



RÈGLEMENT 467 



Art. 9ft. — -^^a Chambre, si les besoins du service viennent à l'exiger, 
pourra nommer un employé chargé spécialement des fonctions de biblio- 
thécaire (1), Il sera nommé de la même manière et pour le même laps de 
temps que le greffier . 

Art. 91. — La Constitution, le règlement de la Chambre, les disposi- 
tions concernant les relations des Chambres entre elles et avec le Roi, et la 
loi électorale sont distribués à tous les membres de la Chambre, à Touvcr- 
ture de chaque session 

CHAPITRE X. 

Des huissiers, messagers et autres employés de la Chambre, 

Art. 92. — Les huissiers, messagers et, en général, tous autres employés 
nécessaires au service de la Chambre sont nommés et révoqués, à la majo- 
rité absolue, par le président, les vice-présidents, les secrétaires et les 
questeurs . 

CHAPITRE XI. . 

De la police de la Chambr-e et des tribunes. 

Art. 93. — La police de U Chambre lui appartient. Elle est exercée en 
son nom par le président, qui donne à la garde de service les ordres néces- 
saires. 

Art. 94. — Nul étranger ne peut, sous aucun prétexte, s'introduire dans 
l'enceinte où siègent les membres de la Chambre. 

Art. 95. — Pendant tout le cours de la séance, les personnes placées 
dans les tribunes se tiennent assises, découvertes et en silence. 

Toute personne qui trouble l'ordre est sur-le-champ exclue des tribunes. 
Elle est traduite sans délai, s'il y a lieu, devant l'autorité compétente. 

Cet article est imprimé et affiché à chaque porte des tribunes. 

CHAPITRE XII. 
De la Revision de la Constitution. 

Art. 9tt. — [Lorsque le pouvoir législatif a déclaré qu'il y a lieu à 
la revision de certaines dispositions constitutionnelles, ces déclarations 

-t, dès le début de la nouvelle session, renvoyées par la Chambre à 
Texamcn d'une commission de vingt et un membres, y compris le pré- 
sident de l'assemblée. 



(1) Dans la séance du 4S décembre 1842, il a élé procédé k lu no uination d'uu bibitolbé caire 
en exécution de cet article. 



K Chambre des Représentants en 1894-1895 

s sont nommés par la Chambre au scrutin de liste, confor- 
ai est prescrit aux articles 61 et 6 du règlement. 
Le président de la Chambre préside la commission. Celle-ci 
ses membres un vice-président et deux secrétaires. 
Toutes propositions de modification ou de rédaction nouvelle 
reviser sont soumises à la comniission sans que la Chambre 
nent à en autoriser la lecture, à les prendre en considération 
niner en sections . 

— Nonobstant la clôture de la session, la commission peut 
s saisie directement de propositions émanant soit du gouver- 
. de l'initiative parlementaire. 

. — Le texte des propositions, qu'elles émanent du gouserne- 
l'initiative parlementaire, de la commission ou d'un de ses 
i celui-ci le désire, est imprimé et distribué aux membres de la 
Il en est de môme de l'exposé des motifs qui serait présenté à 
propositions. 

1. — La commission peut ordonner l'impression des procès- 
ic ses séances et leur distribution aux membres de la Chambre. 
i. — Toute résolution est prise à la majorité absolue des suffrage? . 
ission ne peut prendre de résolution qu'autant que la majorité des 
se trouve réunie. 

03. — Les ministres peuvent assister aux séances de la commission 
it y être entendus, quand ils le demandent. . 
104. — La commission nomme un ou plusieurs rapporteurs.] 
le 26 juillet i8ç2,) 



\ 



14 DAY USE 

RETURN TO DESK FROM WHICH BORROWED 
LOAN DEPT. 

This book is due oa the last date stamped below, or 

oa the date to which renewed. 

Renewed books are subject to immédiate recall. 



llMaY"'BIA 








PTr"CT5 î •^ 




j r » * « f ^^ 




i 




\ 








\ 




t 








] 

















LD 21A-50m-8,'57 
(C8481sl0)476B 



General Library 

University of California 

Berkeley